Catéchisme des vérités opportunes : Les ralliés (vus par Mgr Lefebvre)

1) Que sont les ralliés ?

Ceux qu’on appelle « ral­liés » sont les com­mu­nau­tés, les prêtres et les fidèles qui ont d’abord choi­si de défendre la Tradition, puis à par­tir des sacres du 30 juin 1988 et l’excommunication ful­mi­née contre Mgr Lefebvre, Mgr de Castro-​Mayer et les quatre évêques sacrés, ont choi­si de se mettre sous la dépen­dance effec­tive de la hié­rar­chie actuelle tout en conser­vant la litur­gie tra­di­tion­nelle. Ils se sont donc ral­liés à l’Eglise conciliaire.

Par exten­sion, le vocable de « ral­liés » désigne les com­mu­nau­tés, les prêtres et les fidèles qui conservent la litur­gie tra­di­tion­nelle mais acceptent les prin­ci­pales erreurs conci­liaires ain­si que la pleine vali­di­té et la légi­ti­mi­té du novus ordo de Paul VI et des sacre­ments pro­mul­gués et édi­tés par Paul VI.

Dom Gérard, dans sa décla­ra­tion, fait état de ce qui lui est don­né et accepte de se mettre sous l’obédience de la Rome moder­niste, qui demeure fon­ciè­re­ment anti-​traditionnelle.

Mgr Lefebvre, lettre du 18 août 1988 au père Thomas d’Aquin

2) Le mot « ralliés » n’est-il pas péjoratif ?

Oui, le mot de « ral­liés » est péjo­ra­tif car il exprime une tra­hi­son vis-​à-​vis de la Tradition.

3) En quoi les ralliés ont-​ils trahi la Tradition ?

Les ral­liés ont tra­hi la Tradition car, beau­coup d’entre eux, après avoir com­men­cé par la ser­vir, ont ces­sé de la défendre, puis l’ont aban­don­née, ont fait peu à peu l’apologie des erreurs conci­liaires, et se sont oppo­sés à la Tradition et à ses défenseurs,

Ils nous tra­hissent. Ils donnent main­te­nant la main à ceux qui démo­lissent l’Eglise, aux libé­raux, aux modernistes.

Entretien exclu­sif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de janvier-​février 1991

4) Pourquoi dit-​on que les ralliés ont cessé de défendre la Tradition ?

On dit que les ral­liés ont ces­sé de défendre la Tradition parce que, depuis 1988, ils ne dénoncent plus les erreurs conci­liaires (noci­vi­té de la Nouvelle Messe, du nou­veau code de Droit cano­nique, du dia­logue inter­re­li­gieux, de la liber­té reli­gieuse, etc.[1] ).

Quand ils disent qu’ils n’ont rien lâché, c’est faux. Ils ont lâché la pos­si­bi­li­té de contrer Rome. Ils ne peuvent plus rien dire. Ils doivent se taire étant don­né les faveurs qui leur ont été accor­dées. Il leur est main­te­nant impos­sible de dénon­cer les erreurs de l’Eglise conciliaire.

Entretien exclu­sif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de janvier-​février 1991

5) En quoi les ralliés ont-​ils fait peu à peu l’apologie des erreurs conciliaires ?

Les ral­liés ont fait peu à peu l’apologie des erreurs conci­liaires en sou­te­nant sans réserve la légi­ti­mi­té et la vali­di­té du rite de la nou­velle messe, en défen­dant la doc­trine de la liber­té reli­gieuse, comme le P. Basile du Barroux qui en a publié un plai­doyer en six volumes, en légi­ti­mant la réunion d’Assise et le dia­logue inter­re­li­gieux, comme le supé­rieur de la Fraternité Saint-​Pierre, en accep­tant d’être régis par le nou­veau code de droit cano­nique, en ne refu­sant pas publi­que­ment les réformes récentes du pape sur l’annulation des mariages, en accep­tant la cano­ni­sa­tion de Jean-​Paul II qui a mis en œuvre les réformes conci­liaires, ou en concé­lé­brant la nou­velle messe comme Dom Gérard (†), Mgr Wach ou Mgr Rifan.

Du point de vue des idées. Ils virent tout dou­ce­ment et finissent par admettre les idées fausses du Concile, parce que Rome leur a accor­dé quelques faveurs pour la Tradition. C’est une situa­tion très dangereuse.

Entretien exclu­sif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de janvier-​février 1991

6) En quoi les ralliés ont-​ils condamné la Tradition et ses défenseurs ?

Les ral­liés ont condam­né la Tradition de trois manières : 

  • pre­miè­re­ment en défen­dant des posi­tions contraires à cette Tradition, 
  • deuxiè­me­ment en ser­vant d’appât pour atti­rer les vrais fidèles de la Tradition dans une posi­tion de compromis ; 
  • troi­siè­me­ment en accu­sant ses défen­seurs – prin­ci­pa­le­ment les prêtres et fidèles de la FSSPX – d’être excom­mu­niés et schis­ma­tiques [2]). Plusieurs mariages célé­brés dans la FSSPX ont ain­si été annu­lés pour manque de forme cano­nique à la demande de prêtres ralliés.

Tout ce qui leur a été accor­dé, ne leur a été consen­ti que dans le but de faire en sorte que tous ceux qui adhèrent ou sont liés à la Fraternité s’en détachent et se sou­mettent à Rome.

Entretien exclu­sif avec Mgr Marcel Lefebvre, Fideliter n° 79 de janvier-​février 1991.

7) N’est-ce pas injuste vis-​à-​vis des jeunes communautés Ecclesia Dei ou des membres qui sont entrés dans ces communautés après 1988 ?

Il n’est pas injuste de dire que toutes les com­mu­nau­tés Ecclesia Dei (c’est-​à-​dire les com­mu­nau­tés ral­liées [3]) tra­hissent la Tradition car elles se pré­sentent offi­ciel­le­ment comme tra­di­tion­nelles alors qu’elles ne le sont pas réel­le­ment et trompent ain­si les fidèles et la Tradition.

Dieu seul juge les inten­tions des cœurs et il y a cer­tai­ne­ment beau­coup de prêtres zélés et pieux dans ces com­mu­nau­tés. Mais, en adhé­rant à ces com­mu­nau­tés, ils assument la res­pon­sa­bi­li­té des posi­tions doc­tri­nales de ces com­mu­nau­tés qui leur sont propres.

8) Les ralliés ne défendent-​ils pas la messe de toujours ?

Les ral­liés défendent la messe de tou­jours mais ils la défendent mal, car pour bien défendre la messe de tou­jours, il faut : 

  • pre­miè­re­ment, la célé­brer et l’honorer – ce qu’ils font ; 
  • deuxiè­me­ment, refu­ser et dénon­cer la nou­velle messe qui s’oppose à la messe de tou­jours – ce qu’ils ne font pas ; 
  • troi­siè­me­ment, unir la messe tra­di­tion­nelle à la pleine et entière doc­trine de l’Église – ce qu’ils ne font pas.

Enfin « la ques­tion de la litur­gie et des sacre­ments est très impor­tante, mais ce n’est pas la plus impor­tante. La plus impor­tante c’est celle de la foi » [4].

Rome désor­mais semble acces­sible à [l’idée de] per­mettre de dire la messe ancienne, la messe catho­lique et par consé­quent il ne devrait plus y avoir de pro­blème pour nous. Mais c’est là nous mettre dans une contra­dic­tion, parce qu’en même temps que Rome donne par exemple à la Fraternité Saint-​Pierre (…) l’autorisation de dire la messe de tou­jours, en même temps, ils font signer une pro­fes­sion de foi dans laquelle est ins­crit le Concile, dans laquelle il faut admettre l’esprit du Concile. (…) Comment vou­loir main­te­nant la messe de tou­jours, en accep­tant l’esprit qui détruit cette messe de tou­jours ? C’est se pla­cer dans une contra­dic­tion complète.

Mgr Lefebvre, ser­mon à l’occasion des 20 ans de la Fraternité, Fideliter n° 76 de juillet-​août 1990, p. 11

9) Comment les ralliés justifient-​ils leur ralliement à la Rome moderniste ?

Les ral­liés jus­ti­fient leur ral­lie­ment à la Rome moder­niste en invo­quant la main ten­due par Rome, l’obligation d’obéir aux lois et aux auto­ri­tés légi­times de l’Eglise [5], la néces­si­té d’appartenir à l’Eglise visible [6], la pos­si­bi­li­té de mieux œuvrer pour la Tradition à l’intérieur de l’Eglise et le schisme des sacres du 30 juin 1988.

10) Que doit-​on penser de la main tendue par Rome ?

La main ten­due par Rome n’était pas don­née pour le bien réel de la Tradition dans l’Eglise mais pour conduire pro­gres­si­ve­ment les tra­di­tio­na­listes aux erreurs conci­liaires. C’était une tactique.

A la réflexion, il nous appa­raît clai­re­ment que le but des col­loques et de la récon­ci­lia­tion est de nous réin­té­grer dans l’Église conci­liaire, l’unique Église à laquelle vous fai­siez allu­sion dans les caté­chismes. Nous pen­sions que vous nous don­niez les moyens de conti­nuer et de déve­lop­per les œuvres de la Tradition.

Mgr Lefebvre, lettre du 24 mai 1988 au car­di­nal Ratzinger

Ce que Rome accorde à pré­sent en faveur de la tra­di­tion, n’est qu’un geste pure­ment poli­tique, diplo­ma­tique pour for­cer les ral­lie­ments. Mais ce n’est pas une convic­tion dans les bien­faits de la Tradition.

11) Que doit-​on penser de l’obligation d’obéir aux lois et aux autorités légitimes de l’Église ?

Tout catho­lique est tenu d’obéir aux lois et aux auto­ri­tés légi­times de l’Église pré­ci­sé­ment en tant que ces lois et ces auto­ri­tés sont légi­times, c’est-​à-​dire au ser­vice du bien commun.

En revanche, tout catho­lique est tenu de s’opposer à des lois et à des ordres illé­gi­times même pres­crits par des auto­ri­tés légi­times.
Or, si la FSSPX ne remet pas en cause la légi­ti­mi­té des auto­ri­tés ecclé­sias­tiques, elle récuse celle des lois et des ordres d’inspiration conci­liaire, comme l’ensemble (et non l’intégralité) des normes du nou­veau code de droit cano­nique, par exemple.

Il y a ceux qui sont malades de pen­ser que l’on doit s’opposer à Rome. Ils ne sont pas d’accord. Eh bien, c’est qu’ils n’ont pas vu véri­ta­ble­ment le pro­blème de l’invasion libé­rale à Rome. (…) Ils n’ont peut-​être qu’une foi sen­ti­men­tale, ceux qui hésitent. Ils n’ont pas le sens doc­tri­nal du magis­tère, de l’Église de tou­jours, de la Tradition, de la foi catho­lique. Ils disent : ‘On n’est pas tout à fait d’accord, mais on ne peut pas se sépa­rer du pape. On pré­fère une union légale, cano­nique, régu­lière avec les auto­ri­tés ecclé­sias­tiques. Nous ne pou­vons pas res­ter ain­si indé­fi­ni­ment sépa­rés des auto­ri­tés romaines et des évêques. Ce n’est pas pos­sible. Mais, vous allez voir, nous allons gar­der la Tradition. Nous ferons ci, nous ferons cela. On ne veut pas se lais­ser avoir’. Tous ceux qui nous ont quit­tés et qui ont dit cela, ont tous lâché. Ils ne pou­vaient pas sup­por­ter d’être trop sépa­rés des auto­ri­tés ecclésiastiques.

Entretien exclu­sif avec Mgr Marcel LefebvreFideliter n° 79 de janvier-​février 1991

12) La Fraternité Saint-​Pie X et les communautés amies sont-​elles en dehors de l’Église visible ?

Cette his­toire d’Église visible de Dom Gérard et de M. Madiran est enfan­tine. C’est incroyable que l’on puisse par­ler d’Église visible pour l’Église conci­liaire par oppo­si­tion à l’Église catho­lique que nous essayons de repré­sen­ter et de continuer.

Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 70 de juillet-​août 1989, p. 6.

Où est l’Église visible ? L’Église visible se recon­naît aux signes qu’elle a tou­jours don­nés pour sa visi­bi­li­té : elle est Une, Sainte, Catholique et Apostolique. (…) où sont les véri­tables marques de l’Église ? Sont-​elles davan­tage dans l’Église offi­cielle (il ne s’agit pas de l’Église visible, il s’agit de l’Église offi­cielle) ou chez nous, en ce que nous repré­sen­tons, ce que nous sommes ?

S’il y a encore une visi­bi­li­té de l’Église aujourd’hui, c’est grâce à vous. Ces signes ne se trouvent plus chez les autres. Il n’y a plus chez eux d’unité de la foi, or c’est la foi qui est la base de toute visi­bi­li­té de l’Église. La catho­li­ci­té, c’est la foi une dans l’espace. L’apostolicité c’est la foi une dans le temps et la sain­te­té c’est le fruit de la foi, qui se concré­tise dans les âmes par la grâce du Bon Dieu, par la grâce des sacrements.

Il est tout à fait faux de nous consi­dé­rer comme si nous ne fai­sions pas par­tie de l’Église visible. [… ] c’est se trom­per en assi­mi­lant l’Église offi­cielle et l’Église visible.

Conférence de Mgr Lefebvre, Ecône 9 sep­tembre 1988

13) Est-​il vrai qu’il est plus facile d’œuvrer pour la Tradition à l’intérieur de l’Eglise ?

Non, ce n’est pas vrai ; 

  • pre­miè­re­ment, parce que les tra­di­tio­na­listes ne sont pas en dehors de l’Eglise ;
  • deuxiè­me­ment, parce que la défense de la Tradition sup­pose de se pré­mu­nir de la conta­gion conciliaire ; 
  • troi­siè­me­ment parce que la pro­fes­sion de la foi sup­pose une dis­tinc­tion nette des posi­tions qu’amoindrirait une col­la­bo­ra­tion officielle.

Ne serait-​ce pas (…) dans le plan de la Providence, que la Tradition catho­lique de l’Eglise ne soit pas inté­grée dans le plu­ra­lisme de l’Église conci­liaire, tant que celle-​ci souille l’honneur de l’Église catho­lique et offusque tant son uni­té que sa visibilité ?

Abbé Schmidberger, Fideliter n° 65 septembre-​octobre 1988, p. 20

Ce sont des choses qui sont faciles à dire. Se mettre à l’intérieur de l’Église, qu’est-ce que cela veut dire ? Et d’abord de quelle Église parle-​t-​on ? Si c’est de l’Église conci­liaire, il fau­drait que nous qui avons lut­té contre elle pen­dant 20 ans parce que nous vou­lons l’Église catho­lique, nous ren­trions dans cette Église conci­liaire pour soi-​disant la rendre catho­lique. C’est une illu­sion totale.

Entretien exclu­sif avec Mgr Marcel LefebvreFideliter n° 79 de juillet-​août 1989, p. 6.

Le renou­veau ne peut désor­mais se réa­li­ser que par des évêques libres de faire revivre la foi et la ver­tu chré­tienne par les moyens que Notre-​Seigneur a confiés à son Église pour la sanc­ti­fi­ca­tion des prêtres et des fidèles. Seul un milieu entiè­re­ment déga­gé des erreurs modernes et des mœurs modernes peut per­mettre ce renou­veau. Ce milieu, c’est le milieu qu’ont visi­té le car­di­nal Gagnon et Monseigneur Perl, milieu for­mé de familles pro­fon­dé­ment chré­tiennes, ayant de nom­breux enfants, et d’où pro­viennent de nom­breuses et excel­lentes vocations.

Mgr Lefebvre, lettre du 20 mai 1988 au pape Jean-​Paul II

14) Est-​il vrai que les sacres du 30 juin 1988 sont un schisme ?

Le schisme est un refus d’obéir par prin­cipe à l’autorité du Saint-​Père. Or, les sacres du 30 juin 1988 ne contiennent pas cette volon­té. Les sacres de 1988 mani­festent au contraire la fidé­li­té de la FSSPX au Siège apos­to­lique mal­gré ses erre­ments. Une des plus grandes marques de fidé­li­té au pape ne consiste pas à le suivre par une fausse obéis­sance dans ses erreurs mais à l’en détour­ner autant que possible.

15) Est-​il au moins exact que suivre la Fraternité conduit au schisme ?

Il existe évi­dem­ment un dan­ger de tendre au schisme en évi­tant de se sou­mettre à l’autorité pon­ti­fi­cale imbue de ses erreurs, en pre­nant l’habitude d’agir indé­pen­dam­ment du pape.

« Il y aurait dan­ger de schisme si les évêques sacrés par Monseigneur Lefebvre se consti­tuaient en chefs d’églises auto­nomes (ou auto­cé­phales, comme le disent les ortho­doxes) » [7]. Ce qui n’est pas le cas.

Cependant, ce dan­ger est bien moindre que celui d’assimiler les erreurs conci­liaires ino­cu­lées par les auto­ri­tés ecclésiastiques.

Il nous faut abso­lu­ment convaincre les fidèles (…) que c’est un dan­ger de se mettre entre les mains des évêques conci­liaires et de la Rome moder­niste. C’est le plus grand dan­ger qui les menace. Si nous avons lut­té pen­dant 20 ans pour évi­ter les erreurs conci­liaires, ce n’est pas pour nous mettre main­te­nant dans les mains de ceux qui les professent.

Entretien exclu­sif avec Mgr Marcel LefebvreFideliter n° 79 de juillet-​août 1989, p. 13–14.

Il me semble oppor­tun d’analyser l’action du démon pour affai­blir ou réduire à néant notre œuvre. La pre­mière ten­ta­tion consiste à main­te­nir de bons rap­ports avec le pape ou les évêques actuels. Évidemment il est plus nor­mal d’être en har­mo­nie avec les auto­ri­tés que d’être en conflit avec elles. La Fraternité sera alors accu­sée d’exagérer les erreurs du Concile Vatican II, de cri­ti­quer abu­si­ve­ment les écrits et les actes du pape et des évêques, de s’attacher avec une rigi­di­té exces­sive aux rites tra­di­tion­nels et, en défi­ni­tive, de pré­sen­ter une ten­dance au sec­ta­risme qui la condui­ra un jour au schisme. Une fois men­tion­né le mot schisme on s’en ser­vi­ra comme d’un épou­van­tail pour faire peur aux sémi­na­ristes et à leurs familles, les condui­sant à aban­don­ner la Fraternité d’autant plus faci­le­ment que les prêtres, les évêques et Rome elle-​même pré­tendent offrir des garan­ties en faveur d’une cer­taine Tradition.

Lettre de Mgr Lefebvre à Mgr de Galarreta en 1989

16) La position des ralliés conduit-​elle au schisme ?

La posi­tion des ral­liés conduit au schisme. Car le schisme consiste non seule­ment à refu­ser la pri­mau­té du pape mais à refu­ser la Tradition. Or, par­ti­ci­per à cette démo­li­tion de la Tradition par­ti­cipe d’une atti­tude schismatique.

Cette Église conci­liaire est une église schis­ma­tique, parce qu’elle rompt avec l’Église catho­lique de tou­jours. Cette Église conci­liaire est schis­ma­tique parce qu’elle a pris pour base de sa mise à jour des prin­cipes oppo­sés à ceux de l’Église catho­lique. L’Église qui affirme de pareilles erreurs est à la fois schis­ma­tique et héré­tique. Cette Église conci­liaire n’est donc pas catholique.

Réflexions, 29 juillet 1976, Itinéraires, La condam­na­tion sau­vage, n°40.

Dans la mesure où le pape s’éloignerait de cette tra­di­tion, il devien­drait schis­ma­tique, il rom­prait avec l’Église. (…) Tous ceux qui coopèrent à l’application de ce bou­le­ver­se­ment acceptent et adhèrent à cette nou­velle église conci­liaire et entrent dans le schisme.

Mgr Lefebvre, inter­view au Figaro du 02 août 1976

17) Peut-​on se rendre aux messes des « ralliés » ?

Non, on ne peut pas se rendre aux messes des ralliés, 

  • pre­miè­re­ment parce que l’assistance à la messe est une pro­fes­sion publique de la foi et que cette pro­fes­sion de foi est alté­rée par les ralliés, 
  • deuxiè­me­ment parce que l’assistance à la messe ral­liée entraîne une rela­ti­vi­sa­tion des oppo­si­tions doctrinales, 
  • troi­siè­me­ment parce qu’une telle assis­tance déve­loppe des contacts périlleux pour la foi.

Ils disent aus­si : la messe est bien, nous y allons. Oui, il y a la messe. Elle est bien, mais il y a aus­si le ser­mon ; il y a l’am­biance, les conver­sa­tions, les contacts avant et après, qui font que tout dou­ce­ment on change d’i­dées. C’est donc un dan­ger et c’est pour­quoi d’une manière géné­rale j’es­time que cela fait un tout. On ne va pas seule­ment à la messe, on fré­quente un milieu.

Il y a évi­dem­ment des gens qui sont atti­rés par les belles céré­mo­nies qui vont aus­si à Fontgombault, où l’on a repris la messe ancienne. Ils se trouvent dans un cli­mat d’am­bi­guï­té qui à mon sens est dan­ge­reux. Dès lors que l’on se trouve dans cette ambiance, sou­mis au Vatican, sou­mis en défi­ni­tive au Concile, on finit par deve­nir œcuméniste.

Entretien exclu­sif avec Mgr Marcel LefebvreFideliter n° 79 de janvier-​février 1991

18) Quelle doit être notre attitude vis-​à-​vis des ralliés ?

[Dom Gérard] vou­drait en même temps gar­der l’amitié et le sou­tien des tra­di­tio­na­listes, ce qui est incon­ce­vable. Il nous accuse d[‘être] « résistantialistes ».

Mgr Lefebvre, lettre du 18 août 1988 au père Thomas d’Aquin

Nous n’aurons plus aucun rap­port avec le Barroux et nous aver­ti­rons tous nos fidèles de ne plus sou­te­nir une œuvre désor­mais dans les mains de nos enne­mis, enne­mis de Notre-​Seigneur et de son Règne universel.

Mgr Lefebvre, lettre du 18 août 1988 au père Thomas d’Aquin

Il est clair que tous ceux qui nous quittent ou qui nous ont quit­tés pour sédé­va­can­tisme ou parce qu’ils veulent être sou­mis à la hié­rar­chie actuelle de l’Église tout en espé­rant gar­der la Tradition, nous ne pou­vons plus avoir de rap­ports avec eux. Ce n’est pas pos­sible. Nous disons, nous, que l’on ne peut pas être sou­mis à l’autorité ecclé­sias­tique et gar­der la Tradition. Eux affirment le contraire. C’est trom­per les fidèles. (…) nous vou­lons être abso­lu­ment indemnes de com­pro­mis­sion tant à l’égard des sédé­va­can­tistes qu’à l’égard de ceux qui veulent être sou­mis à l’autorité ecclésiastique.

Conférence à Flavigny, décembre 1988, Fideliter n° 68, p. 16.

Qu’on ait des contacts avec eux pour les rame­ner à la Tradition, les conver­tir, à la rigueur. C’est le bon œcu­mé­nisme. Mais don­ner l’impression qu’on regrette presque, et qu’après tout on irait bien par­ler avec eux, ce n’est pas possible.

L’Eglise infil­trée par le moder­nisme, p. 139.

19) Ne faudrait-​il pas au contraire s’unir et faire un front commun ?

Le pacte d’alliance était en vigueur depuis 15 ans. Il n’était que de le renou­ve­ler le 30 juin dans l’unanimité doc­tri­nale et pru­den­tielle : c’était indis­pen­sable pour conti­nuer le com­bat pour le Christ Roi. (…) Celui [Dom Gérard] qui a rom­pu l’alliance sacrée en appelle main­te­nant à une nou­velle alliance.

Abbé Schmidberger, Fideliter n° 65 septembre-​octobre 1988, p. 20

Je crois que ce qui a contri­bué à perdre Dom Gérard c’est son sou­ci de “s‘ouvrir à tous ceux qui ne sont pas avec nous et qui peuvent aus­si pro­fi­ter de la litur­gie tra­di­tion­nelle”. Nous vou­lons essayer, disait-​il, de ne plus avoir cette atti­tude cri­tique, sté­rile, néga­tive. Nous allons nous effor­cer d’ouvrir nos portes à tous ceux qui éven­tuel­le­ment n’auraient pas nos idées, mais qui aime­raient la litur­gie, afin de les faire pro­fi­ter aus­si des bien­faits de la vie monas­tique. Dès cette époque je m’étais inquié­té de ce que je consi­dé­rais comme une opé­ra­tion très dan­ge­reuse. C’était l’ouverture de l’Église au monde et on a bien dû consta­ter que c’est le monde qui a conver­ti l’Église. Dom Gérard s’est lais­sé conta­mi­ner par ce milieu qu’il a reçu dans son monastère.

Mgr Lefebvre, Fideliter n° 66 de novembre-​décembre 1988, p. 14–15

20) « N’est-​ce pas un peu sévère ?

Mais non. (…) Ce n’est pas de gaie­té de cœur que nous avons eu des dif­fi­cul­tés avec Rome. Ce n’est pas par plai­sir que nous avons dû nous battre. Nous l’a­vons fait pour des prin­cipes, pour gar­der la foi catho­lique. Et ils étaient d’accord avec nous. Ils col­la­bo­raient avec nous. Et puis tout à coup on aban­donne le vrai com­bat pour s’al­lier aux démo­lis­seurs sous pré­texte qu’on leur accorde quelques pri­vi­lèges. C’est inad­mis­sible. Ils ont pra­ti­que­ment aban­don­né le com­bat de la foi. Ils ne peuvent plus atta­quer Rome.

Entretien exclu­sif avec Mgr Marcel LefebvreFideliter n° 79 de janvier-​février 1991

Source : Le Chardonnet n° 340 de Juillet-​août-​septembre 2018

Notes de bas de page
  1. Pour plus de ren­sei­gne­ments, on peut se repor­ter au Combat de la foi n° 176 « Ecclesia Dei ? Danger ! », mars 2016 ou à Abbé Gaudron, Catéchisme de la crise catho­lique dans l’Église, éd. Le Sel, der­nier cha­pitre.[]
  2. Dans sa lettre au pape du 8 juillet 1988 Dom Gérard sol­li­ci­tait pour ses moines « la grâce d’être rele­vés de toutes cen­sures et irré­gu­la­ri­tés que nous aurions pu encou­rir du fait que la plu­part de nos prêtres ont été ordon­nés par Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre, alors sus­pens » Fideliter n° 67 janvier-​février 1989, p. 10. « C’est une rai­son sup­plé­men­taire pour ne pas accep­ter un schisme et je l’ai dit publi­que­ment dès les pre­mières menaces faites à Écône, il y a déjà un an. » (R. P. Bruno de Blignières, Famille chré­tienne, 21 juillet 1988[]
  3. Sous la dépen­dance de la com­mis­sion romaine fon­dée par le motu pro­prio épo­nyme condam­nant les sacres de 1988.[]
  4. Entretien exclu­sif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de janvier-​février 1991[]
  5. « Toutes choses étant égales par ailleurs, c’est-à-dire la foi et les sacre­ments étant saufs, il est meilleur d’être en accord avec les lois de l’Eglise que d’y contre­ve­nir » Déclaration de Dom Gérard, Fideliter n° 65 septembre-​octobre 1988, p. 18.[]
  6. « Il est pré­ju­di­ciable que la Tradition même de l’Eglise soit relé­guée hors de son péri­mètre offi­ciel visible. (…) La visi­bi­li­té de l’Eglise est un de ces carac­tères essen­tiels » Déclaration de Dom Gérard, Fideliter n° 65 septembre-​octobre 1988, p. 18.[]
  7. Dom Gérard, ser­mon du 2 août 1987, Fideliter n° 67 janvier-​février 1989, p. 5[]

FSSPX

M. l’ab­bé François-​Marie Chautard est l’ac­tuel rec­teur de l’Institut Saint Pie X, 22 rue du cherche-​midi à Paris.