Benoît XVI

265e pape ; de 2005 à 2013

2 juillet 2009

Motu proprio Ecclesiæ unitatem

A propos de la commision Ecclesia Dei

1. La charge de main­te­nir l’unité de l’Église, avec le sou­ci d’apporter à cha­cun l’aide pour répondre de manière appro­priée à cette voca­tion et cette grâce divine, revient de manière par­ti­cu­lière au suc­ces­seur de l’apôtre Pierre. Il est le prin­cipe et le fon­de­ment per­ma­nent et visible de l’unité des évêques et des fidèles. De tout temps, la prio­ri­té suprême et fon­da­men­tale de l’Église de conduire les hommes à la ren­contre avec Dieu doit être favo­ri­sée par un témoi­gnage de foi com­mun à tous les chrétiens.

2. En fidé­li­té à ce man­dat, au len­de­main de l’ordination épis­co­pale illi­cite de quatre prêtres par Mgr Lefebvre, le 30 juin 1988, le pape Jean-​Paul II ins­ti­tua le 2 juillet 1988 la com­mis­sion pon­ti­fi­cale Ecclesia Dei avec « pour mis­sion de col­la­bo­rer avec les évêques, les dicas­tères de la Curie romaine et les milieux inté­res­sés, dans le but de faci­li­ter la pleine com­mu­nion ecclé­siale des prêtres, des sémi­na­ristes, des com­mu­nau­tés reli­gieuses ou des reli­gieux indi­vi­duels ayant eu jus­qu’à pré­sent des liens avec la Fraternité fon­dée par Mgr Lefebvre et qui dési­rent res­ter unis au suc­ces­seur de Pierre dans l’Eglise catho­lique en conser­vant leurs tra­di­tions spi­ri­tuelles et litur­giques, à la lumière du pro­to­cole signé le 5 mai par le car­di­nal Ratzinger et Mgr Lefebvre ».

3. C’est dans cette ligne, pour ser­vir la com­mu­nion uni­ver­selle de l’Église dans sa mani­fes­ta­tion visible, et fai­sant tout pour que ceux qui ont vrai­ment le désir d’être dans l’unité puissent y res­ter ou la retrou­ver, que j’ai vou­lu étendre et mettre à jour, avec le motu pro­prio Summorum pon­ti­fi­cum l’usage géné­ral déjà conte­nu dans le motu pro­prio Ecclesia Dei du Missel Romain de 1962, à tra­vers des normes plus pré­cises et détaillées.

4. Dans le même esprit et avec le même enga­ge­ment à favo­ri­ser le dépas­se­ment des frac­tures et des divi­sions au sein de l’Église, ain­si qu’à gué­rir une bles­sure res­sen­tie de manière tou­jours plus dou­lou­reuse dans le tis­su ecclé­sial, j’ai vou­lu remettre l’excommunication des quatre évêques ordon­nés illi­ci­te­ment par Mgr Lefebvre. Par une telle déci­sion, j’ai déci­dé de lever un obs­tacle qui pou­vait por­ter pré­ju­dice à l’ouverture d’une porte du dia­logue et invi­ter ain­si les évêques et la « Fraternité Saint-​Pie‑X » à retrou­ver le che­min de la pleine com­mu­nion avec l’Église. Comme je l’ai expli­qué dans la Lettre aux évêques catho­liques du 10 mars der­nier, la levée de l’excommunication a été une mesure dans le domaine de la dis­ci­pline ecclé­sias­tique pour libé­rer les per­sonnes du poids de conscience que consti­tue la peine ecclé­sias­tique la plus grave. Mais les ques­tions doc­tri­nales, évi­dem­ment, demeurent et, tant qu’elles ne sont pas cla­ri­fiées, la Fraternité n’a pas de sta­tut cano­nique dans l’Église et ses ministres ne peuvent exer­cer légi­ti­me­ment aucun ministère.

5. Justement parce que les pro­blèmes qui doivent main­te­nant être trai­tés avec la Fraternité sont de nature essen­tiel­le­ment doc­tri­nale, j’ai déci­dé – à vingt ans du Motu pro­prio Ecclesia Dei, et confor­mé­ment à ce que je m’étais réser­vé de faire – de repen­ser la struc­ture de la com­mis­sion Ecclesia Dei, la joi­gnant de manière étroite à la Congrégation pour la Doctrine de la foi.

6. La com­mis­sion pon­ti­fi­cale Ecclesia Dei aura donc la confi­gu­ra­tion suivante :

a) Le pré­sident de la Commission est le pré­fet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi

b) La Commission a une hié­rar­chie propre com­po­sée d’un secré­taire et d’officiels.

c) Il sera du devoir du pré­sident, aidé par le secré­taire, de sou­mettre les cas prin­ci­paux et les ques­tions à carac­tère doc­tri­nal à l’étude et au dis­cer­ne­ment des ins­tances ordi­naires de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, ain­si que d’en sou­mettre les résul­tats aux déci­sions supé­rieures du sou­ve­rain pontife.

7. Par cette déci­sion j’ai vou­lu, en par­ti­cu­lier, mon­trer une sol­li­ci­tude pater­nelle envers la « Fraternité Saint-​Pie‑X » afin qu’elle retrouve la pleine com­mu­nion avec l’Église. J’adresse à tous une invi­ta­tion pres­sante à prier sans cesse le Seigneur, par l’intercession de la bien­heu­reuse Vierge Marie, « afin que tous soient un ».

À Rome, le 2 juillet 2009, en la cin­quième année de notre pontificat.

Benedictus PP. XVI