Foi et liturgie

Avec le concile Vatican II naît une nou­velle ecclé­sio­lo­gie fon­dée sur le faux prin­cipe que l’Église du Christ serait une réa­li­té plus vaste que l’Église catho­lique, une réa­li­té qui com­pren­drait d’autres reli­gions ayant des valeurs de salut et des élé­ments de sain­te­té. (Lumen gen­tium 8 ; Unitatis redin­te­gra­tio 3 et Nostra ætate 2). Ces graves erreurs ont été affir­mées de façon encore plus expli­cite dans la récente décla­ra­tion du Pape François à Abu Dhabi (4 février), selon laquelle « la diver­si­té des reli­gions » serait « une sage volon­té divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains ».

Depuis le Concile, l’œuvre mis­sion­naire de l’Église pour la conver­sion des héré­tiques et des infi­dèles s’est donc trans­for­mée en un dia­logue visant à un enri­chis­se­ment mutuel et en une prière com­mune, spé­cia­le­ment lors de ren­contres inter­re­li­gieuses, inau­gu­rées à Assise le 30 octobre 1986.

Puisque la litur­gie est l’ex­pres­sion de la foi, il était impor­tant de trans­mettre ces nou­velles doc­trines à tra­vers un rite com­mun, au moins aux pro­tes­tants et aux catho­liques (en atten­dant d’en créer un auquel puissent s’unir tous les croyants, peut-​être le culte éco­lo­gique de la nature…).

L’union ne doit plus se faire dans la foi ; elle se fera dans une prière com­mune cher­chant « ce qui nous unit ». La messe tra­di­tion­nelle était un obs­tacle de taille car elle exprime par­fai­te­ment la doc­trine catho­lique, spé­cia­le­ment quant au sacri­fice pro­pi­tia­toire, au sacer­doce minis­té­riel et à la pré­sence réelle de Notre-​Seigneur dans l’eu­cha­ris­tie en son « corps, âme, sang et divi­ni­té ». Le Pape Paul VI, avec l’aide de Mgr Bugnini, a donc vou­lu for­ger un nou­veau rite de la Messe pour pou­voir célé­brer avec les dis­ciples de Luther le « mémo­rial du Seigneur ». Six pas­teurs pro­tes­tants furent consul­tés pour dépouiller la Messe de tou­jours de tout ce qui pou­vait déplaire aux « frères sépa­rés » et donc bâtir un rite qui, comme l’ont signa­lé dès sa nais­sance les car­di­naux Bacci et Ottaviani, « s’é­loigne de façon impres­sion­nante, dans l’en­semble comme dans le détail, de la théo­lo­gie catho­lique de la Sainte Messe, telle qu’elle a été for­mu­lée à la XXème ses­sion du Concile de Trente ».

M. Siegvalt, pro­fes­seur de dog­ma­tique à la facul­té pro­tes­tante de Strasbourg, n’hé­si­te­ra pas à affir­mer que « rien dans la messe main­te­nant renou­ve­lée ne peut gêner vrai­ment le chré­tien évan­gé­lique » (Lettre à l’évêque de Strasbourg, citée dans Le Monde du 22 novembre 1969).

Comme Mgr Lefebvre l’avait pré­vu, les effets dévas­ta­teurs de ce nou­veau rite ne tar­dèrent pas à se mani­fes­ter. Exactement comme la réforme litur­gique angli­cane de Cranmer en Angleterre, dont elle a sui­vi les pas, la nou­velle Messe a pro­duit une pro­tes­tan­ti­sa­tion des fidèles. Un rite reli­gieux est une pro­fes­sion de foi. C’est pour­quoi, mal­gré l’éventuelle vali­di­té du nou­veau rite, un fidèle ne sau­rait mettre sa foi en dan­ger en y assis­tant ni adhé­rer, par sa par­ti­ci­pa­tion active, aux fausses doc­trines qu’il transmet.

La vraie Messe catho­lique, c’est la croix de Jésus ren­due pré­sente dans l’histoire, c’est la vic­toire sur Satan. Elle peut pro­duire des effets extra­or­di­naires de sanc­ti­fi­ca­tion des âmes et de régé­né­ra­tion de la socié­té, à condi­tion qu’elle soit célé­brée dans un contexte qui indique clai­re­ment la foi catho­lique et non uti­li­sée pour conduire les fidèles dans le pan­théon de toutes les reli­gions du concile Vatican II où il pour­rait même y avoir une place pour la messe tradi- tion­nelle, pour­vu qu’on accepte, au moins par son silence, la nou­velle ecclé­sio­lo­gie. Que Dieu nous conserve l’amour de la Messe et de toute la foi qu’elle exprime.

Abbé Pierpaolo Maria PETRUCCI

Source : Le Chardonnet nº 346