La messe de Luther (5) – Récit d’une cène protestante

Nous avons vu les sup­pres­sions et ajouts de la cène pro­tes­tante iden­tiques à celles de la nou­velle messe ; voi­ci ce qu’é­tait deve­nue la cène protestante.

Récit d’une cène protestante du temps de Luther

« La plus grande anar­chie régnait par­mi les prêtres. Chacun disait main­te­nant la messe à sa guise. Le conseil débor­dé réso­lut de fixer une litur­gie nou­velle des­ti­née à réta­blir l’ordre en consa­crant les réformes.

On y réglait la façon de dire la messe. L’Introit, le Gloria, l’Epitre, l’Evangile, le Sanctus étaient conser­vés, sui­vait une pré­di­ca­tion. L’Offertoire et le Canon étaient sup­pri­més. Le Prêtre réci­te­rait sim­ple­ment l’institution de la Cène, dirait à haute voix et en alle­mand les paroles de la Consécration, et don­ne­rait la com­mu­nion sous les deux espèces. Le chant de l’Agnus Dei, de la com­mu­nion et du Benedicamus Domino ter­mi­nait le service.

Luther s’inquiète de créer de nou­veaux can­tiques. (…) Luther ménage les tran­si­tions. Il conserve le plus pos­sible de céré­mo­nies anciennes. Il se borne à en chan­ger le sens. La messe garde en grande par­tie son appa­reil exté­rieur. Le peuple retrouve dans les églises le même décor, les mêmes rites, avec des retouches faites pour lui plaire, car désor­mais on s’adresse à lui beau­coup plus qu’auparavant. Il a davan­tage conscience de comp­ter pour quelque chose dans le culte. Il y prend une part plus active par le chant et la prière à haute voix. Peu à peu le latin fait place défi­ni­ti­ve­ment à l’allemand.

La consé­cra­tion sera chan­tée en alle­mand. Elle est conçue en ces termes : ‘ Notre Seigneur dans la nuit qu’il fut tra­hi prit du pain, ren­dit grâces, le rom­pit et le pré­sen­ta à ses dis­ciples en disant : « Prenez et man­gez, ceci est mon corps qui est don­né pour vous. Faites ceci, toutes les fois que vous le ferez, en mémoire de moi ». De la même manière il prit aus­si le calice après le sou­per et dit : « Prenez et buvez en tous ceci est le calice, un nou­veau tes­ta­ment, dans mon sang qui est ver­sé pour vous et pour la rémis­sion des péchés. Faites ceci, toutes les fois que vous boi­rez ce calice, en mémoire de moi » ’. Ainsi se trouvent ajou­tées les paroles quod pro vobis tra­de­tur “qui est don­né pour vous” » et sup­pri­mées mys­te­rium fidei et pro mul­tis dans la consé­cra­tion du vin » [1].

Exagération rhé­to­rique ou réa­li­té doc­tri­nale ? En appe­lant la nou­velle messe « messe de Luther », Mgr Lefebvre a visé juste.

Source : Le Chardonnet /​ La Porte Latine du 10 juillet 2019

Notes de bas de page

  1. Mgr Lefebvre, La messe de Luther, dans La messe tra­di­tion­nelle, Trésor de l’Eglise, Fideliter p.33–34[]