Sept évêques demandent l’arbitrage de Rome contre le cardinal Marx

Est-​il envi­sa­geable qu’un pro­tes­tant puisse com­mu­nier à la messe à laquelle assiste son conjoint catho­lique ? En février der­nier, la Conférence des évêques d’Allemagne pré­si­dée par le car­di­nal Marx, a répon­du « oui ». Mais sept pré­lats d’outre-​Rhin, inquiets pour l’u­ni­té de l’Eglise, demandent offi­ciel­le­ment l’ar­bi­trage de Rome.

En février 2018, la Conférence des évêques d’Allemagne avait approu­vé, à la majo­ri­té qua­li­fiée des deux tiers, un pro­jet pré­voyant d’octroyer à un pro­tes­tant la pos­si­bi­li­té d’assister et de com­mu­nier à la messe à laquelle par­ti­cipe son conjoint catho­lique.

Plusieurs pré­lats se sont immé­dia­te­ment éle­vés car une déci­sion d’une telle impor­tance dépasse les com­pé­tences de la Conférence épis­co­pale. Aussi ont-​ils déci­dé d’en réfé­rer direc­te­ment au Saint-Siège.

C’est le jour­nal alle­mand Kölner Stadt-​Anzeiger, dans son édi­tion du 4 avril 2018, qui dévoile les noms des évêques alle­mands ayant adres­sé, le 22 mars 2018, une lettre de trois pages à Mgr Luis Ladaria Ferrer, pré­fet de la Congrégation pour la doc­trine de la foi.

Les sept signa­taires sont : le cardinal-​archevêque de Cologne Rainer Maria Woelki ; Ludwig Schick, arche­vêque de Bamberg ; Konrad Zdarsa, évêque d’Augsbourg ; Gregor Maria Hanke, évêque d’Eichstätt ; Stefan Oster, évêque de Passau ; Rudolf Voderholzer, évêque de Ratisbonne et Wolfgang Ipolt, évêque de Görlitz.

A la fin de leur lettre, les évêques implorent le Saint-​Siège de « faire la lumière sur ce docu­ment (de la Conférence épis­co­pale) dont nous dou­tons qu’il soit com­pa­tible avec la foi et l’unité de l’Eglise ».

Ce recours au Vatican a été – le fait est à noter – por­té à l’insu du pré­sident de la Conférence des évêques d’Allemagne, le car­di­nal Reinhard Marx, par ailleurs arche­vêque de Munich et Freising. Dans un com­mu­ni­qué offi­ciel publié le 4 avril 2018, le très libé­ral pré­lat s’est dit « sur­pris », pour ne pas dire irri­té, par l’initiative de ses sept confrères. Il se défend en met­tant en avant la qua­li­té des débats de l’Assemblée géné­rale et l’é­cra­sante majo­ri­té ayant pré­va­lu en faveur de l’in­ter­com­mu­nion au sein des mariages mixtes. Il évoque la pos­si­bi­li­té pour une Conférence épis­co­pale natio­nale de per­mettre la dis­tri­bu­tion des sacre­ments de l’Eglise à ceux qui ne sont pas en pleine com­mu­nion en s’ap­puyant sur le canon 844 qui le per­met « en cas de dan­ger de mort ou de grave néces­si­té ». Enfin il s’au­to­rise des encou­ra­ge­ments du pape François pour aller de l’a­vant sur le che­min de l’œ­cu­mé­nisme avec les autres chré­tiens, y com­pris par des mesures à carac­tère pastoral.

Les signa­taires du recours au Vatican veulent croire que leur appel sera enten­du. En juillet 1999, le pré­dé­ces­seur de Mgr Woelki, le car­di­nal Joachim Meisner, s’était tour­né vers Jean-​Paul II pour lui deman­der d’intervenir dans l’affaire des centres Donum vitae gérés par l’Eglise en Allemagne. Ceux-​ci déli­vraient, avec la béné­dic­tion des évêques, des cer­ti­fi­cats per­met­tant de recou­rir à l’avortement. L’intervention de Mgr Meisner avait eu pour résul­tat une ins­truc­tion papale condam­nant cette pratique.

Il est à espé­rer qu’en 2018 à son tour, la Congrégation pour la doc­trine de la foi entende la voix des sept pré­lats et fasse pré­va­loir le pri­mat de la foi sur les ambi­guï­tés entre­te­nues et dif­fu­sées dans l’Eglise, a capite usque ad cal­cem [1].

Sources : Fsspx​.news

Notes de bas de page
  1. Note de la Rédaction de LPL : de la tête jus­qu’au talon /​de haut en bas.[]