Entretien avec Mgr Bernard Fellay, Menzingen (Suisse)

Depuis quelques semaines, des bruits divers cir­culent dans la presse [1] à pro­pos d’une éven­tuelle recon­nais­sance cano­nique de la Fraternité Saint-​Pie X par Rome. Plutôt que d’ajouter des com­men­taires à ces rumeurs, DICI a pré­fé­ré inter­ro­ger le Supérieur géné­ral de la Fraternité, Mgr Bernard Fellay, pour lui deman­der de faire le point.

I – Visionner la vidéo de 45′

II – La transcription de la vidéo (à visionner après le texte)

1 – Les rapports de la Fraternité Saint-​Pie X avec Rome depuis l’an 2000

Les rap­ports avec Rome – en fait – sont constants, mais le mot n’est pas tout à fait juste…dans le sens où ils n’ont jamais été inter­rom­pus, ils n’ont sur­tout jamais été rom­pus, bien qu’à une fré­quence variable, une inten­si­té variable aus­si… On peut dire que, depuis l’an 2000, il y a des contacts avec Rome. C’est Rome qui a deman­dé ces contacts, avec l’intention d’arriver à régu­la­ri­ser la situa­tion de la Fraternité. Il y a eu des hauts et des bas, comme je dis, mais à par­tir du car­di­nal Castrillon Hoyos, en l’an 2000, ces contacts – pour un temps – ont été assez sou­te­nus. Après qu’on a bien éta­bli nos fameux préa­lables [2], il y a eu un temps… je ne veux pas dire sus­pen­du, mais presque. En 2005, il y a eu un contact. Et après 2009, c’est-à-dire au moment du retrait, – ce que nous appe­lons le retrait des excom­mu­ni­ca­tions, disons : la cor­rec­tion de ce décret d’excommunication -, il y a eu des rela­tions plus sui­vies, sur­tout avec les dis­cus­sions doc­tri­nales, qui étaient deman­dées des deux côtés, et qui ont duré deux ans envi­ron [3]. Ensuite il y a eu de nou­veau, on pour­rait dire une nou­velle phase, cette fois-​ci autour d’une pro­po­si­tion de solu­tion, qui était double : il y avait une décla­ra­tion doc­tri­nale, et il y avait une solu­tion cano­nique. Cela a duré à peu près une année, et cela n’a pas abouti.

Ensuite, pen­dant deux ans, ces rela­tions ont été espa­cées, pour recom­men­cer – je pense qu’on peut le dire – avec le retour de Mgr Pozzo à Ecclesia Dei. Sous Mgr Di Noia il y a eu des contacts, c’est vrai, mais sous Mgr Pozzo il y a eu une nou­velle phase, double cette fois encore. D’une part, des dis­cus­sions qui ont repris, dis­cus­sions doc­tri­nales, sous une forme plus souple, donc pas tout à fait offi­cielle, mais plus qu’officieuse puisque ce sont des évêques qui ont été envoyés par Rome. Ces dis­cus­sions conti­nuent. J’estime que cela en vaut la peine. Et en même temps, à un autre niveau, un peu en paral­lèle, il y a eu au mois de juillet der­nier une nou­velle pro­po­si­tion, une invi­ta­tion à réflé­chir pour voir com­ment nous pour­rions arri­ver à cette régu­la­ri­sa­tion cano­nique. Et là aus­si, ces dis­cus­sions, ces réflexions font leur che­min. Il n’y a pas de pré­ci­pi­ta­tion, c’est cer­tain. Est-​ce qu’on avance vrai­ment ? Je pense que oui. Je pense que oui, mais c’est très cer­tai­ne­ment lent.

2- Les nouvelles propositions romaines étudiées par les supérieurs majeurs de la Fraternité Saint-​Pie X

Nous avons vou­lu impli­quer un grand nombre de confrères, dont les supé­rieurs d’abord, dans la réflexion sur les nou­velles pro­po­si­tions romaines. Je pense que c’est impor­tant. Nous avons rete­nu cer­taines leçons de l’année 2012 qui avait cau­sé des fric­tions à l’intérieur de la Fraternité. Je pense que l’une des rai­sons était un manque de com­mu­ni­ca­tion. C’était une période un peu dif­fi­cile. Donc cette fois-​ci nous avons choi­si un autre che­min pour abor­der ces ques­tions qui demandent beau­coup de réflexion.

Quand on voit la situa­tion de Rome, de l’Eglise, évi­dem­ment on n’est pas inci­té à faire quelque chose. L’invitation de Rome arrive de façon com­pré­hen­sible puisque nous posons pro­blème à l’Eglise. Quand on voit tous les efforts en faveur de l’œcuménisme – pour Dieu sait quelle uni­té ! -, et quand on voit com­ment dans l’Eglise nous sommes trai­tés, évi­dem­ment nous posons pro­blème. Nous sommes même une grosse épine dans tout le sys­tème œcu­mé­nique actuel. Rien que cela pour­rait déjà expli­quer (la démarche romaine). Je pense qu’il n’y a pas que cela mais, en tout cas – sans consi­dé­rer direc­te­ment quels sont les motifs -, il y a un mou­ve­ment de Rome qui essaye de régler ce problème.

D’autre part, nous consta­tons la situa­tion dra­ma­tique de l’Eglise, où il n’y a vrai­ment pas grand chose qui nous invite à aller de l’avant. Donc, il faut une réflexion appro­fon­die, et cela ne se fait pas tout seul. Il y a besoin de plu­sieurs yeux pour bien obser­ver, réflé­chir sur tous les tenants et abou­tis­sants de ces ques­tions. C’est pour­quoi nous avons vou­lu deman­der à tous les supé­rieurs leurs réflexions sur cette matière.

3- « Etre acceptés tels que nous sommes », sans ambigüités ni compromis

Il faut abso­lu­ment évi­ter toute com­pro­mis­sion, ‘com­pro­mis­sion’ dans deux sens. Dans le sens du com­pro­mis où cha­cun cède quelque chose pour se garan­tir autre chose. Cela, depuis le début, je l’avais dit à Rome : ‘je ne veux pas d’ambiguïtés. Si vous vou­lez arri­ver à un consen­sus sur un texte que chaque par­tie com­prend d’une manière dif­fé­rente, c’est pré­pa­rer un chaos, peu de temps après’. Donc il faut abso­lu­ment évi­ter cela. Il est presque évident, au départ, que dans la situa­tion actuelle, vu les diver­gences, le texte aura cette ten­dance à l’ambigüité. Et nous n’en vou­lons pas.

Evidemment cela nous rend rigides, si l’on peut dire. En tout cas assez rigides, ce qui rend la chose plus dif­fi­cile, mais il n’y a pas pour nous de solu­tion facile. On peut dire : ‘oui, en théo­rie, c’est la solu­tion de la véri­té, mais il faut que la véri­té soit pleine et entière’.

C’est la pre­mière approche que j’ai tenu à avoir avec Rome. Déjà du pre­mier texte, j’ai dit : ‘il est ambi­gu, cela ne mar­che­ra pas, nous n’en vou­lons pas !’ C’était le pre­mier texte, en 2011. Cette fois-​ci, il me semble que c’est beau­coup mieux. Il y a vrai­ment un grand pro­grès de ce côté-​là, contre l’ambigüité. Cela ne veut pas dire que toute ambigüi­té soit levée…

A côté de la ques­tion de la clar­té du texte, il y a une autre ques­tion beau­coup plus pro­fonde, beau­coup plus impor­tante, et c’est celle-​ci : quelle ampli­tude, quelle liber­té, nous serait don­née ou nous sera don­née, dans le cas d’une régu­la­ri­sa­tion ? Et, dans ce cadre, je suis par­ti d’une phrase, et de l’exigence pra­tique de Mgr Lefebvre qui la consi­dé­rait comme une condi­tion sine qua non d’une régu­la­ri­sa­tion, à savoir pré­ci­sé­ment que nous soyons accep­tés tels que nous sommes.

Aussi j’ai tenu à leur dire (à Rome) : ‘si vous nous vou­lez, nous sommes ain­si, il faut que vous nous connais­siez, que vous ne nous disiez pas ensuite que nous vous avons caché quelque chose. Nous sommes ain­si et c’est comme cela que nous res­te­rons.’ Nous res­te­rons comme nous sommes, pour­quoi ? Ce n’est pas une volon­té propre, ce n’est pas que nous pen­sions que nous sommes les meilleurs, c’est l’Eglise qui a ensei­gné ces choses, qui a exi­gé ces choses, il n’y a pas seule­ment la foi, il y a aus­si toute une dis­ci­pline qui est en par­fait accord avec cette foi, et c’est cela qui a fait le tré­sor de l’Eglise, qui a fait les saints dans le pas­sé, et cela, nous ne sommes pas prêts à le lâcher. J’ai beau­coup insis­té auprès de Rome pour dire, en don­nant même des exemples concrets : ‘voi­là ce que nous sommes, voi­là ce que nous pen­sons’, et si Rome estime que ces pen­sées, que cette atti­tude doivent être rec­ti­fiées, doivent être chan­gées, alors il faut qu’ils nous le disent main­te­nant. Tout en leur pré­ci­sant que, dans ce cas-​là, nous n’irons pas plus loin.

4 – Le pape et la Fraternité Saint-​Pie X : une bienveillance paradoxale

Il faut ici uti­li­ser le mot ‘para­doxal’, le para­doxe d’une volon­té d’avancer vers on peut presque dire ‘Vatican III’, dans le pire sens qu’on puisse don­ner à cette expres­sion, et d’autre part la volon­té de dire à la Fraternité : ‘vous êtes les bien­ve­nus’. C’est vrai­ment un para­doxe, presqu’une volon­té d’associer les contraires. Je ne crois pas que ce soit par œcu­mé­nisme. Certains pour­raient le pen­ser. Pourquoi je ne pense pas que ce soit par œcu­mé­nisme ? Parce qu’il suf­fit de regar­der l’attitude géné­rale des évêques sur ce sujet de l’œcuménisme, ils ont les bras grands ouverts pour tout le monde, sauf pour nous ! Très sou­vent on nous a expli­qué pour­quoi nous étions ostra­ci­sés, en disant : ‘vous on ne vous traite pas comme les autres parce que vous pré­ten­dez être catho­liques. Or, avec cela vous créez la confu­sion chez nous, donc on ne vous veut pas’. Nous avons enten­du plu­sieurs fois cette expli­ca­tion qui exclut l’œcuménisme. Alors ! si cette dis­po­si­tion qui consiste à dire : ‘on accepte tout le monde dans la mai­son’, ne vaut pas pour nous, qu’est-ce qu’il reste ? Je pense qu’il reste le pape.

Si d’abord Benoît XVI, et main­te­nant le pape François n’avaient pas un regard par­ti­cu­lier sur la Fraternité, dif­fé­rent de cette pers­pec­tive œcu­mé­nique que je viens d’évoquer, je pense qu’il n’y aurait rien. Et même plu­tôt qu’on serait déjà de nou­veau sous le coup des peines, des cen­sures, de l’excommunication, de la décla­ra­tion de schisme, et toute cette volon­té d’éliminer un groupe gênant. Alors pour­quoi Benoît XVI, pour­quoi main­te­nant le pape François sont-​ils tel­le­ment bien­veillants envers la Fraternité ? Je pense que l’un et l’autre n’ont pas néces­sai­re­ment la même pers­pec­tive. Chez Benoît XVI, je crois que c’était son côté conser­va­teur, son amour pour l’ancienne litur­gie, son res­pect pour la dis­ci­pline anté­rieure dans l’Eglise. J’ai pu consta­ter que beau­coup, je dis bien beau­coup de prêtres, et même de grou­pe­ments qui avaient des pro­blèmes avec les moder­nistes dans l’Eglise, et qui avaient fait recours à lui lorsqu’il était encore car­di­nal, ont trou­vé chez lui – d’abord comme car­di­nal, ensuite comme pape -, un regard bien­veillant, une volon­té de pro­tec­tion, de les aider au moins autant qu’il pouvait.

Chez le pape François on ne voit pas cet atta­che­ment ni à la litur­gie, ni à la dis­ci­pline ancienne, on pour­rait même dire : bien au contraire, avec beau­coup d’affirmations contraires, c’est ce qui rend encore plus dif­fi­cile, plus com­pli­quée la com­pré­hen­sion de cette bien­veillance. Et cepen­dant je pense qu’il y a quand même plu­sieurs expli­ca­tions pos­sibles, mais j’avoue que je n’ai pas le der­nier mot. Une des expli­ca­tions est la pers­pec­tive du pape François sur tout ce qui est mar­gi­na­li­sé, ce qu’il appelle les « péri­phé­ries exis­ten­tielles ». Je ne serais pas éton­né qu’il nous consi­dère comme une de ces péri­phé­ries aux­quelles il donne mani­fes­te­ment sa pré­fé­rence. Et dans cette perspective-​là, il emploie l’expression « faire un che­mi­ne­ment » avec les gens en péri­phé­rie, en espé­rant qu’on arri­ve­ra à amé­lio­rer les choses. Donc ce n’est pas une volon­té arrê­tée d’aboutir immé­dia­te­ment : un che­mi­ne­ment, cela va où ça va…, mais enfin on est assez pai­sible, gen­til, sans trop savoir ce qui pour­rait abou­tir. Probablement que c’est une des rai­sons les plus profondes.

Une autre : on voit aus­si chez le pape François une accu­sa­tion assez constante contre l’Eglise éta­blie, le mot anglais est esta­blish­ment, – cela se dit aus­si de temps en temps en fran­çais -, qui est un reproche fait à l’Eglise d’être auto-​satisfaite, satis­faite d’elle-même, une Eglise qui ne cherche plus la bre­bis éga­rée, celle qui est dans la peine, à tous les niveaux, que ce soit d’un côté la pau­vre­té, même phy­sique… Mais on voit chez le pape François que ce sou­ci n’est pas seule­ment, mal­gré les appa­rences criantes, un sou­ci maté­riel… On voit très bien que chez lui, lorsqu’il dit ‘pau­vre­té’, il inclut aus­si la pau­vre­té spi­ri­tuelle, la pau­vre­té des âmes qui sont dans le péché, qu’il fau­drait en sor­tir, qu’il fau­drait recon­duire vers le Bon Dieu. Même si ce n’est pas tou­jours expri­mé de manière assez claire, on trouve un cer­tain nombre d’expressions qui l’indiquent. Et dans cette perspective-​là, il voit dans la Fraternité une socié­té très active, – sur­tout quand on la com­pare à la situa­tion de l’esta­blish­ment -, très active c’est-à-dire qui cherche, qui va cher­cher les âmes, qui a ce sou­ci du bien spi­ri­tuel des âmes, et qui est prête à se retrous­ser les manches pour cela.

Il connaît Mgr Lefebvre, il a lu deux fois la bio­gra­phie écrite par Mgr Tissier de Mallerais, ce qui montre, sans aucun doute, un inté­rêt ; et je pense que cela lui a plu. De même que les contacts qu’il a pu avoir en Argentine avec nos confrères, chez qui il a vu une spon­ta­néi­té, et aus­si une fran­chise, car on n’a abso­lu­ment rien caché. Bien sûr, on essayait d’obtenir quelque chose pour l’Argentine où nous étions en dif­fi­cul­té avec l’Etat en ce qui concerne les per­mis de séjour, mais on n’a rien caché, on n’a pas essayé de biai­ser, et je pense que cela lui plaît. C’est peut-​être plu­tôt le côté humain de la Fraternité, mais on voit que le pape est très humain, il donne beau­coup de poids à ce regard-​là, et cela peut expli­quer, cela pour­rait expli­quer une cer­taine bien­veillance. Encore une fois je n’ai pas le der­nier mot sur cette ques­tion, et cer­tai­ne­ment que der­rière tout cela il y a la Divine Providence. La Divine Providence qui se débrouille pour mettre de bonnes pen­sées chez un pape qui, sur beau­coup de points, nous effraye énor­mé­ment, et pas seule­ment nous, on peut dire que tout ce qui est plus ou moins conser­va­teur dans l’Eglise est effa­ré par ce qui se passe, par ce qui se dit, et néan­moins la Divine Providence se débrouille pour nous faire pas­ser à tra­vers ces écueils, d’une manière très sur­pre­nante. Très sur­pre­nante, car il est très clair que le pape François veut nous lais­ser vivre et sur­vivre. Il a même dit à qui veut l’entendre que jamais il ne ferait de mal à la Fraternité. Il a aus­si dit que nous étions catho­liques. Il a refu­sé de nous condam­ner pour schisme, en disant : ‘ils ne sont pas schis­ma­tiques, ils sont catho­liques’, même si après il a uti­li­sé une parole un peu énig­ma­tique, à savoir que nous sommes en che­mi­ne­ment vers la pleine com­mu­nion. Ce terme ‘pleine com­mu­nion’, on aime­rait bien une fois en avoir une défi­ni­tion claire, parce qu’on voit qu’elle ne cor­res­pond à rien de pré­cis. C’est un sen­ti­ment…, c’est on ne sait pas trop quoi. Même tout récem­ment, dans une inter­view don­née par Mgr Pozzo sur nous, il reprend une cita­tion qu’il attri­bue au pape lui-​même – on peut donc la prendre comme une posi­tion offi­cielle -, le pape qui a confir­mé à Ecclesia Dei que nous étions catho­liques en che­mi­ne­ment vers la pleine com­mu­nion [4]. Et Mgr Pozzo de pré­ci­ser com­ment cette pleine com­mu­nion peut se réa­li­ser : par l’acceptation de la forme cano­nique, ce qui est assez éton­nant, une forme cano­nique résou­drait tous les pro­blèmes de communion !

Un peu plus loin, dans la même inter­view, il dira que cette pleine com­mu­nion consiste à accep­ter les grands prin­cipes catho­liques [5], c’est-à-dire les trois niveaux d’unité dans l’Eglise, qui sont la foi, les sacre­ments et le gou­ver­ne­ment. Et en par­lant de la foi, il parle ici plu­tôt du magis­tère. Mais nous n’avons jamais remis en cause aucun de ces trois élé­ments. Et donc nous n’avons jamais mis en cause notre pleine com­mu­nion, mais l’adjectif ‘pleine’ nous le balayons, en disant tout sim­ple­ment : ‘nous sommes en com­mu­nion selon le terme clas­sique uti­li­sé dans l’Eglise ; nous sommes catho­liques ; si nous sommes catho­liques nous sommes en com­mu­nion, parce que la rup­ture de com­mu­nion c’est le schisme précisément.’

5 – La juridiction accordée aux prêtres de la Fraternité Saint-​Pie X : conséquences canoniques

Si l’on consi­dère le droit de l’Eglise, ne peut être sujet d’un pou­voir ordi­naire de juri­dic­tion dans l’Eglise que celui qui est par­fai­te­ment en règle. Donc celui qui n’est pas sous le coup d’une cen­sure. Rome a tou­jours dit et main­te­nu que nos prêtres étaient sous la cen­sure de la sus­pense, parce qu’ils ne sont pas incar­di­nés. Nous disons bien sûr qu’ils sont incar­di­nés dans la Fraternité, injus­te­ment ou inva­li­de­ment sup­pri­mée à l’époque par le non-​respect des propres lois de l’Eglise, mais néan­moins Rome a main­te­nu et main­tient jusqu’à aujourd’hui qu’il y aurait une sus­pense sur nos prêtres. La sus­pense, qu’est-ce que cela veut dire ? C’est pré­ci­sé­ment l’interdiction pour le prêtre d’exercer son minis­tère, qu’il s’agisse de la Messe, qu’il s’agisse des autres sacre­ments, dont la confes­sion. Et donc accor­der une juri­dic­tion ordi­naire pour confes­ser [6], non pas d’une manière excep­tion­nelle, comme ce serait par exemple le cas pour un dan­ger de mort. L’Eglise, en effet, pré­voit ces cas : si quelqu’un est en dan­ger de mort, s’il est en train de mou­rir sur la route, tout prêtre, peu importe son état, même excom­mu­nié, même un ortho­doxe qui n’est même pas catho­lique, mais qui est vali­de­ment prêtre, peut à ce moment-​là non seule­ment vali­de­ment mais lici­te­ment, entendre cette confes­sion et don­ner l’absolution. Ce sont des cas excep­tion­nels. Ce n’est pas un pou­voir ordi­naire. Ici nous par­lons d’un pou­voir ordi­naire. Pour pou­voir béné­fi­cier et exer­cer un pou­voir ordi­naire de juri­dic­tion il faut, encore une fois, être libé­ré de toute cen­sure. Du moment que le pape déclare qu’il nous donne ce pou­voir ordi­naire, il implique par là-​même l’effacement, la sup­pres­sion de la cen­sure. C’est le seul moyen de com­prendre selon le droit, – pas seule­ment selon la lettre de tel ou tel canon, mais selon l’esprit du droit de l’Eglise -, cette disposition.

6 – Les visites de prélats envoyés par Rome : des questions doctrinales ouvertes ?

Ces visites ont été très inté­res­santes. Evidemment, par un cer­tain nombre de per­sonnes chez nous, elles ont été per­çues avec pas­sa­ble­ment de méfiance : ‘que viennent faire ces évêques chez nous ?’ Eh bien ! ce n’était pas ma pers­pec­tive. L’invitation est venue de Rome, peut-​être suite à une idée que je leur avais don­née, et qui était celle-​ci : ‘vous ne nous connais­sez pas ; nous dis­cu­tons ici dans un bureau à Rome, venez nous voir sur place ; vous ne nous connaî­trez vrai­ment que si vous nous voyez’. Ce n’est pas une décla­ra­tion – qu’elle soit fra­cas­sante ou non sur Internet – ni un com­mu­ni­qué qui peuvent nous faire connaître tels que nous sommes ; parce que, la plu­part du temps, dans ces com­mu­ni­qués nous sommes obli­gés de prendre posi­tion, et même éven­tuel­le­ment de condam­ner l’une ou l’autre phrase, ou tel acte posé dans l’Eglise d’aujourd’hui, mais notre vie de catho­liques ne se résume pas qu’à cela. Et même on peut dire que l’essentiel est ailleurs. L’essentiel est dans la volon­té de vivre notre catho­li­cisme en sui­vant les com­man­de­ments de Dieu, en veillant à nous sanc­ti­fier, en évi­tant le péché, pour vivre selon toute la dis­ci­pline de l’Eglise. Nos écoles, nos sémi­naires, nos prêtres, notre vie sacer­do­tale, tout cela forme un ensemble qui est la réa­li­té, la réa­li­té vraie de notre Fraternité.

Donc j’ai beau­coup insis­té, j’ai dit plu­sieurs fois : ‘venez donc nous voir’. Ils n’ont jamais vou­lu. Puis, tout d’un coup, il y a eu cette pro­po­si­tion d’envoyer des évêques pour nous ren­con­trer. Et, quelle que soit l’idée pre­mière pour­sui­vie par Rome, pour ma part j’ai conve­nu que c’était une bonne idée. Pourquoi ? Parce qu’ainsi, effec­ti­ve­ment, ils nous ver­raient comme nous sommes. C’était vrai­ment le mot d’ordre que j’ai don­né par­tout où ils venaient : ‘nous ne chan­geons rien, nous ne cher­chons pas à embel­lir les choses, nous sommes comme nous sommes, et qu’ils nous voient tels quels !’ Et, de fait, un car­di­nal, un arche­vêque et deux évêques sont venus nous voir, nous visi­ter, dans des cir­cons­tances dif­fé­rentes, il y a eu des sémi­naires, il y a eu aus­si un prieu­ré. Les pre­mières impres­sions, les remarques faites pen­dant ces dis­cus­sions, pen­dant ces ren­contres et après, sont très inté­res­santes. Et je pense qu’elles confirment que j’ai eu rai­son d’appuyer cette invi­ta­tion romaine.

La pre­mière chose qu’ils nous ont dite, tous – est-​ce que c’était un mot d’ordre ou leur sen­ti­ment par­ti­cu­lier ? Je n’en sais rien, mais c’est un fait -, tous ont dit : ‘ces dis­cus­sions se passent entre catho­liques ; cela n’a rien à voir avec des dis­cus­sions œcu­mé­niques ; nous sommes entre catho­liques’. Donc, au départ, on balaye toutes ces idées comme : ‘vous n’êtes pas com­plè­te­ment dans l’Eglise, vous êtes à moi­tié, vous êtes dehors – Dieu sait où ! -, schis­ma­tiques…’ Non ! Nous dis­cu­tons entre catho­liques. C’est le pre­mier point qui est très inté­res­sant, très impor­tant. Malgré ce qui, dans cer­taines ins­tances, se dit encore à Rome aujourd’hui.

Le deuxième point – je pense encore plus impor­tant -, est que les ques­tions abor­dées dans ces dis­cus­sions sont les ques­tions clas­siques sur les­quelles on achoppe. Qu’il s’agisse de la liber­té reli­gieuse, de la col­lé­gia­li­té, de l’œcuménisme, de la nou­velle Messe, ou même des nou­veaux rites des sacre­ments… Eh bien ! tous nous ont dit que ces dis­cus­sions avaient pour objet des ques­tions ouvertes. Je pense que c’est une réflexion capi­tale. Jusqu’ici on a tou­jours insis­té pour dire : vous devez accep­ter le Concile. Il est dif­fi­cile de don­ner exac­te­ment la por­tée réelle de cette expres­sion « accep­ter le Concile ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Parce que, c’est un fait que les docu­ments du Concile sont tota­le­ment inégaux, et que leur accep­ta­tion se fait selon un cri­tère gra­dué, selon un barème d’obligation. Si un texte est un texte de foi il y a une obli­ga­tion pure et simple. Mais ceux qui, d’une manière tota­le­ment erro­née, pré­tendent que ce concile est infaillible, ceux-​là obligent à une sou­mis­sion totale à tout le Concile. Alors si « accep­ter le Concile » veut dire cela, nous disons que nous n’acceptons pas le Concile. Parce que, pré­ci­sé­ment, nous nions sa valeur infaillible. S’il y a cer­tains pas­sages du Concile qui répètent ce que l’Eglise a dit autre­fois, et d’une manière infaillible, il est évident que ces pas­sages sont et res­tent infaillibles. Et nous l’acceptons, il n’y a aucun pro­blème. C’est pour­quoi lorsqu’on dit « accep­ter le Concile », il faut bien dis­tin­guer ce que l’on entend par là. Néanmoins, même avec cette dis­tinc­tion, jusqu’ici on a sen­ti de la part de Rome une insis­tance : ‘vous devez accep­ter ces points ; cela fait par­tie de l’enseignement de l’Eglise, et donc vous devez les accep­ter’. Et on voit – pas seule­ment à Rome, mais chez la grande majo­ri­té des évêques -, cette atti­tude jusqu’à aujourd’hui, ce grand reproche qui nous est fait : ‘vous n’acceptez pas le Concile’.

Et voi­là que tout d’un coup, sur ces points qui sont les points d’achoppement, les envoyés de Rome nous disent que ce sont des ques­tions ouvertes. Une ques­tion ouverte est une ques­tion dont on peut dis­cu­ter. Et cette obli­ga­tion d’adhésion est for­te­ment et même peut-​être tota­le­ment atté­nuée ou même enle­vée. Je pense que c’est un point capi­tal. Il fau­dra bien voir dans la suite si cela se confirme, si vrai­ment on peut dis­cu­ter libre­ment, disons hon­nê­te­ment, avec tout le res­pect qu’il faut à l’égard de l’autorité, pour ne pas aggra­ver encore la situa­tion actuelle de l’Eglise qui est tel­le­ment confuse, pré­ci­sé­ment sur la foi, sur ce qu’il faut croire, et là nous récla­mons cette clar­té, cette cla­ri­fi­ca­tion, aux auto­ri­tés. Nous la récla­mons depuis long­temps. Nous disons : ‘il y a des points ambi­gus dans ce Concile, et ce n’est pas à nous de les cla­ri­fier. Nous pou­vons expo­ser le pro­blème, mais celui qui a l’autorité pour les cla­ri­fier c’est bel et bien Rome’. Néanmoins, encore une fois, le fait que ces évêques nous disent que ce sont des ques­tions ouvertes est pour moi capital.

Les dis­cus­sions elles-​mêmes se sont dérou­lées, selon la per­son­na­li­té de nos inter­lo­cu­teurs, avec plus ou moins de bon­heur, car il y a eu aus­si de beaux échanges [où nous n’étions] pas néces­sai­re­ment d’accord… Néanmoins l’appréciation, je crois, est una­nime, de la part de cha­cun de ces inter­lo­cu­teurs : ils étaient satis­faits des dis­cus­sions. Satisfaits aus­si de leurs visites. Ils nous ont féli­ci­té pour la qua­li­té de nos sémi­na­ristes, en disant : ‘ils sont nor­maux, (heu­reu­se­ment ! il faut com­men­cer par là…), ce ne sont pas des gens étri­qués, obtus, mais bien vivants, ouverts, joyeux, nor­maux, tout sim­ple­ment. Et cela a été une remarque expri­mée par tous. C’est le côté humain, c’est indé­niable, mais il ne faut pas l’oublier non plus.

Pour moi, ces dis­cus­sions, ou plus exac­te­ment cet aspect plus facile des dis­cus­sions est impor­tant. Car l’un des pro­blèmes est la méfiance. Cette méfiance, il est cer­tain que nous l’avons. Et je pense que l’on peut aus­si dire qu’il est cer­tain que Rome l’a par rap­port à nous. Et tant que règne cette méfiance, la ten­dance natu­relle est de prendre de tra­vers ou de réflé­chir à la pire des solu­tions pos­sibles sur ce qui est dit. Et tant que nous sommes dans ce régime de méfiance, nous n’avancerons pas énor­mé­ment. Il faut arri­ver à une confiance mini­male, à un cli­mat de séré­ni­té, pour éli­mi­ner ces accu­sa­tions a prio­ri. Je pense que c’est encore le régime dans lequel nous nous trou­vons, dans lequel se trouve Rome. Et cela prend du temps. Il faut que des deux côtés on arrive à appré­cier cor­rec­te­ment les per­sonnes, leurs inten­tions, pour arri­ver à dépas­ser cela. Je pense que cela pren­dra du temps.

Cela demande aus­si des actes où se mani­feste une bonne volon­té qui ne soit pas celle de nous détruire. Or c’est tou­jours un peu cette idée-​là qui est chez nous, c’est ce qui est répan­du d’une manière assez cou­rante : ‘s’ils nous veulent, c’est pour nous étouf­fer, et éven­tuel­le­ment nous détruire, nous absor­ber tota­le­ment, nous dés­in­té­grer’. Ce n’est pas une inté­gra­tion, c’est une dés­in­té­gra­tion ! Evidemment, tant que cette idée règne, on ne peut s’attendre à rien.

7 – L’état présent de l’Eglise : inquiétudes et espoirs

J’ai beau­coup de peine à voir une ligne de conduite dans ce qui est en train de se pas­ser. Ce que je vois c’est une confu­sion gran­dis­sante, une confu­sion qui vient pré­ci­sé­ment d’éléments contra­dic­toires, de dilu­tion de la doc­trine, de la morale, de la dis­ci­pline. On en arrive à un régime du cha­cun pour soi. Les évêques disent ce qu’ils veulent, en contra­dic­tion les uns avec les autres. Il n’y a pas de rap­pels à l’ordre offi­ciels, clairs, ni même de rap­pels à une ligne quelle qu’elle soit, d’un côté ou de l’autre. Il y a encore quelques années, il y avait une ligne. C’était la ligne moder­niste. C’était ce fameux esprit de Vatican II. Aujourd’hui on voit un pro­fond désac­cord entre les évêques et jusqu’à Rome sur ces ques­tions. Et quelle ligne va triom­pher, quelle ligne va s’imposer ? Pour l’instant, je ne vois pas.

On peut, évi­dem­ment, s’appuyer sur cer­taines réflexions, sur cer­tains indices, en disant qu’il est mani­feste que plus on avance, plus les moder­nistes s’affaiblissent ou sont affai­blis. Ils manquent de fidèles, ils manquent de voca­tions, c’est une Eglise qui dépé­rit. Et c’est vrai. De l’autre côté, on voit par­mi les jeunes un cer­tain nombre – dif­fi­cile à éva­luer cor­rec­te­ment, mais c’est suf­fi­sam­ment consis­tant pour qu’on puisse le consta­ter -, de jeunes qui veulent une Eglise beau­coup plus sérieuse, et à tous les niveaux, en par­ti­cu­lier au niveau de la doc­trine. Des jeunes, des sémi­na­ristes qui veulent saint Thomas, qui veulent un retour à une phi­lo­so­phie saine, à une théo­lo­gie claire, saine, la sco­las­tique, celle de saint Thomas. On voit par­mi ces jeunes aus­si ce désir d’une litur­gie… je ne l’appellerais pas ‘renou­ve­lée’, mais un retour à la litur­gie tra­di­tion­nelle. Et ce nombre semble être impres­sion­nant. Pour nous, il est dif­fi­cile à esti­mer, mais quand on entend les voix de prêtres qui s’occupent de ces jeunes dans les sémi­naires modernes, cer­tains vont jusqu’à nous dire que 50% en France, en Angleterre, des nou­veaux sémi­na­ristes aspirent à la Messe tra­di­tion­nelle. Cela me semble beau­coup, et j’espère que c’est vrai.

Néanmoins on voit très bien se des­si­ner cette ligne-​là, c’est une ligne qui monte, et on voit, à tra­vers les années, que cette ten­dance aug­mente. Juste un exemple, depuis l’année pas­sée, avec le pro­blème du synode sur le mariage, sur la famille catho­lique, on a vu une oppo­si­tion plus mar­quée qu’autrefois entre les deux camps. Je pense que cela vient d’un ren­for­ce­ment des conser­va­teurs, dont sinon le nombre, en tout cas l’intensité gran­dit, sans aucun doute. Et de l’autre côté la majo­ri­té, qui est encore clai­re­ment domi­nante, mais qui perd de la force, qui n’arrive plus à s’imposer, du moins à tout impo­ser comme autrefois.

Ainsi donc ces deux lignes existent. Quel est notre ave­nir dans cette situa­tion ? Tout d’abord, main­te­nir. Il y a une grande confu­sion. Qui va gagner ? On n’en sait rien. Ce qui rend nos rela­tions avec Rome extrê­me­ment dif­fi­ciles, parce que nous par­lons avec un inter­lo­cu­teur sans jamais savoir si, le len­de­main, le texte sur lequel nous arri­ve­rons – après moult dis­cus­sions – à nous mettre d’accord, sera effec­ti­ve­ment le texte défi­ni­tif. Nous avons pu consta­ter, en 2012, com­ment un texte a été cor­ri­gé, modi­fié par une inter­fé­rence… de la part d’une auto­ri­té plus haute, mais qui n’était pas celle du pape. Là aus­si : qui gou­verne l’Eglise ? Je dirais que c’est une très inté­res­sante ques­tion qui reste sans réponse. Ce sont des forces… indéterminées.

8 – Que demander à la Sainte Vierge ?

Ah ! beau­coup de choses. Tout d’abord le salut. Le salut pour nous, pour cha­cun, pour cha­cune des âmes qui viennent vers la Fraternité, qui veulent se confier à elle, à ses prêtres, donc demandons-​lui la fidé­li­té pour la Fraternité. Fidélité à l’Eglise. Fidélité à tout ce tré­sor de l’Eglise qui – Dieu sait pour­quoi, Dieu sait com­ment – se retrouve dans nos mains, un patri­moine extra­or­di­naire qui est le tré­sor de l’Eglise, qui ne nous appar­tient pas, et dont nous n’avons qu’un seul désir c’est qu’il retrouve sa place, sa place vraie dans l’Eglise.

Demandons le triomphe de la Sainte Vierge. Elle l’a annon­cé. Je dirais qu’il se fait attendre, on est même peut-​être un peu impa­tients, sur­tout à voir tout ce qui se passe, qui semble en contra­dic­tion, mais ce n’est pas une contra­dic­tion, c’est tout sim­ple­ment un déve­lop­pe­ment que le Bon Dieu per­met ; un jeu effrayant, ter­rible : le manque de cor­res­pon­dance de la liber­té humaine, même chez les chré­tiens, à ce que demande le Ciel, cette volon­té à Fatima du Ciel, – c’est-à-dire du Bon Dieu -, d’introduire la dévo­tion au Cœur Immaculé de Marie dans les cœurs des chré­tiens, et qui a tel­le­ment de peine à s’imposer. Ce n’est pour­tant pas si dif­fi­cile, c’est tel­le­ment beau, tel­le­ment conso­lant ! Et l’on voit ce grand com­bat entre le démon et le Bon Dieu, le champ de bataille étant les âmes, les âmes que le Bon Dieu a vou­lu libres, et qu’Il veut gagner, mais pas par la force. Il aurait pu impo­ser sa majes­té d’une manière telle que tous les hommes soient pros­trés – c’est ce qui se pas­se­ra à la fin du monde, mais ce sera trop tard à ce moment-​là -, c’est main­te­nant que doit se faire ce combat.

Donc deman­dez au Bon Dieu qu’Il envoie des grâces qui gagnent les âmes pour Lui, et col­la­bo­rez à ce tra­vail ! On Lui demande ain­si beau­coup de choses. On Lui demande que l’Eglise retrouve tout l’ensemble de ce qui fait sa mis­sion : sau­ver les âmes. L’unique chose, la pre­mière chose, la seule qui compte pour l’Eglise, c’est de sau­ver les âmes !

Pour conser­ver à cet entre­tien son carac­tère propre, le style oral a été maintenu.

Entretien vidéo réa­li­sé par DICI le 04/​03/​16 – Transcription DICI du 21/​03/​16

+Bernard FELLAY, Supérieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X

Notes de bas de page
  1. Voir après la confé­rence de Mgr de Galarreta à Bailly.[]
  2. Ces préa­lables étaient : la messe tri­den­tine accor­dée à tout prêtre et la levée des cen­sures contre la Fraternité. Voir DICI n°74 du 12/​04/​03[]
  3. D’octobre 2009 à avril 2011[]
  4. Voici la réponse de Mgr Guido Pozzo, Secrétaire de la Commission Ecclesia Dei, dans l’entretien accor­dé à Zenit, le 25 février 2016. – Question : « Excellence, en 2009, le pape Benoît XVI a levé l’excommunication de la Fraternité Saint-​Pie X. Cela signifie-​t-​il que main­te­nant ils sont à nou­veau en com­mu­nion avec Rome ? » – Réponse : « Avec la levée par Benoît XVI de la cen­sure de l’excommunication des évêques de FSSPX (2009), ils ne sont plus sou­mis à cette grave peine ecclé­sias­tique. Avec cette mesure, cepen­dant, la FSSPX est encore dans une situa­tion irré­gu­lière, parce qu’elle n’a pas reçu la recon­nais­sance cano­nique par le Saint-​Siège. Tant que la Société n’a pas de sta­tut cano­nique dans l’Eglise, ses ministres n’exercent pas de manière légi­time le minis­tère ni la célé­bra­tion des sacre­ments. Selon la for­mule de celui qui était alors le car­di­nal Bergoglio de Buenos Aires, et confir­mé par François à la Commission pon­ti­fi­cale Ecclesia Dei, les membres de la FSSPX sont catho­liques dans le che­min vers la pleine com­mu­nion avec le Saint-​Siège. Cette pleine com­mu­nion vien­dra quand vous ver­rez la recon­nais­sance cano­nique de la Fraternité. »[]
  5. Mgr Pozzo, ibi­dem : « Ce qui semble essen­tiel est de trou­ver une conver­gence com­plète sur ce qui est néces­saire pour être en pleine com­mu­nion avec le Siège apos­to­lique, à savoir l’intégrité du Credo catho­lique, le lien des sacre­ments et l’acceptation du magis­tère suprême de l’Eglise. »[]
  6. Pape François, Lettre adres­sée à Mgr Rino Fisichella, le 1er sep­tembre 2015, à l’approche de l’Année sainte : « J’établis, par ma propre dis­po­si­tion, que ceux qui, au cours de l’Année sainte de la Miséricorde, s’approcheront, pour célé­brer le sacre­ment de la Réconciliation, des prêtres de la Fraternité Saint-​Pie X rece­vront une abso­lu­tion valide et licite de leurs péchés. »[]

FSSPX Premier conseiller général

De natio­na­li­té Suisse, il est né le 12 avril 1958 et a été sacré évêque par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988. Mgr Bernard Fellay a exer­cé deux man­dats comme Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour un total de 24 ans de supé­rio­rat de 1994 à 2018. Il est actuel­le­ment Premier Conseiller Général de la FSSPX.