Sermon de Mgr Lefebvre – Pentecôte – Confirmations – 29 mai 1977

Mes bien chers enfants,

C’est sur­tout à vous que je m’adresserai, puisque vous avez aujourd’hui le grand bon­heur, le grand avan­tage, de rece­voir le sacre­ment de confirmation.

Aujourd’hui, hélas, ce sacre­ment est quelque peu négli­gé. Il semble que le sacre­ment de confir­ma­tion n’est plus abso­lu­ment néces­saire, que puisque l’on a reçu le bap­tême, on ne voit pas bien pour­quoi il y aurait encore un sacre­ment qui nous confé­re­rait, nous don­ne­rait les grâces par­ti­cu­lières du Saint-​Esprit, puisque le Saint-​Esprit est déjà don­né en effet, dans le baptême.

Est-​ce que réel­le­ment Notre Seigneur aurait ins­ti­tué ce sacre­ment d’une manière facul­ta­tive ? Estce que par le fait même que Notre Seigneur a vou­lu ce sacre­ment, est-​ce qu’il n’a pas vou­lu que nous le rece­vions ? C’est évident. Et que l’Église a tou­jours ensei­gné que nous devions rece­voir le sacre­ment de confirmation.

Que quelqu’un, par exemple, qui veut soit rece­voir le sacre­ment de l’ordre, soit le sacre­ment de mariage, s’il n’a pas reçu le sacre­ment de confir­ma­tion, il doit rece­voir le sacre­ment de confir­ma­tion – préa­la­ble­ment. C’est une obligation.

Et pour­quoi une obli­ga­tion ? Une obli­ga­tion parce que nous avons besoin à l’âge où nous com­men­çons à prendre conscience des dif­fi­cul­tés de notre vie chré­tienne, nous avons besoin de grâces par­ti­cu­lières. À votre âge, vous gran­dis­sez, vous avez réflé­chi, vous avez déjà étu­dié et vous savez par­fai­te­ment que ce n’est pas facile de gar­der la grâce du bap­tême. Qu’il y a beau­coup de dif­fi­cul­tés, beau­coup de ten­ta­tions, beau­coup d’épreuves et que l’on est par­fois plus ten­té de faire le mal que le bien. Surtout dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, avec tous les moyens que le démon a à sa dis­po­si­tion pour essayer de nous entraî­ner dans le péché. Alors il est évident qu’aujourd’hui, plus que jamais, on a besoin du sacre­ment de confir­ma­tion à votre âge.

Et c’est pour­quoi, remer­ciez vos parents, remer­ciez les prêtres qui vous ont pré­pa­rés, tous ceux qui se sont pen­chés auprès de vous, afin de vous expli­quer ce qu’était le sacre­ment de confir­ma­tion. Remerciez-​les de tout votre cœur et préparez-​vous à bien rece­voir le sacre­ment de confir­ma­tion, de la manière la plus abon­dante qu’il soit, la plus abon­dante pos­sible. Que vos cœurs soient lar­ge­ment ouverts à la grâce. Dites dans vos cœurs, dans vos consciences : Que le Saint-​Esprit vienne en moi ; qu’il me rem­plisse de ses dons afin que je res­semble davan­tage à Notre Seigneur.

Voilà ce que nous devons deman­der, afin de nous pré­pa­rer au com­bat de la vie chré­tienne. Car, en défi­ni­tive, nous savons que la vie chré­tienne est un com­bat, une lutte conti­nuelle. Notre Seigneur nous l’a dit. Nous devons lut­ter pour obte­nir la cou­ronne du Ciel, pour obte­nir la cou­ronne dans la lutte que nous devons mener pour avoir la vic­toire et atteindre la vie éternelle.

Dans ce com­bat, quelle est l’arme que l’évêque vous donne ? Cette arme, c’est celle de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Comment Notre Seigneur Jésus-​Christ a‑t-​il mani­fes­té sa vic­toire ? Comment a‑t-​il conquis sa vic­toire ? Par la Croix, par la Croix Notre Seigneur Jésus-​Christ a vain­cu le monde, a vain­cu le démon, a vain­cu la mort, a vain­cu le péché. C’est la grande vic­toire de Notre Seigneur Jésus-​Christ, par sa mort, par sa Croix, par son Sang.

Est-​ce que nous, nous pou­vons espé­rer, nous pou­vons deman­der à avoir une autre arme, un autre signe de vic­toire que celui de Notre Seigneur ? C’est la Croix qui nous fera gagner notre vic­toire. La Croix, c’est-à-dire le sacrifice.

Eh oui, nous ne devons pas avoir peur de ce mot : du sacri­fice. Nous devons nous sacri­fier. Nous devons mou­rir à tous nos mau­vais pen­chants, à tous nos mau­vais ins­tincts, aux péchés qui sont en nous. Nous devons faire en sorte qu’ils meurent, par la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Et c’est pour­quoi tout à l’heure, vous ver­rez que l’évêque, en don­nant le sacre­ment de confir­ma­tion, impose sa main sur votre tête et fait sur votre front le signe de la croix avec le Saint-​Chrême. Car vous aurez tou­jours à pen­ser que vous êtes mar­qués de la Croix et par consé­quent mar­qués du signe de la vic­toire de Notre Seigneur. Mais avant d’avoir la vic­toire, avant d’arriver à la vic­toire, il faut pas­ser par la Croix.

Notre Seigneur l’a dit : « Si vous vou­lez être mes dis­ciples, suivez-​moi et por­tez votre croix ». Tous les jours, hodie, chaque jour il fau­dra por­ter notre croix. C’est là le signe de notre vic­toire et le moyen de notre vic­toire, la voie de notre vic­toire. Comme Notre Seigneur a eu sa vic­toire. Et, par la Croix, nous arri­ve­rons à la résur­rec­tion. Par la Croix nous arri­ve­rons à par­ta­ger la gloire de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Voilà ce que l’évêque va vous don­ner dans quelques ins­tants et que vous retien­drez. Vous retien­drez cette leçon, mes chers enfants. N’ayons pas peur de la Croix. Les épreuves ne man­que­ront pas pour vous, comme elles n’ont pas man­qué pour vos parents, comme elles n’ont pas man­qué pour tous les hommes qui sont pas­sés sur la terre.

Malheureusement, beau­coup ne savent pas pro­fi­ter des épreuves que le Bon Dieu leur donne. Le Bon Dieu les envoie pré­ci­sé­ment pour nous déta­cher des choses de la terre, pour nous atta­cher aux choses du Ciel et beau­coup de gens ne com­prennent pas.

Vous chré­tiens, et vous chré­tiennes, vous devez com­prendre cela, que le che­min du Ciel, c’est le che­min du Calvaire. Et l’évêque, tout à l’heure va donc vous le signi­fier d’une manière claire. Et dans l’oraison qu’il va pro­non­cer il le dira d’une manière aus­si claire.

Voilà ce que je vou­lais vous dire. Et en ter­mi­nant, je demande à la très Sainte Vierge Marie, qui elle est rem­plie du Saint-​Esprit et par qui nous rece­vons toutes les grâces, la grâce de la confir­ma­tion que vous allez rece­voir dans quelques ins­tants, c’est par la très Sainte Marie que vous la rece­vrez ; les Pères de l’Église com­parent la très Sainte Vierge Marie, au cou, dans le corps de l’Église.

Notre Seigneur Jésus-​Christ est la tête, la très Sainte Vierge Marie est le cou. Toutes les grâces passent par la très Sainte Vierge Marie, pour arri­ver aux membres de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Demandons donc à la très Sainte Vierge Marie, tous ensemble, vos parents, vos amis et par­ti­cu­liè­re­ment vos prêtres, tous ceux qui sont ici pré­sents prie­ront pour vous ; deman­dons à la très Sainte Vierge Marie de vous don­ner ses grâces en abondance.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.