« Ce que nous ne devons pas dire »

In Mysterium Fidei n° 32

Nous allons fêter au mois de novembre, chers ter­tiaires, la fête de Tous les Saints. Alors ne disons pas : il est impos­sible à l’homme de deve­nir un saint. Ceux que nous allons hono­rer en ce jour étaient de notre race. Le même sang cou­lait dans leurs veines, leur esprit était sujet aux mêmes ver­tiges et leur cœur aux mêmes entraî­ne­ments.
Et ils forment, des légions que nul ne peut nombrer.

Ne disons pas : je suis trop jeune. Ste Agnès, Ste Cécile, Ste Philomène, St Dominique Savio, St Stanislas Kotska, St Louis de Gonzague n’é­taient pas des vieillards.

Ne disons pas : je me sanc­ti­fie­rais peut-​être au désert, dans la soli­tude, dans un cloître, mais dans le monde, il y a trop de séduc­tions. Ste Elisabeth, Ste Radegonde, Ste Hélène, St Edouard, St Henri, Louis IX vivaient bien dans le monde puis­qu’ils vivaient dans la cour. Un grand nombre était ter­tiaire de St François.

Ne disons pas : je me dois à ma famille, à mes affaires, je n’ai pas le temps. La mère des Macchabées n’avait-​elle pas sept enfants ? Ste Perpétue, Ste Jeanne de Chantal ont éle­vé une nom­breuse famille, et Ste Monique avait un fils qui lui cau­sa bien du cha­grin, lui don­na bien des peines et lui fit faire de longs et pénibles voyages ; St Joseph était char­pen­tier, St Victor et St Maurice mili­taires, St Grégoire séna­teur et St Thomas de Cantorbéry pre­mier ministre.

Ne disons pas : la dis­tance à par­cou­rir est trop grande. St Paul, St Ignace, Ste Marie l’Egyptienne, Ste Marie-​Madeleine, St Augustin, n’ont-​ils pas su bri­ser avec leur pas­sé ? Ne disons pas : plus tard. L’avenir n’est pas à nous. L’avenir est à Dieu…

Saluons en ces temps de la Toussaint nos frères qui ont empor­té la vic­toire sur le démon, sur le monde et sur eux-​mêmes. Parmi eux, com­bien de tertiaires ?

Saluons les apôtres, les mar­tyrs, les confes­seurs, les pon­tifes, les vierges, les saintes femmes.

Prions-​les de nous tendre une main secou­rable, et le che­min qu’ils ont par­cou­ru, nous le par­cour­rons à notre tour. 

Peut-​être, tan­dis que nous che­mi­ne­rons, les épreuves ne nous man­que­ront pas, mais notre cœur tres­sailli­ra de joie dans l’al­lé­gresse de la Résurrection.

Non, ne disons pas, aujourd’­hui sur­tout, et a for­tio­ri parce que nous sommes ter­tiaires : il est impos­sible à l’homme de deve­nir un saint.

François Fernandez †