« Requiem pour un Concile » – Sermon du Père Avril en la fête de N‑D de l’Assomption

Beata es, ô Maria ! « Bienheureuse êtes-​vous, ô Marie, parce que vous avez cru en l’accomplissement de tout ce qui vous a été dit » Luc. I, 45.

Bienheureuse êtes-​vous, ô Marie ! Le Père d’amour et de misé­ri­corde, par l’entremise de Gabriel, vous révèle l’intégralité de son mys­tère d’amour et l’intégralité de la part qu’il vous pro­pose pour l’accomplir.

O Bienheureuse Vierge Marie, vous avez cru, et c’est inté­gra­le­ment que vous avez cru. Et le mys­tère d’amour s’est accompli.

A nous, à cha­cun de nous, de croire, et de croire inté­gra­le­ment : « celui qui croit pos­sède la vie éternelle »

Grâce à vous, il s’est fait chair ! Grâce à vous, il a habi­té par­mi nous. Grâce à vous, il s’est fait pro­pi­tia­tion pour nos péchés. Et nous voi­là fils de Dieu dans le Bien-aimé !

Bienheureuse Marie qui avez cru, Vous êtes la Reine et la Mère de la foi, le témoin et le modèle de la foi, la gar­dienne et la garante de la foi !

Et nous, com­bien bien­heu­reux sommes-​nous quand la Sainte Eglise notre mère nous donne la foi. Bienheureux sommes-​nous quand nous gar­dons inté­gra­le­ment cette foi, quand nous vivons inté­gra­le­ment notre foi, quand nous défen­dons jusqu’au bout l’intégralité de notre foi.

L’Histoire, la seule Histoire, c’est l’histoire de Dieu, l’Histoire du monde comme notre propre his­toire, c’est l’histoire de Dieu dans le mys­tère de son amour. L’histoire, la seule his­toire, mais c’est celle du mys­tère d’amour de notre, de notre Dieu. Ce mys­tère d’amour dépasse les éter­ni­tés d’éternité, ce mys­tère d’amour doit nous faire fran­chir nos éter­ni­tés ; « lui qui est notre joie, il sera notre récompense ! »

C’est pour­quoi, « tout ce qui a été fait, tout ce qui a été écrit, l’ont été pour que vous croyez que Jésus est le Christ, le fils de Dieu, et qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom » JO XX, 31.

Malheur à Lucifer, c’est dans sont inté­gra­li­té qu’il a refu­sé le plan d’amour de Dieu, qu’il a refu­sé de connaître et d’adorer le Fils de Dieu fait Homme, Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, Seigneur des Seigneurs et Roi des Rois, venu pour nous sau­ver et pour nous affi­lier en lui à son Père.

A ce mys­tère d’amour, il a sub­sti­tué son mys­tère d’iniquité : à l’amour, il a sub­sti­tué la haine et il a bran­di son com­mu­ni­qué de guerre : « non ser­viam », je ne ser­vi­rai pas, c’est moi qui me ferai ser­vir ; je n’adorerai pas, c’est moi qui me ferai ado­rer, je mène­rai la révolte contre le plan du Christ et je dam­ne­rai les âmes.

Bien com­prendre que ce mys­tère d’iniquité est inté­gral et irré­vo­cable, que nous sommes tous concer­nés, nous consti­tuons les points de mire pri­vi­lé­giés de Satan. C’est le com­bat sans quar­tier de notre vie, il se pour­sui­vra sans répit jusqu’à la fin des temps, il ne chan­ge­ra pas, il ne pour­ra chan­ger. Certes, Satan n’a de pou­voirs que ceux concé­dés par Dieu selon les des­seins de sa miséricorde.

Certes, d’autre part, le plan dia­bo­lique est constam­ment contra­rié par les pous­sées de la grâce, la vigi­lance de l’Eglise, les siècles de chré­tien­té, l’héroïsme des saints et cha­cun de nos efforts. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que le plan d’iniquité est pro­gres­sif, sa réa­li­sa­tion génia­le­ment éche­lon­née à tra­vers les siècles et des étapes dosées selon les circonstances.

Car il lui faut du temps pour façon­ner les esprits, pour les condi­tion­ner, pour les réduire, pour adap­ter les men­ta­li­tés aux chan­ge­ments suc­ces­sifs, les bana­li­ser, les nor­ma­li­ser, les accor­der à la conscience col­lec­tive. Seule doit régner la pen­sée unique qui, elle, vaga­bonde sur l’écran aux rythmes des sou­ris dia­bo­liques. Les contraires s’y bous­culent, mais la flèche ne change pas, et dans ces pas de danse, les esprits étour­dis sont réduits à l’esclavage. Nous n’aurons plus qu’à brou­ter la pen­sée unique et à la rumi­ner ; toute deshu­ma­ni­sa­tion n’est que la fille unique de la déchris­tia­ni­sa­tion. Nous voi­là dés lors des bêtes que le lion rugis­sant peut déli­bé­ré­ment dévorer.

Si ce n’était qu’une éven­tua­li­té ? Mais quel autre sort peut envier notre nature humaine, si fra­gile et si incons­tante ! Si pour gra­vir le mys­tère d’amour, il faut mon­ter, par contre pour échouer dans le mys­tère d’iniquité, il suf­fit de glis­ser. Et l’homme est un être qui glisse, qui ne cesse de glis­ser, qui ne voit pas qu’il glisse, qu’il a fini par glis­ser jusqu’en bas. Et pour­tant il s’obstine à ne pas le voir, à ne pas croire qu’il a glis­sé. Il se déclare fidèle, et plus fidèle que jamais, c’est com­mun, c’est une pitié. C’est très com­mun : si, d’un côté les durs s’endurcissent tou­jours, les mous, eux, s’amollissent à jamais. Et la cause perd ses meilleurs défen­seurs, et la cause elle-​même est per­due à jamais. Les forces occultes ricanent, l’occupation inté­grale se poursuit.

Rappelons les étapes-clés :

- La ten­ta­tion de nos pre­miers parents : « vous serez comme des dieux », en réa­li­té dieux vous-​mêmes, sans plus besoin d’autre Dieu.

- La pas­sion de N.S.J.C : au fond dans sa vic­toire écla­tante : « tout est accom­pli » Mais pour les sup­pôts de Satan, « nous ne vou­lons pas qu’il règne sur nous ! »

- La révo­lu­tion Française, apo­lo­gie du « non ser­viam », insur­rec­tion sacri­lèges léga­li­sée, contre Dieu et contre son œuvre, la révolte est éri­gée en prin­cipe et comme fon­de­ment de l’anti-société, néga­tion sys­té­ma­tique de toute auto­ri­té, celle aus­si de l’Eglise elle-​même : « écra­sons l’infâme » et nous abou­tis­sons à la der­nière étape, c’est l’assaut fatal, la vic­toire appa­rente du mys­tère d’iniquité. Ce qui la carac­té­rise c’est que, d’une part jusque là, les enne­mis atta­quaient de l’extérieur, alors que désor­mais les attaques sont lan­cées de l’intérieur d’une néo-​Eglise occu­pée, infil­trée. D’autre part, si jusque là l’Eglise était un bas­tion à défendre, désor­mais, c’est un bas­tion à recon­qué­rir, à délivrer.

Je vais cer­tai­ne­ment paraître exces­sif ! Je l’espère comme Celui qui est tout, la Voie, la Vérité, la Vie, et cela reste tou­jours « scan­dale pour le Juifs et folie pour les gen­tils » Alors cramponnez-​vous à Celui qui est la Vérité, et cramponnez-​vous bien : je n’interviens qu’en conscience, par fidé­li­té à la foi et par amour du Seigneur Jésus Christ et de son Eglise, une, sainte, catho­lique, apos­to­lique et romaine. Jésus, seul, « tout le reste vient du malin » Et ce concile vient du MALIN : Mgr LEFEBVRE, affir­mait : « Ils ont tour­né le dos à la véri­table Eglise. Ce concile, cet évè­ne­ment rui­neux pour l’Eglise catho­lique et toute la civi­li­sa­tion chré­tienne, n’a pas été conduit par l’Esprit-Saint »

Comment a‑t-​il donc été conduit et diri­gé ? Programmé par les forces occultes infil­trées, convo­qué pour impo­ser leur pro­gramme, confis­qué dés la pre­mière ses­sion par les Modernistes, il ne vou­lait ni ne pou­vait être selon l’intention de l’Eglise : gar­der et trans­mettre le Dépôt de la foi. Il deve­nait un mort-​né et ne consti­tuait plus qu’une assem­blée infor­melle, aux appa­rences trom­peuses d’un Concile. Cette Assemblée fan­tôme a sub­sti­tué à la Sainte Eglise une néo-​Eglise conci­liaire anti­ca­tho­lique. Ce concile est mor­tel, mort mor­ti­fère, mor­ti­cole. Ces assas­sins n’avaient d’autre but que d’intégrer l’Eglise à leur synar­chie et de déna­tu­rer la foi en spi­ri­tua­lisme éso­té­rique. L’Eglise conci­liaire est anti­ca­tho­lique, uni­ver­selle, noa­chide, cos­mique, adog­ma­tique, huma­niste, libé­rale et laïque.

Replaçons ce concile dans son contexte. Déplorons-​le dans cette élé­gie tra­gique. Le Concile, c’est l’apothéose du « non ser­viam » de Lucifer : insur­rec­tion sacri­lège contre Dieu, son Ouvre son mys­tère d’amour. C’est la néga­tion sacri­lège du règne social de du Christ-​Roi. Le Concile c’est l’apothéose du ser­pent sif­flant à nos pre­miers parents : « vous serez comme des dieux » C’était l’instauration de l’humanisme intégral.

Le Concile, c’est l’apothéose du renie­ment inté­gral du Dieu cru­ci­fié au Golgotha : « nous ne vou­lons pas qu’il règne sur nous ». Le Concile, c’est l’apothéose de la Révolution fran­çaise : le culte sacri­lège de l’homme deve­nu Dieu et Maître, et la Déclaration sacri­lège des droits de l’homme. Le Concile, c’est l’apothéose de la Révolution : « en tiare et en chape » l’apothéose de la vic­toire appa­rente du mys­tère d’iniquité sur le mys­tère d’amour. Ce Concile est vrai­ment l’apothéose de l’apostasie totale. La ques­tion se pose alors : le Concile sévit depuis déjà plus d’un ½ siècle, pour­quoi sou­dain à nou­veau, cette levée de boucliers ?

Réponse : le les­si­vage des esprits, qui a sui­vi cha­cune des offen­sives de déchris­tia­ni­sa­tion s’est inten­si­fié et appuie la vic­toire appa­rente sur le mys­tère d’iniquité. Parallèlement et en consé­quence, se sont inten­si­fiées, la déper­di­tion de la foi, l’aveuglement des esprits sur le vrai com­bat et sur les vrais enne­mis. Le cou­rage s’est affai­bli, la las­si­tude, l’abandon, le décou­ra­ge­ment peut-​être ont sui­vi, et sur­tout, nous sommes deve­nus des habi­tués sans plus de réac­tion. Les oppo­sants qui per­sé­vèrent, semblent lut­ter contre des mou­lins à vent. En toute réa­li­té, la Tradition soufre d’une hypo­ten­sion qui ne peut que lui être fatale.

Il est plus que temps, il faut se réveiller, se redres­ser, retrou­ver l’enjeu du com­bat et renouer har­di­ment aux pre­mières lignes. Jésus, seul Jésus, la véri­té inté­grale. Sa Sainte Eglise, seule, pour rece­voir et trans­mettre le Dépôt inté­gral. Hors du Christ, hors de l’Eglise, c’est l’erreur inté­grale. Contre le Christ inté­gral, contre l’Eglise inté­grale, c’est l’erreur inté­grale. Le Concile, hors du Christ inté­gral, contre l’Eglise inté­grale, c’est l’erreur inté­grale. C’est le ser­pent qui siffle, c’est la perte inté­grale des âmes.

Tout un cha­cun est mena­cé, et même ten­té, et par­fois tel­le­ment ten­té. Nous voi­là bien en état de légi­time défense, voi­là notre Christ à nou­veau devant Pilate, voi­là notre Eglise en état d’asphyxie, elle ne vie que par ses deux pou­mons : la parole de Dieu et la tradition.

Nous avons le droit strict de lut­ter contre l’erreur inté­grale. Nous avons le devoir impé­rieux de défendre notre foi. Nous vou­lons gar­der notre foi catho­lique, au prix même de notre vie. D’autre part, telle a bien été la volon­té de Dieu quand il nous a ins­tal­lés dans ce monde, quand son Eglise nous a pro­di­gué la foi, quand ces grâces sont inter­ve­nues en de telles cir­cons­tances et en ces temps d’apostasie endémique.

Choisi, Dieu nous a choi­sis pour une mis­sion exal­tante. Nous sommes armés de toute la grâce néces­saire. Dieu veut avoir besoin de nous pour sa gloire, pour la libé­ra­tion et l’exaltation de sa Sainte Eglise, pour la res­tau­ra­tion inté­grale de son règne social. A lui, Roi du ciel et de la terre, gloire et louange à jamais. Dès le « non ser­viam » Dieu a choi­si St Michel. Dès le désastre d’Adam et Eve, Dieu a choi­si la pleine de grâce, « ter­rible comme une armée ran­gée en bataille ». Dès l’offensive conci­liaire, Dieu à choi­si cette légion de com­bat­tant de la foi, cotte de mailles bien arri­mées. Rendons hom­mage à ces héros de la pre­mière heure, fleu­rons de la Tradition, des abbés, COACHE à Mgr LEFEBVRE.

Mais au fil des ans, nous avons flan­ché, et nous ne ces­sons plus de flan­cher : la durée sans fin de l’épreuve et l’épuisement, le cli­mat de tran­chées et cette déper­di­tion de la foi, les pièges conti­nuels et nos divi­sions éter­nelles, les doutes et les décou­ra­ge­ments, un cer­tain mal de ral­lie­ment et le besoin des bras mater­nels de notre Eglise !… Attention ! le com­bat ne peut être qu’in­té­gral et de jour et de nuit. Qui se veut conci­liant ter­mine conci­liaire. Qui croit pou­voir s’in­té­grer se dés­in­tègre aus­si­tôt. Qui louche sur l’er­reur perd ses deux yeux. Qui accorde des droits à l’er­reur s’en­gouffre lui-​même dans l’er­reur inté­grale, il en vient même à employer, comme le sys­tème, l’oe­cu­mé­nisme conci­liaire. Attention ! Ce Concile, le dénon­cer, le refu­ser, lui, son esprit et ses appli­ca­tions, et sur­tout ne pas essayer de le rafis­to­ler, de le tri­tu­rer, de le char­cu­ter, n’en plus tenir compte et l’oublier.

J’insiste, je reprends, je répète. Non, ce ne sont pas des répé­ti­tions, c’est un refrain, ce sont des vagues obs­ti­nées : la tra­di­tion est en grave hypo­ten­sion, et vous en avez assez d’être à part, vous rêvez d’être « comme tout le monde » vous pre­nez le pas, le mau­vais, sur les conci­liaires, vous les dépas­sez d’autant. Mes chers frères tra­di­tion­na­listes, vous vous sen­tez démo­dés, dépas­sés, ridi­cules, vous avez honte et vous cher­chez à vous dédoua­ner, vous êtes deve­nus ter­ri­ble­ment dan­ge­reux tout en n’étant plus rien. Mes amis, en clair, vous tra­his­sez et vous poi­gnar­dez dans le dos la tra­di­tion en chan­tant des Alléluia !

Persévérez dans le com­bat, ce doit être jusqu’à la vic­toire. Persévérez et triom­phez, c’est vivre inté­gra­le­ment le mys­tère d’amour, c’est accom­plir inté­gra­le­ment la Volonté de Dieu en deve­nant des saints en toute inté­gra­li­té. Fils de Dieu, vous devez res­ter inté­gra­le­ment les témoins du Christ, les sol­dats du Christ. C’est la guerre, vous êtes mobi­li­sés pour exor­ci­ser le néo-​Eglise conci­liaire et libé­rer la Sainte Eglise du Christ, et pour res­tau­rer inté­gra­le­ment le règne du Christ sur ses domaines.

Heureux, bien­heu­reux élus de la Tradition, gar­dez vôtre la foi inté­grale, com­bat­tez jusqu’au bout de votre foi. Votre com­bat pren­dra la mesure de votre foi inté­grale. Elle, la Bienheureuse, elle a cru, mais avec la foi inté­grale. Elle, la Reine et Mère de la foi, le témoin et le modèle de la foi, la gar­dienne et la garante de la foi, nous appelle à ser­rer les rangs der­rière elle, pour le com­bat inté­gral de la foi.

Au cal­vaire, Elle demeu­rait debout, mais déjà son talon se for­ti­fiait et le Malin com­men­çait à trem­bler. Pour le com­bat, c’est au pied du Calvaire que nous rejoi­gnons et que nous redres­sons nos talons.

A la Salette, la Sainte Mère san­glo­tait, et nous la rejoi­gnons pour pleu­rer avec elle, sur nous-​mêmes et sur tous ceux qui sont cause de ces san­glots, pour com­battre avec elle.

A Fatima, la Toute – Puissante nous a pro­mis la vic­toire, sa vic­toire : « à la fin mon cœur imma­cu­lé triom­phe­ra » Et déjà, grâce à votre com­bat, d’un hori­zon inon­dé d’espérance, pointe sur le car­mel, le tout petit nuage. Et il gros­sit. Alors, ô Mère bien aimée, la fin, cette fin que vous annon­cez, est-​ce pour bientôt ?

Ainsi-​soit-​il !

Père Maurice Avril

Notice biographique

Le Père Maurice AVRIL, est né à Oran en 1923 de parents pro­fon­dé­ment chrétiens.

En 1948 il est ordon­né Prêtre à Alger. L’œuvre de sa vie sera, à la suite du bien – heu­reux Père de Foucault, la conver­sion des musulmans.

Ancien pro­fes­seur de sémi­naire et diplô­mé en chant Grégorien de l’institut Pontifical de musique sacrée de Rome, venu en France il sera dit : le « Père des Harkis » pour les­quels il a don­né toute son énergie.

Aujourd’hui il anime l’œuvre qu’il a crée au Liban « l’Œuvre de l’Ave Maria » qui est deve­nue un groupe sco­laire pour les petits Libanais. (B.P. 420 ASSIA BATROUM LIBAN. Tel : 00 961 670 50 51, avemarialiban@​yahoo.​fr)