Jugement catholique sur la contraception

Jacques Gamelin, Le mariage de Tobie et de Sara

Qu’est-ce que la contraception ?

On entend par contra­cep­tion toute méthode dont le but est d’empêcher une gros­sesse par des pro­cé­dés réver­sibles, méca­niques ou chi­miques. La contra­cep­tion brise donc la nature essen­tielle de l’acte conju­gal. Elle s’oppose à la fin pri­maire du mariage : la pro­créa­tion des enfants.

Que nous dit la Sainte Ecriture de la contraception ?

Un texte très expli­cite de l’Ancien Testament nous montre l’horreur que Dieu a de ce péché : « Alors Juda dit à Onan : ‘Va vers la femme de ton frère, rem­plis ton devoir de beau-​frère et sus­cite une pos­té­ri­té à ton frère’. Mais Onan savait que cette pos­té­ri­té ne serait pas à lui et, lorsqu’il allait vers la femme de son frère, il se souillait à terre afin de ne pas don­ner de pos­té­ri­té à son frère. Son action déplut au Seigneur, qui le fit mou­rir lui aus­si. » (Gen 38, 8–10)

Que pensent les Pères de l’Église de la contraception ?

Nous cite­rons à titre d’exemple Saint Augustin qui affirme que, dans un couple qui uti­lise la contra­cep­tion, « la femme y est la pros­ti­tuée de son mari, le mari y est l’adultère de sa femme » [1].

Ailleurs, le même Père de l’Église confirme sa pre­mière sen­tence : « Même avec la femme légi­time, l’acte matri­mo­nial devient illi­cite et hon­teux, dès que la concep­tion de l’enfant est évi­tée. C’est ce que fai­sait Onan, fils de Juda. Et c’est pour­quoi Dieu le fit mou­rir » [2]).

Saint Césaire d’Arles sou­tient la même doc­trine : « Aucune femme ne doit absor­ber des drogues pour se faire avor­ter, ni tuer ses enfants à naître ou déjà nés, car celle qui fera cela, qu’elle sache qu’elle aura à débattre devant le tri­bu­nal du Christ avec ceux qu’elle aura tués. Mais elles ne doivent pas non plus absor­ber ces mix­tures dia­bo­liques qui les ren­draient inca­pables de conce­voir à l’avenir. Toute femme qui le fait doit savoir qu’elle se rend cou­pable d’autant de meurtres que d’enfants qu’elle aurait pu mettre au monde » [3].

Que déclarent les papes concernant la contraception ?

Ils l’ont flé­trie à diverses reprises :

  • La contra­cep­tion mas­cu­line (retrait, pré­ser­va­tif…) : dans les réponses de la Sacrée Pénitencerie du 23 avril 1822 [4] et du 8 juin 1842 [5] ain­si que les décrets du Saint-​Office du 21 mai 1851 [6]) et du 19 avril 1858 [7]).
  • La contra­cep­tion fémi­nine (dia­phragme, crème sper­mi­cide, sté­ri­let, pilule contra­cep­tive…) : dans le décret du Saint-​Office du 2 avril 1955 [8]).

Ces décrets par­ti­cu­liers ont été repris dans leur glo­ba­li­té par le pape Pie XI en ces termes : « Tout usage du mariage quel qu’il soit, dans l’exercice duquel l’acte est pri­vé, par l’artifice des hommes, de sa puis­sance natu­relle de pro­créer la vie, offense la loi de Dieu et la loi natu­relle, et ceux qui auront com­mis quelque chose de pareil se sont souillés d’une faute grave » [9]).

Enfin le pape Paul VI, dans son ency­clique Humane Vitae du 25 juillet 1968, se fera l’écho de cette tra­di­tion inin­ter­rom­pue ; « En confor­mi­té avec ces points fon­da­men­taux de la concep­tion humaine et chré­tienne du mariage, Nous devons encore une fois décla­rer qu’est abso­lu­ment à exclure, comme moyen licite de régu­la­tion des nais­sances, l’interruption directe du pro­ces­sus de géné­ra­tion déjà enga­gé [……]. Est exclue éga­le­ment toute action qui, soit en pré­vi­sion de l’acte conju­gal, soit dans son dérou­le­ment, soit dans le déve­lop­pe­ment de ses consé­quences natu­relles, se pro­po­se­rait comme but ou comme moyen de rendre impos­sible la pro­créa­tion. »

Que reproche l’Église à ces méthodes ? (à suivre)

Source : Abbé François Knittel, Cahiers Saint Raphaël n°86 (ACIM)

Notes de bas de page
  1. De nup­tiis et concu­pis­cen­tia, XV, 17[]
  2. De Conjug. Adult., II, 12 (P.L. XL, 479[]
  3. Sermon 54[]
  4. D.S. 2715[]
  5. D.S. 2758[]
  6. « Soutenir que des époux peuvent avoir des rai­sons hon­nêtes pour pra­ti­quer l’onanisme, c’est une pro­po­si­tion scan­da­leuse, erro­née, contraire à la loi natu­relle du mariage. – Soutenir comme pro­bable que l’usage ona­niste du mariage n’est pas inter­dit par la loi natu­relle, c’est une pro­po­si­tion scan­da­leuse et déjà impli­ci­te­ment condam­née par Innocent XI, pro­pr. 49. » (D.S. 2791–2792[]
  7. « L’abus du mariage, soit par l’onanisme, soit à l’aide d’un pré­ser­va­tif, est chose intrin­sè­que­ment mau­vaise » (D.S. 2795[]
  8. « En par­ti­cu­lier, la Sacré Congrégation élève la voix pour condam­ner et reje­ter comme intrin­sè­que­ment mau­vais l’usage de pes­saires (sté­ri­let, dia­phragme) par les époux dans l’exercice du droit conju­gal. » (D.S. 3917a[]
  9. Encyclique Casti Connubii (D.S. 3717[]