Un Prémontré français nommé à Rome, in Perepiscopus du 03/​12/​09

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In Perepiscopus du 03/​12/​09

Le Père Bernard Ardura, de l’Ordre des Prémontrés, a été nom­mé aujourd’­hui par le Pape, Président du Comité pon­ti­fi­cal pour les sciences his­to­riques. Né à Bordeaux en 1948, il est entré dans l’Ordre des cha­noines régu­liers de Prémontré. Ordonné prêtre en 1972, il a rejoint l’ab­baye de Frigolet, en Provence, et s’en­gage défi­ni­ti­ve­ment dans la vie reli­gieuse. Il conti­nue ses études jus­qu’à l’ob­ten­tion d’un doc­to­rat en théo­lo­gie et d’un autre en histoire.

Son pre­mier minis­tère l’a­mène à se par­ta­ger, de 1975 à 1987, entre l’en­sei­gne­ment et la pré­di­ca­tion en France, assu­rant mis­sions et retraites. En 1989, il est appe­lé au Conseil pon­ti­fi­cal de la Culture alors pré­si­dé par le car­di­nal Paul Poupard. Il est très vite nom­mé sous-​secrétaire (1992), puis secré­taire (1997). Numéro deux de ce dicas­tère créé en 1982, le Père Ardura a coor­don­né le tra­vail de ses col­la­bo­ra­teurs. Sa fonc­tion l’a­mène à repré­sen­ter le Saint-​Siège et à inter­ve­nir dans des ins­tances et réunions internationales.

Il est éga­le­ment Consulteur de la Congrégation pour les causes des saints. Il assume la pos­tu­la­tion pour la cause de cano­ni­sa­tion de plu­sieurs figures du catho­li­cisme fran­çais comme Robert Schuman (ancien ministre), Claire de Castelbajac et l’ab­bé Jean-​Baptiste Fouque. Il est l’au­teur d’un cer­tain nombre d’ou­vrages his­to­riques sur l’his­toire de l’Eglise (Pie VII et le Concordat, Lacordaire, his­toires des abbayes…).

Dans un dis­cours aux membres du Comité pon­ti­fi­cal pour les sciences his­to­riques en mars 2008, Benoît XVI déclarait :

« Il ne s’a­git plus seule­ment d’af­fron­ter une his­to­rio­gra­phie hos­tile au chris­tia­nisme et à l’Eglise. Aujourd’hui, c’est l’his­to­rio­gra­phie elle-​même qui tra­verse une crise plus sérieuse, devant lut­ter pour son exis­tence dans une socié­té façon­née par le posi­ti­visme et par le maté­ria­lisme. Ces deux idéo­lo­gies ont conduit à un enthou­siasme effré­né pour le pro­grès qui, mar­qué par des décou­vertes spec­ta­cu­laires et des suc­cès tech­niques, mal­gré les désas­treuses expé­riences du siècle der­nier, déter­mine la concep­tion de la vie dans de larges sec­teurs de la socié­té. Le pas­sé appa­raît ain­si uni­que­ment comme un arrière-​plan obs­cur, sur lequel le pré­sent et l’a­ve­nir res­plen­dissent de pro­messes invi­tantes. A tout cela est encore liée l’u­to­pie d’un para­dis sur terre, en dépit du fait que cette uto­pie se soit révé­lée fallacieuse.

Un trait typique de cette men­ta­li­té et le dés­in­té­rêt pour l’his­toire, qui se tra­duit par la mar­gi­na­li­sa­tion des sciences his­to­riques. Là où ces forces idéo­lo­giques sont à l’œuvre, la recherche his­to­rique et l’en­sei­gne­ment de l’his­toire à l’u­ni­ver­si­té et dans les écoles de tous les niveaux et degrés sont négli­gés. Cela engendre une socié­té qui, oubliant son pas­sé et donc dépour­vue de cri­tères acquis à tra­vers l’ex­pé­rience, n’est plus en mesure d’é­la­bo­rer un pro­jet de coexis­tence har­mo­nieuse et un enga­ge­ment com­mun dans la réa­li­sa­tion des objec­tifs futurs. Cette socié­té se pré­sente comme par­ti­cu­liè­re­ment vul­né­rable à la mani­pu­la­tion idéo­lo­gique.

Le dan­ger s’ac­croît dans une mesure tou­jours plus grande en rai­son de l’im­por­tance exces­sive accor­dée à l’his­toire contem­po­raine, en par­ti­cu­lier lorsque les recherches dans ce sec­teur sont condi­tion­nées par une métho­do­lo­gie ins­pi­rée du posi­ti­visme et de la socio­lo­gie. Par ailleurs, d’im­por­tants domaines de la réa­li­té his­to­rique, voire des époques entières, sont igno­rés. Dans de nom­breux pro­grammes d’é­tude, par exemple, l’en­sei­gne­ment de l’his­toire ne com­mence qu’à par­tir des évé­ne­ments de la Révolution fran­çaise. Le pro­duit inévi­table de ce déve­lop­pe­ment est une socié­té qui ignore son propre pas­sé et qui est donc pri­vée de mémoire his­to­rique. Chacun se rend compte de la gra­vi­té d’une telle consé­quence : comme la perte de la mémoire pro­voque chez l’in­di­vi­du la perte de l’i­den­ti­té, de manière ana­logue ce phé­no­mène a lieu pour la socié­té dans son ensemble. »

Quand on lit ce dis­cours, on s’a­per­çoit que la nomi­na­tion d’un Français à la tête de ce Comité est un clin d’oeil à notre actualité.

Maximilien Bernard , in Perepiscopus du 3 décembre 2009