ACIM du 12 février 2011 – Bébés médicaments : le double désespoir

Le Professeur René Frydman vient de mettre au monde le pre­mier « bébé médi­ca­ment » en France qu’il ose appe­ler le« bébé du double espoir ». D’autres ont déjà été « fabri­qués » ailleurs depuis dix ans. Il faut noter d’a­bord cet effet d’an­nonce sur­vient comme par hasard en plein débat par­le­men­taire durant lequel sont dis­cu­tées des pos­si­bi­li­tés éven­tuelles de la mani­pu­la­tion embryonnaire.

Ce « bébé médi­ca­ment », nous l’ap­pel­le­rons celui du double ou du qua­druple désespoir. 

Désespoir de savoir que la fécon­da­tion in vitro qui a per­mis cette nais­sance a sup­pri­mé d’emblée des dizaines d’embryons, ceci étant propre aux échecs de la tech­nique. Que les sur­vi­vants ont subi eux-​mêmes une double sélection.La pre­mière concer­nant une mala­die dont ils auraient pu être atteints ; et la seconde, sélec­tion­nant les fac­teurs immu­no­lo­giques en vue d’une implan­ta­tion com­pa­tible avec l’en­fant rece­veur. Il s’a­git bien d’une double sélec­tion de type eugé­nique. Or toute sélec­tion eugé­nique est répri­mée lour­de­ment par la loi (article 511.11 du code pénal) en rai­son de ce qui a pu être fait dans un noir pas­sé et qui laisse un dou­lou­reux sou­ve­nir. Que font donc les procureurs ? 

Le deuxième déses­poir sera cer­tai­ne­ment celui du petit être­qui vient de naître. Tôt ou tard il appren­dra qu’il a été mis au monde pour ser­vir d’ob­jet de pré­lè­ve­ment des­ti­né à gué­rir son frère. Evidemment per­son­nene connaît à ce jour les consé­quences psy­cho­lo­giques qui en résul­te­ront pour­lui. D’autant que de pré­lè­ve­ment du cor­don ombi­li­cal, il risque de pas­ser en cas d’é­chec au pré­lè­ve­ment de moelle osseuse. Comment un enfant deve­nu réserve de cel­lules souches pourra-​t-​il se récuser ?

Ultérieurement il sau­ra qu’il est issu d’une sélec­tion impi­toyable, et qu’il est un sur­vi­vant. C’est le syn­drome des « sur­vi­vors » par ana­lo­gie aux sol­dats amé­ri­cains qui sur­vi­vaient après une embus­cade alors que leurs frères d’armes gisaient sur le ter­rain. Ce syn­drome fait des ravages chez les enfants nés par fécon­da­tion in vitro. Personne n’en parle. 

Que conclure sinon par la simple ques­tion posée par une émis­sion de télé­vi­sion récente. L’homme ne se prend-​il pas pour Dieu ? En atten­dant, nous assis­tons à une mar­chan­di­sa­tion, une cho­si­fi­ca­tion de l’être humain qui est désor­mais au pou­voir des biologistes.

Quant à l’ad­di­tion du coût de l’ex­ploit à la gloire du Professeur Frydman ? C’est à lui que la socié­té doit deman­der des comptes. A défaut de voir la Cour du même nom lui demander. 

Dr. Jean-​Pierre DICKES, Président de l’ACIMPS

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