Comprendrons-​nous enfin ?

Les nom­breux fidèles qui ont pu se joindre au pèle­ri­nage orga­ni­sé par la Fraternité à Fatima cet été res­te­ront, devant l’Histoire, les témoins des inci­dents insen­sés qui se sont dérou­lés dans le sanctuaire.

Ce 22 août, en la fête du Cour Immaculé de Marie, la belle pro­ces­sion de la Tradition, à la tête de laquelle s’a­van­çaient les quatre évêques de la Fraternité Saint-​Pie X et un nom­breux cler­gé, se met en marche pour rendre son hom­mage à la sainte Vierge.

Les cha­pe­lets et les can­tiques se suc­cèdent, tan­dis que cette longue colonne fer­vente sus­cite l’é­ton­ne­ment ou l’é­mo­tion des nom­breux tou­ristes ou pèle­rins qui la croisent. Plus d’un pense dans son cour qu’il n’a encore jamais vu un si beau recueille­ment ou doit remon­ter bien loin dans le temps pour retrou­ver des images équi­va­lentes. Cette prière, pensent les humbles por­tu­gais venus à Fatima ce jour-​là pour implo­rer la sainte Vierge, sera cer­tai­ne­ment enten­due et elle nous obtien­dra peut-​être l’ar­rêt de ces incen­dies ter­ribles qui ravagent tout notre pays.

La foule des pèle­rins tra­verse len­te­ment l’es­pla­nade pour accé­der à la cha­pelle où la Vierge est appa­rue aux trois pâtres de Fatima. Pour beau­coup d’entre eux, c’est la pre­mière fois qu’ils foulent ce sol béni, où Notre-​Dame est des­cen­due pour accueillir tous ses enfants de la terre. Ils sont venus des cinq conti­nents expri­mer à la sainte Vierge Marie toute leur affec­tion et voi­là l’ins­tant guet­té où enfin, à genoux devant la capel­hi­na, ils vont pou­voir lui confier tant d’in­ten­tions qui se trouvent au fond de leur cour, les leurs et toutes celles qui leur ont été confiées par d’autres âmes qui espèrent aussi.

Cette pro­fonde médi­ta­tion en laquelle ont com­men­cé à se perdre ces mil­liers de fidèles qui égrènent leur cha­pe­let est bru­ta­le­ment inter­rom­pue par le bruit de deux aspi­ra­teurs ! Les yeux clos par la prière se rouvrent et découvrent, stu­pé­faits, que devant les quatre évêques age­nouillés, devant tout le cler­gé de la Tradition et les pèle­rins qui les entourent, se pro­duisent, comme si de rien n’é­tait, plu­sieurs ména­gères qui ont pré­ci­sé­ment choi­si ce moment pour asti­quer la capel­hi­na comme elle ne l’au­ra sans doute jamais été de son his­toire. Une mal­en­con­treuse tri­via­li­té ? On aurait pu l’es­pé­rer quelques minutes si n’é­taient venus en ren­fort deux reli­gieuses qui, cette fois-​ci, s’emparent des micros et enjoignent cette foule qui prie le cha­pe­let, de bien vou­loir suivre main­te­nant leurs ins­truc­tions et leur chant. Cette fois-​ci, c’est bien clair pour tous : le sanc­tuaire a déci­dé de sou­mettre notre pèle­ri­nage à toutes les vexa­tions, à toutes les bri­mades qu’il a ima­gi­nées. Nous ne ver­rons pas le rec­teur du sanc­tuaire qui n’eut que le cou­rage d’en­voyer une poi­gnée de femmes pour s’op­po­ser à notre prière. Mais nous appren­drons à connaître sa détes­ta­tion de la tra­di­tion au hur­le­ment de la sono­ri­sa­tion du sanc­tuaire qui se déchaîne sou­dain et réus­sit à cou­vrir nos voix. A Fatima, les habi­tants sont éton­nés de ce qu’ils n’a­vaient jamais enten­du un tel volume sonore en pro­ve­nance de l’esplanade.

Le rec­teur du sanc­tuaire se nomme Monsieur l’ab­bé Guerra. C’est lui qui a déci­dé de réser­ver cet accueil à la Fraternité Saint-​Pie X. Mais il est bon de savoir que ce prêtre, res­pon­sable de l’un des lieux les plus saints de la chré­tien­té, est capable, quand il le veut, mais avec d’autres que nous, d’une hos­pi­ta­li­té déli­cieuse. Ceux qui se trou­vaient à Fatima le 5 mai 2004, ain­si que les télé­spec­ta­teurs por­tu­gais, ont pu voir, par exemple, une soixan­taine d’hin­dous menés par un grand-​prêtre de Lisbonne, arri­ver jus­qu’à la cha­pelle des Apparitions. Le grand-​prêtre – lui a pu mon­ter jus­qu’à l’au­tel de la cha­pelle – y a réci­té sa prière à la déesse de la nature qui peut se mani­fes­ter sous diverses repré­sen­ta­tions. Dans l’hin­douisme contem­po­rain, cette déesse est le plus sou­vent iden­ti­fiée à Kali qui compte huit bras et dont la peau est noire et les yeux rouges. Autour du cou, elle porte une élé­gante guir­lande de crânes mais son ultime coquet­te­rie est cer­tai­ne­ment la cein­ture de mains cou­pées qui orne sa taille.

On peut légi­ti­me­ment pen­ser que Monsieur l’ab­bé Guerra accueille­ra avec une géné­ro­si­té au moins égale ses frères musul­mans en rai­son de son ingé­nieuse trou­vaille de bien­ve­nue pour eux. Selon lui, Notre-​Dame a choi­si d’ap­pa­raître à Fatima parce que ce nom est celui de la fille du pro­phète Mahomet, fon­da­teur de l’Islam. Il en conclut qu’il s’a­git là d’une indi­ca­tion pro­vi­den­tielle à leur réser­ver ses meilleures faveurs.

Quant à ceux qui seraient un peu trou­blés de cette évo­lu­tion du sanc­tuaire, le rec­teur les pré­vient : « Le futur de Fatima, ou l’a­do­ra­tion de Dieu et de sa mère en ce saint sanc­tuaire, doit pas­ser par la créa­tion d’un sanc­tuaire où dif­fé­rentes reli­gions pour­ront se ren­con­trer cor­dia­le­ment. Le dia­logue inter­re­li­gieux au Portugal, et dans l’Église catho­lique, en est encore au stade embryon­naire, mais le sanc­tuaire de Fatima n’est pas indif­fé­rent à cet état de fait ; il est déjà ouvert à l’i­dée de deve­nir un lieu à voca­tion uni­ver­sa­liste ». Qu’on se le dise !

Dans l’his­toire de Fatima, Monsieur le rec­teur Guerra, ces deux dates du 5 mai 2004 et du 22 août 2005, sont désor­mais ins­crites. La pre­mière est la mani­fes­ta­tion déci­sive de la déna­tu­ra­tion du sanc­tuaire de la sainte Vierge que vous avez livré à l’i­do­lâ­trie. Vous l’a­vez fait sciem­ment et l’é­vêque de Leiria-​Fatima et vous-​même avez reçu la récom­pense de votre for­fai­ture lorsque le grand-​prêtre hin­dou est venu pla­cer sur vos épaules des châles ornés de ver­sets de la Bhagavad Gita (livre « sacré » hin­douïste). Vous avez com­mis un odieux blas­phème et un scan­dale immense pour tout le peuple catho­lique, dont vous aurez à rendre compte au tri­bu­nal de Dieu. Et, avec vous, tous ceux qui ont répan­du sur la terre cet ocu­mé­nisme qui dis­sout si effi­ca­ce­ment la foi catho­lique en un cou­rant de vague reli­gio­si­té qui conduit à « l’a­po­sta­sie silen­cieuse » pour reprendre le triste constat d’é­chec avoué par Jean-​Paul II lui-​même après vingt-​cinq ans de pontificat.

La deuxième date indique la confis­ca­tion du sanc­tuaire par cette nou­velle reli­gion mon­dia­liste dont vous vous êtes fait le cham­pion, Monsieur l’ab­bé Guerra. Non content de per­mettre un culte démo­niaque au lieu où Marie est appa­rue, vous n’a­vez pas négli­gé le crime d’empêcher les enfants de Marie de pou­voir prier leur Mère. Vous n’a­vez même pas craint de faire appel à la police pour vous oppo­ser à ces pèle­rins qui n’é­taient venus là qu’a­vec leur cour et leur cha­pe­let pour hono­rer leur Mère et se réjouir avec tous les anges et tous les saints du Ciel à l’oc­ca­sion de son cou­ron­ne­ment dans l’é­ter­ni­té. Séparer les enfants de leur Mère et inter­dire cette unique répa­ra­tion de vos blas­phèmes : voi­là les tristes mani­fes­ta­tions de votre apostasie.

Puissiez-​vous, Monsieur le rec­teur, encore com­prendre les signes du cour­roux de Dieu. Tout cet été, le feu a rava­gé votre pays ; Fatima était entou­ré par les flammes. On voyait le soir, du sanc­tuaire, à quelques kilo­mètres à peine, l’obs­cu­ri­té toute rou­gie, hori­zon de feu, de ce feu mon­tré par la Vierge aux trois enfants qui ne demeure plus sous la terre mais la ravage. Votre pays devient un désert, brû­lé par les incen­dies et la séche­resse mais vous n’a­vez pas trou­vé d’autres roga­tions pour conju­rer le Ciel qu’une pro­ces­sion et un culte à une déesse hindoue.

Une fine pluie de cendres des­cen­dait en per­ma­nence sur Fatima comme pour rap­pe­ler à ceux qui peuvent encore le com­prendre ce mes­sage de péni­tence rap­pe­lé par Notre-​Dame, cette néces­si­té du sac et de la cendre sans les­quels, Notre Seigneur nous a pré­ve­nus, nous péri­rons tous.

Comprendrons-​nous enfin ?

S’il y a, chers amis et bien­fai­teurs, quelque ver­tu à sup­por­ter en silence les outrages dont nous sommes nous-​mêmes les vic­times, ce serait grande lâche­té que de ne pas réagir à ceux qui sont com­mis contre notre Mère, la très sainte Vierge Marie. A Fatima moins que par­tout ailleurs, nous ne la lais­se­rons insul­tée. En atten­dant le pro­chain pèle­ri­nage que nous ferons là-​bas, nous avons déci­dé, en concer­ta­tion avec le dis­trict de Suisse, d’a­che­mi­ner une sta­tue pèle­rine de la Vierge de Fatima dont nous sou­hai­tons qu’Elle passe une jour­née dans cha­cune de nos églises et de nos cha­pelles pour que nous puis­sions répa­rer les outrages dont Elle est acca­blée. Nous conso­le­rons Notre-​Dame de notre ten­dresse et nous prie­rons pour ces grandes inten­tions de l’Église qui sont :
- le retour de Rome à la Tradition,
- la consé­cra­tion de la Russie au Cour Immaculé de Marie telle qu’elle a été deman­dée par la Vierge de Fatima,
- la pra­tique par­tout répan­due de la dévo­tion des cinq pre­miers same­dis du mois.

Nous avons une grande confiance en la pluie de béné­dic­tions que Notre-​Dame de Fatima ain­si fêtée ne man­que­ra pas de faire des­cendre sur tous ses enfants et nous sou­hai­tons que chaque com­mu­nau­té riva­lise de pié­té pour rendre au Cour Douloureux et Immaculé de cette Mère, les hom­mages et les hon­neurs qui lui sont dus.

Abbé Régis de Cacqueray†
Supérieur du District de France

(Editorial extrait de la Lettre aux Amis et Bienfaiteurs n° 68 )

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.