25 décembre 304.

Sainte Anastasie d’Illyrie († 304), dite la Veuve ou Pharmacolytria (la Guérisseuse)

Anastasie d’Illyrie († 304), dite la Veuve
ou Pharmacolytria (la Guérisseuse), martyre.

Sainte Anastasie[1] figure dans le Canon romain[2] de la Messe et dans la lita­nie des saints. Elle est née d’un père païen d’une illustre famille romaine[3] et d’une mère chré­tienne. Saint Chrysogone, (qui est aus­si cité dans le canon de la Messe de la litur­gie latine et fêté le 24 novembre dans le mis­sel romain) était son tuteur et l’instruisit de la Foi.

Son père la for­ça à se marier à un païen, Publius. En ver­tu de cette contrainte qui inva­li­dait un tel mariage, elle gar­da la chas­te­té. Elle visi­tait les chré­tiens empri­son­nés et les soi­gnait. Publius le décou­vrit et la fit mettre sous bonne garde à son domi­cile. Puis Publius mou­rut subi­te­ment, ren­dant à Anastasie une liber­té d’action.

C’était au temps de la per­sé­cu­tion de Dioclétien, Chrysogone avait été arrê­té et rete­nu long­temps dans les fers et dans les pri­sons. Sur ordre de Dioclétien à Aquilée[4], Chrysogone fut conduit pour y être déca­pi­té et jeté à la mer. Anastasie avait quit­té Rome pour Aquilée sou­te­nir les chré­tiens mar­ty­ri­sés. Aidée des saintes femmes Thessaloniciennes Agape, Chionie et Irène, elle recueille le corps de saint Chrysogone et l’ensevelit. Elle sui­vit ses com­pagnes en Macédoine où, visi­tant les chré­tiens cap­tifs, elle fut inter­cep­tée comme chré­tienne et remise à Florus, pré­fet d’Illyrie.

Florus dut l’envoyer, en rai­son de sa noblesse, à Dioclétien, lequel la mépri­sa et la ren­dit à Florus qui la confia à Ulpien, pon­tife du Capitole. Après menaces et pro­messes, Ulpien lui don­na trois jours pour renier Jésus-​Christ. Anastasie employa ce délai dans le jeûne et l’oraison. Au terme de l’ultimatum, Ulpien convoque Anastasie et porte sur elle une main las­cive. La vierge repous­sa Ulpien qui, deve­nu aveugle aus­si­tôt, mou­rut un moment après.

Florus pro­po­sa à Anastasie de lui rendre sa liber­té en échange de ses pro­prié­tés. Elle lui répond : « Si vous étiez dans la néces­si­té, je vous assis­te­rais très volon­tiers, mais puisque vous êtes riche, je n’ai garde de vous faire ces­sion des biens que la divine Providence m’a don­nés pour le secours des mal­heu­reux. Il est vrai que vous êtes dans une très grande indi­gence des biens de la grâce, mais c’est à Dieu à les don­ner, et il n’en fait lar­gesse qu’aux âmes qui les lui demandent avec ferveur. »

Irrité, Florus la fit lan­guir dans un cachot sans guère de nour­ri­ture. Là, elle eut la vision conso­lante de sainte Théodota, qui avait été mar­tyre le 2 août pré­cé­dent à Nicée. Au bout de trente jours, elle parais­sait saine, et Florus la trans­fé­ra dans une pri­son tenue par des geô­liers plus bru­taux. Puis Florus ordon­na qu’on la pla­çât avec Eutychès, chré­tien, et 120 païens dans une embar­ca­tion trouée qui devait sub­mer­ger au large. Sainte Théodote appa­rut et rame­na le bateau au rivage : les païens se convertirent.

Reléguée à Palmarola (au large du Latium dans la mer Tyrrhénienne) avec deux cents chré­tiens et soixante-​dix chré­tiennes, Anastasie fut atta­chée à des pieux, les bras et les jambes éten­dus, on allu­ma autour d’elle un grand feu, au milieu duquel elle ache­va son mar­tyre le 25 décembre 304.

Une dame romaine de qua­li­té, Apollonie, ense­ve­lit son corps, et, plu­sieurs années après, fera construire une église en son hon­neur à Rome. Les papes ont long­temps célé­bré la seconde messe noc­turne de Noël, dite de l’Aurore, en cette église basi­lique Ste-​Anastasie, comme en témoigne le ser­mon pro­non­cé par Léon 1er (pape de 440 à 461) contre l’hérésie d’Eutychès (378–454), héré­sie mono­phy­site niant l’humanité du Christ en pré­ten­dant que la divi­ni­té du Christ aurait absor­bé son huma­ni­té au point qu’il n’en res­te­rait que des apparences…

Un vil­lage sur l’Issole, entre Brignoles et le mas­sif des Maures, porte le nom de Sainte-​Anastasie ; l’église lui est aus­si dédiée, néan­moins le vil­lage est sous le patro­nage de saint Just, martyr.

Abbé L. Serres-Ponthieu

Notes de bas de page
  1. A ne pas confondre avec Anastasie l’Ancienne et Anastasie l’Aînée, mar­tyres romaines des Ier et IIIe siècle.[]
  2. Anastasie ne figu­rait pas dans le canon de l’ancienne litur­gie gal­li­cane.[]
  3. Actes de St Chrysogone.[]
  4. Aujourd’hui, dans le Frioul, entre Venise et la Slovénie. []