Communiqué de l’ACIM du 26 avril 2008

Une infirmière française témoigne de son apostolat à Rosa Mystica, la mission de l’ACIM en Asie

Lire nos repor­tages sur la Mission Rosa Mystica des Philippines.

« La vie que je mène ici com­mence à s’or­ga­ni­ser un peu plus ! C’est la pre­mière semaine où mon pro­gramme est à peu prés défi­ni : lun­di et mar­di à Sainte Elisabeth ; mer­cre­di et ven­dre­di à Mother and Child ; jeu­di jour de « congé » ; same­di à défi­nir ; et dimanche, caté­chisme pour les enfants !

À la cli­nique Sainte Elisabeth, je tra­vaille en pédia­trie ; il n’y a actuel­le­ment que sept patients, atteints de pro­blèmes bron­chiques ou gas­triques. Pas beau­coup d’activité, donc. Mais je devrais pou­voir chan­ger de ser­vice dès la semaine prochaine.

À Mother and Child, il y a tou­jours beau­coup de besogne avec quelques urgences (pour mes amies infir­mières, une patiente est par exemple arri­vée avec 23 de ten­sion ; et Ma’am Gloria se sou­vient d’une patient qui « affi­chait » une ten­sion à 30!!!). Je vois là beau­coup de gens et j’essaye de pro­gres­ser dans les deux prin­ci­paux dia­lectes : c’est assez sym­pa­thique. Une infir­mière m’a même invi­tée (il semble que ce soit un hon­neur pour elle) à l’an­ni­ver­saire de sa fille cet après-midi ?!?

Lorsque Judith me disait qu’il me fau­drait bien deux mois pour me fami­lia­ri­ser avec ce pays, je ne la croyais pas ! Je com­mence à me rendre compte, en pre­nant petit à petit mes repères, qu’elle n’avait pas tort ! Et ce n’est pas fini ; d’a­près ce que me raconte Yolly, mon appren­tis­sage ici est loin d’être ter­mi­né. Je me deman­dais pour­quoi je res­sen­tais l’im­pres­sion d’être un peu, comme « étran­gère », tenue à part. Je com­prends main­te­nant qu’on évite de mon­trer aux « étran­gers » ce qui pour­rait les choquer. 

Je m’ex­plique : Yolly m’a dit que ma pré­sence à Sainte Elisabeth et à Mother and Child ne ser­vait qu’à me faire pro­gres­si­ve­ment décou­vrir le sys­tème de san­té dont peuvent béné­fi­cier les habi­tants les moins pauvres d’i­ci. Quelle sera donc la suite de cet « apprentissage » ?

Car il y a déjà cer­taines choses sur­pre­nantes. Par exemple, avant-​hier, j’en­tends : « il y a un arrêt car­diaque en ser­vice de méde­cine ». Le « cha­riot d’ur­gence » est pour­tant déte­nu par le ser­vice pédia­trie, mais per­sonne ne se bouge autour de moi ? L’explication est simple : avant de faire quoique ce soit, il faut d’abord déter­mi­ner si le patient (ou l’un de ses proches) pour­ra payer la réani­ma­tion ! Un autre jour, nous trans­fé­rons une patiente car il est avé­ré qu’elle ne pour­ra plus payer sa chambre ; et, à l’inverse, nous voyons aus­si cou­ram­ment des patients qui sont obli­gés de res­ter à l’hô­pi­tal, en atten­dant de pou­voir payer les soins qu’ils y ont déjà reçus. Incroyable !

Yolly m’a annon­cé que, d’ici à 3 ou 4 semaines, je pour­rai arrê­ter de tra­vailler là où je suis actuel­le­ment, pour aller dans des endroits vrai­ment pauvres, comme l’hô­pi­tal public. Car, si j’ai bien com­pris, les enfants que nous avons caté­chi­sés dimanche der­nier ne comptent pas par­mi les plus pauvres.

Yolly com­mence en même temps à me racon­ter quelques his­toires vécues. Celle-​ci, par exemple, que j’essaye de vous livrer comme elle m’a été donnée.

Elle a tra­vaillé un moment dans une école ; les pro­fes­seurs avaient choi­si d’offrir le lunch pour moti­ver quelques enfants à venir régu­liè­re­ment. Un jour, elle se rend compte que l’un d’entre eux ne vient plus. Elle trouve cela bizarre et décide d’al­ler le voir chez lui. Ses parents habi­taient dans la mon­tagne. Ok ! La voi­là par­tie avec sa bou­teille d’eau ! Pour elle, cette expé­di­tion a été comme une virée en enfer ! Le soleil, la végé­ta­tion brû­lée, seule, déshy­dra­tée. Elle arrive à la petite cabane. Une grand-​mère lui offre de l’eau de « la rivière » dans une noix de coco noire de sale­té ! Difficile de refu­ser ! Et après elle a cru se retrou­ver dans un film d’hor­reur : la « mai­son » toute sombre, pas de plan­cher, le gamin dans un coin avec une fièvre de che­val, l’aî­né res­sem­blant à un sque­lette, la grand-​mère ne com­pre­nant pas un mot de visaya ou de taga­log. Épouvantable.

Elle leur pro­met de reve­nir avec des médi­ca­ments et de la nour­ri­ture. Mais une fois de retour à l’é­cole, elle se fait gron­der : « vous êtes folle, c’est un lieu de guerre entre mili­taires et rebelles musul­mans, je vous inter­dis de retour­ner là-​bas ». Et voi­là, des années après, quand elle me raconte cette his­toire, elle en pleure encore, car elle n’a jamais pu hono­rer la pro­messe faite ce jour-​là.

Il faut savoir qu’i­ci, les com­bats entre mili­taires et rebelles musul­mans ont lieu régu­liè­re­ment dans les mon­tagnes. Il est donc for­te­ment décon­seillé d’al­ler s’y bala­der, sur­tout si vous êtes infir­mières. Ces compétences-​là valent bien un kid­nap­ping ! Après tout, s’il est pénible et même par­fois insup­por­table, le bruit à GenSan est pro­ba­ble­ment préférable !!! 

Autre ins­tants de vie : Yolly et une ving­taine d’infirmières doivent visi­ter une école dans la mon­tagne pour don­ner des conseils …, mais elles n’ont mal­heu­reu­se­ment pas choi­si le bon jour ! Voilà ces 21 infir­mières de blanc vêtues, au beau milieu d’un « accro­chage entre rebelles musul­mans et mili­taires ! Yolly me racon­tait cela parce qu’avant cette aven­ture, elle vou­lait ser­vir comme ambu­lan­cière sur les champs de bataille ; mais après, elle était beau­coup moins… moti­vée pour ce métier ! Saisies de peur, elles veulent par­tir, mais les mili­taires leur ordonnent de res­ter pour soi­gner leurs bles­sés. Finalement, elles ont tout de même pu par­tir en leur disant qu’elles revien­draient quand ça serait plus calme et qu’il y aurait effec­ti­ve­ment des blesses à soi­gner !Grâce aux conver­sa­tions avec Yolly, je prends conscience d’une chose : ici, la pau­vre­té est par­tout bien éta­blie. Il y a beau­coup de mis­sions médi­cales, mais mise à part Rosa Mystica, aucune n’est rat­ta­chée à la Tradition Catholique. De plus, les moyens maté­riels et finan­ciers dont dis­pose Rosa Mystica sont bien insuf­fi­sants pour pré­tendre aider tous ces gens comme les béné­voles de la mis­sion aime­raient le faire. Et « Crésus » n’est pas encore venu s’inscrire comme béné­vole ! L’aide maté­rielle res­treinte que la mis­sion apporte sert donc sur­tout à tâcher d’atteindre au prin­ci­pal : émou­voir quelques cœurs et quelques âmes pour les ame­ner à recon­naître Notre Seigneur Jésus Christ comme le modèle de ceux qui souffrent. Pour leur pro­po­ser d’accepter et d’offrir leurs propres souf­frances afin de Le rejoindre dans le ciel. Rien de bien nou­veau : mais c’est fina­le­ment très pre­nant, très exi­geant aus­si ; et à y bien regar­der, enthousiasmant !
Car cette action auprès des malades, n’est pas iso­lée de ce qui est dû aux gens dits bien por­tants ! Les étran­gers sont en effet regar­dés comme des princes, ici. Et d’une cer­taine manière, les moyens maté­riels dont ils (tou­ristes, hommes d’affaire, mis­sion­naires de tout bord …) dis­posent confortent les « natives » dans cette admi­ra­tion indue. 

Mais si vous vous bala­dez en jupe, que vous por­tez une croix, que vous priez le cha­pe­let quo­ti­dien­ne­ment, les prières avant et après les repas… les gens vous posent rapi­de­ment des tas de ques­tions sur cette reli­gion qui vous pousse à faire tant de choses bizarres ; et cela donne lieu à des conver­sa­tions très inté­res­santes. Un peu dur cepen­dant pour moi, car désor­mais, il faut que j’ar­rive à expli­quer – in English – le pour­quoi de ces bonnes habi­tudes de la Sainte Eglise catholique.

Et voi­là : je suis reve­nue au domi­cile de Cherry. Ses trois enfants sont très contents, et elle-​même se met en quatre pour me faire plai­sir. Là aus­si j’at­tends avec un peu d’an­xié­té ses ques­tions. Bien qu’elle s’affirme catho­lique, elle est en effet très enga­gée dans l’activité d’une loge « Free Mason ». Malgré les affir­ma­tions de Yolly qui lui répète qu’il est impos­sible (sans men­tir ou sans dom­mages) de ser­vir à la fois l’une et l’autre. Ce que Cherry semble ne pas com­prendre ! Quelques dis­cus­sions « phi­lo­so­phiques » en perspective. 

Là encore, votre aide ne serait pas super­flue : comme beau­coup d’autres, j’ai une (petite) connais­sance des prin­cipes anti-​catholiques qui sous-​tendent le phé­no­mène franc-​maçon. Mais de là à trou­ver ce qu’il convient de dire à une per­sonne droite, pour lui faire sen­tir que les appa­rences d’altruisme et d’élévation intel­lec­tuelle qu’elle admire dans la franc-​maçonnerie camouflent une réa­li­té bien dif­fé­rente, il y a un grand pas. Des idées ?…

Nous atten­dons désor­mais avec impa­tience Béatrice, une Française qui rejoint le 12 mai la mis­sion pour un mois ; elle a une bonne expé­rience comme secré­taire, et le tra­vail ne va pas lui manquer. 

Juste avant son arri­vée, les 9, 10 et 11 mai, le pèle­ri­nage de Bohol aura eu lieu : Bohol se trouve sur l’île de Luzon (à vos cartes !). On peut com­pa­rer ce pèle­ri­nage à celui de Chartres : 70 bons kilo­mètres de prières et de chants en trois jours sous un soleil brû­lant. C’est aus­si l’oc­ca­sion pour les Philippins de se retrou­ver et d’or­ga­ni­ser au cours d’une veillée un concours entre toutes les régions. Certaines com­mencent à pré­pa­rer leur spec­tacle dès le mois de décembre ! 

Bon : et bien je crois que je vais arrê­ter mon « petit roman » pour aujourd’­hui ; je vais pré­pa­rer les ques­tions que je veux poser à Yolly à pro­pos de la mis­sion sous la forme d’une interview !

Clotilde BUR

N.B – Si vous vou­lez aider la mis­sion de l’Acim, chèque au nom de AcimAsia à envoyer à :

Dr Jean-​Pierre Dickès
2, route d’Equihen
62360 St-Etienne-du-Mont

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