Sermon de Mgr Lefebvre – Pentecôte – Confirmations – 3 juin 1979

Mes bien chers enfants,

C’est à vous que je m’adresse par­ti­cu­liè­re­ment avant cette céré­mo­nie du sacre­ment de confirmation.

Je ne doute pas que vous ayez été bien pré­pa­rés par vos parents, par les prêtres qui vous ont appris ce qu’était le sacre­ment de confir­ma­tion. Vous avez eu sans doute une petite retraite, avant de rece­voir ce sacrement.

Hier, si je ne me trompe, vous vous êtes appro­ché du sacre­ment de péni­tence, pour que vos âmes soient bien prêtes et bien pures, pour rece­voir le Saint-​Esprit que vous allez rece­voir dans quelques ins­tants en abon­dance d’une manière particulière.

Car le sacre­ment de confir­ma­tion n’a pas été inven­té par un évêque, n’a pas été inven­té par un pape. Le sacre­ment de confir­ma­tion a été ins­ti­tué par Notre Seigneur Jésus-​Christ Lui-même.

Le concile de Trente dit expli­ci­te­ment : Si quelqu’un dit que les sept sacre­ments que pro­fesse l’Église catho­lique n’ont pas été ins­ti­tués par Notre Seigneur Jésus-​Christ Lui-​même, qu’il soit ana­thème ! Il n’est plus catho­lique. Celui qui dit que le sacre­ment de confir­ma­tion n’a pas été ins­ti­tué par Notre Seigneur Jésus-​Christ, n’est plus catho­lique. C’est l’Église qui nous enseigne cela.

Alors, si Notre Seigneur Jésus-​Christ a pris soin d’instituer ce sacre­ment de confir­ma­tion, Il a dû avoir une rai­son, une rai­son grave. Notre Seigneur n’a pas ins­ti­tué ces sacre­ments, sans rai­son grave.

Alors quelle est cette rai­son ? Pourquoi Notre Seigneur Jésus-​Christ a‑t-​il ins­ti­tué le sacre­ment de confirmation ?

C’est bien simple. C’est qu’à votre âge, vous devez main­te­nant prendre conscience de votre vie chré­tienne, et prendre la res­pon­sa­bi­li­té de votre vie chré­tienne. Jusqu’à pré­sent, ce sont vos parents qui vous ont conduits comme par la main, en disant : Attention, ne va pas dans ce che­min, tu risques d’être entraî­né vers le mal ; ne fais pas ceci ; ceci n’est pas bien. Prends garde. Ils vous ont conduits ; ils vous ont pro­té­gés et ils le feront encore, bien sûr. Mais désor­mais, gran­dis­sant, vous vous ren­dez mieux compte vous-​même du bien, du mal, du péché, de la ver­tu, des dan­gers que court votre ver­tu, votre vie chré­tienne. Vous vous en ren­dez beau­coup mieux compte qu’il y a cinq ou six ans lorsque vous étiez encore très jeune.

Alors Notre Seigneur a vou­lu que, gran­dis­sant dans la vie chré­tienne, nous ayons un sacre­ment, nous ayons une grâce par­ti­cu­lière pour lut­ter, pour lut­ter contre tout ce qui peut nous entraî­ner dans le péché ; tout ce qui peut détruire notre vie chré­tienne, dimi­nuer notre vie chré­tienne. Et Dieu sait si nous en avons besoin aujourd’hui. Que de mau­vaises choses nous entourent ; que de mau­vaises lec­tures, que de mau­vais exemples.

Nous avons besoin d’avoir la grâce de Notre Seigneur plus que jamais. Et vos parents le savent bien. Et c’est pour­quoi ils sont sou­cieux de vous por­ter à l’évêque et de vous conduire vers l’évêque pour qu’il puisse vous don­ner ce sacre­ment de confir­ma­tion et un véri­table sacre­ment de confirmation.

Car le sacre­ment que je vais vous don­ner dans quelques ins­tants, ne vient pas de moi. Il n’y a pas une parole qui sera dite, dans quelques ins­tants, que j’aie inven­tée moi-​même. Toutes les paroles, sont des paroles qui ont été dites depuis des siècles.

On peut recher­cher dans les Pontificaux très anciens, on retrou­ve­ra les mêmes prières, les mêmes invo­ca­tions, les mêmes gestes. Tout est exac­te­ment sem­blable à ce que l’Église a fait depuis des siècles.

Le sacre­ment de confir­ma­tion que vos parents ont reçu, que vos grands parents ont reçu, que vos aïeux, que tous ceux qui sont dans le Ciel main­te­nant ont reçu, c’est le même sacre­ment que je vais vous don­ner, sans rien changer.

L’Église aime ces tra­di­tions. Ces tra­di­tions sont impor­tantes. On ne peut pas modi­fier nos sacre­ments de telle manière que l’on ne sait plus si c’est un sacre­ment ou si ce n’est plus un sacrement.

Alors qu’est-ce que va vous don­ner ce sacre­ment de confir­ma­tion ? Eh bien, ce sacre­ment va vous don­ner une grâce par­ti­cu­lière de force, de force comme les martyrs.

Oh sans doute, le Bon Dieu ne va pas vous deman­der de ver­ser votre sang, pour mani­fes­ter votre foi comme Il l’a deman­dé à saint Tarcisius par exemple, au petit Tarcisius qui por­tait l’Eucharistie avec lui. Et des cama­rades méchants vou­lant lui ravir l’Eucharistie qu’il por­tait avec lui, eh bien, il a pré­fé­ré mou­rir plu­tôt que de livrer l’Eucharistie au sacri­lège et à la fureur de ses cama­rades mau­vais et méchants.

Sainte Emérentienne aus­si, petite fille, a pré­fé­ré don­ner sa vie plu­tôt que de renier sa foi.

On ne sait jamais, le Bon Dieu peut (deman­der un sacri­fice), nous ne savons pas les cir­cons­tances qui vien­dront dans l’avenir. Mais enfin, c’est bien peu pro­bable que le Bon Dieu vous deman­de­ra des choses semblables.

Mais ce qu’il vous deman­de­ra, sans doute, c’est de mani­fes­ter votre foi, dans des cir­cons­tances par­fois dif­fi­ciles. C’est de ne pas avoir peur de dire : Oui, je suis catho­lique ; oui, je vais à la messe ; par­fai­te­ment je vais à la messe ; je rem­plis mes devoirs ; je vais me confes­ser ; oui, par­fai­te­ment je n’ai pas peur de cela.

— Mais vous por­tez une croix, pour­quoi cette croix ? À quoi bon por­ter une croix sur vous, cela c’est ridicule.

— Oui, je porte la croix, parce que je crois à Notre Seigneur Jésus-​Christ. Je crois que Notre Seigneur Jésus-​Christ est mon Sauveur ; je n’ai pas peur de por­ter ma croix.

— Mais vous por­tez un cha­pe­let. À quoi ça sert un cha­pe­let ? Cela ne sert à rien.

— Parfaitement, je crois à la très Sainte Vierge Marie. J’aime bien prier ma sainte Mère, ma sainte Mère du Ciel. J’ai besoin du secours de ma Mère du Ciel. Comme j’aime ma mère de la terre, j’aime aus­si ma Mère du Ciel. Et alors je veux avoir mon cha­pe­let et j’aime bien réci­ter mon chapelet.

Et vous n’aurez pas peur de le dire devant de petits amis quel­que­fois qui peuvent se moquer de vous. Cela peut arri­ver mal­heu­reu­se­ment à notre époque.

Alors, il faut à ce moment-​là, avoir la force de ne pas se cacher, cacher son cha­pe­let, cacher sa croix pour dire : « Si l’on me voyait avec un cha­pe­let, on se moque­ra de moi ». Mais qu’est-ce que cela peut faire. Je n’ai pas peur que l’on se moque de moi parce que j’ai un cha­pe­let, parce que j’ai une croix. Il faut savoir pro­fes­ser sa foi devant les autres et quel­que­fois on leur fait du bien ; on les conver­tit quand on montre sa foi.

Alors, vous serez des mar­tyrs, parce que mar­tyr, c’est cela. C’est la même chose. C’est le mot : témoin. Un mar­tyr c’est un témoin. Il y a des témoins qui ont don­né jusqu’à leur sang. Mais il y a aus­si des témoins qui n’ont pas don­né leur sang, mais qui ont témoi­gné de leur foi.

Alors vous n’aurez pas peur. Maintenant que vous allez rece­voir le Saint-​Esprit et par­ti­cu­liè­re­ment le don de force du Saint-​Esprit. Et vous allez le remar­quer tout à l’heure, oh par un petit geste très simple, presque insi­gni­fiant que va faire l’évêque sur vous : il va vous don­ner un petit soufflet.

Pourquoi un petit souf­flet ? Après le sacre­ment de confir­ma­tion, pour mon­trer pré­ci­sé­ment que vous êtes capables de résis­ter aux épreuves et aux dif­fi­cul­tés de la vie. Que vous n’avez pas peur des épreuves et des dif­fi­cul­tés que ren­contre votre vie chrétienne.

Mais vous allez, avant, rece­voir le sacre­ment de confir­ma­tion – en venant devant l’évêque, dans quelques ins­tants – l’évêque va vous impo­ser sa main sur votre tête et signer votre front de la Croix, avec le Saint Chrême. Avec le Saint Chrême qui est de l’huile d’olives mélan­gée au baume qui a été consa­cré le Jeudi Saint.

C’est cela que nous demande l’Église. Et fait avec de l’huile d’olives ; pour­quoi de l’huile d’olives ?

Vous avez appris que Notre Seigneur Jésus-​Christ a souf­fert au Jardin des oli­viers. Que le Sang de Notre Seigneur Jésus-​Christ et sa sueur cou­laient au Jardin des oli­viers. Alors, l’Église a tou­jours une grande dévo­tion pour l’huile d’olives, parce qu’elle repré­sente en quelque sorte, ce Sang et cette sueur de Notre Seigneur Jésus-​Christ mêlés à la sève de l’olivier qui porte des olives.

Alors avec cette huile d’olives, il y a tout un sym­bole – vous voyez – qui est don­né par l’Église. Tout cela est rap­pe­lé dans la béné­dic­tion (des huiles) le Jeudi Saint, que dit l’évêque. Pourquoi l’Église a tou­jours vou­lu que le Saint Chrême soit fait d’huile d’olives ?

Et l’évêque pro­non­ce­ra en même temps, les paroles du sacre­ment de confir­ma­tion. Vos par­rain et mar­raine vien­dront avec vous, met­tant leur main droite sur votre épaule droite et pen­dant ce temps là, vous rece­vrez le sacre­ment de confirmation.

Mais c’est si peu de chose, le sacre­ment de confir­ma­tion : une minute, même pas une minute, le sacre­ment est déjà don­né ? Mais oui. Dieu est tout-​puissant. Le Bon Dieu a fait le monde par sa parole ; Il est Tout-​Puissant. Il peut vous don­ner des grâces nom­breuses, abon­dantes, en l’espace d’une seconde, en l’espace d’un instant.

Eh oui, vous retour­ne­rez à vos places, avec la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion. La grâce du sacre­ment du bap­tême que vous avez reçue sera confir­mée, confir­mée dans vos cœurs et dans vos âmes.

Et lorsque vous retour­ne­rez chez vous, vos parents pour­ront vous embras­ser et dire : Maintenant, tu as reçu le sacre­ment de confir­ma­tion ; main­te­nant tu as reçu le Saint-​Esprit avec tous ses donc en abon­dance. Ce n’est pas une petite chose !

Car c’est cela qui vous don­ne­ra le cou­rage de main­te­nir votre foi chré­tienne jusqu’à votre der­nier soupir.

Il faut pen­ser à cela. Et nous allons, tous ensemble, prier à cette inten­tion. Vos parents, vos amis, les prêtres qui sont ici, les sémi­na­ristes, tous ceux qui sont ici, tous ensemble, nous allons prier pour que vous soyez bien pré­pa­rés à ce sacre­ment ; que vous le rece­viez en abondance.

Et nous le deman­de­rons sur­tout à la très Sainte Vierge Marie. Parce que toutes les grâces nous viennent par la Vierge Marie, toutes, toutes ! Aucune grâce ne nous vient sans pas­ser par la très Sainte Vierge Marie. Même aujourd’hui, vous voyez, nous fêtons la Pentecôte, eh bien, la très Sainte Vierge était au milieu des apôtres (le jour de la Pentecôte). C’est ins­crit dans l’Évangile. Pourquoi est-​ce mar­qué dans l’Écriture Sainte ? Pourquoi le Bon Dieu a‑t-​il vou­lu que le nom de Marie soir mis lorsque les apôtres étaient réunis pour rece­voir le Saint-Esprit ?

Eh bien, les Pères de l’Église et les sou­ve­rains pon­tifes nous ont expli­qué que si Marie était présente

le jour de la Pentecôte, c’est pour signi­fier que la grâce que les apôtres ont reçue et qui a été mar­quée par la langue de feu qui était sur leur tête, cette grâce qu’ils ont reçue, ils l’ont reçue par la très Sainte Vierge Marie. Et cela pour bien signi­fier que toutes les grâces nous viennent par la Vierge Marie.

Alors nous allons bien prier notre Mère du Ciel, n’est-ce pas, pour que cette grâce que vous allez rece­voir vous la gar­diez intacte pen­dant toute votre vie.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.