Pour le Christ-​Roi : L’exemple de la Sérénissime République de Venise

Venise

Sa magni­fi­cence, Venise la dut au catholicisme.

Ceux d’entre vous qui ont eu le pri­vi­lège de visi­ter la magni­fique cité des doges et d’en étu­dier l’his­toire, ont pu consta­ter le degré d’ac­com­plis­se­ment que Venise attei­gnit dans des domaines aus­si divers que le culte reli­gieux, l’é­du­ca­tion, les soins aux malades, le bâti­ment, l’art, le com­merce, la guerre et la navigation.

Sa magni­fi­cence, Venise la dut au catho­li­cisme. La République s’é­tait en effet pla­cée sous la pro­tec­tion toute puis­sante de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, consi­dé­ré comme le véri­table Chef de l’État, et en échange, Jésus la com­bla de gloire. Et comme Notre Seigneur est indis­so­ciable de sa Très Sainte Mère, la dévo­tion de la cité envers la Très Sainte Vierge Marie était aus­si excep­tion­nelle et fit d’elle l’une des villes les plus mariales du monde.

Dans la salle où se réunis­saient le doge et les membres du Grand Conseil, se trouve le grand tableau du Paradis avec Jésus et Marie pré­si­dant aux des­ti­nées de la ville et de ses pos­ses­sions ter­ri­to­riales. La supré­ma­tie divine était en effet publi­que­ment recon­nue puisque les lois de l’État étaient tou­jours adop­tées au nom de la Très Sainte Trinité.

Venise était fière d’être catho­lique, fière de ser­vir l’Église. Ainsi, pen­dant des siècles, Venise fut sou­vent seule en pre­mière ligne pour défendre la Chrétienté contre les Turcs, dépen­sant des sommes colos­sales d’argent et d’éner­gie pour per­mettre au dra­peau du Christ-​Roi de conti­nuer à flot­ter en Méditerranée.

Venise savait que son pou­voir lui venait de Notre Seigneur par l’in­ter­mé­diaire de son vicaire sur terre, le pape ; cepen­dant l’o­béis­sance au sou­ve­rain pon­tife n’é­tait pas aveugle. Lorsque le pape abu­sait de son auto­ri­té et trai­tait Venise de manière injuste en sui­vant un agen­da tem­po­rel plu­tôt que sa mis­sion spi­ri­tuelle de père de tous les chré­tiens, la Sérénissime mani­fes­tait ouver­te­ment son désac­cord avec le Saint-Siège.

Malgré des crises inter­mit­tentes, l’u­nion entre Venise et l’Église dura jus­qu’à ce que la République tom­bât aux mains de Napoléon Bonaparte en 1797 comme un fruit trop mûr, gâté par l’es­prit des Lumières. L’élite véni­tienne n’es­saya même pas de se battre pour pré­ser­ver l’in­dé­pen­dance et la liber­té de l’État, au grand dam d’une popu­la­tion indi­gnée qui vou­lait lyn­cher ses diri­geants pour cet acte de haute tra­hi­son. La richesse, le confort et les idées nou­velles avaient tué le sens du devoir dans l’a­ris­to­cra­tie et ain­si finit tris­te­ment une mer­veilleuse aven­ture qui avait duré plus de 1000 ans.

De la splen­deur et de la gloire pas­sées de Venise, il reste de beaux édi­fices et des chefs-​d’œuvre d’art, témoins immo­biles d’une époque révo­lue où les habi­tants de Venise, à la suite de ses grands saints : saint Grégoire Barbarigo, saint Jérôme Emilien, saint Cajetan et saint Pie X, qui fut patriarche de la ville de 1894 à 1903, avaient à cœur de construire le royaume de Jésus en ce monde, un royaume de véri­té et de vie, un royaume de sain­te­té et de grâce, un royaume de jus­tice, d’a­mour et de paix, comme le chante magni­fi­que­ment la pré­face de la Messe du Christ-Roi.

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Abbé Fabrice Loschi

Source : Le Sainte-​Anne n° 336