vers 20-30

Saint Joseph

Les Evangiles contiennent deux généa­lo­gies : celles de saint Joseph, père adop­tif de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. La tra­di­tion nous indique que la généa­lo­gie selon saint Matthieu est la véri­table généa­lo­gie de saint Joseph. Saint Joseph avait pour père Jacob, un des­cen­dant du roi Salomon, fils du roi David et de Bethsabée. L’autre généa­lo­gie, celle selon saint Luc, éclai­rée par une tra­di­tion rap­por­tée par saint Jean Damascène, atteste qu’en rai­son des rema­riages de la grand-​mère pater­nelle et de la mère de saint Joseph, il appar­te­nait, de droit, à la Maison de Nathan, autre fils du roi David et de Bethsabée.

La Vierge Marie des­cen­dait, par son père Joachim, de Nathan ; ain­si est-​ce en pleine fidé­li­té à la loi de Moïse que Joseph se fiance et épouse la Vierge Marie selon ce que pres­crit le Livre des Nombres : afin que la pos­ses­sion des enfants ne se mêle point d’une tri­bu en une autre. Car tous les hommes pren­dront des femmes de leur tri­bu et de leur paren­té. En l’occurrence, de la Tribu de Juda à laquelle appar­te­nait le roi David, et de la paren­té légale de la Maison de Nathan, fils de David.

La Tradition, confor­tée par les Ecritures, rap­porte que saint Joseph et la Vierge Marie se marièrent mais consen­tirent mutuel­le­ment à vivre dans la chas­te­té par­faite. Ce qui témoigne de l’estime que saint Joseph accor­dait à cet état déjà hono­ré par l’exemple de quelques pro­phètes de l’Ancien Testament.

Cette pers­pi­ca­ci­té de saint Joseph dans l’étude et la médi­ta­tion des Saintes Ecritures allait de pair avec l’esprit de prière qui l’unissait avec le Ciel, comme le montrent les songes par les­quels les Anges de Dieu com­mu­ni­quaient avec lui. Les tri­bu­la­tions de la Sainte-​Famille mani­festent aus­si la ver­tu sur­na­tu­relle de pru­dence de saint Joseph. C’est ain­si qu’il gar­da son épouse qui avait conçu du Saint-​Esprit, et pro­té­ge­ra l’Enfant et sa mère de la furie du roi Hérode.

Cette fami­lia­ri­té et cette pater­ni­té adop­tive, nour­ri­cière et puta­tive de saint Joseph envers l’Homme-Dieu au cours de trente ans de vie com­mune fait dire au pape Benoît XIV (1740–1758), s’appuyant sur saint Augustin : « Saint Joseph appar­tient aux saints du Nouveau Testament, Jean-​Baptiste, au contraire, à ceux de l’Ancien Testament dont il ferme la liste, de même que Marie et Joseph com­mencent la série des saints du Nouveau. »

Les der­nières heures de saint Joseph sur cette terre le furent en com­pa­gnie de Jésus-​Christ et de la Vierge Marie, ce qui fait de saint Joseph le patron de la Bonne Mort, c’est-à-dire d’une sainte mort. Ensuite son âme alla dans le schéol avant d’être rejointe, envi­ron trois ans après, par l’Âme du Christ le Vendredi-​Saint. Enfin saint Joseph et les âmes puri­fiées sui­virent Notre-​Seigneur Jésus-​Christ mon­tant au Ciel le jeu­di de l’Ascension.

Le 10 août 1519 la Vierge, por­tant l’Enfant-Jésus, entou­rée de saint Michel et de saint Bernard de Clairvaux, appa­rut à Jean de la Baume, labou­reur, sur le Mont Verdaille à Cotignac. Le 17 mars 1521, une bulle du pape Léon X accorde des indul­gences aux pèle­rins de Cotignac.

Le 7 juin 1660, vers une heure de l’après-midi, saint Joseph appa­raît sur le Mont Bessillon[1] à Cotignac, à Gaspard Ricard, ber­ger âgé de vingt-​deux ans, assoif­fé, à qui il montre un rocher, lui dit et lui répète : « Je suis Joseph ; enlève-​le, et tu boi­ras »[2]. Gaspard sou­lève le rocher et découvre une source incon­nue qui devien­dra mira­cu­leuse. Louis XIV venait de faire un pèle­ri­nage d’action de grâces à Notre-​Dame des Grâces de Cotignac le 21 février 1660. Après l’Apparition, le 19 mars 1661, Louis XIV consa­cre­ra la France à saint Joseph et décla­re­ra sa fête jour chô­mé dans le Royaume. L’eau de la fon­taine du Bessillon gué­rit : en 1662, par exemple, un boi­teux de nais­sance venant d’Avignon repart de Cotignac en mar­chant droit, etc…

Le culte envers saint Joseph était favo­ri­sé depuis le XVe siècle par des théo­lo­giens, puis par des papes qui éta­blirent et rehaus­sèrent ses fêtes. Le pape Pie IX pro­cla­ma saint Joseph patron de l’Eglise catho­lique. Jean XXIII insé­ra le nom de saint Joseph dans le Canon Romain de la Messe.

Abbé L. Serres-Ponthieu

Notes de bas de page
  1. Une com­mu­nau­té juive s’installa à Cotignac avant de se conver­tir au chris­tia­nisme. De là vien­drait le nom de Bessillon (Beth-​Sion).[]
  2. « Iéu siéu Joùsé ; enlevo-​lou et béu­ras ».[]