Une Eglise pécheresse, est-​ce concevable ?

Conférence don­née au col­loque de défense de l’Eglise, Bruxelles, mars 2000. L’auteur est pro­fes­seur de théo­lo­gie fon­da­men­tale au sémi­naire d’Ecône. le style par­lé a été conservé.

Introduction

On a beau­coup par­lé ces der­niers temps de la repen­tance [1]. Et d’un bout à l’autre de cette démarche, le pape Jean-​Paul II a fait réfé­rence au concile Vatican II, avec au pre­mier chef la consti­tu­tion Lumen gen­tium sur l’Eglise. Et dans tous les pas­sages cités [2], l’idée cen­trale qui se dégage est cette idée de l’Eglise péche­resse. Le mot n’y est pas : entendons-​nous bien, le concile et le pape Jean-​Paul II évitent soi­gneu­se­ment l’expression, mais l’idée est bien pré­sente [3].

La consti­tu­tion Lumen gen­tium sug­gère impli­ci­te­ment cette idée que l’Eglise est péche­resse, l’Eglise elle-​même est atteinte par les fautes de ses membres [4]. On pour­rait sans dif­fi­cul­té mul­ti­plier les cita­tions. Le décret Unitatis redin­te­gra­tio sur l’œcuménisme évoque lui aus­si de façon très expli­cite la même idée [5]. Et enfin, le pape Paul VI, dans la ligne de cet ensei­gne­ment, aura des expres­sions très évo­ca­trices, comme par exemple celle-​ci qui figure dans un dis­cours de 1972 :

L’Eglise devrait être sainte et bonne, devrait être telle que l’a pen­sée et conçue le Christ et par­fois nous voyons qu’elle n’est pas digne de ce titre.

Osservatore roma­no du 28 février 1972, cité par Romano Amerio : Iota unum, page 113.

Et lorsqu’en 1994, dans la lettre apos­to­lique Tertio mil­le­nio adve­niente, le pape Jean-​Paul II fait réfé­rence à cette idée de la repen­tance, il n’innove pas. Il ne fait que reprendre à son compte un ensei­gne­ment déjà ancien. Voici deux pas­sages significatifs :

D’abord le § 33 : « Bien qu’elle soit sainte par son incor­po­ra­tion au Christ, l’Eglise ne se lasse pas de faire péni­tence. La consti­tu­tion Lumen gen­tium de Vatican II dit à ce sujet : « L’Eglise qui com­prend des pécheurs en son sein est à la fois sainte et appe­lée à se puri­fier et pour­suit constam­ment son effort de péni­tence et de renouvellement. »

Et ensuite le § 35 : « C’est pour­quoi la sainte Eglise éprouve le besoin de se repen­tir pro­fon­dé­ment des fai­blesses de tant de ses fils qui ont défi­gu­ré son visage et l’ont empê­chée de reflé­ter plei­ne­ment l’image de son Seigneur cru­ci­fié » [6].

D’autre part, notons aus­si que dans tous ces textes, l’insistance est d’abord mise sur cette idée du péché qui rend néces­saire une puri­fi­ca­tion de l’Eglise. L’idée de sain­te­té qui est affir­mée en prin­cipe passe ain­si au second plan

Ces textes sont graves, ils doivent rete­nir notre atten­tion. Considérons si cette notion d’une Eglise péche­resse est rece­vable pour quelqu’un qui entend pro­fes­ser la foi catho­lique dans son inté­gri­té : tel sera l’objet de cet exposé.

1) Etat de la question

1.1) Deux éléments fondamentaux.

Si nous étu­dions l’Evangile, nous y trou­vons deux élé­ments fon­da­men­taux qui vont com­man­der toute notre intel­li­gence du mys­tère de l’Eglise. Ces deux élé­ments se trouvent déjà réunis dans la per­sonne du Christ ou plu­tôt dans sa mis­sion divine. Deux élé­ments contra­dic­toires en appa­rence et qui pour­tant doivent s’unir par­fai­te­ment. C’est ce en quoi consiste le mys­tère : il y a dans tout mys­tère une appa­rente contra­dic­tion qui se résout dans une uni­té supé­rieure et qui aveugle la rai­son. Dans le cas de l’Eglise, nous sommes d’abord pla­cés en face de cette appa­rente anti­no­mie. L’Eglise est sainte et, pour­tant aus­si, l’Eglise porte le poids du péché.

L’Eglise est sainte, pour com­men­cer – c’est le pre­mier élé­ment. Je ne vais pas m’y attar­der. Rappelons sim­ple­ment les lignes essentielles.

A) « Qui de vous me convaincra d’un seul péché ? »(Jn, 8/​46).

C’est la décla­ra­tion du Christ devant les Pharisiens. Et à l’image de son Fondateur, l’Eglise elle aus­si, puisqu’elle conti­nue la mis­sion divine du Christ, l’Eglise ne connaît pas le péché, elle ne peut pas, cela est exclu d’avance, ce reproche que les Juifs vou­laient adres­ser au Christ. L’Eglise est sainte. C’est la pre­mière don­née par laquelle l’Eglise catho­lique a vou­lu se carac­té­ri­ser. L’Eglise fon­dée par le Christ, l’Eglise des apôtres se désigne elle même comme la sainte Eglise catho­lique. Dans le Credo, au 9e article, nous trou­vons cette affir­ma­tion : l’Eglise chré­tienne se défi­nit comme la sainte Eglise catho­lique. Et le Symbole de Nicée-​Constantinople [7] va au IVe siècle reprendre cette don­née en y ajou­tant les deux autres pro­prié­tés : l’Eglise catho­lique est sainte, elle est éga­le­ment une, et elle est éga­le­ment apostolique.

Cette affir­ma­tion est une véri­té de foi ; et l’Eglise à tra­vers le magis­tère de ses papes et de ses conciles reprend cette affir­ma­tion et solen­nel­le­ment l’impose à l’adhésion de tous ses fidèles :

• C’est d’abord le pape saint Léon IX en 1059 dans sa lettre Congratulamur vehe­men­ter [8] : après le Xe siècle, siècle de fai­blesses humaines et de désordres s’il en fut, un siècle qui pro­ba­ble­ment a vu la papau­té des­cendre à son niveau le plus bas, à tel point que les his­to­riens lui ont acco­lé cette épi­thète qui en dit long : le siècle de fer… Le Liber pon­ti­fi­ca­lis, en par­ti­cu­lier, cette espèce de chro­nique de la cour pon­ti­fi­cale qui est notre prin­ci­pale source de ren­sei­gne­ments pour cette période, le Liber pon­ti­fi­ca­lis enre­gistre avec une pla­ci­di­té ahu­ris­sante les désordres les plus graves [9]. Après le 10e siècle donc, et dans le contexte de la lutte entre le sacer­doce et l’Empire, le pape saint Léon IX réaf­firme cette don­née de l’Evangile : mal­gré les fai­blesses de ses pon­tifes, l’Eglise reste sainte.

• 150 ans plus tard, en 1208, le pape Innocent III dans sa lettre Ejus exem­plo [10] contre les héré­tiques Vaudois l’affirme éga­le­ment ; ces Vaudois sont les pre­miers réfor­ma­teurs de l’histoire, on peut les consi­dé­rer comme les ancêtres des pro­tes­tants ; et ce sont des gens qui se sont scan­da­li­sés trop vite en voyant cer­tains désordres qui avaient pu reprendre le des­sus et ter­nir encore une fois l’idéal évan­gé­lique chez les hommes d’Eglise

• vers la fin du siècle, c’est le second concile de Lyon, en 1274 [11], qui sous le pape Grégoire X, face aux Grecs schis­ma­tiques de Byzance, réaf­firme cette véri­té de la sain­te­té de l’Eglise catho­lique. Le concile pré­cise que la sain­te­té ne peut pas se trou­ver ailleurs que dans la véri­table Eglise, l’Eglise catho­lique ; et donc elle ne peut pas se trou­ver dans le schisme.

• C’est le pape Boniface VIII en 1302 [12], contre les pré­ten­tions laï­cistes du pou­voir tem­po­rel. Boniface VIII réagit contre les attaques menées par les hommes de loi du roi de France Philippe IV le Bel, ces fameux légistes ; et les légistes ce sont déjà les pre­miers repré­sen­tants d’un état d’esprit laï­ciste, ceux qui vou­draient sous­traire l’Etat au droit de regard de l’Eglise et refu­ser au pape le pou­voir d’intervenir en matière tem­po­relle. Alors le Pape répond : non, l’Etat a besoin de l’Eglise parce que l’Eglise est sainte, et c’est l’Eglise qui doit répandre cette bonne influence dans la société.

• Ce sont enfin les deux grands conciles de l’époque moderne avant Vatican II :

  • Le concile de Trente [13]) avec la Profession de foi publiée par le pape Pie IV [14] en 1564. Alors que Luther avait inju­rié les catho­liques en disant que le Siège de Pierre, le Siège de l’évêque de Rome était le siège de l’Antéchrist, le pape répond en main­te­nant cette affir­ma­tion : le Siège de Pierre est saint, la hié­rar­chie de l’Eglise catho­lique est une ins­ti­tu­tion divine, elle est sainte parce que son fon­da­teur est saint. Et elle a les pro­messes de la vie éternelle.
  • Le concile Vatican I [15] sous le pape Pie IX en 1870, face au péril gran­dis­sant du ratio­na­lisme et de l’immanentisme, réaf­firme lui aus­si cette don­née essen­tielle. Il y a deux ordres essen­tiel­le­ment dis­tincts, l’ordre natu­rel et l’ordre sur­na­tu­rel. Et au sein de ce deuxième ordre, c’est l’Eglise qui consti­tue l’intermédiaire obli­gé pour qui veut entrer en rela­tion avec Dieu.

Il y a donc, vous le voyez, une tra­di­tion inin­ter­rom­pue : un ensei­gne­ment constant au cours des siècles qui sans cesse rap­pelle cette véri­té de foi : la sain­te­té de l’Eglise. Et le concile Vatican II lui aus­si va réaf­fir­mer cette idée : l’Eglise est indé­fec­ti­ble­ment sainte, cela est affir­mé en par­ti­cu­lier dans Lumen gen­tium dès le début du cha­pitre 5.

Passons ensuite au deuxième élé­ment, car il y a aus­si une autre don­née, très exac­te­ment éta­blie elle aus­si par toute la Tradition : le péché est dans l’Eglise. C’est le point dif­fi­cile et nous allons nous y arrê­ter un peu plus longuement.

B) Deuxième élément : le péché dans l’Eglise. « Je suis venu appeler les pécheurs et non les justes »(Lc 5, 32)

1) L’Ecriture, les Pères et la liturgie

L’idée est donc déjà dans l’Evangile. Et les apôtres ne s’en cache­ront pas non plus [16]. Cette idée sera constam­ment reprise par les Pères de l’Eglise :

  • Elle est déjà affir­mée par saint Ephrem : « Toute l’Eglise est l’Eglise des péni­tents, toute l’Eglise est l’Eglise de ceux qui péris­sent » [17].
  • Saint Augustin affec­tionne cette idée que l’Eglise – comme l’âme indi­vi­duelle – est par elle-​même laide et péche­resse. Dès qu’elle confesse ses péchés, elle com­mence à deve­nir belle par l’action de Celui qui est la Beauté même. Nous avons même un texte de saint Augustin (c’est son 1er dis­cours sur le psaume 103) où il est dit expli­ci­te­ment que le Christ qui a fon­dé l’Eglise est sans cesse en train de réfor­mer l’Eglise ; donc c’est en quelque sorte l’idée d’une réforme per­ma­nente qui est sug­gé­rée par saint Augustin :

Ipse enim refor­ma­tor tuus qui fuit for­ma­tor tuus – le Christ lui-​même qui fut celui qui t’a for­mée est aus­si celui qui va te réfor­mer, il est ton réformateur.

Enarratio in Psalmum 103, ser­mo 1, § 4.

Voilà un texte qui n’échappera pas à la vigi­lance de Luther, et qui sera bien sûr sou­vent cité et mis en évi­dence par les pro­tes­tants au XVIe siècle.

Et les Pères vont même plus loin. La Bible nous pré­sente un cer­tain nombre d’exemples de femmes vivant dans l’impureté mais qui ont été choi­sies par Dieu et qui ont été puri­fiées à la suite de ce choix. Les Pères de l’Eglise vont y voir la figure de l’Eglise, Eglise péche­resse et puri­fiée de son péché par l’action inces­sante du Christ.

  • Voici Rahab, la femme de mau­vaise vie de Jéricho qui reçut et sau­va les éclai­reurs d’Israël dépê­chés par Josué et qui méri­ta à cause de cela d’être elle-​même sau­vée de l’anathème et jus­ti­fiée : pour Origène [18], c’est l’image de l’Eglise qui comme Rahab a été tirée du paga­nisme et de l’idolâtrie.
  • Voici encore la fille des Philistins, Dalila, elle aus­si ido­lâtre et pour autant cour­ti­sane que Samson va prendre pour épouse : saint Augustin [19] y dis­cerne un sym­bole, et c’est celui de l’Eglise.
  • Voici enfin Thamar dont l’histoire est si étrange pour nous, voi­ci cette épouse de péché, cette femme péche­resse ; le pro­phète Osée reçoit l’ordre de la prendre pour femme, et l’ordre vient de la part de Dieu : saint Jérôme [20] dit que cette femme annonce l’Eglise.
  • Et enfin, sainte Marie-​Madeleine : saint Ambroise [21] y voit le type de l’Eglise, l’Eglise qui à tra­vers la figure de sainte Marie-​Madeleine a bien pu prendre les dehors d’une péche­resse, tout comme le Christ a pris les dehors d’un pécheur.

Et fina­le­ment, l’idée qui res­sort en clair de tous ces sym­boles, c’est bien l’idée que saint Paul exprime dans le cha­pitre 5e de l’épître aux Ephésiens : l’Eglise a été choi­sie péche­resse, et c’est le Christ son Epoux qui la puri­fie de ses souillures [22].

• Pour com­plé­ter ce que disent les Pères de l’Eglise, il y a aus­si la litur­gie. Ce n’est pas par hasard que la litur­gie catho­lique assigne comme évan­gile à la messe de la dédi­cace d’une église ce pas­sage de saint Luc [23] qui nous relate la conver­sion de Zachée, le publi­cain. Zachée est un pécheur, il est exclu du peuple de Dieu, mais un jour le Christ vient à pas­ser sous son toit, et depuis ce jour, Zachée est puri­fié et lavé de son péché. Là encore, c’est une image, l’image de l’Eglise péche­resse qui sans cesse se puri­fie des ses fautes.

2) Le Magistère

Après les Pères, après la litur­gie il y a le Magistère.

•Nous le voyons sur­tout, au XVIe siècle, lorsque l’explosion luthé­rienne eut mis en évi­dence la néces­si­té urgente d’une sérieuse contre-​attaque de la part de la hié­rar­chie : les décla­ra­tions les plus auto­ri­sées vont se mul­ti­plier dans le sens de ce que l’on est bien obli­gé d’appeler par son nom : une espèce de repen­tance avant la lettre, un mea culpa des hommes d’Eglise qui recon­naissent leur part de res­pon­sa­bi­li­té dans les abus qui ont pu four­nir un pré­texte aux réfor­ma­teurs pro­tes­tants. Voici par exemple, ce que le pape Adrien VI écri­vait au nonce Chieregati, envoyé à la diète de Ratisbonne :

Nous recon­nais­sons libre­ment que Dieu a per­mis cette per­sé­cu­tion de l’Eglise à cause des péchés des hommes et en par­ti­cu­lier des prêtres et des pré­lats. La sainte Ecriture nous apprend que les fautes du peuple ont leur source dans les fautes du cler­gé. C’est pour­quoi Notre-​Seigneur, lorsqu’il vou­lut puri­fier la ville de Jérusalem alla d’abord au Temple … Nous savons que même sur le Saint-​Siège depuis nombre d’années beau­coup d’abominations ont été com­mises : abus des choses saintes, trans­gres­sion des com­man­de­ments de telle sorte que tout a tour­né au scan­dale … Nous tous, pré­lats et ecclé­sias­tiques, nous nous sommes détour­nés de la voie de la jus­tice. [24]

Nous sommes en 1522. Il faut bien recon­naître que les pré­dé­ces­seurs du pape Adrien VI n’ont pas tou­jours été à la hau­teur de l’idéal évan­gé­lique. Léon X [25] en par­ti­cu­lier, le pape qui a condam­né Luther et qui est mort en 1521, et auquel Adrien VI venait juste de suc­cé­der, Léon X était sou­vent plus occu­pé d’art, de jeu et de luxe prin­cier que de ques­tions reli­gieuses. Et Léon X n’était pas un iso­lé, il avait ain­si tous les défauts et toutes les qua­li­tés de son temps, c’est un pape de la Renaissance, comme le furent avant lui Sixte IV, Innocent VIII, Alexandre VI Borgia et Jules II. Alors en 1522, Adrien VI constate ce manque de pro­fon­deur reli­gieuse, cette super­fi­cia­li­té dans le domaine de la pié­té, et c’est bien sûr pour le déplo­rer. Quelques années plus tard, au concile réuni à Trente pour affer­mir l’Eglise dans sa foi et la réfor­mer dans sa vie, les plus hauts pré­lats, un car­di­nal Pole au début même du concile, en 1546, et un car­di­nal de Lorraine sur la fin en 1562, pro­cla­maient cha­cun à leur tour un solen­nel mea culpa :

« Si le sel s’affadit », rap­pe­lait le car­di­nal Pole, « il n’est plus bon qu’à être fou­lé aux pieds » ; et il ajou­tait cette pen­sée pro­fonde : « Si nous ne recon­nais­sons pas tout cela, c’est en vain que nous entrons en concile, en vain que nous invo­quons le Saint-​Esprit … Tant que cet Esprit ne nous a pas condam­nés nous-​mêmes devant nous-​mêmes, nous ne pou­vons pas encore dire qu’il soit entré en nous, et il n’y entre­ra pas si nous refu­sons d’être atten­tifs à nos propres péchés » [26].

Le car­di­nal de Lorraine se fera l’écho de ces paroles en citant l’Epître de saint Pierre : « Que le juge­ment com­mence par la mai­son du Seigneur » [27]. En 1537, une com­mis­sion de car­di­naux et de pré­lats adres­sant au pape Paul III un mémoire sur la réforme de l’Eglise reprend éga­le­ment les expres­sions de l’Ecriture pour dénon­cer la res­pon­sa­bi­li­té des membres de la hié­rar­chie : « C’est par nous que le nom du Christ est blas­phé­mé par­mi les Nations » [28].

Plus près de nous, les papes de ces deux der­niers siècles n’ont pas hési­té à rap­pe­ler cette même idée de la pré­sence du péché dans l’Eglise :

  • C’est d’abord le pape Pie IX qui affirme la pré­sence de nom­breux membres qui ne sont pas saints dans l’Eglise [29].
  • C’est ensuite Pie XI dans l’encyclique Mit bren­nen­der Sorge de 1937. « La mis­sion divine de l’Eglise qui s’exerce par des hommes et doit s’exercer par des hommes peut être dou­lou­reu­se­ment obs­cur­cie par l’humain, trop humain, qui par moments foi­sonne et revient sans cesse comme de la mau­vaise herbe dans le fro­ment du Royaume de Dieu » [30].
  • Enfin, Pie XII lui aus­si rap­pelle à plu­sieurs reprises cette véri­té : les pécheurs font par­tie de l’Eglise et le péché en quelque sorte souille mal­heu­reu­se­ment les membres de ce Corps mys­tique [31] ; il pro­jette comme des zones d’ombre par­mi les fils de lumière [32].

1.2) Ces deux éléments posent une difficulté qu’il faut résoudre.

Ces deux élé­ments : la sain­te­té et le péché qui sont tous deux à l’œuvre au sein de l’Eglise, sont oppo­sés et pour­tant ils sont vrais tous les deux, ils doivent s’unifier sans se confondre. Il faut en quelque sorte les concilier.

La dif­fi­cul­té peut se résu­mer ici dans le concept de réforme. Le péché qui est dans l’Eglise en concur­rence avec la sain­te­té appelle une réforme. Réforme au sens le plus éty­mo­lo­gique, comme la litur­gie nous le laisse entre­voir. Il s’agit pour l’Eglise de res­ter fidèle à elle-​même, il s’agit de conser­ver et de retrou­ver, si elle vient à être per­due ou défi­gu­rée par le péché la forme d’origine, le vrai visage de l’Eglise. Remettre l’Eglise en forme donc, tel est le sens pre­mier du mot. Et c’est jus­te­ment la grâce que nous deman­dons dans l’oraison de la fête du 13 jan­vier, la fête du bap­tême de Notre-​Seigneur. Le mot s’y trouve : « refor­ma­ri = refor­mer, réfor­mer ». Nous deman­dons la grâce d’être inté­rieu­re­ment réfor­més. Et l’épisode que la litur­gie célèbre en ce jour consti­tue à lui seul tout un sym­bole : l’Agneau sans tache, sans péché reçoit le bap­tême qui efface les péchés. Et donc aus­si (c’est le sens de cette image) il y a une Eglise qui se réforme et qui pour­tant reste une Eglise sainte ; c’est une Eglise dont il faut sans cesse extir­per le péché et qui pour­tant n’est pas pécheresse.

Comment peut-​on affir­mer les deux : l’Eglise se puri­fie du péché et pour­tant l’Eglise est sainte, l’Eglise n’est pas pécheresse ?

Il y a la sainte Réforme, la vraie Réforme : réforme au sens du pape saint Grégoire VII, réforme gré­go­rienne des XIe et XIIe siècles. Réforme qui n’entame pas la sain­te­té de l’Eglise.

Et il y a aus­si la pré­ten­due réforme des réfor­ma­teurs du XVIe siècle, la Réformation, la fausse Réforme : réforme au sens révo­lu­tion­naire et pro­tes­tant. Fausse réforme qui pré­tend reje­ter une Eglise péche­resse en fai­sant le pro­cès d’une ins­ti­tu­tion pure­ment humaine et défaillante. Fausse Réforme à laquelle va s’opposer l’œuvre du concile de Trente, œuvre qui jus­te­ment vou­dra se pré­sen­ter comme une Contre-Réforme.

2) Solution : la synthèse catholique

2.1) Définition de la sainteté en général

A) Définition étymologique

Commençons donc par défi­nir le terme essen­tiel, celui qui com­mande toute l’intelligence de cette ques­tion : la sain­te­té. Et tout d’abord par­tons de l’étymologie. L’étymologie d’un mot est tou­jours inté­res­sante comme point de départ parce qu’elle nous livre l’acception com­mune du mot. C’est la défi­ni­tion du sens com­mun et saint Thomas d’Aquin, très sou­vent dans sa Somme théo­lo­gique, com­mence par recher­cher cette don­née fon­da­men­tale. C’est jus­te­ment dans la Somme que saint Thomas a consi­gné cette défi­ni­tion éty­mo­lo­gique de la sain­te­té : il en parle dans son trai­té sur la ver­tu de reli­gion, car la reli­gion, dit-​il, a pour fin prin­ci­pale de conduire l’homme à l’acquisition de la sainteté.

• Le mot grec cor­res­pon­dant est donc « agios »et il signi­fie en quelque sorte « éle­vé au des­sus de la condi­tion terrestre » ;

• quant au mot latin à par­tir duquel le fran­çais a pris son ori­gine, il dérive de l’expression « san­guine tinc­tum » : qui signi­fie « trem­pé dans le sang » ; et cette expres­sion a don­né nais­sance au vocable « san­ci­tum », bien­tôt contrac­té en « sanc­tum », et cela désigne une situa­tion de sta­bi­li­té inébran­lable. Un état d’appartenance défi­ni­tive, qui à l’origine était signi­fié par une asper­sion de sang puis sanc­tion­né par la loi, c’est le sens du mot « sancitum ».

Voilà donc les deux idées maî­tresses qui se trouvent véhi­cu­lées par ce concept de sain­te­té : on entend par là une situa­tion hors du com­mun, situa­tion qui arrache celui qui en est le sujet à sa simple condi­tion ter­restre ; et on entend par là une situa­tion d’appartenance stable et définitive.

B) Définition théologique

Ces don­nées fon­da­men­tales du sens com­mun se retrouvent dans la défi­ni­tion théo­lo­gique : la sain­te­té se défi­nit en fonc­tion du sur­na­tu­rel et elle fait réfé­rence à une sta­bi­li­té, à une pleine maî­trise qui doit s’effectuer au sein de cet ordre. On pour­rait donc déjà dire que la sain­te­té implique une appar­te­nance stable à l’ordre sur­na­tu­rel, et c’est en effet d’abord cette par­ti­ci­pa­tion à la nature divine par la grâce qui défi­nit la sain­te­té dans ce qu’elle a de plus fon­da­men­tal. Sainteté com­mune et acces­sible à tous qui n’est pas autre chose que cet état de grâce inau­gu­ré par le sacre­ment de bap­tême, qui peut être recou­vré par le sacre­ment de péni­tence s’il vient à être per­du et qui enfin est for­ti­fié, renou­ve­lé, entre­te­nu par le sacre­ment de l’eucharistie qui donne accès à la sainte communion.

2.2) Sainteté de l’Eglise

Si nous pas­sons à l’Eglise, le point de vue qui en com­mande la sain­te­té, c’est bien sûr celui de la cause qui l’a pro­duite dans l’être. L’Eglise est sainte parce que c’est Dieu qui a pro­duit l’Eglise : elle est l’œuvre sur­na­tu­relle qui est sor­tie de ses mains. C’est une ins­ti­tu­tion divine, c’est une fon­da­tion de Jésus-​Christ, vrai Dieu et vrai homme. Et ce point de vue en com­mande un autre : l’Eglise est sainte d’une deuxième manière, parce que Jésus-​Christ l’a éta­blie comme le moyen dont il allait désor­mais se ser­vir pour com­mu­ni­quer la sainteté.

A) Sainteté selon la fin.

La pre­mière chose qui s’impose, c’est bien sûr le but, la prin­ci­pale rai­son d’être de l’Eglise, c’est comme disent les méta­phy­si­ciens, sa cause finale. Et jus­te­ment, l’Eglise n’est pas autre chose que le moyen et le moyen unique et essen­tiel que Dieu nous a lais­sé pour que nous puis­sions obte­nir le salut éter­nel, le salut sur­na­tu­rel [33].

• C’est la pre­mière affir­ma­tion qui se ren­contre au début de la consti­tu­tion Pastor æter­nus du concile Vatican I : le Christ a éta­bli l’Eglise « afin de per­pé­tuer l’œuvre salu­taire de la Rédemption » [34]). Et le texte déve­loppe ici une ana­lo­gie, une com­pa­rai­son reprise du texte de saint Paul dans l’épître à Timothée : l’Eglise est la mai­son du Dieu vivant [35]). Cela veut dire en par­ti­cu­lier qu’il y aura une dis­tinc­tion : dis­tinc­tion entre la mai­son et ceux qui l’habitent. Et donc dis­tinc­tion aus­si entre l’Eglise qui est le moyen du salut et les hommes qui vont recou­rir à ce moyen du salut. La sain­te­té du moyen se dis­tingue donc de la sain­te­té de ceux qui s’en servent.

• C’est aus­si le sens de l’enseignement de Léon XIII dans l’encyclique Satis cogni­tum en 1896. L’Eglise conti­nue la même mis­sion de Jésus-​Christ : elle peut et elle doit reprendre à son propre compte les propres paroles du Fils de Dieu : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abon­dance » (Jn10, 10). L’Eglise est donc sainte parce qu’elle est pour la sain­te­té, elle est pour l’union des âmes à Dieu comme le moyen est pour la fin [36]).

• Tel est aus­si le sens de l’enseignement du pape saint Pie X : d’abord dans l’encyclique E supre­mi apos­to­la­tus de 1903 : l’Eglise existe pour pro­di­guer « les tré­sors de la grâce divine en vue de la sanc­ti­fi­ca­tion et du salut des hommes » [37]) ; et encore dans l’encyclique Editae saepe de 1910, où le pape affirme de nou­veau que l’Eglise est la socié­té qui « four­nit au monde les moyens oppor­tuns et néces­saires de salut » [38]).

• Tel est encore l’enseignement de Pie XI dans Mortalium ani­mos en 1928 : pour être sau­vé, il faut croire, et pour que les hommes puissent croire, il est néces­saire que l’Eglise prêche la doc­trine du salut [39]).

• Et enfin Pie XII en 1943, dans Mystici cor­po­ris rap­pelle le lien étroit qui existe entre la mis­sion de l’Eglise et l’œuvre de la Rédemption : l’Eglise est l’instrument dont Dieu se sert pour dis­tri­buer les fruits de grâce acquis par le Christ sur l’arbre de la Croix. [40]

B) Sainteté essentielle de ce moyen qu’est l’Eglise : le pouvoir

1) Le fait

Il y a ensuite ce qui consti­tue l’Eglise dans son essence même : et là encore nous allons retrou­ver la sain­te­té au cœur de la défi­ni­tion. L’Eglise est essen­tiel­le­ment une socié­té, donc un ordre, une hié­rar­chie. Il y a dans l’Eglise une rela­tion entre ceux qui dirigent et ceux qui sont gou­ver­nés : tel est l’élément fon­da­men­tal qui se retrouve dans toute socié­té. Et l’Eglise qui est une socié­té, un ordre poli­tique, va donc se défi­nir par un pou­voir : et ce pou­voir, vous le savez, c’est ce double pou­voir d’ordre et de juri­dic­tion ins­ti­tué par le Christ. Pouvoir d’ordre : pou­voir de com­mu­ni­quer la grâce en dis­tri­buant les sacre­ments ; pou­voir de juri­dic­tion : pou­voir de gou­ver­ner les intel­li­gences en leur com­mu­ni­quant la connais­sance des véri­tés révé­lées, et pou­voir de gou­ver­ner les volon­tés en les condui­sant dans les sen­tiers de la jus­tice vers le salut éternel.

C’est la hié­rar­chie qui exerce ce pou­voir, ce sont les évêques, suc­ces­seurs des apôtres, et c’est à la tête de tous les évêques, le Souverain Pontife, suc­ces­seur de saint Pierre, qui gou­vernent et qui sont donc comme le prin­cipe vital de ce corps poli­tique qui est l’Eglise. Vous voyez que, là encore, nous retrou­vons cette notion essen­tielle de sain­te­té : essen­tiel­le­ment l’Eglise est sainte parce que sa hié­rar­chie, son double pou­voir d’ordre et de juri­dic­tion est saint. Ce pou­voir est saint parce que l’acte qu’il exerce donne aux âmes les moyens néces­saires pour obte­nir la sain­te­té. Ce pou­voir, cette hié­rar­chie n’existent et ne s’exercent que pour cela : com­mu­ni­quer la grâce et conduire les âmes au salut sur­na­tu­rel qui est la vie divine.

L’Eglise est donc sainte parce qu’elle donne les moyens de par­ve­nir à la sain­te­té. Elle est sainte et pure en tout pre­mier lieu dans la foi qu’elle trans­met ; elle est sainte dans ses sacre­ments ; elle est sainte aus­si dans ses ins­ti­tu­tions cha­ri­tables, et dans la mise en pra­tique des conseils évan­gé­liques et donc en tout pre­mier lieu dans ses Ordres reli­gieux dont les règle­ments s’inspirent de cet idéal si élevé.

2) Preuve de ce fait : l’enseignement des papes

Tel est là encore en résu­mé l’enseignement de toute la Tradition : ensei­gne­ment du concile Vatican I avec Pastor aeter­nus [41] où il est dit que les évêques et le pape conti­nuent la mis­sion divine du Christ ; ensei­gne­ment de Léon XIII dans Satis cogni­tum [42]) ; ensei­gne­ment de saint Pie X dans Editae saepe [43]. Les textes pour­raient venir en foule.

Arrêtons-​nous sim­ple­ment à cette idée cen­trale que l’enseignement de l’Eglise a tou­jours eu soin de sou­li­gner : idée selon laquelle ce pou­voir, cette hié­rar­chie, ce magis­tère de l’Eglise sont saints et sacrés par eux-​mêmes. A tel point que jamais les péchés des hommes ne pour­ront remettre en cause cette sain­te­té. C’est là une dis­tinc­tion très impor­tante : c’est même la dis­tinc­tion essen­tielle qui doit nous per­mettre de résoudre l’apparente dif­fi­cul­té. Nous avons vu que des hommes d’Eglise du plus haut rang, un Adrien VI, un car­di­nal Pole ou un car­di­nal de Lorraine (et Pole comme de Lorraine furent tous deux bien près de deve­nir pape), nous avons vu que tous ont recon­nu leur res­pon­sa­bi­li­té et leurs fautes : leurs fautes d’hommes d’Eglise et de chefs dans le peuple de Dieu. Mais nulle part ils n’ont par­lé d’une pré­va­ri­ca­tion de l’Eglise elle-​même. Tous recon­naissent net­te­ment à l’occasion les fautes des per­sonnes, même hié­rar­chiques, mais tous se refusent à impu­ter quelque défaillance à l’Eglise elle-​même et comme telle. Un der­nier exemple est la réponse du car­di­nal de Noailles, arche­vêque de Paris, aux objec­tions que lui adres­sait le pro­tes­tant Zinzendorf :

« Vous attri­buez à cette Eglise qui est l’Epouse de Jésus-​Christ tou­jours pure, tou­jours sainte par elle-​même les fautes de ses ministres : elle en gémit, elle les châ­tie, mais elle n’en est pas cou­pable … Condamnez tant qu’il vous plai­ra la mau­vaise conduite des évêques, des car­di­naux, des papes, même quand leurs actions ne répondent pas à la sain­te­té de leur carac­tère, mais res­pec­tez l’Eglise qui leur a don­né des règles saintes et qui est conduite par l’Esprit de sain­te­té et de véri­té. » [44]

Et puis les papes eux-​mêmes ont dis­tin­gué. Ils ont même affir­mé que l’Eglise ne doit redou­ter aucun pré­ju­dice si elle recon­naît le péché de ses membres : ce péché ne sau­rait l’atteindre elle-​même. Voici par exemple Pie XI en 1923 dans l’encyclique Ecclesiam Dei :

Les Orientaux schis­ma­tiques dis­si­dents ont le devoir d’abandonner leurs antiques pré­ju­gés pour cher­cher à connaître la véri­table vie de l’Eglise, de ne point impu­ter à l’Eglise romaine les écarts qu’elle condamne et aux­quels elle s’efforce de remé­dier. [45]

Pie XII dans l’encyclique Mystici cor­po­ris :

Que si l’Eglise mani­feste des traces évi­dentes de la condi­tion de notre humaine fai­blesse, il ne faut pas l’attribuer à sa consti­tu­tion juri­dique mais plu­tôt à ce lamen­table pen­chant pour le mal des indi­vi­dus que son divin Fondateur souffre jusque dans les membres les plus éle­vés de son Corps mys­tique. [46]

Donc Pie XII fait la dis­tinc­tion : dis­tinc­tion entre les hommes d’Eglise, qui res­tent des hommes, fussent-​ils membres de la hié­rar­chie, et la fonc­tion juri­dique qu’ils exercent au nom du Tout-​Puissant. Dans ce même pas­sage, Pie XII ajoute que l’Eglise « brille d’un éclat sans tache »dans sa foi, dans ses lois, dans ses conseils évan­gé­liques et dans ses sacre­ments ; et il pré­cise quelles doivent être les condi­tions et la signi­fi­ca­tion d’une véri­table et juste repen­tance de la part de l’Eglise : l’Eglise, certes, récite tous les jours le Pater nos­ter et tous les jours elle demande par­don à Dieu ; mais elle demande par­don des fautes de ses fils et non pas de ses propres fautes [47]).

Et les papes sont même allés plus loin. Non seule­ment les péchés des hommes ne portent pas ombrage à la sain­te­té de l’Eglise, mais même, au contraire, ces péchés contri­buent à la mettre davan­tage en relief ; car si l’on voit que l’institution per­sé­vère en dépit des défaillances humaines, c’est un argu­ment qui doit être invo­qué en faveur de la divi­ni­té de cette ins­ti­tu­tion. L’Eglise consti­tue alors un véri­table miracle moral. Ecoutons par exemple Léon XIII :

L’historien de l’Eglise sera d’autant plus fort pour faire res­sor­tir son ori­gine divine qu’il aura été plus loyal à ne rien dis­si­mu­ler des épreuves que les fautes de ses enfants et par­fois même de ses ministres ont fait subir à cette épouse du Christ. [48]

Et puis sur­tout, il y a ce texte du pape saint Pie X tiré de l’encyclique Editae saepe, qui est plus explicite :

Seul un miracle de la puis­sance divine peut faire que mal­gré l’invasion de la cor­rup­tion et les fré­quentes défec­tions de ses membres, l’Eglise, Corps mys­tique du Christ puisse se main­te­nir indé­fec­tible dans la sain­te­té de sa doc­trine, de ses lois et de sa fin, tirer des mêmes causes des effets éga­le­ment fruc­tueux, recueillir de la foi et de la jus­tice d’un grand nombre de ses fils des fruits très abon­dants de salut. (51)

« Ex macu­la­tis imma­cu­la­ta » (Commentaire sur Lc, 1/​17) ; « Non in se sed in nobis vul­ne­ra­tur Ecclesia. Caveamus igi­tur ne lap­sus nos­ter vul­nus Ecclesiae fiat » (De vir­gi­ni­tate, 48).
3) Preuve de ce fait : les Pères de l’Eglise

Cet ensei­gne­ment des papes rejoint aus­si, en l’expliquant, la doc­trine authen­tique des Pères de l’Eglise. Nous avons vu saint Ambroise, saint Augustin, saint Jérôme par­ler de l’Eglise péche­resse à pro­pos des per­son­nages de l’Ancien et du Nouveau tes­ta­ment qui figurent l’Eglise. Mais les Pères font la dis­tinc­tion : l’Eglise elle-​même est sainte et ce sont ses membres qui sont pécheurs.

• Saint Ambroise : si l’Eglise est faite de bons et de méchants, dit-​il, si elle a en elle des pécheurs, elle est elle-​même sainte, imma­cu­lée ; le péché ne l’atteint pas en elle-​même, mais en nous [49].

• Voici encore et sur­tout saint Augustin qui fut le doc­teur pro­vi­den­tiel face au dona­tisme : l’erreur de ces schis­ma­tiques qui consis­tait à faire dépendre la sain­te­té et l’efficacité des moyens de grâce, donc des sacre­ments, de la sain­te­té per­son­nelle des ministres. Saint Augustin montre que les sacre­ments sont saints par eux-​mêmes et non pas par les hommes qui les admi­nistrent ; et donc la sain­te­té de l’Eglise lui vient de ses sacre­ments, sans se mesu­rer à la valeur des per­sonnes. L’Eglise est faite de pécheurs et de justes, il se trouve des pécheurs même par­mi les ministres sacrés ; et pour­tant, les sacre­ments gardent toute leur force de sanc­ti­fi­ca­tion, même s’ils sont admi­nis­trés par des ministres indignes [50].

• Nous pour­rions encore citer saint Jean Chrysostome avec son Traité sur le sacer­doce où le saint doc­teur montre lui aus­si que les mau­vais prêtres n’enlèvent rien à la sain­te­té du sacer­doce [51].

Tous les saints doc­teurs catho­liques sont donc una­nimes : il y a dans l’Eglise la sain­te­té per­son­nelle de ses membres, mais il y a bien plus que cela : il y a une sain­te­té incor­rup­tible qui vient à l’Eglise de la foi, des sacre­ments, des pou­voirs hié­rar­chiques du sacerdoce.

Saint Augustin résume cette dis­tinc­tion lorsqu’il évoque l’Eglise sous l’aspect d’une com­mu­nion. L’Eglise est le salut, elle est la sain­te­té répan­due et com­mu­ni­quée, c’est-à-dire l’union à Dieu par et dans le Christ, et elle est aus­si le moyen de ce salut, l’institution par laquelle et dans laquelle s’exercent des média­tions visibles. Bien sûr, il y a les deux : le salut et le moyen du salut, et ceci est en vue de cela. Telles sont les grandes lignes de l’ecclésiologie augus­ti­nienne for­mu­lées en par­ti­cu­lier dans ces caté­go­ries célèbres de com­mu­nion. Il y a dans l’Eglise une double com­mu­nion : il y a la com­mu­nion des saints et il y a la com­mu­nion des sacre­ments. Ces deux com­mu­nions sont en rela­tion l’une avec l’autre, mais elles ne coïn­cident pas en tous points. On peut par­ti­ci­per à la com­mu­nion des sacre­ments sans pour autant faire par­tie inté­grante de la com­mu­nion des saints. L’erreur consiste à confondre les deux : la com­mu­nion des sacre­ments appelle alors néces­sai­re­ment la com­mu­nion des saints, l’Eglise se défi­nit donc comme l’assemblée des justes. Pour que le péché ne l’atteigne pas en elle-​même, il appa­raît alors néces­saire qu’aucun pécheur ne fasse par­tie de l’Eglise.

Cela est évi­dem­ment faux. Nous devons main­te­nir la distinction.

4) Conclusion : distinction entre deux saintetés

C’est la dis­tinc­tion que le théo­lo­gien domi­ni­cain Cajetan va mettre en relief pour répondre aux attaques de Luther. C’est au mois d’octobre 1518, dans la ville d’Augsbourg en Allemagne, qu’eut lieu l’entrevue déci­sive entre Martin Luther et le légat du pape : le légat est le maître géné­ral de l’Ordre des frères prê­cheurs, Cajetan, que le pape Léon X a éle­vé au car­di­na­lat un an plus tôt. La dis­cus­sion est impos­sible, Luther refuse de se sou­mettre. Et Cajetan a bien vu où se trou­vait le dan­ger. Au retour de sa léga­tion en Allemagne, il décla­re­ra que Luther est en train de mettre sur pied une nou­velle église ; et c’est pour démas­quer cette erreur qu’il com­po­se­ra à par­tir de 1519 pour le publier en 1521 un opus­cule consa­cré à la défense du pou­voir pon­ti­fi­cal [52]. C’est une exé­gèse très ser­rée du texte de l’Evangile de saint Matthieu, le « Tu es Petrus » où le Christ ins­ti­tue l’Eglise en confiant le pou­voir des clefs à saint Pierre. Cajetan fait la dis­tinc­tion. Il y a une dif­fé­rence essen­tielle entre deux sain­te­tés. Sainteté des prin­cipes et sain­te­té des membres. Sainteté du pou­voir, sain­te­té des offices, donc sain­te­té des clefs remises par le Christ à saint Pierre. Et puis sain­te­té de saint Pierre lui-​même, sain­te­té des hommes qui uti­lisent ce pou­voir, sain­te­té per­son­nelle des hommes qui portent les clefs du royaume des cieux. L’Eglise pos­sé­de­ra tou­jours les moyens de grâce, les clefs du royaume des cieux et avec cela, elle res­te­ra l’unique dépo­si­taire du salut ; mais le pou­voir des clefs ne dépen­dra pas de la fidé­li­té per­son­nelle de celui qui sera ame­né à l’exercer [53]. Ce qui veut dire que les hommes d’Eglise, même le pre­mier d’entre eux, lorsqu’ils auront à exer­cer leur auto­ri­té, pour­ront ne pas tou­jours être à la hau­teur de la foi et de la grâce qu’il doivent trans­mettre. Mais pour autant l’Eglise ne sera mena­cée ni dans son exis­tence, ni dans sa sain­te­té. Notre-​Seigneur lui-​même nous en a assu­rés : les portes de l’enfer ne pré­vau­dront pas contre son Eglise.

Et de fait, nous le voyons, même s’il n’est pas pos­sible à l’Eglise de pré­sen­ter dans son corps his­to­rique une suite irré­pré­hen­sible d’actions toutes conformes à la loi de l’Evangile, elle peut cepen­dant allé­guer la pré­di­ca­tion inin­ter­rom­pue de la véri­té : c’est dans celle-​ci et non dans celle-​là qu’il faut cher­cher d’abord la sain­te­té de l’Eglise [54].

5) Conclusion : rapports entre deux saintetés

Cela nous amène à déga­ger une notion très impor­tante, concer­nant le rap­port qui doit exis­ter entre ces deux sain­te­tés. Le rap­port de la sain­te­té des prin­cipes à la sain­te­té des membres dans l’Eglise, c’est le rap­port de la cause à l’effet qui en pro­cède. La sain­te­té des membres a pour cause la sain­te­té des prin­cipes. C’est donc l’Eglise qui nous rend saints. Mais la réci­proque n’est pas vraie : l’Eglise n’est pas sainte seule­ment parce que ses membres le sont ; et de fait l’Eglise conti­nue d’être sainte même si cer­tains de ses membres ne le sont pas. Ce n’est donc pas le péché ici ou là dans l’Eglise, qui signi­fie­rait que l’Eglise n’est plus sainte parce qu’elle ne pos­sé­de­rait plus alors le moyen de pro­duire la sain­te­té dans les âmes. Pas du tout. S’il y a des pécheurs dans l’Eglise et si dans l’Eglise les pécheurs sont en grand nombre, et même par­fois à cer­taines époques en très grand nombre, cela ne veut pas dire que les prin­cipes de la sain­te­té ne sont plus effi­caces ou qu’ils sont deve­nus moins effi­caces ; cela veut dire que de la part des hommes il y a des obs­tacles qui s’opposent à l’action bien­fai­sante de ces prin­cipes, cela veut dire qu’il y a chez le pécheur un refus. Mais cela ne sau­rait enta­mer la sain­te­té essen­tielle de l’Eglise. Comme tou­jours, Dieu, par l’Eglise a don­né sa grâce ; mais ce sont les hommes qui n’ont pas vou­lu la recevoir.

L’Eglise n’est donc pas péche­resse ; parce que le péché n’est pas dans l’Eglise. Il y a seule­ment dans l’Eglise des pécheurs : il y a, à côté des membres vivants, des membres morts, parce que l’Eglise est divine et humaine à la fois. Divine dans sa source ou dans son rayon­ne­ment et humaine dans tout ce qui est expo­sé à l’influence de cette source et de ce rayonnement.

C) Place non pas du péché mais des pécheurs dans l’Eglise

Plus pro­fon­dé­ment encore, com­pre­nons bien que l’appartenance des pécheurs à l’Eglise n’est pas une chose acces­soire ni même facul­ta­tive. La consti­tu­tion apos­to­lique Unigenitus Dei Filius du pape Clément XI [55] condamne entre autres la pro­po­si­tion jan­sé­niste de Pasquier Quesnel : « On se sépare de l’Eglise non seule­ment en ne croyant pas à l’Evangile, mais même en ne vivant pas selon l’Evangile » [56]. L’Eglise est en quelque sorte le lieu et l’instrument de l’application de la Rédemption du Christ. Le Corps mys­tique est un corps où la Rédemption se fait et n’est jamais par­ve­nue tant que dure le temps d’ici-bas à son accom­plis­se­ment défi­ni­tif ; c’est le corps d’une Eglise qui reste essen­tiel­le­ment mili­tante. Dieu ne refuse sa grâce à aucun de ceux qui croient à la pos­si­bi­li­té de la recevoir.

Ainsi donc, les péchés des fils de l’Eglise ne peuvent pas défor­mer l’Eglise ; l’Eglise pleure ces péchés, mais les larmes qu’elle peut ver­ser ne défi­gurent pas son visage [57]. Malheureusement, les textes que nous avons évo­qués en com­men­çant, ceux de Vatican II et ceux des papes Paul VI et Jean-​Paul II, tous ces textes, sans nier expli­ci­te­ment la sain­te­té essen­tielle de l’Eglise, ne font pas suf­fi­sam­ment la dis­tinc­tion entre les deux sain­te­tés, la sain­te­té sub­jec­tive des membres et la sain­te­té objec­tive des prin­cipes [58].

D) Vraie ou fausse réforme ?

C’est jus­te­ment l’absence de dis­tinc­tion et la confu­sion qui sont la marque de l’hérésie et qui est aus­si la marque des faux réfor­ma­teurs. Ces faux réfor­ma­teurs, saint Pie X les dénonce dans l’encyclique Editae saepe. Attention, dit-​il, aux faux réfor­ma­teurs, atten­tion à ces loups qui se sont revê­tus de la peau des bre­bis. Il y avait au XVIe siècle la contre-​réforme catho­lique en face de la fausse réforme pro­tes­tante ; et de même aujourd’hui encore, dit saint Pie X, l’Eglise catho­lique doit prendre les armes d’une sainte réforme contre les pré­ten­tions du modernisme.

Dans le cas du pro­tes­tan­tisme et dans celui du moder­nisme, le pro­ces­sus est sem­blable. La sain­te­té de l’Eglise doit trou­ver son ori­gine pre­mière dans les croyants, dans les fidèles. La sain­te­té des membres est anté­rieure à la sain­te­té des prin­cipes et c’est elle qui la fonde. L’Eglise est sainte parce qu’elle n’est plus que l’assemblée des croyants sin­cè­re­ment convain­cus. La hié­rar­chie de l’Eglise, le dépôt de la foi, les sacre­ments, les lois ecclé­sias­tiques, tout cela ne doit avoir de consis­tance que si cela cor­res­pond à la pen­sée et aux aspi­ra­tions des croyants62. Il y a un ren­ver­se­ment. Ce n’est pas l’Eglise qui fait les saints et les croyants, mais c’est l’inverse : ce sont les saints et ce sont les croyants qui font l’Eglise. Et l’Eglise va donc évo­luer, elle fera l’objet d’une réno­va­tion et d’une réforme per­ma­nente de façon à cor­res­pondre aux aspi­ra­tions des hommes du moment.

Ce n’est donc pas une réforme, mais c’est plu­tôt une révo­lu­tion. Saint Pie X le dit clairement :

« Le pro­jet de ces nova­teurs n’est pas la res­tau­ra­tion mais plu­tôt la défor­ma­tion et la des­truc­tion de la foi et des mœurs »(…) « Ils ont appe­lé réforme ces révoltes sédi­tieuses et cette per­ver­sion de la foi et des mœurs, se don­nant à eux-​mêmes le titre de réfor­ma­teurs. Mais en réa­li­té, ce furent des corrupteurs ».

En même temps, saint Pie X explique où doit se trou­ver la véri­table et sainte Réforme, la réforme catho­lique, la seule qui soit digne de ce nom. Saint Pie X défi­nit le pro­gramme de cette réforme à tra­vers l’exemple d’un véri­table et saint réfor­ma­teur, saint Charles Borromée. C’est en 1910 – donc trois siècles exac­te­ment après la cano­ni­sa­tion du saint évêque de Milan – le 26 mai 1910, que saint Pie X a vou­lu sai­sir l’occasion de ce tri­cen­te­naire pour adres­ser un salu­taire aver­tis­se­ment à toute la catholicité.

3) Conclusion

Pour conclure, je vou­drais sim­ple­ment évo­que­rune figure : celle du pape Sixte IV (1471–1484). Le pape qui a don­né son nom à la cha­pelle Sixtine. Le pape qui, sans aucun doute, s’est ren­du cou­pable d’une indul­gence exces­sive vis-​à-​vis de l’humanisme païen ; c’est en par­ti­cu­lier sous son pon­ti­fi­cat durant les der­nières années du XVe siècle, que l’art se trans­forme et laisse de plus en plus la porte ouverte à des élé­ments d’inspiration païenne au détri­ment de l’esprit évan­gé­lique. C’est aus­si le pape qui a don­né à l’Eglise le scan­dale de son népotisme.

Mais c’est aus­si – et voi­là le para­doxe – voi­là même le mys­tère, c’est aus­si le pape qui a for­gé l’instrument dont l’Eglise allait avoir besoin pour se pré­ser­ver sainte et pure en face des attaques de ses enne­mis. C’est le pape Sixte IV qui va appor­ter la pro­tec­tion accrue du Saint-​Siège aux ordres reli­gieux, spé­cia­le­ment aux ordres men­diants. En 1483, l’année de la nais­sance de Martin Luther, Sixte IV confie au domi­ni­cain Thomas de Torquemada le soin de diri­ger la Sainte Inquisition espa­gnole, fon­dée cinq ans plus tôt.

Et de fait, le péril que repré­sen­taient à cette époque les deux grands enne­mis de la cou­ronne catho­lique d’Espagne et de l’Eglise, le péril judaïque et le péril musul­man vont être très rapi­de­ment conju­rés. De fait encore, le pro­tes­tan­tisme ne pour­ra pas s’implanter en Espagne comme il s’implantera en France ou dans le Saint-​Empire. Le XVIe siècle sera pour le reste de l’Europe un siècle tra­gique, jalon­né par des luttes fra­tri­cides et san­glantes. Pour l’Espagne, ce sera le siècle d’or, le siècle de l’apogée du catho­li­cisme, le siècle de Philippe II. Le 12 août 1484, le pape Sixte IV fera une mort très édi­fiante, conscient d’avoir peut-​être été par­fois dans sa per­sonne infi­dèle à l’idéal des conseils évan­gé­liques ; mais c’est indis­cu­ta­ble­ment sous son pon­ti­fi­cat que l’Eglise a pui­sé un regain de force en vue de la lutte qui allait bien­tôt s’engager et dont la foi serait l’enjeu.

Nous voyons là un exemple qui résume bien l’essentiel de cet expo­sé : mal­gré l’indignité de ses ministres, l’Eglise garde les pro­messes de l’indéfectible sain­te­té et de l’unité de foi.

Abbé Jean-​Michel GLEIZE, pro­fes­seur de théo­lo­gie fon­da­men­tale au sémi­naire d’Ecône

Notes de bas de page

  1. Cf pour l’essentiel La docu­men­ta­tion catho­lique 2222 du 19 mars et 2223 du 2 avril 2000.[]
  2. Il s’agit du cha­pitre 5 de la consti­tu­tion : La voca­tion uni­ver­selle à la sain­te­té. Les lieux qui nous inté­ressent et que Jean-​Paul II cite en la cir­cons­tance se trouvent aux § 39 et 40. Mais l’idée est évo­quée dans tout le corps de la consti­tu­tion, prin­ci­pa­le­ment : cha­pitre 1, § 8 ; cha­pitre 2, § 9 et cha­pitre 3, § 27.[]
  3. Cf le Commentaire authen­tique du texte de la consti­tu­tion, don­né dans l’édition offi­cielle des décrets conci­liaires, col­lec­tion « Unam sanc­tam », 51b, tome 2, aux Editions du Cerf. Le péché dans l’Eglise, par K. Rahner, s.j. aux pages 373–391.[]
  4. Il est dit expres­sé­ment que l’Eglise est tou­jours à puri­fier (« sem­per puri­fi­can­da » : LG, 1, § 8) ; elle ne cesse de s’appliquer à la péni­tence et à la réno­va­tion (« pae­ni­ten­tiam et reno­va­tio­nem conti­nuo pro­se­qui­tur » : LG, ibi­dem) ; elle ne cesse de se renou­ve­ler (« seip­sam reno­vare non desi­nat » : LG, 2, § 9). Cela implique donc au moins une réno­va­tion morale ; et l’Eglise ne peut être le sujet de cette réno­va­tion puri­fi­ca­trice d’elle-même sans être ou avoir d’abord été aus­si celui du péché et de la culpa­bi­li­té. « Prétendre qu’ici le terme Eglise ne signi­fie tout à coup que la foule moyenne des fidèles en par­ti­cu­lier serait her­mé­neu­ti­que­ment de l’arbitraire pur. L’Eglise signi­fie la même chose que par­tout ailleurs dans la consti­tu­tion, tout sim­ple­ment l’Eglise » (K. Rahner, art. cit. pages 383–384).[]
  5. Chapitre 4, § 6 : « Bien que l’Eglise catho­lique ait été enri­chie de la véri­té révé­lée par Dieu ain­si que de tous les moyens de grâces, néan­moins ses membres n’en vivent pas avec toute la fer­veur qui convien­drait. Il en résulte que le visage de l’Eglise res­plen­dit moins aux yeux de nos frères sépa­rés ain­si que du monde entier, et la crois­sance du royaume de Dieu est entra­vée. C’est pour­quoi tous les catho­liques doivent tendre à la per­fec­tion chré­tienne ; ils doivent, cha­cun dans sa sphère, s’efforcer de faire en sorte que l’Eglise, por­tant dans son corps l’humilité et la mor­ti­fi­ca­tion de Jésus, se puri­fie et se renou­velle de jour en jour, jusqu’à ce que le Christ se la pré­sente à lui-​même, glo­rieuse, sans tache ni ride ».[]
  6. Et encore dans la der­nière lettre apos­to­lique Novo mil­le­nio ineunte, du 6 jan­vier 2001, au § 6 : « L’Eglise entière a vou­lu se rap­pe­ler les infi­dé­li­tés par les­quelles beau­coup de ses fils ont au cours de l’histoire jeté une ombre sur son visage d’Epouse du Christ ».[]
  7. Dz 150[]
  8. Dz 684[]
  9. Pour s’en don­ner un bref aper­çu, le lec­teur pres­sé pour­ra consul­ter l’excellente syn­thèse de Léon Homo : Rome médié­vale (476‑1420), Payot 1934, spé­cia­le­ment en son cha­pitre 3, aux pages 70–74 puis 78–80. La situa­tion la plus cri­tique est atteinte avec le pon­ti­fi­cat de Jean XII (955–964). « Du moins, et c’était peut-​être son unique ver­tu, Jean XII avait-​il pleine conscience de son indi­gni­té ; par une charte déli­vrée au monas­tère de Subiaco, il ordonne aux moines de chan­ter quo­ti­dien­ne­ment cent Kyrie et cent Christe pour le repos de son âme ».[]
  10. Dz 792[]
  11. Session 4 du 6 juillet 1274, Dz 854[]
  12. Bulle Unam sanc­tam du 13 novembre 1302, Dz 870[]
  13. Session 3 du 4 février 1546, Dz 1500 (Décret de Symbolo fidei[]
  14. Bulle Iniunctum nobis du 13 novembre 1564, Dz 1862[]
  15. Constitution Dei Filius, cha­pitre 1, Dz 3001 et cha­pitre 3, Dz 3014[]
  16. 1ère Epître de saint Paul aux Corinthiens, 5/​1 et 5/​6 ; Epître de saint Jude, ver­set 4 ; 1e Epître de saint Jean, 2/18–19 et Apocalypse, 3/​1.[]
  17. Paraenetica 38.[]
  18. Homélies 1 et 49 sur l’Evangile de saint Matthieu[]
  19. Sermo 374, § 2Commentaire sur le Prophète Osée, cha­pitre 1.[]
  20. Commentaire sur l’Evangile de saint Luc, livre 6, § 13[]
  21. Eph 5, 26–27. « Ut illam sanc­ti­fi­ca­ret, mun­dans lava­cro aquae in ver­bo vitae ».[]
  22. Lc, 19, 1–10[]
  23. Adrien VI : Instructions au nonce Chieregati (1522) cité dans Pastor : Histoire des Papes, tome 9, pages 103 et sq.[]
  24. Mgr Léon Cristiani en a tra­cé un por­trait fort sug­ges­tif dans son ouvrage Du Luthéranisme au pro­tes­tan­tisme, 1911, pages 52–53 et ren­voie à celui qu’en fait Imbart de la Tour au tome 2 de son his­toire des Origines de la Réforme.[]
  25. Admonition des légats à la 2e ses­sion du concile, le 7 jan­vier 1546 dans Concilii Tridentini Actorum, tomus 4, pars pri­ma, pages 550–551.[]
  26. 1 Pe, 4/​17[]
  27. Consilium delec­to­rum car­di­na­lium et alio­rum prae­la­to­rum de emen­dan­da Ecclesia, 1537. Cité par Pastor : Histoire des Papes, tome 11, pages 138 et sq.[]
  28. « Il est tou­jours vrai cepen­dant que l’Eglise est com­po­sée d’hommes les­quels sou­vent « de pul­vere sor­des­cunt » ; et bien que l’un de ses carac­tères soit celui de la sain­te­té parce qu’elle est sainte par son Fondateur, sainte par sa doc­trine, sainte par la sain­te­té d’un grand nombre de ses membres, elle ren­ferme aus­si néan­moins dans son sein de nom­breux membres qui ne sont pas saints et qui l’affligent, la per­sé­cutent et la mécon­naissent » (Allocution à des pèle­rins savoyards du 15 sep­tembre 1876 – § 435 de l’édition de Solesmes).[]
  29. 14 mars 1937, AAS, page 152.[]
  30. Mystici cor­po­ris, § 1024[]
  31. Radio-​message de Pâques aux fidèles du monde entier, 6 avril 1958 – § 1512 de l’édition de Solesmes.[]
  32. On peut légi­ti­me­ment se deman­der si telle est tou­jours la prin­ci­pale ambi­tion des hommes d’Eglise depuis la fin du 20e siècle, lorsqu’on lit par exemple dans la consti­tu­tion pas­to­rale Gaudium et spes de Vatican II que le concile se pro­pose « d’offrir au genre humain la col­la­bo­ra­tion sin­cère de l’Eglise pour l’instauration d’une fra­ter­ni­té uni­ver­selle » (§ 3) ou lorsqu’on entend le pape Jean-​Paul II dire aux jeunes ras­sem­blés à Tor Vergata pour les 15e JMJ, le 19 août 2000, que l’un des prin­ci­paux objec­tifs de la Nouvelle Evangélisation est de « rendre cette terre tou­jours plus habi­table pour tous » (DC 2232 des 3 et 17 sep­tembre 2000).[]
  33. « Le Pasteur éter­nel et l’Evêque de nos âmes, afin de per­pé­tuer l’œuvre salu­taire de la Rédemption, a déci­dé d’édifier la sainte Eglise, dans laquelle, comme dans la demeure du Dieu vivant, tous les fidèles seraient ras­sem­blés par le lien d’une seule foi et d’une seule cha­ri­té » (Pastor æter­nus, Dz 3050) []
  34. « Domus Dei quae est Ecclesia Dei vivi » (1 Tim, 3/​15[]
  35. « Cela est plus évident encore si l’on consi­dère le des­sein du divin Auteur de l’Eglise. Qu’a cher­ché, qu’a vou­lu Jésus-​Christ Notre-​Seigneur dans l’établissement et le main­tien de son Eglise ? Une seule chose : trans­mettre à l’Eglise la conti­nua­tion de la même mis­sion, du même man­dat qu’il avait reçu lui-​même de son Père. C’est là ce qu’il avait décré­té de faire et c’est ce qu’il a réel­le­ment fait. « Comme mon Père m’a envoyé, ain­si moi aus­si je vous envoie » (Jn, 20/​21). « Comme vous m’avez envoyé dans le monde, moi aus­si je les ai envoyés dans le monde » (Jn, 17/​18). Or, il est dans la mis­sion du Christ de rache­ter de la mort et de sau­ver ce qui avait péri … La mis­sion de l’Eglise est donc de répandre au loin par­mi les hommes et d’étendre à tous les âges le salut opé­ré par Jésus-​Christ et tous les bien­faits qui en découlent » (Léon XIII : Satis cogni­tum, du 29 juin 1896, § 550 de l’édition de Solesmes – Les Enseignements pon­ti­fi­caux[]
  36. « Où est la voie qui nous donne accès auprès de Jésus-​Christ ? Elle est sous nos yeux : c’est l’Eglise. C’est pour cela que le Christ l’a éta­blie après l’avoir acquise au prix de son sang, pour cela qu’il lui a confié sa doc­trine et les pré­ceptes de sa loi, lui pro­di­guant en même temps les tré­sors de la grâce divine pour la sanc­ti­fi­ca­tion et le salut des hommes » (saint Pie X : Encyclique E Supremi apos­to­la­tus du 4 octobre 1903, § 654 de l’édition de Solesmes[]
  37. « Le Christ est en effet « la voie, la véri­té et la vie » (Jn, 14/​6). Il est venu « pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en sur­abon­dance » (Jn, 10/​10). Mais parce que l’accomplissement de ces devoirs avec l’aide de la nature seule est bien au-​dessus de ce que les forces de l’homme peuvent atteindre par elles-​mêmes, l’Eglise pos­sède en même temps que son droit d’enseigner le pou­voir de gou­ver­ner la socié­té chré­tienne et celui de la sanc­ti­fier. En effet, par le moyen de ceux qui en ver­tu de leur rang propre et de leurs fonc­tions sont ses ministres et ses coopé­ra­teurs, elle four­nit au monde les moyens oppor­tuns et néces­saires de salut » (Encyclique Editae saepe du 26 mai 1910, § 731 de l’édition de Solesmes[]
  38. « Le double pré­cepte du Christ (celui d’enseigner et celui de croire en vue de la pos­ses­sion du salut éter­nel) ne peut se com­prendre que si l’Eglise expose inté­gra­le­ment et publi­que­ment la doc­trine évan­gé­lique et si dans cet expo­sé elle est à l’abri de tout péril d’erreur » (Encyclique Mortalium ani­mos du 6 jan­vier 1928, § 866 de l’édition de Solesmes[]
  39. « De même qu’au pre­mier ins­tant de l’Incarnation le Fils du Père éter­nel com­bla la nature humaine qu’il s’était sub­stan­tiel­le­ment unie de la plé­ni­tude du Saint-​Esprit, pou en faire un ins­tru­ment apte de sa divi­ni­té dans l’œuvre san­glante de la Rédemption, ain­si voulut-​il à l’heure de sa pré­cieuse mort enri­chir son Eglise de l’abondance des dons du Paraclet pour la rendre un ins­tru­ment effi­cace et à jamais durable du Verbe incar­né dans la dis­tri­bu­tion des fruits divins de la Rédemption » (Encyclique Mystici cor­po­ris du 29 juin 1943, § 1031 de l’édition de Solesmes[]
  40. De même donc qu’il envoya les Apôtres qu’il s’était choi­sis en les appe­lant du monde, de la même façon que lui-​même avait été envoyé par le Père, ain­si, il vou­lut qu’il y eût dans son Eglise des pas­teurs et des doc­teurs jusqu’à la consom­ma­tion du siècle. Afin que l’épiscopat lui-​même fût un et indi­vis et que toute la mul­ti­tude des croyants fût conser­vée dans l’unité de foi et de com­mu­nion par l’intermédiaire de prêtres unis les uns aux autres, à cette fin, pla­çant le bien­heu­reux Pierre à la tête de tous les autres apôtres, il éta­blit dans sa per­sonne le prin­cipe per­pé­tuel et le fon­de­ment visible de l’une et l’autre uni­té, pour que sur la soli­di­té de ce fon­de­ment soit construit le temple éter­nel et afin que se dresse sur la fer­me­té de cette foi la gran­deur de l’Eglise qui devait être éle­vée au ciel (Dz 3051).[]
  41. « Sur le point de retour­ner au ciel, il envoie ses apôtres en les revê­tant de la même puis­sance avec laquelle son Père l’a envoyé lui-​même, et il leur ordonne de répandre et de semer par­tout sa doc­trine. Seront sau­vés tous ceux qui obéi­ront aux apôtres ; ceux qui n’obéiront pas péri­ront » (§ 561) ; « La mis­sion des apôtres n’était point de nature à pou­voir périr avec la per­sonne même des apôtres ou dis­pa­raître avec le temps, car c’était une mis­sion publique et ins­ti­tuée pour le salut du genre humain … Comment cela eût-​il pu se réa­li­ser dans les seuls apôtres, que leur condi­tion d’hommes assu­jet­tis­sait à la loi suprême de la mort ? La Providence divine avait donc réglé que le magis­tère ins­ti­tué par Jésus-​Christ ne serait point res­treint aux limites de la vie même des apôtres mais qu’il dure­rait tou­jours. De fait nous voyons qu’il s’est trans­mis et qu’il a pas­sé comme de main en main dans la suite des temps Les apôtres en effet consa­crèrent des évêques et dési­gnèrent nomi­na­ti­ve­ment ceux qui devaient être leurs suc­ces­seurs immé­diats dans le minis­tère de la parole. Mais ce n’est pas tout : ils décré­tèrent que leurs suc­ces­seurs se choi­si­raient eux-​mêmes des hommes propres à cette fonc­tion. Il est donc vrai que de même que Jésus-​Christ a été envoyé par Dieu, et les apôtres par Jésus-​Christ, de même les évêques et tous ceux qui ont suc­cé­dé aux apôtres ont été envoyés par les apôtres » (§ 565).[]
  42. « Cette divine mis­sion, per­pé­tuel­le­ment trans­mise à ceux qui doivent agir comme légats du Christ, est à pro­pre­ment par­ler celle d’enseigner toutes les nations » (§ 730[]
  43. Cité par A Salmon : La Catholicité du monde chré­tien d’après la cor­res­pon­dance inédite du comte Louis de Zinzendorf avec le car­di­nal de Noailles et les évêques appe­lants, 1719–1728, 1929, pages 21–22.[]
  44. Encyclique Ecclesiam Dei du 12 novembre 1923, AAS 1923, page 580.[]
  45. § 1065 de l’édition de Solesmes. Et encore au § 1066 : « Assurément notre pieuse Mère brille d’un éclat sans tache dans les sacre­ments où elle engendre ses fils et les nour­rit ; dans la foi qu’elle garde tou­jours à l’abri de toute atteinte ; dans les lois très saintes qu’elle impose à tous et les conseils évan­gé­liques qu’à tous elle pro­pose ; enfin dans les grâces célestes et les cha­rismes sur­na­tu­rels par les­quels elle engendre avec une inlas­sable fécon­di­té des troupes innom­brables de mar­tyrs, de confes­seurs et de vierges ».[]
  46. ibi­dem : « Ce n’est cepen­dant pas à elle qu’il faut repro­cher les fai­blesses et les bles­sures de cer­tains de ses membres au nom des­quels elle-​même demande par­don à Dieu tous les jours : « Pardonnez-​nous nos offenses » et au salut spi­ri­tuel des­quels elle se consacre sans relâche avec toute la force de son amour mater­nel »[]
  47. Lettre aux évêques et au cler­gé de France du 8 sep­tembre 1899 (Acta Leonis XIII, tome 7, page 295[]
  48. § 726 de l’édition de Solesmes. Et pré­cé­dem­ment, au § 724 : « Quand la licence des mœurs est plus déchaî­née, plus féroce l’élan de la per­sé­cu­tion, plus per­fides les embûches de l’erreur, quand ces maux semblent la mena­cer de la der­nière ruine, lui arra­cher même nombre de ses fils pour les jeter au tour­billon de l’impiété et des vices, c’est alors que l’Eglise éprouve le plus effi­ca­ce­ment la pro­tec­tion divine ».[]
  49. Traités 5 et 6 sur l’Evangile de saint Jean ; livre 3 du de Baptismate contra Donatistas.[]
  50. De sacer­do­tio, livre 3, § 10 ; Homilia 4, § 4 et 5 : « Quand tu ver­rais un prêtre indigne, n’attaque pas le sacer­doce ; ce n’est point la chose qu’il faut blâ­mer mais celui qui use mal de ce qui est beau, car si Judas fut traître c’est la condam­na­tion non de l’apostolat mais de sa propre vie ; ce n’est pas un grief contre le sacer­doce c’est un péché de sa conscience ».[]
  51. De divi­na ins­ti­tu­tione Pontificatus totius Ecclesiae in per­so­na Petri apos­to­li. Cf l’article de J.D.M. Maes, op : Le pou­voir pon­ti­fi­cal d’après Cajetan in Ephemerides theo­lo­gi­cae Lovanienses, 705–721 – 1935, 12.[]
  52. Le pape pécheur ne cesse pas d’être pape. Cf Dz 1212, 1213, 1220, 1222, 1224, 1230 : pro­po­si­tions condam­nées de Jean Huss par le Concile de Constance (Session 15 du 6 juillet 1415) et par le Pape Martin V (Décret du 22 février 1418). Tout le drame qui a mis aux prises le domi­ni­cain Jérôme Savonarole (1452–1498) avec le pape Alexandre VI Borgia (1492–1503) trouve son ori­gine dans le refus de cette dis­tinc­tion. Refus qui dans le cas de Savonarole cor­res­pond à une atti­tude empi­rique et non pas à un sys­tème clai­re­ment défi­ni : on ne doit pas consi­dé­rer Savonarole comme l’héritier de Wyclif et Huss ni comme un pré­cur­seur de Luther. Sa théo­lo­gie reste catho­lique : il main­tient la néces­si­té de l’Eglise pour le salut et l’obéissance due en prin­cipe à l’autorité du pape. « Mais atta­ché théo­ri­que­ment à la doc­trine catho­lique, Savonarole s’est lais­sé entraî­ner par la fougue de son élo­quence et de ses convic­tions pro­phé­tiques à des manières de par­ler et d’agir que le catho­li­cisme ne com­porte pas. A prendre à la lettre son lan­gage on aurait pu croire que non seule­ment l’Eglise avait besoin de réformes mais qu’elle n’existait plus » (Félix Vernet dans l’article Savonarole du Dictionnaire apo­lo­gé­tique de la foi catho­lique, col 1226). Cf. la lettre à Alexandre VI du 3 mars 1497 et les ser­mons des 7 et 14 mars de la même année.[]
  53. Romano Amerio : Iota unum, cha­pitre VI, § 58 : Sainteté de l’Eglise, page 113.[]
  54. Du 8 sep­tembre 1713.[]
  55. Proposition condam­née 78, Dz 2478. « Separatur quis a popu­lo elec­to tam non viven­do secun­dum Evangelium quam non cre­den­do Evangelio ».[]
  56. Cf Romano Amerio : Stat veri­tas – Suite à « Iota unum », page 99 (Appréciation sur le § 35 de Tertio mil­le­nio adve­niente).[]
  57. Cf Romano Amerio : Iota unum, page 113.[]
  58. Saint Pie X a déjà dénon­cé les erreurs de cette nou­velle fausse réforme du moder­nisme : en 1907 le décret Lamentabili du Saint-​Office énu­mère en les réprou­vant quelques-​unes de ces erreurs qui portent atteinte à la consti­tu­tion divine de l’Eglise. Il y a sur­tout la pro­po­si­tion 54 : « Les dogmes, les sacre­ments, la hié­rar­chie, tant dans leur notion que dans la réa­li­té ne sont que des inter­pré­ta­tions et des évo­lu­tions de la pen­sée chré­tienne qui ont accru et per­fec­tion­né par des déve­lop­pe­ments exté­rieurs le petit germe latent dans l’Evangile ».[]

FSSPX

M. l’ab­bé Jean-​Michel Gleize est pro­fes­seur d’a­po­lo­gé­tique, d’ec­clé­sio­lo­gie et de dogme au Séminaire Saint-​Pie X d’Écône. Il est le prin­ci­pal contri­bu­teur du Courrier de Rome. Il a par­ti­ci­pé aux dis­cus­sions doc­tri­nales entre Rome et la FSSPX entre 2009 et 2011.