Mgr Fellay lors du congrès de l’Angelus Press : la situation de l’Eglise est une véritable catastrophe

Basilique Sainte-Marie-Majeure - 14 mars 2013 - Le Pape François priant devant la chasse de saint Pie V, le lendemain même de son élection, en la chapelle sixtine construite par Sixte V et dédiée à saint Pie V

Lors du congrès de l’Angelus Press, des 11 et 12 octobre 2013, Mgr Bernard Fellay, Supérieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X, a don­né une confé­rence, sui­vie le len­de­main dimanche d’un ser­mon. A cette occa­sion, il a par­lé de la situa­tion de l’Eglise et du pape François. Dans le , John Vennari a fait un compte-​rendu de ces inter­ven­tions, sous le titre : « Mgr Fellay parle du pape François : “Ce que nous avons devant nous, c’est un véri­table moderniste !”».

Mgr Bernard Fellay a aver­ti le 12 octobre : « La situa­tion de l’Eglise est une véri­table catas­trophe, et le pape actuel fait que son état est 10.000 fois pire. »

Il a décla­ré cela dans une allo­cu­tion durant le Congrès de l’Angelus Press, qui s’est tenu les 11 et 12 octobre der­niers, à Kansas City.

Mgr Fellay, Supérieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X, a don­né une longue confé­rence le same­di après-​midi, consa­crée au Troisième Secret de Fatima, et la pré­dic­tion qui semble s’y trou­ver, à la fois d’un châ­ti­ment maté­riel et d’une grande crise dans l’Eglise.

Notre compte-​rendu va reprendre cer­tains des aspects les plus impres­sion­nants de sa confé­rence du same­di 12.

Mgr Fellay a cité en détail Sœur Lucie, ceux qui ont lu le Troisième Secret, et ceux qui ont connais­sance du secret. Il a fait remar­quer que Sœur Lucie avait dit que si nous vou­lions connaître le conte­nu du Troisième Secret, il suf­fi­sait de lire les cha­pitres 8 à 13 de l’Apocalypse. (Des détails sur le Troisième Secret figu­re­ront dans la livrai­son de novembre du Catholic Family News).

La réfé­rence de Sœur Lucie aux cha­pitres 8 à 13 de l’Apocalypse fait par­ti­cu­liè­re­ment froid dans le dos, puisque la fin du cha­pitre 13 parle de la venue de l’Antéchrist.

Mgr Fellay a rap­pe­lé que le pape saint Pie X avait dit au début de son pon­ti­fi­cat que le « fils de per­di­tion » pou­vait déjà être sur terre. Il a éga­le­ment noté que la prière ori­gi­nale à saint Michel du pape Léon XIII, men­tionne que Satan cherche à éta­blir son siège à Rome.

Le Supérieur géné­ral a cité le car­di­nal Luigi Ciapi, théo­lo­gien de tous les papes depuis Pie XII jusqu’à Jean-​Paul II, qui a dit : « Dans le Troisième Secret nous lisons entre autres choses que la grande apos­ta­sie dans l’Eglise com­mence au sommet. »

Il s’est éga­le­ment attar­dé sur le célèbre et spec­ta­cu­laire entre­tien du Père Fuentes avec sœur Lucie en 1957, au cours duquel elle a réaf­fir­mé que « les diverses nations dis­pa­raî­tront de la face de la terre », et que « le diable fera tout ce qui est en son pou­voir pour vaincre les âmes consa­crées à Dieu ».

Etant don­né que les ministres de Dieu sont tou­chés par cette confu­sion et ce désordre, les fidèles sont livrés à eux-​mêmes pour leur propre salut. L’aide qui doit être four­nie nor­ma­le­ment par des ecclé­sias­tiques n’est pas là. C’est « la plus grande tra­gé­die qu’on puisse ima­gi­ner pour l’Eglise ».

Les temps sont très graves. Nous devons vrai­ment nous pré­oc­cu­per de notre salut, « et pour ce faire, nous sommes pri­vés d’un élé­ment très impor­tant, qui est le sou­tien des auto­ri­tés [de l’Eglise]. Quelle tragédie ! »

Il a par­lé des paroles récon­for­tantes de sœur Lucie qui disait que Dieu nous a don­né deux der­niers remèdes : le Saint Rosaire et la dévo­tion au Cœur Immaculé.

Rome et la Fraternité Saint-​Pie X

Mgr Fellay a fait allu­sion à la situa­tion dif­fi­cile de 2012, lors des rela­tions entre la Fraternité Saint-​Pie X et le Vatican : « Quand on voit ce qui se passe main­te­nant [sous le pape François], nous ren­dons grâce à Dieu, nous ren­dons grâce à Dieu de ce que nous avons été pré­ser­vés de toute sorte d’accord l’an der­nier. Et nous pou­vons dire que l’un des fruits de la croi­sade [du rosaire] que nous avons faite, c’est que nous avons été pré­ser­vés d’un tel mal­heur. Dieu mer­ci. Ce n’est pas que nous ne vou­lons pas être catho­liques, bien sûr, nous vou­lons être catho­liques et nous sommes catho­liques, nous avons le droit d’être recon­nus en tant que catho­liques. Mais nous n’allons pas mettre en péril nos tré­sors pour cela. Bien sûr que non. »

Il a pour­sui­vi : « Comment ima­gi­ner que cer­taines per­sonnes conti­nuent à pré­tendre que nous sommes déci­dés [encore] à obte­nir un accord avec Rome ! Pauvres d’eux ! Je les mets au défi de me le prou­ver. Ils pré­tendent que je pense dif­fé­rem­ment de ce que je fais. Ils ne sont pas dans ma tête. »

Au sujet des dis­cus­sions avec Rome : « Tout type de démarche pour une recon­nais­sance a pris fin quand les auto­ri­tés romaines m’ont don­né le docu­ment à signer, le 13 juin 2012. Ce jour-​là, je leur ai dit : ‘je ne peux pas accep­ter ce docu­ment’. Je leur ai dit dès le début, en sep­tembre de l’année pré­cé­dente, que nous ne pou­vions pas accep­ter cette ‘her­mé­neu­tique de la conti­nui­té’, car ce n’est pas une véri­té, ce n’est pas la réa­li­té. Elle va à l’encontre de la réa­li­té. Donc, nous ne l’acceptons pas. Le Concile n’est pas en conti­nui­té avec la Tradition. Il ne l’est pas. Alors, quand le pape Benoît XVI a deman­dé que nous recon­nais­sions que le concile Vatican II est une par­tie inté­grante de la Tradition, nous avons dit : ‘Désolé, ce n’est pas la réa­li­té, donc nous n’allons pas signer. Nous n’allons pas recon­naître cela’ ».

« C’est la même chose pour la messe. Ils veulent que nous recon­nais­sions non seule­ment que la [nou­velle] messe est valide à condi­tion qu’elle soit cor­rec­te­ment célé­brée, etc., mais éga­le­ment qu’elle est licite. Je leur ai dit : nous n’utilisons pas ce mot. C’est un peu brouillon, nos fidèles sont déjà assez per­dus en ce qui concerne la vali­di­té, donc nous leur disons : ‘La Nouvelle Messe est mau­vaise, elle est mau­vaise et ils com­prennent cela. Point final !’ Bien sûr, les auto­ri­tés romaines n’étaient pas très contentes. »

Et de pour­suivre : « Il n’a jamais été dans notre inten­tion non plus de pré­tendre que le Concile soit consi­dé­ré comme bon, ou que la nou­velle messe soit ‘légi­time’.

« Le texte [du 15 avril 2012] que nous avons pré­sen­té à Rome était, dirons-​nous, un texte déli­cat qui devait être bien com­pris, il était cen­sé être lu à la lumière d’un grand prin­cipe qui diri­geait le tout. Ce grand prin­cipe n’avait rien de nou­veau dans l’Eglise : ‘Le Saint-​Esprit n’a pas été pro­mis à saint Pierre et son Successeur de telle sorte que, grâce à une nou­velle révé­la­tion, le pape enseigne quelque chose de nou­veau, mais que, avec son aide, le pape conserve sain­te­ment et trans­mette fidè­le­ment le dépôt de la foi.’ Cela est tiré de la défi­ni­tion de l’infaillibilité [fixée par Vatican I]. C’était le prin­cipe, la base de l’ensemble du docu­ment, qui exclut d’emblée toute sorte de nouveauté.

« Ainsi donc prendre n’importe quelle phrase du texte, en en excluant ce prin­cipe, revient à prendre des phrases qui n’ont jamais été ni notre pen­sée, ni notre vie. Ces phrases en elles-​mêmes sont ambi­guës, c’est pour­quoi, afin de dis­si­per cette ambi­guï­té, nous vou­lions y intro­duire ce prin­cipe. Malheureusement, peut-​être était-​ce trop sub­til et c’est pour­quoi nous avons reti­ré ce texte, car il n’était pas assez clair tel qu’il était écrit. »

« Donc, il est très net que notre prin­cipe est tou­jours le même : demeu­rer fidèles ! Nous avons reçu un tré­sor. Ce tré­sor ne nous ‘appar­tient’ pas. Nous avons reçu ce tré­sor et nous devons le léguer à la géné­ra­tion sui­vante. Ce qui nous est deman­dé, c’est la fidé­li­té. Nous n’avons pas le droit de mettre en dan­ger ces tré­sors. Ce sont des tré­sors que nous avons dans nos mains, et nous n’allons pas les mettre en danger.

Le pape François

Mgr Fellay est ensuite reve­nu à la décla­ra­tion de sœur Lucie, en 1957, rap­pe­lant que le Rosaire et la dévo­tion au Cœur Immaculé sont les deux der­niers remèdes don­nés par Dieu à l’humanité.

Il a expli­qué qu’il y a « cer­tai­ne­ment un châ­ti­ment ‘maté­riel’ du monde qui nous attend. Il y a quelque chose de grave en face de nous. Comment ? Quand ? Je ne sais pas. Mais si vous met­tez tout ensemble, il est clair que Dieu en a assez des péchés com­mis par l’homme ».

Il a alors évo­qué ces péchés qui crient ven­geance contre le ciel, comme l’avortement et les péchés contre nature, ce qui était une allu­sion à la ‘re-​définition’ contre-​nature du mariage et des péchés qui en découlent. Il a éga­le­ment par­lé de ce qui semble être une per­sé­cu­tion pro­chaine des chrétiens.

« Que devons-​nous faire ? Ne pani­quez pas, parce que la panique ne sert à rien du tout. Ce que vous devez faire, c’est votre tra­vail – votre devoir quo­ti­dien. C’est la meilleure façon de se préparer. »

Il a pour­sui­vi en disant que nous tra­ver­sons des « temps très effrayants », mais que nous ne sommes pas impuis­sants. Il a fait remar­quer que « la situa­tion de l’Eglise est une véri­table catas­trophe. Et le pape actuel fait que son état est 10.000 fois pire. »

« Au début du pon­ti­fi­cat de Benoît XVI, j’ai dit : ‘la crise de l’Eglise va se pour­suivre, mais le pape essaie de mettre les freins.’ En d’autres termes, l’Eglise va conti­nuer de chu­ter, mais avec un para­chute. Et depuis le début de ce pon­ti­fi­cat [celui du pape François], je dis : ‘il coupe les cordes, et il y accroche une fusée [diri­gée vers le bas].’ »

« Si le pape actuel conti­nue dans la voie où il a com­men­cé, il va divi­ser l’Eglise. Il fait tout explo­ser. Alors, les gens diront : il est impos­sible que ce soit le pape, nous le refu­sons. D’autres diront [ce qui est la posi­tion de Mgr Fellay] : ‘Attendez, considérez-​le comme pape, mais ne le sui­vez pas. Il pro­voque la colère. Beaucoup de gens seront décou­ra­gés par ce qui se fait dans l’Eglise’ et seront ten­tés de ‘tout envoyer balader’ ».

Mais, a‑t-​il rap­pe­lé, Dieu est « beau­coup, beau­coup plus grand que nous. Dieu est capable de per­mettre à l’Eglise de conti­nuer » et il peut tra­vailler même à tra­vers ces ministres impar­faits. « Mais encore une fois », a‑t-​il répé­té : « Ne les sui­vez pas. Suivez-​les quand ils disent la véri­té, mais quand ils vous disent des bêtises, ne les sui­vez pas sur ces points. Toute obéis­sance, pour être vraie, doit être reliée à Dieu. Quand je dis que j’obéis à une per­sonne, elle devrait être un ‘miroir de Dieu’. Mais lorsque le miroir me dit le contraire de ce que Dieu dit, il n’est plus un miroir, alors je ne le suis plus. »

Mgr Fellay a fait remar­quer que nous ne pou­vons pas sim­ple­ment obéir aveu­glé­ment aux papes actuels, car alors ce serait nous détruire, ce serait mettre en dan­ger notre foi.

A la suite de sœur Lucie, des papes Léon XIII et saint Pie X, Mgr Fellay a aver­ti avec plus de force encore que nous sommes peut-​être sur le point d’entrer dans le temps de l’Antéchrist, mais nous ne pou­vons pas savoir pré­ci­sé­ment où ni dans com­bien de temps cela peut arriver.

Sources : Catholic Family News – Traduction fran­çaise DICI n°283 du 18/​10/​13

FSSPX Premier conseiller général

De natio­na­li­té Suisse, il est né le 12 avril 1958 et a été sacré évêque par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988. Mgr Bernard Fellay a exer­cé deux man­dats comme Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour un total de 24 ans de supé­rio­rat de 1994 à 2018. Il est actuel­le­ment Premier Conseiller Général de la FSSPX.