Le Martyrologe

Les prin­ci­paux Livres litur­giques sont : le Bréviaire, le Missel, le Rituel, le Cérémonial des évêques, le Pontifical et le Martyrologe. 

La rubrique pres­crit de lire au chœur le Martyrologe pen­dant Prime, pour nous offrir, dès le com­men­ce­ment du jour, des modèles et des pro­tec­teurs. La lec­ture pieuse du Martyrologe est un sacra­men­tal qui pro­duit dans l’âme bien dis­po­sée des grâces d’éloignement du péché et d’attirance vers Dieu, car « Précieuse aux yeux de Dieu est la mort de ses Saints ».

Le mot Martyrologe est une contrac­tion de : mar­ty­rium elo­gium : éloge des mar­tyrs. Il désigne le livre des anni­ver­saires des mar­tyrs et, par exten­sion, des saints dont l’Église célèbre la fête, ain­si que des mys­tères divins annuel­le­ment com­mé­mo­rés. C’est un cata­logue pré­cieux, non exhaus­tif. Le Martyrologe Romain fut cor­ri­gé et aug­men­té au long des siècles. « Et ailleurs, on célèbre la fête de beau­coup d’autres saints, mar­tyrs et confes­seurs, et de saintes vierges. » Il existe de nom­breux mar­ty­ro­loges : celui de France, celui du dio­cèse de Gap, etc. ; et ceux propres à chaque ordre reli­gieux : béné­dic­tin, fran­cis­cain, etc.

Catalogue historique

Dès la fin du pre­mier siècle, par ordre du sou­ve­rain pon­tife saint Clément (dis­ciple des Apôtres et qua­trième Pape, 88–97), on prit l’habitude de recueillir les noms et les actes des mar­tyrs, et ce dans toutes les par­ties du monde chré­tien. À par­tir du IIIe siècle, on recen­sa aus­si les confes­seurs. On fit bien­tôt un cata­logue des mar­tyrs et des saints afin d’honorer chaque année leur Dies nata­lis, le jour de leur nais­sance au ciel. Telle fut la nais­sance du mar­ty­ro­loge. Le Martyrologe indique le mois et le jour, mais ne donne pas la date annuelle ; par­fois la men­tion de l’empereur ou des peuples bar­bares qui ont per­sé­cu­té le saint mar­tyr indique la période. On lui donne encore le qua­li­fi­ca­tif d’historique lorsque, aux noms des saints, il ajoute un résu­mé ou des extraits de leur pas­sion, de leur vie ou des tra­di­tions qui les concernent. 

La seule date indi­quée est l’événement cen­tral de la Foi : la nais­sance du Christ Sauveur, que l’on chante solen­nel­le­ment le 24 décembre : 

Depuis la créa­tion du monde, quand Dieu au com­men­ce­ment tira du néant le ciel et la terre, l’an cinq mille cent quatre-​vingt-​dix-​neuf ; depuis le déluge, l’an deux mille neuf cent cinquante-​sept ; depuis la nais­sance d’Abraham, l’an deux mille quinze ; depuis Moïse et la sor­tie du peuple d’Israël de la terre d’Égypte, l’an quinze cent dix ; depuis le sacre du roi David, l’an mille trente-​deux ; dans la soixante-​cinquième des semaines d’années pré­dites par le pro­phète Daniel ; dans la cent quatre-​vingt-​quatorzième olym­piade ; dans la sept cent cinquante-​deuxième année de la fon­da­tion de Rome et la quarante-​deuxième année de l’empire d’Octavien Auguste ; tout l’univers repo­sant dans la paix ; au sixième âge du monde, Jésus-​Christ, Dieu éter­nel, et Fils du Père éter­nel, vou­lant sanc­ti­fier le monde par son misé­ri­cor­dieux avè­ne­ment, ayant été conçu du Saint-​Esprit, et neuf mois s’étant écou­lés depuis sa concep­tion, naît à Bethléem de Judée, fait homme de la Vierge Marie : La Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ selon la chair.

Guide géographique

Voici ce que nous en dit le car­di­nal Nicholas Wiseman (1802–1865), dans son très beau roman Fabiola, ou l’Église des cata­combes (II, 2 et 3). Le sens du mot cata­combes est com­plè­te­ment incon­nu ; peut-​être vient-​il de la cir­cons­tance que les reliques de saint Pierre furent momen­ta­né­ment ense­ve­lies dans une crypte voi­sine du lieu de son sup­plice ; le nom s’appliqua d’abord à ce cime­tière, puis se géné­ra­li­sa pour dési­gner l’immense réseau de ces exca­va­tions sous le nom de cata­combes. Rome était entou­rée d’une cein­ture de cime­tières, au nombre d’environ soixante, por­tant cha­cun le nom d’un ou de plu­sieurs des saints dont les corps y repo­saient. Nous avons ain­si les cime­tières de Saint-​Calixte, de Sainte-​Agnès, de Saint-​Pancrace, etc. 

Lorsque la paix et la liber­té furent ren­dues à l’Église, ces cime­tières devinrent des lieux de pèle­ri­nages très fré­quen­tés. Chacun de leurs noms réveillait le sou­ve­nir d’un ou de plu­sieurs des glo­rieux mar­tyrs qu’on y avait ense­ve­lis. Le jour de leur anni­ver­saire, une grande foule de citoyens et de pèle­rins envi­ron­naient leurs tombes ; on y offrait les divins mys­tères, et l’on pro­non­çait une pieuse homé­lie en leur hon­neur. C’est alors que parurent les pre­miers mar­ty­ro­loges ou cata­logues des mar­tyrs, qui indi­quaient aux fidèles où ils devaient aller. « À Rome, sur la voie Salarienne, ou la voie Appienne, ou la voie Ardéatine », telles sont les indi­ca­tions que nous trou­vons presque quo­ti­dien­ne­ment dans le mar­ty­ro­loge romain. Il en est de même des saints hono­rés dans tout le monde chré­tien : « En Judée, l’anniversaire de saint Joseph ; À Albe-​Royale, en Hongrie, l’anniversaire de saint Étienne, roi de Hongrie et confes­seur, etc. » 

Et bien­tôt furent construites de magni­fiques basi­liques. Le Martyrologe indique le jour et le lieu de leurs translations.

Source : Le Petit Echo de Notre-​Dame n°86