Sermon de Mgr Lefebvre – Saint Etienne – 26 décembre 1976

Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,

(…) que cet Enfant-​Jésus dont nous venons de fêter la nais­sance sera pour le monde (…) un signe auquel il sera confronté :

Et in signum, cui contra­di­ce­tur (Lc 2,3). Il sera un signe de contradiction.

C’est ce que dit le vieillard Siméon lorsque la Sainte Vierge et saint Joseph sont venus pré­sen­ter l’Enfant-Jésus au Temple. Il leur a dit que cet enfant repré­sen­tait un signe de contradiction.

Et en effet, toute l’histoire (…) du chris­tia­nisme ont prou­vé (…) que les gens devant le fait ( ?) de la venue de Notre Seigneur en ce monde, de la venue du Verbe de Dieu en ce monde, sont sépa­rés. Alors que Notre Seigneur devrait être un signe d’union, un signe de cha­ri­té, un signe de paix. Son nom est agréable aux uns et d’autres ne peuvent pas le supporter.

Et la fête d’aujourd’hui en est une preuve car (…) nous fêtons aus­si, vous avez pu le remar­quer, par les mémoires qui ont été faites, nous fêtons (…) saint Étienne et demain (…) saint Jean.

Je pense que l’Église a vou­lu mar­quer par ces fêtes qui (…) de la nati­vi­té de Notre Seigneur, elle a vou­lu mon­trer que des âmes ont ver­sé leur sang pour Notre Seigneur Jésus-​Christ. Un diacre, des enfants inno­cents et un prêtre. Saint Étienne, l’Évangile nous le dit (…) Ce sont les Actes des Apôtres qui nous le disent. Saint Étienne (…) le Saint-​Esprit (…) forme ( ?) sa foi en Notre Seigneur Jésus-​Christ, sa foi excep­tion­nelle qui l’avait fait remar­quer par les apôtres.

Et lorsque les apôtres ont eu besoin de se faire aider par les diacres, ils ont pen­sé à saint Étienne. Il fut le pre­mier par­mi les sept (…) parce que sa parole pro­dui­sait des mer­veilles, les gens se conver­tis­saient et il accom­plis­sait des pro­diges extraordinaires.

Et évi­dem­ment, cela ne plai­sait pas à ceux qui s’opposaient à Notre Seigneur Jésus-​Christ et qui ne vou­laient pas que se déve­loppe cette soi-​disant secte qui fai­sait des ravages dans Jérusalem.

Hélas, par­mi ceux qui étaient les plus oppo­sés à saint Étienne, se trou­vait un jeune homme, qui s’appelait Saul et qui, en ce temps-​là, pour­sui­vait les chré­tiens, ame­nait en pri­son hommes, femmes, tous ceux qui croyaient en Notre Seigneur Jésus-​Christ et qui pro­fes­saient leur foi. Saul était char­gé de les prendre (…) et de les emprisonner.

Et voi­ci que devant le fait de cette pré­di­ca­tion magni­fique de saint Étienne, les prêtres et les Princes des prêtres s’émeuvent et l’envoient, le requièrent pour éga­le­ment empê­cher sa pré­di­ca­tion. On réunit un grand conseil (…) Et il est vrai­ment incroyable de pen­ser que ces hommes – c’est ce que disent les Actes des Apôtres – ceux qui entou­raient saint Étienne, voyaient en lui la face d’un ange :

(…) vide­runt faciem ejus tan­quam faciem Angeli (Ac 7,15).

Ils le regar­daient avec atten­tion, ils étaient stu­pé­faits ils voyaient en lui la face d’un ange. Par consé­quent, ils auraient dû se conver­tir et se dire : Comment se fait-​il que ce jeune homme si ardent à se défendre dans la foi, soit rayon­nant comme un ange ? C’est donc que la Vérité est en lui, est avec lui.

Mais non, au contraire, ils n’en étaient que plus furieux contre lui. Et alors, les Princes des prêtres s’adressent à des faux-​témoins qui étaient venus dépo­ser contre saint Étienne.

Ils disent qu’Étienne vou­lait la dis­pa­ri­tion du Temple et qu’il disait que bien­tôt ce temple dis­pa­raî­trait. Et ensuite (…) s’adressant à saint Étienne ils lui disent : Est-​ce que ces choses que l’on vient de nous dire sont vraies ? Qu’en penses-tu ?

Et saint Étienne se sent comme (…) à Pierre, après la Pentecôte et comme le dit saint Paul (…) Il déve­loppe alors toute l’histoire du temps d’Abraham jusqu’au Temple actuel pour mon­trer com­ment la Providence avait conduit le peuple juif pour le Messie, pour pré­pa­rer le Messie ; pour pré­pa­rer Celui qui devait venir. Tout était orien­té dans ce peuple choi­si, pour don­ner ce fruit magni­fique qui devait être le Roi d’Israël. Mais non pas un roi tem­po­rel, mais ce roi (…) qui aurait domi­né sur le monde, mais sur­tout qui aurait entraî­né der­rière Lui toutes les âmes, toute l’humanité. Mais néces­sai­re­ment, pour que s’accomplisse ces pro­phé­ties, en effet le Temple devait dis­pa­raître pour faire place à ce Temple qu’était Notre Seigneur Jésus-​Christ Lui-​même. Et Notre Seigneur l’avait bien dit : « Démolissez ce temple et je le rebâ­ti­rai en trois jours ». Il par­lait ain­si de Son Corps. Et en effet, ce Corps, ce Temple de Dieu, qui est immor­tel, qui est res­sus­ci­té est dans le Ciel pour l’éternité.

Ainsi donc les (…) enne­mis de saint Étienne (…) il leur a expo­sé l’histoire d’Israël et il leur a dit : Vous êtes sem­blables à vos pré­dé­ces­seurs, vous avez tou­jours per­sé­cu­té les pro­phètes ; vous avez tou­jours refu­sé la Vérité. Dieu a tout fait pour que vous croyiez ; Dieu a tout fait pour que vous soyez le Peuple choi­si. Et vous avez tué les pro­phètes et main­te­nant vous venez de tuer Celui que Dieu vous a envoyé : le Messie. Vous venez de le crucifier.

Entendant cela – les Actes des Apôtres disent : Audientes autem hæc dis­se­ca­ban­tur cor­di­bus suis, et stu­de­bant den­ti­bus in eum (Ac 7,54) –, leur cœur écla­tait en quelque sorte de colère, contre saint Étienne qui les repre­nait et qui vou­lait par là, leur faire prendre conscience du péché qu’ils étaient en train de com­mettre, en empê­chant la pré­di­ca­tion de Notre Seigneur Jésus-​Christ ; en empê­chant de prê­cher que Notre Seigneur Jésus-​Christ était le Roi, le Maître du monde entier et qu’il était venu pour sau­ver les âmes. Qu’enfin le peuple juif avait pro­duit Celui qui devait naître et qui devait rache­ter le monde.

Et alors ils se pré­ci­pi­tèrent sur lui et ils le lapi­dèrent (Ac 7, 57–58).

Et saint Étienne, loin de mau­dire ceux qui le lapi­daient, s’agenouilla et deman­da à Dieu d’avoir pitié de ceux qui le font souf­frir, de ne point leur impu­ter ce péché. Pardonnez leur crime afin que ce

mar­tyre qu’il subit puisse être l’occasion pour eux de leur conversion (…)

C’est là, je pense, un exemple extra­or­di­naire de ce que repré­sente l’Histoire de l’Église.

On est sur­pris ; on est stu­pé­fait de pen­ser (…) mani­fes­tés par l’Esprit Saint, tant de signes de sain­te­té, que tant d’âmes géné­reuses, que tant de saints l’Église nous a pro­po­sés. Que de bien­faits l’Église a répan­du tout au cours de son Histoire dans ce monde, bien­faits de toute sorte, non seule­ment bien­faits spi­ri­tuels, mais bien­faits maté­riels, bien­faits temporels.

Eh bien les enne­mis de l’Église ne veulent pas voir. Notre Seigneur est vrai­ment un signe de contra­dic­tion. Et aujourd’hui encore, à notre époque, nous sommes stu­pé­faits à la pen­sée que tant de per­sonnes ignorent Notre Seigneur Jésus-​Christ et veulent lut­ter contre Notre Seigneur Jésus-​Christ. Elles ne veulent pas entendre ce Nom.

Et c’est un fait, que ce nom de Notre Seigneur, que signifie-​t-​il ? Pourquoi cette oppo­si­tion à Notre Seigneur Jésus-​Christ ? Parce que Notre Seigneur nous demande de pra­ti­quer, de por­ter sa Croix. Notre Seigneur est exi­geant (…) sa loi d’amour est une loi exi­geante. Notre Seigneur veut que nous L’aimions. Il nous demande d’aimer : Vous serez mes dis­ciples, si vous obser­vez mes commandements.

Nous vien­drons en vous et nous ferons notre demeure en vous, dans la mesure où vous pra­ti­que­rez mes commandements.

Qu’est-ce à dire ? Commandement d’amour : l’amour de Dieu et l’amour du prochain.

Il nous sem­ble­rait que cela devrait être facile, très simple. Non ! Cet amour est très exi­geant. Et si l’on aime Dieu, on ne peut plus s’aimer soi-​même ; on ne peut plus recher­cher ses propres satis­fac­tions. On doit d’abord obéir à Dieu ; recher­cher Dieu, L’adorer, Le remercier.

Et vous voyez aujourd’hui encore dans les États qui vous entourent – et ici même – et dans tous les états, ces états que l’on dit soi-​disant chré­tiens, soi-​disant catho­liques, dans tous ces états est-​ce que l’on obéit à la loi de Notre Seigneur ?

Au contraire, depuis quelques années on a admis les légis­la­tions modernes, des (…), lois direc­te­ment à l’opposé des lois de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Notre Seigneur nous demande de nous aimer. Et des lois sont impo­sées, dans nos légis­la­tions pour tuer les autres, pour tuer notre pro­chain. Toutes ces lois qui sont contraires à la légis­la­tion de Notre Seigneur, sur le mariage, ces lois d’avortement, ces lois de la contra­cep­tion ; toutes ces lois sont contraires à la loi de Dieu, contraires à la loi de Notre Seigneur.

(…) et que sais-​je. On pour­rait les énu­mé­rer. Ainsi des légis­la­tions qui vont à l’encontre de la loi de Notre Seigneur.

Et si nous avons le mal­heur d’élever notre voix et de dire : Mais ceci est contraire à Notre Seigneur Jésus-​Christ, contraire à notre sainte Religion, contraire à nos lois d’amour que Jésus est venu nous appor­ter, alors on nous accuse de faire de la poli­tique ; on nous accuse d’être contre la socié­té civile, contre les États qui sont les maîtres et qui ont le droit d’édicter des lois sans avoir besoin d’avoir recours au sacer­doce, aux prêtres, à l’Église.

Eh bien non ! Nous conti­nue­rons à prê­cher Notre Seigneur Jésus-​Christ. Nous conti­nue­rons à dire que ces hommes doivent se sou­mettre à la loi de Notre Seigneur Jésus-​Christ ; qu’ils n’ont pas le droit de faire des lois qui sont contraires à celles de Notre Seigneur ; et fai­sant cela ils détruisent la socié­té ; en fai­sant cela ils détruisent les âmes qui devraient être des âmes sou­mises à Notre Seigneur Jésus-Christ.

Aussi nous devons conti­nuer à suivre l’exemple de ces mar­tyrs, de saint Étienne qui n’a pas hési­té à pro­cla­mer sa foi en Jésus de Nazareth.

Et c’est ce nom de Jésus de Nazareth qui a cris­pé les cœurs de ses adver­saires et qui a fait qu’ils se sont pré­ci­pi­tés sur lui.

C’est ce que disaient aus­si les Princes des prêtres à Pierre et aux apôtres lorsqu’ils prê­chaient Notre Seigneur. Ne nous par­lez plus de ce nom. Taisez-​vous au sujet de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Voilà ce que l’on vou­drait nous faire dire – aujourd’hui. On vou­drait que nous nous tai­sions. On ne parle plus de Notre Seigneur et alors nous serons bien vu dans la socié­té ; nous serons bien avec les enne­mis de l’Église.

Eh bien non ! Nous ne tai­rons pas le nom de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Il est notre salut ; Il est notre Sauveur ; Il est notre Grand-​Prêtre ; Il est notre Roi. Et il n’y a pas de voie pour aller au Ciel en dehors de Lui. Alors nous conti­nue­rons à prê­cher Notre Seigneur Jésus-​Christ quoi qu’il arrive.

Et si aujourd’hui nous sommes per­sé­cu­té, même ici dans cette mai­son, si nous sommes per­sé­cu­té, c’est parce que nous prê­chons le règne social de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Ne nous fai­sons pas d’illusion.

Pourquoi cette tem­pête contre Écône ? Sinon parce qu’ils savent qu’ici nous prê­chons Notre Seigneur Jésus-​Christ et que ceux qui sor­ti­ront d’ici, prê­che­ront le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Alors les rois et les princes de ce monde tremblent parce qu’ils ne veulent pas entendre par­ler de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Parce que Notre Seigneur les condamne. Eh bien nous conti­nue­rons mal­gré tout, mal­gré la persécution.

Puissions-​nous être mar­ty­ri­sé comme l’ont été ceux qui ont pro­fes­sé Notre Seigneur Jésus-​Christ ! Nous conti­nue­rons tou­jours à prê­cher Celui qui est notre Roi, Celui qui est notre seul salut.

Nous deman­de­rons aujourd’hui à saint Étienne, lui qui n’a pas hési­té à don­ner sa vie pour prê­cher Notre Seigneur, qu’il mette dans nos cœurs ce cou­rage de prê­cher Notre Seigneur Jésus-​Christ envers et contre tout, en toute occa­sion, afin que les âmes Le connaissent et afin que les âmes qui veulent venir à Notre Seigneur Jésus-​Christ puissent venir et puissent aimer Notre Seigneur (.. ?..).

(…) Nous le deman­de­rons tou­jours à la très Sainte Vierge Marie, elle qui n’a pas eu d’autre nom sur ses lèvres, que Celui de son divin Fils.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.