Lettre n° 37 de l’abbé Franz Schmidberger aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX d’octobre 1989

Chers Amis et Bienfaiteurs,

l y a quelques jours, Mgr Lefebvre, accom­pa­gné de quelques-​uns de ses fils dans le sacer­doce, se ren­dait en pèle­ri­nage à Fribourg, pour com­mé­mo­rer le ving­tième anni­ver­saire des tout-​premiers débuts de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X. En effet, c’est le 13 octobre 1969, au « Foyer Don Bosco », 106 route de Marly, que se réunis­saient autour de lui les pre­miers dis­ciples, par­mi les­quels Mgr Tissier de Mallerais, actuel secré­taire géné­ral, et M. l’abbé Paul Aulagnier, supé­rieur du dis­trict de France. Un peu plus tard on devait se trans­por­ter dans une mai­son acquise, 50, route de la Vignettaz, tan­dis qu’à l’automne 1970, avec l’autorisation de l’évêque de Sion, Ecône ouvrait ses portes. Et le 1er novembre de cette même année, Mgr Charrière, évêque de Fribourg, don­nait à la Fraternité Sacerdotale l’approbation ecclé­sias­tique, sous le patro­nage du sou­ve­rain Prêtre, Notre Seigneur Jésus-Christ.

Les pre­mières ton­sures et les pre­miers ordres mineurs furent confé­rés dans la petite cha­pelle de pèle­ri­nage Notre-​Dame de Bourguillon, située aux portes de Fribourg, où la très Sainte Vierge est véné­rée sous le nom de « Notre-​Dame du Mont Carmel » et « Gardienne de la foi », et où les ins­crip­tions et ex-​voto témoignent des nom­breux miracles accom­plis par Marie en cette chapelle.

Ces évé­ne­ments et leurs cir­cons­tances n’étaient-ils pas déjà le som­maire de cette œuvre, main­te­nant répan­due dans le monde entier ? La foi en la divi­ni­té de Jésus-​Christ à conser­ver, défendre et pro­té­ger sous le man­teau pro­tec­teur de sa très sainte Mère, tout en pro­po­sant les moyens : une nou­velle géné­ra­tion de prêtres munis de l’esprit de l’Eglise ; telle est notre vocation.

Tous ceux qui, au cours de ces vingt années, nous ont tour­né le dos, en par­ti­cu­lier après les sacres épis­co­paux de l’an der­nier, n’ont pas assez ou même pas du tout com­pris la mis­sion sur­na­tu­relle d’une vie et d’une œuvre issues de la foi seule. Ils ont pré­fé­ré la faveur des hommes à la gloire de Dieu. Mais faut-​il s’étonner d’autre part qu’en ces temps apo­ca­lyp­tiques, le malin Ennemi cherche sans relâche par ses assauts et ses séduc­tions à nous affai­blir tant de l’extérieur qu’à l’intérieur ? Jamais peut-​être dans les annales de la Fraternité, n’avons-nous eu à subir de si nom­breuses et rudes épreuves qu’en ces der­niers mois, par­ti­cu­liè­re­ment en Amérique du Sud, où cinq confrères ont tra­hi, arra­chant avec eux vingt séminaristes.

Pourtant, au milieu des tri­bu­la­tions, nous ne sau­rions assez remer­cier le Dieu Trine de tous les bien­faits, béné­dic­tions et grâces dont il nous comble jour après jour sur­abon­dam­ment : puri­fiés spi­ri­tuel­le­ment par l’épreuve, nous avons pu arro­ser et fécon­der de larmes et de sueurs notre champ d’apostolat. Pour la pre­mière fois, il nous faut cette année un nombre à trois chiffres pour comp­ter les voca­tions de sémi­na­ristes, Frères, Sœurs et Oblates ; à ce pro­pos, nous nous réjouis­sons spé­cia­le­ment des huit voca­tions pro­ve­nant de pays asia­tiques. De nou­veaux prieu­rés, écoles et cha­pelles ont pu s’ouvrir ; le dis­trict bri­tan­nique, en par­ti­cu­lier, a réus­si à ache­ter une belle église à Liverpool et de même à Manchester. Mais ce qui est le plus impor­tant, pen­dant toute l’année nous avons célé­bré une messe en l’honneur de la sainte Vierge en action de grâces pour les sacres épis­co­paux du 30 juin 1988 ; et les confrères se sont spon­ta­né­ment offerts à pour­suivre ces célé­bra­tions, afin que chaque jour résonne au sein de la Fraternité la plus haute louange mariale et que l’œuvre soit tou­jours et encore consa­crée à Celle qui est vic­to­rieuse dans toutes les batailles de Dieu.

Nous semble éga­le­ment impor­tante l’adoration per­pé­tuelle qui sera menée à tour de rôle dans les cha­pelles de la Fraternité à par­tir du 1er dimanche de l’Avent, dans une triple intention :
– le retour de Rome et des évêques à la doc­trine tra­di­tion­nelle de l’Eglise,
– la sanc­ti­fi­ca­tion des prêtres et des can­di­dats au sacerdoce,
– l’éveil de voca­tions sacer­do­tales et religieuses.

L’importance que revêt cette der­nière pré­oc­cu­pa­tion, face à l’étendue de la mois­son et au petit nombre des ouvriers, res­sort du fait qu’une fon­da­tion nous est deman­dée à genoux par les fidèles de pas moins treize nou­veaux pays. Prenez donc part, chers amis et bien­fai­teurs, avec zèle et dévoue­ment, à cet apos­to­lat de l’adoration, qui marche la main dans la main avec la croi­sade de l’Intronisation du Sacré-​Cœur dans les familles. Car c’est là, dans la famille catho­lique, que doivent être de nou­veau recon­nus et vécus la royau­té de Jésus-​Christ, son Evangile, sa loi, l’ordre sur­na­tu­rel de sa grâce, exac­te­ment comme jadis à Béthanie, et mille fois plus encore dans la petite mai­son de Nazareth. La famille catho­lique devient alors un sanc­tuaire et un ber­ceau de nom­breuses voca­tions, et ces voca­tions sacer­do­tales et reli­gieuses vien­dront à leur tour plus tard sanc­ti­fier les familles catholiques.

De non moindre impor­tance se trouve être la Croisade eucha­ris­tique des enfants res­sus­ci­tée par nos abbés, et dont la devise : « prie, com­mu­nie, sacrifie-​toi, sois apôtre » décrit par­fai­te­ment le pro­gramme de la Fraternité elle-​même. Nous ne vou­lons pas non plus omettre le cours de caté­chisme par cor­res­pon­dance dis­pen­sé si fruc­tueu­se­ment depuis plu­sieurs années par nos Sœurs de Saint-Michel-en-Brenne.

Devant un monde où les deux blocs Ouest et Est, se dis­solvent len­te­ment pour faire face, aux applau­dis­se­ments de la Rome et des évêques qui tra­hissent la foi, à une nou­velle ère, celle-​là même du mou­ve­ment « New-​Age », avec un unique gou­ver­ne­ment mon­dial et une unique reli­gion uni­ver­selle, et où Monsieur Gorbatchev est véné­ré comme sau­veur du monde, comme naguère Notre Seigneur Jésus-​Christ, je vous adresse, chers amis, les mots de Celui qui est seul la Voie, la Vérité et la Vie, et en dehors duquel il n’y a pas de salut : « Ne crai­gnez pas, petit trou­peau ; car il a plu à votre Père de vous don­ner le Royaume ». « Nolite timere, pusil­lus grex, nolite timere » (Lc, 12, 32).

Rickenbach, le 16 octobre 1989, fête de sainte Hedwige

Abbé Franz Schmidberger

Supérieur géné­ral

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