La fin des schismes ? Sud-​Ouest du 27 octobre 2009

Sauf avis contraire, les articles, cou­pures de presse, com­mu­ni­qués ou conférences
qui n’é­manent pas des membres de la FSSPX ne peuvent être consi­dé­rés comme
reflé­tant la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X

Sud-​Ouest du 27 octobre 2009

Historien des reli­gions, Marc Agostino voit dans les dis­cus­sions avec les inté­gristes un moment historique

« Sud Ouest ». C’est hier que s’ou­vraient, à huis clos à Rome, les dis­cus­sions entre des membres de la Congrégation pour la doc­trine de la foi, une délé­ga­tion de la Fraternité Saint-​Pie‑X et des théo­lo­giens de haut vol. Est-​ce his­to­ri­que­ment un rendez-​vous capital ?

Marc Agostino. Oui, parce qu’on va entrer dans le noyau dur de ce qui oppose deux visions dif­fé­rentes de l’Église. Il s’a­gi­ra de dis­cus­sions aus­tères, de débats de fond, dont cer­tains tech­niques. Et pas de dis­cus­sions sur le mariage des prêtres ou le sacer­doce des femmes.

“ailleurs, les grands conciles de l’Antiquité ne se sont jamais tenus sur des ques­tions de litur­gie, mais sur des points majeurs, comme la nature du Christ, celle de la Vierge Marie ou l’eucharistie.

Pour­quoi est-​ce si important ?

Benoît XVI veut qu’il n’y ait plus de schisme.

Il veut rame­ner les tra­di­tio­na­listes au sein de l’Église catho­lique, comme il essaie d’in­té­grer, dans une sorte de com­mu­nau­té fédé­rée, l’Église maro­nite et les dis­si­dents de l’Église anglicane.

D’ailleurs, ce n’est pas un hasard s’il va béa­ti­fier le 2 mai 2010, dans la cathé­drale de Birmingham, le car­di­nal John Henry Newman, un ecclé­sias­tique bri­tan­nique conver­ti au catho­li­cisme en 1845 et qui fut un théo­lo­gien très important.

Pourquoi parle-​t-​on de dis­cus­sions secrètes ?

Ce n’est pas une réunion publique d’é­vêques ou un concile. C’est une com­mis­sion dili­gen­tée par le pape et qui va sou­le­ver des débats très déli­cats, que per­sonne ne sou­haite mettre sur la place publique.

Quand l’État ita­lien a dis­cu­té avec le pape de la créa­tion de la Cité du Vatican, les négo­cia­tions ont duré six ans, avec de temps à autre quelques articles dans la presse. Et puis, le 11 février 1929, on a offi­ciel­le­ment appris la signa­ture des accords du Latran.

Le pape semble pour­tant avoir déjà fait beau­coup de concessions ?

Il a vou­lu sor­tir de la guerre de tran­chées parce que, pour lui, la véri­té est dans l’Église catho­lique. Il a d’a­bord auto­ri­sé la célé­bra­tion – sous cer­taines condi­tions – de la messe selon le mis­sel de 1963. Puis il a levé l’ex­com­mu­ni­ca­tion des quatre évêques ordon­nés par Mgr Lefebvre. Et main­te­nant, on entre dans la troi­sième étape, qui peut durer des années.

Va-​t-​on vers une remise en cause du concile de Vatican II ?

Au contraire. On va par­ler de la concep­tion de la tra­di­tion de l’Église catho­lique à la lumière du magis­tère. La tra­di­tion est-​elle vivante ou figée, comme le sou­haitent les tra­di­tio­na­listes ? L’Église reste-​t-​elle en marche ou veut-​on un retour vers le pas­sé, comme le veulent les inté­gristes ? Et der­rière se pro­file la concep­tion de l’au­to­ri­té du pape.

Pour Benoît XVI, on ne peut pas geler l’au­to­ri­té magis­té­rielle à l’an­née 1962. La tra­di­tion n’est pas figée. Il avait très clai­re­ment fixé le cadre de ces dis­cus­sions dans une lettre aux évêques : l’ac­cep­ta­tion du concile de Vatican II et du magis­tère post­con­ci­laire des papes (Paul VI et Jean-​Paul II).

Le noyau dur se réduit-​il à l’ac­cep­ta­tion de Vatican II ?

Les débats por­te­ront aus­si sur l’oe­cu­mé­nisme et la liber­té reli­gieuse. Deux ques­tions sur les­quelles les inté­gristes ont une vision fron­ta­le­ment oppo­sée à celle de Rome.

Recueilli par Hélène Rouquette-​Valeins, In Sud-​Ouest du 27 octobre 2009