Nous avons vu les suppressions et ajouts de la cène protestante identiques à celles de la nouvelle messe ; voici ce qu’était devenue la cène protestante.
Récit d’une cène protestante du temps de Luther
« La plus grande anarchie régnait parmi les prêtres. Chacun disait maintenant la messe à sa guise. Le conseil débordé résolut de fixer une liturgie nouvelle destinée à rétablir l’ordre en consacrant les réformes.
On y réglait la façon de dire la messe. L’Introit, le Gloria, l’Epitre, l’Evangile, le Sanctus étaient conservés, suivait une prédication. L’Offertoire et le Canon étaient supprimés. Le Prêtre réciterait simplement l’institution de la Cène, dirait à haute voix et en allemand les paroles de la Consécration, et donnerait la communion sous les deux espèces. Le chant de l’Agnus Dei, de la communion et du Benedicamus Domino terminait le service.
Luther s’inquiète de créer de nouveaux cantiques. (…) Luther ménage les transitions. Il conserve le plus possible de cérémonies anciennes. Il se borne à en changer le sens. La messe garde en grande partie son appareil extérieur. Le peuple retrouve dans les églises le même décor, les mêmes rites, avec des retouches faites pour lui plaire, car désormais on s’adresse à lui beaucoup plus qu’auparavant. Il a davantage conscience de compter pour quelque chose dans le culte. Il y prend une part plus active par le chant et la prière à haute voix. Peu à peu le latin fait place définitivement à l’allemand.
La consécration sera chantée en allemand. Elle est conçue en ces termes : ‘ Notre Seigneur dans la nuit qu’il fut trahi prit du pain, rendit grâces, le rompit et le présenta à ses disciples en disant : « Prenez et mangez, ceci est mon corps qui est donné pour vous. Faites ceci, toutes les fois que vous le ferez, en mémoire de moi ». De la même manière il prit aussi le calice après le souper et dit : « Prenez et buvez en tous ceci est le calice, un nouveau testament, dans mon sang qui est versé pour vous et pour la rémission des péchés. Faites ceci, toutes les fois que vous boirez ce calice, en mémoire de moi » ’. Ainsi se trouvent ajoutées les paroles quod pro vobis tradetur “qui est donné pour vous” » et supprimées mysterium fidei et pro multis dans la consécration du vin » [1].
Exagération rhétorique ou réalité doctrinale ? En appelant la nouvelle messe « messe de Luther », Mgr Lefebvre a visé juste.
Source : Le Chardonnet / La Porte Latine du 10 juillet 2019
Notes de bas de page
- Mgr Lefebvre, La messe de Luther, dans La messe traditionnelle, Trésor de l’Eglise, Fideliter p.33–34[↩]