Sermon de Mgr Lefebvre – Pentecôte – Confirmations – 18 mai 1986

Mes bien chers enfants,

C’est à vous par­ti­cu­liè­re­ment que j’adresserai ces quelques paroles avant que vous ne rece­viez le sacre­ment de confirmation.

Je sais que vous avez été bien pré­pa­rés par vos parents, par vos prêtres et même par les sémi­na­ristes qui se sont occu­pés de vous aus­si, par les reli­gieuses qui ont pris soin de vous. Cependant, je vou­drais insis­ter auprès de vous pour que vous com­pre­niez la grande impor­tance du sacre­ment de confir­ma­tion. Car on ne reçoit le sacre­ment de confir­ma­tion qu’une seule fois dans sa vie. On ne le reçoit pas deux fois : une seule fois dans sa vie.

Donc ce jour pour vous est très impor­tant. Vous allez, par cette céré­mo­nie rece­voir jus­te­ment une effu­sion plus grande du Saint-​Esprit dans vos âmes, confir­mant ain­si l’effusion du Saint-​Esprit que vous avez reçue au jour de votre bap­tême, c’est pour­quoi on appelle ce sacre­ment : confir­ma­tion. Cela veut dire que cela confirme la grâce que vous avez reçue au jour de votre bap­tême, par une effu­sion plus grande encore de l’Esprit Saint, c’est-à-dire du Bon Dieu. Vous allez donc rece­voir le Bon Dieu d’une manière plus abon­dante dans votre cœur, pour être mieux pré­pa­ré à vivre en bon chré­tien, en bon catho­lique. C’est donc très important.

Vous savez bien que lorsque étant enfant, bébé, vos par­rain et mar­raine vous ont appor­té dans leurs bras à l’église, pour la pre­mière fois. Tout petit, peut-​être vous veniez de naître quelques jours avant – aujourd’hui mal­heu­reu­se­ment on tarde trop à bap­ti­ser les enfants, mais de mon temps, moi-​même, j’ai été bap­ti­sé le len­de­main de ma nais­sance – mes par­rain et mar­raine m’ont por­té à l’église.

Et qu’est-ce que le prêtre a dit aux par­rain et mar­raine qui nous repré­sen­taient ? Les par­rain et mar­raine n’ont pas par­lé pour eux, parce que eux, avaient déjà été bap­ti­sés, ils n’avaient pas besoin de répondre aux ques­tions du prêtre pour eux-​mêmes, ils répon­daient pour nous qui étions dans leurs bras. Le prêtre a deman­dé aux par­rain et mar­raine : Qu’est-ce que vous venez faire ? Qu’est-ce que vous dési­rez ? Qu’est-ce que vous deman­dez à l’Église ? Quid pete­ris Ecclesia Dei ? a dit le prêtre.

« Qu’est-ce que vous deman­dez à l’Église de Dieu ? »

Et vos par­rain et mar­raine ont répon­du : « Nous deman­dons la foi » – fidem – la foi, la foi catho­lique. Nous deman­dons la foi. C’est très impor­tant. C’est la chose la plus impor­tante pour notre vie : deman­der la foi catho­lique qui nous sauve.

Et jus­te­ment le prêtre a deman­dé alors à nos par­rain et mar­raine : Mais pour­quoi demandez-​vous la foi ? « Qu’est-ce que vous donne la foi ? » Et nos par­rain et mar­raine ont répon­du : « La foi nous donne la vie éter­nelle ». La vie éter­nelle vers laquelle nous mar­chons, à laquelle nous sommes des­ti­nés, dans laquelle nous aurons à vivre pour l’éternité. C’est donc très impor­tant. Mais à ce moment-​là nous n’étions pas conscients, nous étions trop petits pour savoir ce que l’on répon­dait pour nous.

Et puis le prêtre a conti­nué. Il a encore posé d’autres ques­tions à nos par­rain et mar­raine. Il leur a dit : « Est-​ce que vous renon­cez à Satan ? » – « Oui », ont-​ils répon­du, « nous renon­çons à Satan » – Vous renon­cez à toutes ses œuvres, à tous ses scan­dales ? – Oui, nous renon­çons à toutes les œuvres, à tous les scan­dales de Satan, bien sûr.

Et puis il a conti­nué : « Est-​ce que vous croyez en Dieu Tout-​Puissant Créateur du Ciel et de la terre ? » – « Oui, nous croyons », bien sûr.

« Est-​ce que vous croyez en Jésus-​Christ son Fils unique qui est mort, qui a souf­fert pour nous rache­ter ? » – « Oui, nous croyons ».

« Est-​ce que vous croyez au Saint-​Esprit ? à la Sainte Église catho­lique ? » – « Oui, nous croyons » au Saint-​Esprit, à l’Église catholique.

Tout cela ils l’ont dit pour nous, pour nous qui étions bébé à ce moment-​là, qui étions tout-​petits. Et main­te­nant, au sacre­ment de confir­ma­tion, vous êtes assez grand pour répondre vous-​même et pour répé­ter ce que vos par­rain et mar­raine ont dit pour vous le jour de votre baptême.

Par consé­quent, en confir­mant la grâce que vous avez reçue le jour du bap­tême, vous devez aus­si vous-​même confir­mer les paroles que vos par­rain et mar­raine ont dites pour vous et dire aujourd’hui : Oh oui, je viens deman­der la foi à l’Église ; je veux la foi et je l’ai apprise dans mon caté­chisme. Maintenant je connais le Credo.

Tout à l’heure, dans quelques ins­tants, après la céré­mo­nie, vous allez vous lever et réci­ter votre Credo, réci­ter le Credo, réci­ter le Notre Père, réci­ter le Je vous salue Marie, pour mon­trer que vous avez la foi.

« Oui, je crois en Dieu le Père Tout-​Puissant ; je crois en Notre Seigneur Jésus-​Christ ; je crois dans l’Esprit Saint ».

Vous allez répé­ter cela devant tout le monde ici – vous-​même main­te­nant – ce ne sont plus vos par­rain et mar­raine, c’est vous-​même. Tout le monde, toute l’assemblée va dire ces prières aus­si avec vous, mais vous allez les dire aus­si pour vous-​même. C’est très impor­tant, voyez, le sacre­ment de confir­ma­tion qui confirme ce que vos par­rain et mar­raine ont dit pour nous, au jour de notre baptême.

Et puis, dans votre esprit, vous direz aus­si : Oui, je veux suivre Notre Seigneur Jésus-​Christ. Je veux renon­cer au péché. Je ne veux pas suivre Satan et tous les scan­dales de ce monde qui nous attirent vers le péché. Je renonce à tout cela ; je renonce ; je veux suivre Notre Seigneur Jésus-​Christ, avec la très Sainte Vierge Marie, notre bonne Mère du Ciel, la Mère de Jésus. Je veux suivre Marie et Jésus pen­dant toute ma vie, pour arri­ver à la vie éternelle.

Et vous allez voir dans quelques ins­tants, la céré­mo­nie que l’évêque va accom­plir sur vous. L’évêque d’abord étend ses mains et dit une prière au Saint-​Esprit, appe­lant tous les dons du Saint-​Esprit. Il va nom­mer les sept dons du Saint-​Esprit et vous allez répondre – avec tous les membres de l’assemblée ici pré­sents et les membres de la cho­rale : « amen, amen, amen » : Oui, qu’il en soit ain­si. Que je reçoive tous les dons du Saint-​Esprit dont j’ai besoin pour être bon chré­tien, pour être bonne chré­tienne. J’ai besoin de ces dons. Qu’il en soit ain­si : amen, amen.

Et puis après cette prière, vous allez venir avec vos par­rain et mar­raine. Vos par­rain et mar­raine vont mettre leur main droite sur votre épaule droite – eux res­tent debout – vous, vous allez vous mettre à genoux devant l’évêque. Et quand le par­rain et la mar­raine mettent la main comme cela sur votre épaule droite, cela signi­fie qu’ils prennent eux aus­si la res­pon­sa­bi­li­té de vous aider dans votre vie chré­tienne. Ils sont en quelque sorte les témoins, les témoins de votre enga­ge­ment. Et puis ils s’efforceront au cours de leur vie, de vous gui­der, de vous aider dans votre vie chrétienne.

Et puis, à ce moment-​là, l’évêque va signer votre front du signe de la Croix, avec le Saint-​Chrême qui a été consa­cré le Jeudi Saint et dire les paroles du sacre­ment de confirmation.

C’est à ce moment-​là que vous allez rece­voir l’Esprit Saint, que vrai­ment le Bon Dieu va prendre pos­ses­sion de votre âme d’une manière plus parfaite.

Et vous allez retour­ner à votre place en pou­vant vous dire : Oui, j’ai vrai­ment reçu le sacre­ment de confir­ma­tion. Désormais je me sens plus fort. Je sens que le Saint-​Esprit m’aidera davan­tage pour gar­der mon état de chré­tien, pour être bien fidèle à Jésus-​Christ, fidèle dans les com­man­de­ments que le Bon Dieu me demande, fidèle à la volon­té du Bon Dieu.

Voilà ce que donne le sacre­ment de confirmation.

Et puis après, quand le sacre­ment sera ter­mi­né pour vous tous, alors vous vous lève­rez et vous ferez votre pro­fes­sion de foi. Vous réci­te­rez le Je crois en Dieu, le Notre Père et le Je vous salue Marie devant tout le monde, devant vos anges gar­diens, devant toute l’assemblée du Ciel qui vous contemple et qui vous voit, vous mani­fes­te­rez votre foi, comme vous devrez le faire au cours de votre vie, n’ayant pas peur. N’ayant pas peur des cri­tiques, n’ayant pas peur de ceux qui se moquent de ceux qui ont la foi. Nous devons être les suc­ces­seurs des mar­tyrs, les témoins de Notre Seigneur Jésus-​Christ, ne pas avoir peur de pro­fes­ser notre foi catho­lique et d’être cou­ra­geux. Dans ces temps qui sont si dif­fi­ciles aujourd’hui, nous devons être les sol­dats de Notre Seigneur Jésus-​Christ et être sur­tout des enfants de Marie. J’espère que vous avez cha­cun votre cha­pe­let et que vous réci­tez le cha­pe­let chaque jour, pour deman­der à la très Sainte Vierge, de demeu­rer de bons chré­tiens, de bonnes chré­tiennes. Elle a été rem­plie du Saint-​Esprit (Mgr répète) : elle a été rem­plie du Saint-​Esprit, alors c’est par elle que vous allez rece­voir cette grâce. Parce que toutes les grâces nous viennent par la Sainte Vierge Marie. Aucune des grâces que nous rece­vons qui ne passe par la Vierge Marie.

Voyez, à la Pentecôte, la très Sainte Vierge était au milieu des apôtres. Et c’est par la Sainte Vierge que les apôtres ont reçu le Saint-Esprit.

Et aujourd’hui aus­si, ras­sem­blés ici, c’est par la Vierge Marie que vous allez rece­voir la grâce de la confirmation.

Alors confiez-​vous à la Vierge Marie. Si vous avez des dif­fi­cul­tés plus tard, des ennuis, des angoisses, des obs­tacles dans votre vie chré­tienne, pre­nez votre cha­pe­let ; priez la très Sainte Vierge Marie, elle vous vien­dra en aide.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.