Sermon de Mgr Lefebvre – Ordinations sacerdotales – 29 juin 1978

Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,

Rendons grâce à Dieu qui nous gra­ti­fie d’une si belle jour­née ; remercions-​Le de toutes les grâces qu’Il nous donne et par­ti­cu­liè­re­ment aujourd’hui, de nous faire la grâce de pou­voir ordon­ner 18 prêtres et 22 sous-​diacres. Rendons grâces à Dieu, cha­cun de nous, de nous avoir conser­vé dans la foi catho­lique. Remercions-​Le de demeu­rer fidèles à l’Église, fidèles à Notre Seigneur Jésus-​Christ, fidèles à tous ceux qui gardent la foi dans l’Église.

Quelle joie de vous voir aujourd’hui réunis, mes bien chers frères, venant – nous pou­vons le dire – des quatre coins du monde ; depuis l’Australie, jusqu’aux confins de la Californie ; depuis le Canada jusqu’à Buenos Aires. Et hier, je rece­vais une lettre des catho­liques d’Afrique du Sud qui me disaient qu’ils étaient unis à nous en cette jour­née, et venus de toute l’Europe.

Remercions Dieu d’être réunis ici, uni­que­ment parce que nous sommes catho­liques ; parce que nous sommes d’Église ; parce que nous vou­lons conti­nuer ce que Notre Seigneur a ins­ti­tué et ce que Notre Seigneur a vou­lu que nous croyons.

Je vou­drais, pen­dant quelques ins­tants, par­ler de ce qu’est par­ti­cu­liè­re­ment le sacer­doce. Pourquoi prêtre ? On se le demande aujourd’hui. Nous pen­sons qu’il nous suf­fit d’ouvrir l’Évangile pour savoir ce qu’est le prêtre. Il nous suf­fit de savoir ce qu’est Notre Seigneur Jésus-​Christ, qui est le Grand Prêtre, qui est le Prêtre par excel­lence, pour savoir ce que sont les prêtres aujourd’hui.

Notre Seigneur nous le dit dans cette parole si courte et si simple :

Sicut tu me misis­ti in mun­dum et ego misi eos in mun­dum (Jn 17,18) : « Comme vous m’avez envoyé dans le monde, je les ai envoyés aus­si dans le monde ».

De même que le Père m’a envoyé, moi aus­si je vous envoie. Et si nous réflé­chis­sons seule­ment quelques ins­tants à cette pre­mière par­tie de la parole de Notre Seigneur : Sicut misis­ti me Pater, mais est-​ce que cette mis­sion de Notre Seigneur, n’est pas sa mis­sion éter­nelle, dans la Sainte Trinité ? Le Fils est tou­jours envoyé par le Père parce qu’il vient du Père ; parce qu’il est né du Père. Dans l’éternité. Notre Seigneur est tou­jours envoyé par le Père et c’est ce qui fait qu’il est le Verbe de Dieu. De même que l’Esprit Saint est envoyé du Père et du Fils ; c’est ce qui fait qu’il est le Saint-Esprit.

Eh bien, cette mis­sion éter­nelle de Notre Seigneur Jésus-​Christ se pour­suit dans sa mis­sion tem­po­relle et nous avons besoin de nous rap­pe­ler que la mis­sion que Notre Seigneur a accom­plie ici-​bas, est la mis­sion pour laquelle le monde a été créé. Tous, nous avons été créés et mis ici-​bas sur cette terre et tout ce monde qui nous entoure, ces magni­fi­cences que le Bon Dieu a fait dans la nature, tout cela, les astres et toute la créa­tion, les créa­tures spi­ri­tuelles, les anges du Ciel, les élus du Ciel, tout a été créé pour la mis­sion de Notre Seigneur Jésus-​Christ, afin qu’un jour Notre Seigneur Jésus-​Christ résume en Lui toute la créa­tion et se fit homme. Et que se fai­sant homme, il chante la gloire de Dieu et que toute la créa­tion chante la gloire de Dieu, par Notre Seigneur Jésus-​Christ, en Notre Seigneur Jésus-​Christ, pour Notre Seigneur Jésus-Christ.

Voilà la rai­son d’être du monde ; voi­là notre rai­son d’être. Voilà la mis­sion de Notre Seigneur : chan­ter la gloire de son Père, dans son Corps et dans son Âme humaine, résu­mant ain­si par sa Divinité, tout ce qu’il peut y avoir de plus grand, de plus beau, de plus sublime ici-​bas, que le chant fait par Notre Seigneur Jésus-Christ.

Et à quel moment de son exis­tence ici-​bas, Notre Seigneur a expri­mé cette gloire, cette cha­ri­té qu’il avait pour son Père, cette cha­ri­té infi­nie, car il était son Fils, son propre Fils ? Quand l’a‑t-il expri­mée ? Il l’a dit Lui-​même ; il l’a expri­mé dans son heure sublime sur la Croix. C’est au moment où Notre Seigneur exha­lait son der­nier sou­pir, que Notre Seigneur mani­fes­tait la plus grande gloire à son Père : « Tout est consom­mé », a‑t-​il dit.

En effet, toute la rai­son d’être de la créa­tion, toute notre rai­son d’être, toute la rai­son d’être du Ciel et des élus, est consom­mée dans la mort de Notre Seigneur Jésus-​Christ, quand lia dit : « Père je remets mon âme entre vos mains ». Et il exha­la son der­nier soupir.

Ce fut l’acte de cha­ri­té le plus grand qui puisse exis­ter. Tous nos actes de cha­ri­té ne sont rien à côté de celui de Notre Seigneur. Le Père, Dieu, a trou­vé sa gloire dans cette Passion de Notre Seigneur Jésus-​Christ et dans son der­nier sou­pir, dans sa mort. Par sa mort, c’était la vie qui reve­nait dans le monde ; c’était la voie du Ciel qui était ouverte ; c’était la voie du salut ouverte pour nous tous. Et voi­là le che­min dans lequel, mes chers amis, vous êtes conviés à mar­cher : Sicut misis­ti me Pater et ego misi eos : Je vous envoie. Je vous envoie pour conti­nuer ma mis­sion, qui n’est autre que celle que j’ai faite moi-​même, que j’ai com­men­cée. Et puisqu’il l’a ache­vée, dans un acte d’amour infi­ni sur le Calvaire, sur la Croix, voi­là le che­min que vous devez suivre. Vous devez mon­ter à l’autel, offrir le Sacrifice de Notre Seigneur, conti­nuer à offrir cet acte d’amour infi­ni que Dieu a offert à son Père. Voilà ce que vous allez faire, vous allez vous asso­cier à cela. Quelle grâce ! Êtes-​vous dignes, sommes-​nous dignes d’être prêtres ; sommes-​nous dignes de mon­ter à l’autel ?

Ô certes, si nous nous consi­dé­rons nous-​même, nous ne pou­vons pas pré­tendre à une pareille subli­mi­té, à une pareille gloire, à une pareille par­ti­ci­pa­tion à Celui qui est Le Prêtre, Le Prêtre pour l’éternité, le Grand Prêtre.

Mais par la grâce de Dieu, par la grâce que vous allez rece­voir dans quelques ins­tants, mes chers amis, oui vous serez dignes, dignes devant Dieu et devant les anges, d’offrir le Saint Sacrifice de la messe ; de faire des­cendre par votre abso­lu­tion, le Sang de Notre Seigneur Jésus-​Christ sur les âmes pour répa­rer leurs péchés ; de faire des­cendre sur leur front l’eau du bap­tême, afin qu’ils soient bap­ti­sés dans le Sang de Notre Seigneur Jésus-​Christ, res­sus­ci­tés dans le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Voilà, ce sont les pou­voirs que l’évêque va vous don­ner dans quelques ins­tants. Voilà la mis­sion de Notre Seigneur qui se conti­nue et qui doit conti­nuer jusqu’à la fin des temps.

C’est cette mis­sion. Ainsi l’Église est mis­sion­naire ; elle ne peut pas ne pas être mis­sion­naire. Une Église qui ne serait plus mis­sion­naire, qui ne serait plus envoyée, ne cor­res­pon­drait plus à la très Sainte Trinité ; ne cor­res­pon­drait plus à ce qu’est Notre Seigneur Jésus-​Christ Lui-​même qui est l’envoyé de Dieu.

Vous êtes des apôtres : apos­to­los, envoyés ; vous êtes mis­sion­naires essen­tiel­le­ment, pour accom­plir la mis­sion que Notre Seigneur Jésus-​Christ a accom­plie ici-​bas, pour la continuer.

Hoc facite in meam com­me­mo­ra­tio­nem (1 Co 11,24 – Lc 22,19), Dimitte pec­ca­tis, remitte pec­ca­tum ; acci­pitte Spiritum Sanctum ; Et quod­cumque liga­ve­ris super ter­ram, erit liga­tum et in cœlis : et quod­cumque sol­ve­ris super ter­ram, erit solic­tum et in cœlis (Mt 16,19) : « Tout ce que tu lie­ras sur la terre sera lié aus­si dans les cieux ; et tout ce que tu délie­ras sur la terre sera délié dans les cieux » ; Euntes ergo dicete omnes gentes : bap­ti­zantes eos in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti (Mt 28,19) : « Allez, ensei­gnez toutes les nations, les bap­ti­sant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ».

Voilà ce que Notre Seigneur nous a dit. Voilà ce que nous devons faire au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Quelle belle mis­sion, mes chers amis ! Comme le peuple fidèle attend cela de vous. Ils attendent que la grâce de Notre Seigneur Jésus-​Christ des­cende dans leur âme, afin de pou­voir, eux aus­si, s’associer et s’unir à Notre Seigneur Jésus-​Christ dans sa Croix et dans son amour, dans sa cha­ri­té infi­nie. Voilà ce qu’est l’Église, mes bien chers frères.

Elle est grande parce qu’elle nous asso­cie à Notre Seigneur Jésus-​Christ. Nous ne sommes rien sans Notre Seigneur Jésus-​Christ. Nous pou­vons tout avec Notre Seigneur Jésus-​Christ. Associons nos vies, mes chers amis, à Notre Seigneur.

Mais il nous a dit aus­si : Ego mit­to vos sicut oves in medio lupo­rum (Mt 10,16) : « Je vous envoie comme des bre­bis au milieu des loups ». Oui, nous sommes tous, chré­tiens, les prêtres, futurs prêtres, sémi­na­ristes, nous sommes tous envoyés par Notre Seigneur Jésus-​Christ comme au milieu des loups.

Et ces loups. Notre Seigneur les a dési­gnés. Il les a dési­gnés comme ces mer­ce­naires pour les­quels les bre­bis ne comptent pas ; qui ne sont pas inté­res­sés aux bre­bis et qui les aban­donnent à la moindre occasion.

Eh bien, mal­heu­reu­se­ment, nous sommes obli­gé de consta­ter qu’il y a aujourd’hui – non seule­ment hors de l’Église des loups – mais qu’il y a des mer­ce­naires à l’intérieur de l’Église. Nous sommes obli­gé de le constater.

Et pré­ci­sé­ment, ce sur quoi je vou­drais insis­ter, c’est que si l’Église catho­lique est mis­sion­naire, elle n’est pas œcu­mé­nique. L’Église catho­lique n’est pas œcu­mé­nique. Or, l’Église aujourd’hui – inves­tie par ces mer­ce­naires, inves­tie par ces loups – l’Église vou­drait nous entraî­ner – non pas l’Église, mais ces hommes qui enva­hissent l’Église, qui sont à l’intérieur de l’Église – car l’ennemi est à l’intérieur de l’Église, c’est déjà saint Pie X qui le disait. Cet enne­mi veut nous entraî­ner dans la voie de la per­di­tion. Par quel che­min ? par le che­min de l’œcuménisme !

Et cela, ils ne s’en sont pas cachés. Et qu’est-ce que cet œcu­mé­nisme, sinon une tra­hi­son de la Vérité, une tra­hi­son de Notre Seigneur Jésus-​Christ ? Une véri­té qui est adul­tère, qui se mélange à l’erreur.

On ne défend plus la loi de Notre Seigneur Jésus-​Christ : le Décalogue. On ne défend plus la morale que Notre Seigneur Jésus-​Christ nous a ensei­gnée, sous le pré­texte d’être bien avec l’homme moderne, avec les hommes de ce monde.

C’est pour­quoi on nous a don­né une messe œcu­mé­nique. On nous a don­né un caté­chisme œcu­mé­nique ; on nous a don­né une Bible œcu­mé­nique. Et l’on veut que les États désor­mais, les Sociétés civiles, soient des socié­tés œcu­mé­niques. C’est-à-dire qui font des com­pro­mis avec l’erreur ; qui font des com­pro­mis avec le mal, avec le vice et donc, qui ne sont pas catholiques.

Nous ne devons pas accep­ter ces choses qui sont empoi­son­nées et nous n’avons pas peur de le dire : cet œcu­mé­nisme vient tout droit des offi­cines secrètes de la franc- maçon­ne­rie. Et c’est saint Pie X qui le dit éga­le­ment. Lisez la Lettre de saint Pie X, de 1910, aux évêques de France condam­nant le Sillon. Après nous avoir décrit le Sillon – qui est tout sim­ple­ment une espèce d’œcuménisme, qui pré­pa­rait l’œcuménisme d’aujourd’hui – le grand Sillon, comme ils l’appelaient, était pré­ci­sé­ment un véri­table œcu­mé­nisme. Eh bien, notre Saint-​Père le pape Pie X, après avoir décrit le Sillon et l’avoir condam­né, dit : « Nous savons bien d’où viennent ces idées, elles nous viennent d’officines secrètes. Le souffle de la Révolution a pas­sé par là », dit saint Pie X.

Eh bien, nous pou­vons dire aus­si, que par l’œcuménisme, le souffle de la Révolution a pas­sé par là. Et c’est pour­quoi nous refu­sons abso­lu­ment cet œcuménisme.

Et je pour­rais vous mon­trer des textes qui viennent, par exemple, d’un grand chef de la maçon­ne­rie : M. Fred Zeller, ex Grand Maître du Grand Orient de France, qui, ces mois der­niers écri­vait un article : « Trois points, c’est tout » et dans lequel, il disait for­mel­le­ment : « Le concile met­tra long­temps à trou­ver sa véri­table signi­fi­ca­tion, mais les fidèles se rendent compte que quelque chose de très impor­tant est sur­ve­nu, qui tient tout entier dans ce mot : œcu­mé­nisme. Et cela signi­fie, « ajoute-​t-​il, « que l’Église devra se récon­ci­lier avec toutes les reli­gions et par consé­quent, avec la maçon­ne­rie également « .

Voilà ce que dit ce Grand Maître de la maçon­ne­rie. Il y a de cela deux ou trois mois.

Et puis, plus récem­ment encore, dans la Civilta cat­to­li­ca, la grande revue des Pères jésuites de Rome, la plus grande revue romaine, la plus impor­tante et consi­dé­rée comme la plus sérieuse, deux Pères jésuites fai­sant un article sur les inté­gristes que nous sommes évi­dem­ment et dans lequel – hélas – mon nom paraît, eh bien, ils nous reprochent tout sim­ple­ment ceci : de consi­dé­rer tou­jours comme des enne­mis de l’Église, le socia­lisme, le com­mu­nisme et la franc-​maçonnerie. Voilà ce qu’ils nous reprochent ! Deux Pères jésuites qui écrivent cela, au mois de février, dans la plus grande revue catho­lique de Rome.

Alors nous avons com­pris. Nous savons à qui nous avons affaire main­te­nant. Nous savons par­fai­te­ment que nous avons affaire à une main dia­bo­lique qui se trouve à Rome et qui demande, par obéis­sance, la des­truc­tion de l’Église.

Et c’est pour­quoi, nous avons le droit et le devoir de refu­ser cette obéis­sance. Car, lorsque l’on m’appellera à Rome, peut-​être dans quelques mois, – je viens de rece­voir pré­ci­sé­ment une lettre du Vatican qui me parle de col­loques à venir et à l’occasion de ces col­loques me demande de ne pas faire ces ordi­na­tions d’aujourd’hui, pour pou­voir conti­nuer ces colloques.

Eh bien, ces col­loques avec qui vais-​je les faire ? Je crois que j’ai le droit de deman­der à ces mes­sieurs qui seront der­rière ces bureaux qu’ont occu­pé des car­di­naux qui étaient tout à fait de saintes Gens et qui étaient des défen­seurs de l’Église et de la foi catho­lique, il me semble que j’aurai le droit de leur deman­der : « Êtes-​vous l’Église catho­lique ? À qui ai-​je affaire ? » Si j’ai affaire avec quelqu’un qui a un pacte avec la franc-​maçonnerie ? Est-​ce que j’ai le droit de par­ler avec ces gens-​là ? Est-​ce que j’ai le devoir de les entendre et de leur obéir ?

Mes bien chers frères, nous sommes tra­his, tra­his par­tout ; tra­his par ceux qui devraient nous don­ner la Vérité ; qui devraient nous ensei­gner le Décalogue ; qui devraient nous ensei­gner le vrai caté­chisme ; qui devraient nous don­ner la véri­table messe, celle que l’Église a tou­jours aimée, celle que les Saints ont dite, celle qui a sanc­ti­fié des géné­ra­tions et des générations.

Ils doivent éga­le­ment nous don­ner tous les sacre­ments dont nous n’avons pas à dou­ter de la vali­di­té, des sacre­ments qui sont cer­tai­ne­ment valides. C’est un devoir pour nous de le leur deman­der et ils ont le devoir de nous les donner.

Nous sommes tra­his. Et nous le voyons tous les jours, devant ce qui se passe dans l’Église ; devant ce qui se passe au dehors de l’Église. Des pays, des Sociétés civiles sont tra­his ; les familles sont désor­ga­ni­sées ; les paroisses sont aban­don­nées ; les sémi­naires sont vides ; les voca­tions sont inexistantes.

Voilà six mois que l’on nous parle dans toutes les revues des voca­tions et lorsque l’on parle du prêtre, jamais il n’est fait allu­sion au Saint Sacrifice de la messe.

Or je viens de vous dire des choses qui sont dans l’Évangile. La mis­sion de Notre Seigneur Jésus-​Christ c’était de mon­ter sur l’autel de la Croix. C’était sa mis­sion que le Père lui a don­née. C’était son heure. Et c’est cette mission-​là qu’il veut don­ner aux prêtres.

Hæc quo­ties­cumque fece­ri­tis in mei memo­riam facie­tis : « Toutes les fois que vous accom­pli­rez ces mys­tères vous le ferez en mémoire de moi ».

Hoc facite in meam com­me­mo­ra­tio­nem (Lc 22,19) : « Faites ceci en mémoire de moi ».

Hoc facite quo­ti­dies­cumque bibe­tis, in meam com­me­mo­ra­tio­nem (1 Co ‚11,25) : « Faites ceci, toutes les fois que vous en boi­rez, en mémoire de moi ».

Voilà ce que nous devons faire.

Eh bien, dans toutes les revues qui ont par­lé des voca­tions der­niè­re­ment, il n’est point ques­tion du Saint Sacrifice de la messe !

Quelle est donc la mis­sion du prêtre ? Ils ne le savent plus ! Voilà où nous en sommes.

Alors, mes bien chers frères, qui que nous soyons, si nous vou­lons demeu­rer catho­liques ; si nous vou­lons que l’Église catho­lique conti­nue, nous avons le devoir de ne pas obéir à ceux qui veulent nous entraî­ner dans la des­truc­tion de l’Église ; nous avons le devoir de ne pas col­la­bo­rer à la des­truc­tion de l’Église. Mais bien au contraire de tra­vailler patiem­ment, cal­me­ment, serei­ne­ment, à la recons­truc­tion de l’Église, à la conser­va­tion de l’Église.

Vous pou­vez faire, cha­cun d’entre vous, votre devoir à ce sujet. Dans vos vil­lages, dans vos paroisses, dans vos ins­ti­tu­tions, dans votre pro­fes­sion, par­tout où vous êtes, ins­ti­tuez de véri­tables paroisses, des paroisses catho­liques. Et que ces paroisses catho­liques soient confiées à de véri­tables prêtres.

Et vous voyez qu’ils sont nom­breux. Les voi­ci aujourd’hui autour de nous. Et il y en a beau­coup qui pensent comme eux. Essayez de les rame­ner à la Vérité, afin qu’ils vous donnent les sacre­ments que vous dési­rez et la Sainte Messe que vous désirez.

Regroupez-​vous, afin que les prêtres qui viennent puissent deve­nir des curés de paroisse tout sim­ple­ment. Que l’on réta­blisse les paroisses comme elles étaient autrefois.

C’est là un devoir, un devoir strict. Et nous féli­ci­tons de tout cœur, les reli­gieuses et les reli­gieux qui sont ici et les prêtres qui sont ici, qui dans des dif­fi­cul­tés incroyables, incon­ce­vables, qui sont per­sé­cu­tés, aux­quels on demande de quit­ter leur habit de reli­gieux et de reli­gieuse. Eh bien que ces sœurs soient fermes dans la foi ; qu’elles demeurent fermes dans les consti­tu­tions que leur ont don­né leurs saints Fondateurs et saintes Fondatrices.

Et nous avons la joie de pen­ser que ces congré­ga­tions reli­gieuses se mul­ti­plie­ront. Nous avons l’assurance que bien­tôt, il y aura d’autres reli­gieuses qui vou­dront gar­der les saintes Traditions de leur congré­ga­tion et de leurs fondateurs.

Voilà ce que nous devons faire.

Et vous, mes chers amis, qui bien­tôt, allez prendre des res­pon­sa­bi­li­tés là où vous serez, deman­dez à la très Sainte Vierge Marie, deman­dez aux apôtres saint Pierre et saint Paul qui, aujourd’hui, ne demandent qu’à vous don­ner des béné­dic­tions, demandez-​leur des grâces abon­dantes, afin que vous puis­siez réa­li­ser l’apostolat pour lequel vous avez été ici dans ce sémi­naire ou dans le monas­tère de Bédoin, pour vous pré­pa­rer à ce grand jour de votre sacerdoce.

Mes bien chers frères, je conclus : Nous parais­sons faibles et nous parais­sons forts.

Nous parais­sons faibles, parce que, qu’est-ce que ces quelques mil­liers de per­sonnes réunies ici, quand l’on pense au monde entier, à l’humanité entière qui devrait ado­rer Notre Seigneur Jésus-​Christ ; qui devrait se pres­ser autour des autels de Notre Seigneur Jésus-​Christ pour rece­voir son Précieux Corps, son Précieux Sang, son Âme, sa Divinité, afin d’être trans­for­mée en Notre Seigneur Jésus-​Christ ? Quelle dou­leur de pen­ser que des mil­liards d’âmes, sont éloi­gnées de Notre Seigneur Jésus-Christ !

Mais en même temps, que nous sommes faibles parce que nous sommes peu nom­breux par rap­port à la mis­sion que le Bon Dieu nous demande d’accomplir, en même temps nous sommes forts.

Nous sommes forts, dans cette parole de Notre Seigneur Jésus-​Christ qui a dit : « Je serai avec vous jusqu’à la consom­ma­tion des siècles ».

Nous sommes forts, parce que, pré­ci­sé­ment, nous vou­lons conti­nuer, nous, la mis­sion de Notre Seigneur Jésus-​Christ, conti­nuer l’Église. Et c’est cela qui nous rend fort, fort de ce lien, de ce lien essen­tiel, de ce lien capi­tal avec la Tradition, avec tout ce que Notre Seigneur nous a ensei­gné, avec l’institution de l’Église et avec tout ce que Notre Seigneur a légué à son Église. Forts de cela, forts d’être avec tous les élus du Ciel, forts d’être avec tous les catho­liques de la terre qui veulent gar­der leur foi catho­lique, forts de cela, nous sommes assu­rés de la vic­toire. Nous ne cher­chons pas à crier la vic­toire contre ceux qui nous en veulent, contre ceux qui nous per­sé­cutent, je parle de la vic­toire de Notre Seigneur contre Satan, qu’il a gagnée par sa Croix.

Nous sommes per­sua­dé que cette vic­toire conti­nue­ra. Elle ne peut pas ne pas conti­nuer, parce que l’Église doit conti­nuer et doit persévérer.

Par consé­quent, si par­fois vous êtes pris par des sen­ti­ments de décou­ra­ge­ment, par des sen­ti­ments de déchi­re­ment inté­rieur, presque de déses­poir à la vue de l’Église déchi­que­tée, souf­frante, frap­pée de tous côtés, eh bien, si ces sen­ti­ments enva­hissent votre âme, pen­sez que Notre Seigneur est avec vous, pour­vu que vous gar­diez les paroles que Notre Seigneur Jésus-​Christ nous a don­nées ; que Notre Seigneur Jésus-​Christ nous a enseignées.

Et c’est par cela, par ces sacri­fices que l’ennemi sera chas­sé un jour de l’Église et que l’Église retrou­ve­ra sa splen­deur ; qu’elle ne sera plus minée par des per­sonnes qui veulent sa dis­pa­ri­tion ; qui veulent sa destruction.

Alors nous devons prier et, par­ti­cu­liè­re­ment aujourd’hui tous ensemble réunis, nous devons prier pour que le Bon Dieu chasse les enne­mis de l’Église et qu’ainsi l’Église puisse redon­ner les grâces dont les fidèles ont besoin et dont le monde a besoin pour son salut.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.