Amplifier le désordre dans l’Église ?, par M. l’abbé Christian Bouchacourt

Abbé Christian Bouchacourt,
Supérieur du District de France

La pre­mière assem­blée du Synode des évêques consa­cré aux « Défis pas­to­raux de la famille dans le contexte de l’évangélisation », du 5 au 19 octobre der­nier, n’a pu que créer une pro­fonde inquié­tude dans tous les cœurs catho­liques pro­fon­dé­ment atta­chés à la foi et à l’Église.

Il est évident que la famille chré­tienne subit actuel­le­ment de très vives attaques, tant externes qu’internes. Une légis­la­tion civile sur la famille qui s’éloigne tou­jours davan­tage de la simple loi natu­relle la plus évi­dente contri­bue lar­ge­ment à brouiller les repères, tan­dis que pour tout prêtre qui pré­pare au mariage, la dis­tance qui sépare sou­vent l’état d’esprit des futurs époux des réa­li­tés objec­tives du mariage natu­rel, et à for­tio­ri sacra­men­tel, ne peut être qu’inquiétante.

L’idée d’un synode consa­cré à un exa­men appro­fon­di de ces dif­fi­cul­tés est donc en soi par­fai­te­ment utile et oppor­tune. Mais com­ment ne pas être effrayé en voyant com­ment, de fait, s’est dérou­lé le synode d’octobre ?

D’abord, la dis­cus­sion a sem­blé se foca­li­ser exclu­si­ve­ment sur le cas des divorcés-​remariés, ain­si que sur les fameuses « unions homo­sexuelles ». Or, en tant que telles, les « unions homo­sexuelles » n’ont stric­te­ment rien à faire dans un synode sur la famille, dans la mesure où jamais, et sous aucune forme, ces unions ne seront conjugales.

Quant aux divorcés-​remariés, il faut d’abord et avant tout avoir une pas­to­rale du mariage sérieuse et solide, de façon à évi­ter, autant que faire se peut, les rup­tures de la vie conju­gale qui amènent à ces situa­tions. Or, au lieu de cela, on s’efforce de faire croire qu’il va bien­tôt être pos­sible de chan­ger la doc­trine catho­lique du mariage. On crée ain­si de faux espoirs pour ceux qui se trouvent enga­gés dans ces unions illi­cites, on trouble ceux qui s’efforce de vivre chaque jour dans le mariage chré­tien, on trompe le monde en lui fai­sant croire que l’Église peut à son gré modi­fier la Révélation.

Le résul­tat ne s’est pas fait attendre : les car­di­naux et évêques se sont pro­fon­dé­ment divi­sés, phé­no­mène ampli­fié par les « magouilles » du secré­ta­riat du synode, essayant de pas­ser en force en publiant un rap­port non approu­vé. Et les « rétro­pé­da­lages » des experts en com­mu­ni­ca­tion de la Curie romaine n’ont guère réus­si à ôter l’impression d’une forme pré­oc­cu­pante de chaos au som­met de l’Église.

Comment ne pas trem­bler en pen­sant que ce synode va conti­nuer avec un ques­tion­naire (rem­pli par qui ? on connaît les biais que repré­sentent ces pré­ten­dus son­dages), lequel sera sui­vi d’une nou­velle assemblée ?

Prions le Saint-​Esprit, afin qu’il pré­serve l’Église de déchi­rures plus graves, elle qui n’en a vrai­ment pas besoin aujourd’hui.

Abbé Christian BOUCHACOURT, Supérieur du District de France de la FSSPX

Source : Lettre à Nos Frères Prêtres n° 64

FSSPX Second assistant général

Né en 1959 à Strasbourg, M. l’ab­bé Bouchacourt a exer­cé son minis­tère comme curé de Saint Nicolas du Chardonnet puis supé­rieur du District d’Amérique du Sud (où il a connu le car­di­nal Bergoglio, futur pape François) et supé­rieur du District de France. Il a enfin été nom­mé Second Assistant Général lors du cha­pitre élec­tif de 2018.