Ouvrir une fenêtre quand souffle l’ouragan ?, par l’abbé Christian Bouchacourt – 20 juillet 2016

Photo : la basi­lique Saint-​Pierre de Rome tou­chée par la foudre
le 11 février 2013, jour de l’an­nonce de la démis­sion du Pape Benoît XVI

Le 12 mai der­nier, le pape François reçoit les Supérieures majeures des congré­ga­tions reli­gieuses du monde entier. Une des reli­gieuses lui pose la ques­tion sui­vante : « Qu’est-ce qui empêche l’Église d’inclure les femmes par­mi les diacres per­ma­nents, comme c’est arri­vé dans l’Église pri­mi­tive ? Pourquoi ne pas consti­tuer une com­mis­sion offi­cielle qui puisse étu­dier la question ?» 

Le Pape répond à cette ques­tion en trois pro­po­si­tions. D’abord, il sou­ligne (et c’est la par­tie la plus longue de sa réponse) qu’il s’est inté­res­sé autre­fois un peu à cette ques­tion, et qu’un théo­lo­gien syrien qu’il fré­quen­tait lui a four­ni cer­tains élé­ments de connais­sance ; tou­te­fois, le Souverain Pontife confesse les limites de sa science à ce pro­pos. Ensuite, il affirme qu’il va deman­der à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de lui pré­pa­rer un dos­sier pour qu’il puisse lui-​même mieux appré­hen­der le sujet car, reconnaît-​il, le sta­tut des dia­co­nesses dans l’Antiquité n’est pas très clair. Enfin, il déclare qu’il veut « consti­tuer une com­mis­sion offi­cielle qui puisse étu­dier la ques­tion » car, dit-​il, « je crois que cela fera du bien à l’Église d’éclairer ce point ».

Cette der­nière affir­ma­tion impro­vi­sée a pro­vo­qué des polé­miques, et je crois que celles-​ci ne manquent pas de fon­de­ment. D’abord, parce qu’en 2003 la Commission Théologique Internationale a publié un docu­ment inti­tu­lé « Le dia­co­nat : évo­lu­tion et pers­pec­tives », dont une par­tie s’intéresse aux dia­co­nesses et conclut qu’elles ne se situaient pas au même plan sacra­men­tel que les diacres. La com­mis­sion que veut ins­ti­tuer le Pape a donc déjà existé.

Ensuite, en répon­dant ain­si, le Souverain Pontife rouvre de nou­veau sans crier gare un dos­sier qui va sus­ci­ter de faux espoirs et des dis­putes inutiles, sans abou­tir à rien de tan­gible, sinon à plus de désordre dans l’Église. Le titre triom­phal de La Croix est d’ailleurs sans ambi­guï­té : « Le pape François relance le débat sur le dia­co­nat féminin ». 

Ouvrir une fenêtre est, en temps nor­mal et s’il y a une véri­table uti­li­té, une chose pos­sible et qui peut être rai­son­nable. En revanche, lorsque souffle un oura­gan, il faut se gar­der de le faire, car le seul résul­tat escomp­table est de voir la fenêtre arra­chée par le vent, et l’eau s’engouffrer dans la mai­son, met­tant ain­si en péril les habitants.

L’Église catho­lique ne va pas bien : c’est un euphé­misme de le dire. Il y a notam­ment une grave crise des voca­tions, et beau­coup d’efforts devraient être consa­crés au recru­te­ment du cler­gé. Tout ce qui sème le trouble sur l’identité du prêtre, tout ce qui met en cause la vie sacer­do­tale, bref tout ce qui fait entrer l’ouragan dans l’Église, est à pros­crire : c’est une simple mesure de bon sens.

Abbé Christian BOUCHACOURT, Supérieur du District de France de la FSSPX

Source : Lettre à nos frères prêtres n° 70/​La Porte Latine du 20 juillet 2016

FSSPX Second assistant général

Né en 1959 à Strasbourg, M. l’ab­bé Bouchacourt a exer­cé son minis­tère comme curé de Saint Nicolas du Chardonnet puis supé­rieur du District d’Amérique du Sud (où il a connu le car­di­nal Bergoglio, futur pape François) et supé­rieur du District de France. Il a enfin été nom­mé Second Assistant Général lors du cha­pitre élec­tif de 2018.