Sermon de Mgr Lefebvre – Jeudi Saint, Messe chrismale – 27 mars 1975

Mes bien chers frères,

Je vou­drais sim­ple­ment, en quelques mots, vous don­ner une signi­fi­ca­tion de cette céré­mo­nie si sainte dans l’Église de Notre Seigneur, que celle de la béné­dic­tion des saintes Huiles.

Dans sa sagesse Notre Seigneur a vou­lu se ser­vir de choses maté­rielles, de choses tem­po­relles pour nous com­mu­ni­quer sa grâce, pour nous com­mu­ni­quer son Esprit Saint. Et Il a vou­lu choi­sir les choses les plus simples et les plus com­munes : l’eau, le pain, le vin, l’huile, choses qui sont les plus habi­tuelles dans l’usage de la nour­ri­ture, dans l’usage des soins que les hommes peuvent prendre de leur corps.

Et l’huile en par­ti­cu­lier qui de tout temps a déjà été uti­li­sée même dans les reli­gions païennes. Notre Seigneur a vou­lu que l’huile d’où son nom même, le nom de Notre Seigneur Jésus-​Christ porte la signi­fi­ca­tion, car Christ veut dire oint, c’est-à-dire recou­vert – si l’on peut dire – de l’huile.

Et Notre Seigneur a vou­lu choi­sir cette huile encore parce qu’il me semble qu’il l’a sanc­ti­fiée d’une manière par­ti­cu­lière lorsqu’il était au Jardin des Oliviers. Quand on songe que ces oli­viers ont été les témoins de son ago­nie (…inau­dible…) là aus­si la signi­fi­ca­tion de la Sainte Passion de Notre Seigneur qui a été l’origine de toutes nos grâces sont éga­le­ment une rai­son de la sanc­ti­fi­ca­tion de cette Huile sainte que nous allons bénir et consa­crer dans quelques instants.

Et la signi­fi­ca­tion des saintes Huiles, dans l’usage que l’on en fait en géné­ral, l’huile éclaire, l’huile for­ti­fie, l’huile gué­rit, soigne ; l’huile éclaire. Et c’est bien le signe de Notre Seigneur. Notre Seigneur nous éclaire par son Verbe, par son Évangile, par la foi qu’il nous demande d’avoir dans son Évangile. Notre Seigneur éclaire nos intel­li­gences, éclaire nos cœurs, nos âmes. Il sus­cite en elles l’espérance du Ciel.

L’huile donne aus­si la force. Et Notre Seigneur par sa grâce, nous donne la force de vaincre les dif­fi­cul­tés et les obs­tacles qui se pré­sentent sur notre che­min pour atteindre la vie éter­nelle, qui est notre but, qui est l’objet de nos désirs.

Et enfin, l’huile gué­rit. Et Dieu sait si nous avons besoin d’être gué­ri de nos fautes, de nos péchés, de nos mau­vaises tendances.

Voyez avec quel soin Notre Seigneur a vou­lu choi­sir les élé­ments qui seraient la cause ins­tru­men­tale, qui seraient le canal par lequel pas­se­rait la grâce du Saint-​Esprit. Car ces huiles, lorsqu’elles seront consa­crées, on peut le dire – d’une cer­taine manière – contiennent vrai­ment le Saint-Esprit.

Et Notre Seigneur a eu cette condes­cen­dance de nous faire res­sen­tir par des signes sen­sibles que la grâce nous était don­née. Notre Seigneur sait par­fai­te­ment de quoi nous sommes com­po­sés, d’âmes et de corps et que nous avons besoin de voir, que nous avons besoin de tou­cher, que nous avons besoin de sen­tir, pour être per­sua­dés que l’action divine s’exerce en nous.

Remercions le Bon Dieu de nous avoir don­né, d’avoir choi­si tous ces élé­ments qu’il a créés Lui-​même, pour être l’instrument de sa grâce. Et rappelons-​nous que nous devons tous, plus ou moins, quand nous avons besoin de trans­por­ter ces saintes Huiles ou de les employer pour la sanc­ti­fi­ca­tion des fidèles, d’avoir un très grand res­pect pour ces Huiles qui sont consacrées.

Voyez com­ment la céré­mo­nie va se dérou­ler, avec quel res­pect l’évêque, les prêtres, saluent ces saintes Huiles et les vénèrent. Que cette véné­ra­tion ne soit pas seule­ment au cours de la céré­mo­nie litur­gique, mais qu’elle soit aus­si pour leur conser­va­tion et pour leur usage.

C’est ain­si que Notre Seigneur pro­longe un peu son huma­ni­té à tra­vers ces élé­ments. Car c’est Lui qui est la cause de toutes grâces et sur­tout par sa Passion, C’est pour­quoi, il conve­nait que ce fut au temps de sa Passion que fussent consa­crées ces saintes Huiles. C’est donc comme un pro­lon­ge­ment de l’humanité de Notre Seigneur qui demeure au milieu de nous, afin de nous don­ner ses grâces.

Demandons donc aujourd’hui à Notre Seigneur de façon par­ti­cu­lière de nous don­ner le grand désir de rece­voir ces onc­tions qui devraient exci­ter en nous la grâce qui nous a été don­née par ces onc­tions que nous avons déjà reçues au moment de notre bap­tême et au moment de la confir­ma­tion, en atten­dant que vous rece­viez le sacerdoce.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.