Un Dieu irrité ?

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Pascal met l’incrédule devant une alter­na­tive : « Je sais qu’en sor­tant de ce monde, je tombe pour tou­jours ou bien dans le néant, ou bien dans les mains d’un Dieu irri­té ». L’époque actuelle tente d’échapper à ce dilemme en contes­tant ce mot irri­té. Il n’y aurait pas de Dieu irri­té mais un Dieu tel­le­ment bon qu’il ne s’irrite de rien, pas même des crimes abo­mi­nables, des blas­phèmes et de l’indifférence qu’auraient les hommes pour leur destinée.

Un tel Dieu impas­sible ne me paraît guère dis­tinct du néant. Si on l’imagine infi­ni­ment bon et indul­gent, il lui manque un attri­but indis­pen­sable : la jus­tice. Qu’est-ce donc qu’un Dieu qui met­trait dans le même sac, les saints cha­ri­tables et les pires égoïstes, cri­mi­nels et sans repen­tir ? Un Dieu dont on se moque­rait éper­du­ment et impu­né­ment est-​il vrai­ment tout puis­sant ? Certains chré­tiens en viennent à dire que Dieu n’est pas tout-​puissant, et à attri­buer au Père des cieux, les fai­blesses volon­taires du Fils de Dieu fait homme ! Cette héré­sie n’est abso­lu­ment pas nou­velle, elle a un nom : c’est le Patripassianisme (1).

Faute de prê­ter la moindre atten­tion au mys­tère de la Sainte Trinité, ces héré­tiques se forgent l’idée d’un Dieu faible comme peut l’être un homme, humble comme doit l’être un homme, un Dieu qui encaisse n’importe quoi, le mépris à son égard aus­si bien que les vols et les assas­si­nats. Faudra-​t-​il réap­prendre aux chré­tiens et à une par­tie du cler­gé, la pre­mière ligne du Credo : je crois en Dieu, le Père Tout-Puissant… ?

Abbé Philippe Sulmont

Cet article est tiré du Bulletin parois­sial de Domqueur, dans la Somme (80).

Curé de Domqueur † 2010

L’abbé Philippe Sulmont (1921–2010), second d’une famille de qua­torze enfants, ancien sémi­na­riste des Carmes, fut pro­fes­seur de col­lège, puis de sémi­naire, aumô­nier d’un pen­sion­nat de filles, puis enfin curé durant 37 ans de Domqueur et de six paroisses avoi­si­nantes entre Amiens et Abbeville.