Motu Proprio Summorum Pontificum – Passé et présent de l’Eglise, abbé Juan-​Carlos Ceriani – Septembre 2007

Le Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, Monseigneur Bernard Fellay, dans sa lettre aux fidèles au sujet de l’acte de Benoît XVI a dit :

« Le Motu Proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007 réta­blit la messe tri­den­tine dans son droit. Il y est clai­re­ment recon­nu qu’elle n’a jamais été abro­gée (…) Au-​delà du réta­blis­se­ment de la messe de Saint Pie V dans son bon droit, il importe d’étudier les mesures concrètes édic­tées par le Motu Proprio et la jus­ti­fi­ca­tion qu’en donne Benoît XVI dans sa lettre d’accompagnement. »

Comme d’autres auteurs, y com­pris Monseigneur Bernard Fellay, ont déjà lar­ge­ment « étu­dié les mesures concrètes édic­tées par le Motu Proprio », dans cet article j’attire votre atten­tion seule­ment sur « la jus­ti­fi­ca­tion qu’en donne Benoît XVI dans sa lettre d’accompagnement », expri­mant l’intention qui l’a déter­mi­né à pro­mul­guer son Motu proprio :

« J’en arrive ain­si à la rai­son posi­tive qui est le motif qui me fait actua­li­ser par ce Motu Proprio celui de 1988. Il s’a­git de par­ve­nir à une récon­ci­lia­tion interne au sein de l’Eglise. En regar­dant le pas­sé, les divi­sions qui ont lacé­ré le corps du Christ au cours des siècles, on a conti­nuel­le­ment l’im­pres­sion qu’aux moments cri­tiques où la divi­sion com­men­çait à naître, les res­pon­sables de l’Eglise n’ont pas fait suf­fi­sam­ment pour conser­ver ou conqué­rir la récon­ci­lia­tion et l’u­ni­té ; on a l’im­pres­sion que les omis­sions dans l’Eglise ont eu leur part de culpa­bi­li­té dans le fait que ces divi­sions aient réus­si à se conso­li­der. Ce regard vers le pas­sé nous impose aujourd’­hui une obli­ga­tion : faire tous les efforts afin que tous ceux qui dési­rent réel­le­ment l’u­ni­té aient la pos­si­bi­li­té de res­ter dans cette uni­té ou de la retrou­ver à nou­veau. Il me vient à l’es­prit une phrase de la seconde épître aux Corinthiens, où Saint Paul écrit : « Nous vous avons par­lé en toute liber­té, Corinthiens ; notre cœur s’est grand ouvert. Vous n’êtes pas à l’é­troit chez nous ; c’est dans vos cœurs que vous êtes à l’é­troit. Payez-​nous donc de retour ; … ouvrez tout grand votre cœur, vous aus­si ! » (2Co 6,11–13). Paul le dit évi­dem­ment dans un autre contexte, mais son invi­ta­tion peut et doit aus­si nous tou­cher, pré­ci­sé­ment sur ce thème. Ouvrons géné­reu­se­ment notre cœur et lais­sons entrer tout ce à quoi la foi elle-​même fait place. »

Je veux signa­ler deux points de ce pas­sage, en cor­ré­la­tion avec le pas­sé et le pré­sent de l’Eglise.

A) Dans la ligne même du mea-​culpisme de Jean-​Paul II, ce texte consti­tue une attaque en règle contre le pas­sé de l’Eglise, par­ti­cu­liè­re­ment une cri­tique de sa pra­tique envers les schis­ma­tiques et les hérétiques.

Pour faire paraître sa faus­se­té il suf­fit de citer deux textes du Magistère de l’Église catholique :

1) « Les pré­ten­tions exces­sives des Pontifes romains ont pous­sé à la divi­sion de l’Eglise en orien­tale et occidentale. »

Cette pro­po­si­tion a été condam­née par Pie IX, dans le Syllabus (N° XXXVIII).

Mais, nous savons déjà ce que pen­sait le car­di­nal Joseph Ratzinger à pro­pos du Syllabus, ce sur quoi Benoît XVI ne s’est pas encore rétrac­té. En effet, en par­lant de trois prin­ci­paux docu­ments du Concile Vatican II, il dit qu’ils consti­tuent un contre-​Syllabus, dans la mesure où ils repré­sentent une ten­ta­tive pour une récon­ci­lia­tion offi­cielle de l’Eglise avec le monde tel qu’il est deve­nu depuis 1789 (Les prin­cipes de la théo­lo­gie catho­lique, Téqui, Paris, 1985, p. 427).

2) « Les évêques empê­che­ront soi­gneu­se­ment et avec une réelle insis­tance qu’en expo­sant l’histoire de la Réforme et des Réformateurs, on n’exagère tel­le­ment les défauts des catho­liques et on ne dis­si­mule tel­le­ment les fautes des Réformateurs, ou bien qu’on ne mette tel­le­ment en lumière des élé­ments plu­tôt acci­den­tels, que l’on ne voie et ne sent presque plus ce qui est essen­tiel : la défec­tion dans la foi catho­lique. » (Instruction du Saint Office aux évêques, 20 décembre 1949 ; Les ensei­gne­ments pon­ti­fi­caux, L’Eglise, volume II, 1269).

Le mea-​culpisme de Benoît XVI, donc, a été condam­né avant la lettre par Pie IX et par Pie XII.

Ce mea-​culpisme s’est mani­fes­té pen­dant le voyage apos­to­lique de Benoît XVI en Turquie, par­ti­cu­liè­re­ment dans l’Office d’action de grâces à Saint-​Georges du Phanar, dans la litur­gie à Saint-​Georges et dans la Déclaration com­mune de Benoît XVI et Bartholomeos Ier.
Un simple exemple :

« En ce qui concerne les rela­tions entre l’Eglise de Rome et l’Eglise de Constantinople, nous ne pou­vons oublier l’acte ecclé­sial solen­nel relé­guant dans l’oubli les anciens ana­thèmes qui, durant des siècles, ont affec­té de manière néga­tive les rap­ports entre nos Eglises. Nous n’avons pas encore tiré de cet acte toutes les consé­quences posi­tives que peuvent en décou­ler pour notre marche vers la pleine uni­té »(Déclaration Commune de Benoît XVI et Bartholomeos Ier).

B) Plus impor­tante pour nous, étant don­né les cir­cons­tances : la der­nière par­tie de la Lettre de Benoît XVI à tous les Evêques du monde vise le pré­sent de l’Eglise, et tout notam­ment l’Oeuvre de la Tradition et pour la Tradition afin de la culpa­bi­li­ser bien­tôt de n’avoir pas sai­si l’occasion qu’il lui offrait.

Benoît XVI culpa­bi­lise Mgr. Lefebvre post mor­tem, et dans un futur proche culpa­bi­li­se­ra encore la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et tous les Instituts et Congrégations atta­chés à la Tradition de ne pas faire le néces­saire pour « conqué­rir la récon­ci­lia­tion et l’u­ni­té », de ne pas faire « tous les efforts afin de retrou­ver à nou­veau l’u­ni­té », mal­gré son Motu pro­prio.

Cette hypo­thèse a néan­moins ses adver­saires. En effet il y a ceux qui pensent que Benoît XVI ne veut pas par­ler ici de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et des socié­tés en intel­li­gence avec elle, mais de l’ensemble de la mou­vance à « sen­si­bi­li­té tra­di­tion­nelle » en butte à l’aile pro­gres­siste ; et que la fina­li­té du Motu pro­prio est d’obtenir une « récon­ci­lia­tion interne » entre ces deux partis.

Le Figaro du 13 juillet der­nier a publié un article où nous pou­vons lire :

« Pourquoi Benoît XVI a‑t-​il publié un Motu pro­prio libé­ra­li­sant l’usage du mis­sel tri­den­tin ? Il en donne lui-​même la rai­son dans sa lettre aux évêques : « Il s’agit de par­ve­nir à une récon­ci­lia­tion interne au sein de l’Eglise ». Ce fai­sant, il ne vise pas prio­ri­tai­re­ment les prêtres et fidèles qui ont sui­vi Mgr Lefebvre dans sa rup­ture avec le Siège romain en 1988. Il vise plus géné­ra­le­ment la paix litur­gique et il incite aus­si à célé­brer fidè­le­ment selon les pres­crip­tions du nou­veau mis­sel (…) Pour Benoît XVVI, il n’y a ni « rup­ture » ni « contra­dic­tion » entre les deux mis­sels (…) Et c’est pré­ci­sé­ment parce qu’il n’y a pas de rup­ture que Benoît XVI peut affir­mer en toute cré­di­bi­li­té que la per­ma­nence de l’ancien mis­sel ne signi­fie en aucune façon une quel­conque remise en cause de l’autorité du concile Vatican II et de la réforme litur­gique du pape Paul VI. Nous pou­vons témoi­gner que l’immense majo­ri­té des prêtres et fidèles qui sont atta­chés à l’ancien mis­sel en pleine com­mu­nion avec l’Eglise, recon­naissent sans l’ombre d’un doute cette auto­ri­té (…) Sans dote ce nou­veau Motu pro­prio occasionnera-​t-​il ici ou là d’inévitables ten­sions. Il n’en demeure pas moins fon­da­men­ta­le­ment un appel pres­sant à la paix, à la recon­nais­sance de l’autre dans ses dif­fé­rences légi­times (…) Pour qu’une paix soit pro­fonde, il faut que cha­cun fasse, sans arrière-​pensées, un pas vers l’autre (…). » (Dom Antoine Forgeot, Abbé de Notre-​Dame de Fontgombault, Dom Louis-​Marie, Abbé de Sainte-​Madeleine du Barroux, Christophe Geffroy, Directeur de La Nef).

Il revient aux par­ti­sans de cette seconde hypo­thèse de la démon­trer dans un autre article ; et à vous, chers lec­teurs, d’en juger.
Pour moi, je fais mon devoir de l’exposer et de la réfu­ter en prou­vant la mienne, sans omettre de dire aupa­ra­vant que, dans l’optique de cette hypo­thèse à « sen­si­bi­li­té tra­di­tion­nelle », il ne s’agit pas de « par­ve­nir à une récon­ci­lia­tion interne au sein de l’Eglise », mais d’une véri­table démis­sion, une désho­no­rante abdi­ca­tion, une hon­teuse capitulation…

Laissons de côté cette opi­nion dou­ce­reuse et obsé­quieuse. Alors, j’établis la vali­di­té de mon hypo­thèse par le contexte du Motu pro­prio, par le contexte his­to­rique et par l’argument d’autorité.

a) Le contexte du Motu proprio

Benoît XVI écrit aux évêques :

« Nous savons tous qu’au sein du mou­ve­ment conduit par l’Archevêque Mgr Lefebvre, la fidé­li­té au Missel ancien est deve­nue un signe dis­tinc­tif exté­rieur ; mais les rai­sons de la frac­ture qui nais­sait sur ce point étaient à recher­cher plus en profondeur. » 

Et encore :

« Evidemment, pour vivre la pleine com­mu­nion, les prêtres des com­mu­nau­tés qui adhèrent à l’u­sage ancien ne peuvent pas non plus, par prin­cipe, exclure la célé­bra­tion selon les nou­veaux livres. L’exclusion totale du nou­veau rite ne serait pas cohé­rente avec la recon­nais­sance de sa valeur et de sa sainteté. »

Est-​ce que les prêtres de la mou­vance à « sen­si­bi­li­té tra­di­tion­nelle » ont par prin­cipe l’ex­clu­sion totale du nou­veau rite ? Evidement non : « L’immense majo­ri­té des prêtres et fidèles qui sont atta­chés à l’ancien mis­sel en pleine com­mu­nion avec l’Eglise, recon­naissent sans l’ombre d’un doute l’autorité du concile Vatican II et de la réforme litur­gique du pape Paul VI. »

Par consé­quence ils ne pro­voquent pas de rup­ture, et il ne pas néces­saire d’envisager une récon­ci­lia­tion avec eux ; ils ont déjà démis­sion­né, abdi­qué, capi­tu­lé… C’est la paix !

Donc, cela écarte la seconde hypothèse.

b) Le contexte historique

En par­lant du Motu pro­prio de 1988 de Jean-​Paul II, Benoît XVI dit :

« A cette époque, le Pape vou­lait ain­si aider sur­tout la Fraternité Saint Pie X à retrou­ver la pleine uni­té avec le suc­ces­seur de Pierre, en cher­chant à gué­rir une bles­sure per­çue de façon tou­jours plus dou­lou­reuse. Cette récon­ci­lia­tion n’a mal­heu­reu­se­ment pas encore réussi… »

Les tenants de l’hypothèse contraire allèguent que Benoît XVI ne dit jus­te­ment pas qu’il reprend à son compte, par son Motu pro­prio, cette inten­tion comme étant prio­ri­taire. Il ne dit pas, non plus, le contraire.

Si ce que l’on dis­cute, c’est la prio­ri­té, admet­tons qu’il peut avoir d’autres prio­ri­tés. Nonobstant, tout le monde, hor­mis l’ensemble de la mou­vance à « sen­si­bi­li­té tra­di­tion­nelle », a bien com­pris qu’il s’agit ici de la Fraternité Saint Pie X : vous-​mêmes chers lec­teurs, la presse, votre entou­rage fami­lial et de tra­vail, les évêques et… le car­di­nal Castrillón Hoyos ! ; mais cela consti­tue l’argument d’autorité.

c) L’argument d’autorité

En effet, le car­di­nal Castrillón Hoyos avait déjà avan­cé le but réel du Motu pro­prio. Le 18 mai der­nier, lors de la Ve Assemblée des évêques d’Amérique latine à Aparecida, Brésil, il a trai­té de l’intention de Benoît XVI. Le plus inté­res­sant de ce dis­cours est l’esprit dans lequel doit se faire la pré­ten­due « libé­ra­li­sa­tion » de la Messe tra­di­tion­nelle. Cette mesure est pla­cée dans la pers­pec­tive des sacres épis­co­paux par Mgr Lefebvre en 1988 :

« La Commission Ecclesia Dei a été ins­ti­tuée par le ser­vi­teur de Dieu Jean-​Paul II en 1988 quand un groupe notable de prêtres, reli­gieux et fidèles qui avaient mani­fes­té leur mécon­ten­te­ment de la réforme litur­gique conci­liaire et s’étaient ras­sem­blés sous la direc­tion de l’archevêque fran­çais Marcel Lefebvre, se sont sépa­rés de celui-​ci, parce qu’ils n’ont pas été d’accord avec l’action schis­ma­tique du sacre d’évêques sans man­dat pon­ti­fi­cal. Ils ont pré­fé­ré alors main­te­nir la pleine com­mu­nion avec l’Eglise (…) L’activité de la Commission ne se limite pas aujourd’hui au ser­vice des fidèles qui en cette occa­sion vou­lurent res­ter en pleine com­mu­nion avec l’Eglise, ni aux efforts enga­gés pour mettre fin à la dou­lou­reuse situa­tion schis­ma­tique et obte­nir le retour de ces frères de la Fraternité sacer­do­tale Saint Pie X à la pleine com­mu­nion (…) Sans aucun doute, la charge la plus impor­tante qui incombe à toute l’Eglise, est la recherche d’une façon de mettre fin à l’action schis­ma­tique et de recons­truire, sans ambi­guï­tés, la pleine communion. »

Comment faire pour obte­nir ce but ? C’est ici que nous devons voir la mis­sion du Motu proprio…

Et, comme vous le savez, le car­di­nal Castrillón Hoyos s’est pré­ci­pi­té, le 8 juillet, pour faire au quo­ti­dien ita­lien Il Giornale cette décla­ra­tion :

« Avec ce Motu pro­prio, la porte est lar­ge­ment ouverte pour un retour de la Fraternité Saint Pie X à la pleine com­mu­nion. Si après cet acte, ce retour n’a pas lieu, je ne serai vrai­ment pas capable de comprendre. »

Pour qui pré­tend contes­ter l’autorité du car­di­nal Castrillón Hoyos, il suf­fit de savoir qu’il est le Président de la Commission pon­ti­fi­cale Ecclesia Dei, dont le Motu pro­prio de Benoît XVI parle dans quatre articles (7, 8, 11 et 12) ; quatre sur douze, 33,33 % ! Dont le plus impor­tant est le 12 :

« Cette com­mis­sion, outre les facul­tés dont elle jouit déjà, exer­ce­ra l’au­to­ri­té du Saint-​Siège, veillant à l’ob­ser­vance et à l’ap­pli­ca­tion de ces dispositions. »

On ne com­prend pas com­ment on peut dire que le Motu pro­prio de Benoît XVI ne vise pas la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et les socié­tés en intel­li­gence avec elle pour les culpa­bi­li­ser de « frac­ture », « bles­sure », « action schis­ma­tique du sacre d’évêques » et « dou­lou­reuse situa­tion schis­ma­tique ».

Les cir­cons­tances de la publi­ca­tion du Motu pro­prio sont un rap­pel de trois textes his­to­riques de très haute importance :

« D’un côté, voi­ci ceux qui, sous pré­texte d’une plus grande fidé­li­té à l’Eglise et au Magistère, refusent sys­té­ma­ti­que­ment les ensei­gne­ments du concile lui-​même, son appli­ca­tion et les réformes qui en dérivent, son appli­ca­tion gra­duelle mise en œuvre par le siège apos­to­lique et les confé­rences épis­co­pales, sous notre auto­ri­té, vou­lue par le Christ. On jette le dis­cré­dit sur l’autorité de l’Eglise au nom d’une Tradition pour laquelle on ne mani­feste un res­pect que maté­riel­le­ment et ver­ba­le­ment ; on éloigne les fidèles des liens d’obéissance au siège de Pierre comme à leurs évêques légi­times ; on refuse l’autorité d’aujourd’hui au nom de celle d’hier. C’est si dur de le consta­ter ! Mais com­ment ne pas voir dans une telle atti­tude –quelles que puissent être les inten­tions de ces per­sonnes– le fait de se pla­cer hors de l’obéissance au suc­ces­seur de Pierre et de la com­mu­nion avec lui, et donc hors de l’Eglise » (Discours de Paul au Consistoire, le 24 mai 1976).

« Mgr Marcel Lefebvre, archevêque-​évêque émé­rite de Tulle, ayant –mal­gré l’avertissement for­mel du 17 juin der­nier et les inter­ven­tions répé­tées lui deman­dant de renon­cer à son inten­tion– accom­pli un acte de nature schis­ma­tique en pro­cé­dant à la consé­cra­tion épis­co­pale de quatre évêques, sans man­dat pon­ti­fi­cal et contre la volon­té du Souverain Pontife, il encourt la peine pré­vue par le canon 1364 §1 et par le canon 1382 du Code de Droit cano­nique. Je déclare à tous que les effets juri­diques en sont les sui­vants : d’une part Mgr Marcel Lefebvre, d’autre part Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson, Alfonso de Galarreta ont encou­ru ipso fac­to l’excommunication latæ sen­ten­tiæ réser­vée au Siège apos­to­lique (…) Nous aver­tis­sons les prêtres et les fidèles de ne pas adhé­rer au schisme de Mgr Lefebvre, car ils encour­raient ipso fac­to la peine très grave de l’excommunication » (Décret de la Congrégation pour les évêques, de car­di­nal Gantin, le1er Juillet 1988).

« A la racine de cet acte schis­ma­tique, on trouve une notion incom­plète et contra­dic­toire de la Tradition (…) Dans les cir­cons­tances pré­sentes, je désire avant tout lan­cer un appel à la fois solen­nel et ému, pater­nel et fra­ter­nel à tous ceux qui, jusqu’à pré­sent, ont été de diverses manières liés au mou­ve­ment issu de Mgr Lefebvre, pour qu’ils réa­lisent le grave devoir qui est le leur de res­ter unis au Vicaire du Christ dans l’unité de l’Eglise catho­lique et de ne pas conti­nuer à sou­te­nir de quelque façon que ce soit ce mou­ve­ment. Nul ne doit igno­rer que l’adhésion for­melle au schisme consti­tue une grave offense à Dieu et com­porte l’excommunication pré­vue par le droit de l’Eglise [cfr. CIC, can. 1364] » (Motu pro­prio de Jean-​Paul II, « ECCLESIA DEI AFFLICTA », 2 juillet 1988).

Ce que nous trou­vons au cœur du Motu pro­prio, c’est ce pré­sent tra­gique de l’Eglise. Alors, pour réfu­ter cette accu­sa­tion et démon­trer clai­re­ment où se trouve le vrai schisme et quels sont ceux qui doivent reve­nir à la vraie Eglise catho­lique, nous pos­sé­dons plu­sieurs textes dont je vous donne quelques cita­tions avec leurs références :

« Nous adhé­rons de tout cœur, de toute notre âme à la Rome catho­lique, gar­dienne de la foi catho­lique et des tra­di­tions néces­saires au main­tien de cette foi, à la Rome éter­nelle, maî­tresse de sagesse et de véri­té. Nous refu­sons par contre et avons tou­jours refu­sé de suivre la Rome de ten­dance néo-​moderniste et néo-​protestante qui s’est mani­fes­tée clai­re­ment dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues » (Déclaration de Mgr Lefebvre, 21 novembre 1974. « La Condamnation Sauvage de Mgr Lefebvre » Itinéraires, Chroniques & Documents, Numéro Spécial hors série 205 ter, Août 1976. Fideliter, Numéro 81, mai-​juin 1991. Le Sel de la terre, N° 25).

« Voilà ce que m’ont dit les envoyés offi­ciels du Saint-​Siège. Alors nous ne sommes pas de cette reli­gion. Nous sommes de la reli­gion de tou­jours, nous sommes de la reli­gion catho­lique, nous ne sommes pas de cette reli­gion uni­ver­selle comme ils l’appellent aujourd’hui. Ce n’est plus la reli­gion catho­lique. Nous ne sommes pas de cette reli­gion libé­rale, moder­niste, qui a son culte, ses prêtres, sa foi, ses caté­chismes, sa bible, sa bible œcu­mé­nique. Nous ne les accep­tons pas » (Sermon de Mgr Lefebvre, 29 juin 1976. Homélies « Eté Chaud 1976 ». Fideliter, Numéro 81, mai-​juin 1991).

« Le dimanche 27 juin, un envoyé de la secré­tai­re­rie d’Etat venait me rejoindre à Flavigny-​sur-​Ozerain en France, alors que je prê­chais la retraite aux ordi­nands. La lettre qu’il me por­tait de S.E. Mgr Benelli se don­nait pour une réponse à la lettre ci-​jointe. Elle confirme l’interdiction des ordi­na­tions et les menaces de sanc­tion, elle ne fait aucune allu­sion à la pos­si­bi­li­té d’un dia­logue même par per­sonne entre­mise. Ainsi il appa­raît impos­sible d’aborder le pro­blème de fond, qui est l’accord de l’Eglise conci­liaire, comme l’appelle S.E. Mgr Benelli lui-​même dans sa der­nière lettre, et de l’Eglise catho­lique. Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas d’un dif­fé­rend entre Mgr Lefebvre et le pape Paul VI. Il s’agit de l’incompatibilité radi­cale entre l’Eglise catho­lique et l’Eglise conci­liaire, la messe de Paul VI repré­sen­tant le sym­bole et le pro­gramme de l’Eglise conci­liaire » (Note pré­li­mi­naire de Mgr Lefebvre, 12 juillet 1976. « La Condamnation Sauvage de Mgr Lefebvre »).

« Quoi de plus clair ! Désormais c’est à l’Eglise conci­liaire qu’il faut obéir et être fidèle, et non plus à l’Eglise catho­lique. C’est pré­ci­sé­ment tout notre pro­blème. Nous sommes « sus­pens a divi­nis » par l’Eglise conci­liaire et pour l’Eglise conci­liaire, dont nous ne vou­lons pas faire partie.
Cette Eglise conci­liaire est une Eglise schis­ma­tique, parce qu’elle rompt avec l’Eglise catho­lique de tou­jours. Elle a ses nou­veaux dogmes, son nou­veau sacer­doce, ses nou­velles ins­ti­tu­tions, son nou­veau culte, déjà condam­nés par l’Eglise en maints docu­ments offi­ciels et définitifs (…)
C’est pour­quoi les fon­da­teurs de l’Eglise conci­liaire insistent tant sur l’obéissance à l’Eglise d’aujourd’hui, fai­sant abs­trac­tion de l’Eglise d’hier, comme si celle-​ci n’existait plus (…)
Cette Eglise conci­liaire est schis­ma­tique parce qu’elle a pris pour base de sa mise à jour des prin­cipes oppo­sés à ceux de l’Eglise catholique (…)
L’Eglise qui affirme de pareilles erreurs est à la fois schis­ma­tique et héré­tique. Cette Eglise conci­liaire n’est donc pas catho­lique. Dans la mesure où le pape, les évêques, prêtres ou fidèles adhèrent à cette nou­velle Eglise, ils se séparent de l’Eglise catho­lique. L’Eglise d’aujourd’hui n’est la véri­table Eglise que dans la mesure où elle conti­nue et fait corps avec l’Eglise d’hier et de tou­jours. La norme de la foi catho­lique c’est la Tradition (…) La demande de S.E. Mgr Benelli est donc éclai­rante : sou­mis­sion à l’Eglise conci­liaire, à l’Eglise Vatican II, à l’Eglise schis­ma­tique. Pour nous, nous pour­sui­vons dans l’Eglise catho­lique, avec la grâce de Notre Seigneur Jésus-​Christ et l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie » (Réflexions de Mgr Lefebvre sur la Suspense a divi­nis, 29 juillet 1976. « La Condamnation Sauvage de Mgr Lefebvre »).

« Ce concile repré­sente, tant aux yeux des auto­ri­tés romaines qu’aux nôtres, une nou­velle Eglise, qu’ils appellent d’ailleurs l’Eglise conciliaire (…)
Nous croyons pou­voir affir­mer, en nous en tenant à la cri­tique interne et externe de Vatican II, c’est-à-dire en ana­ly­sant les textes et en étu­diant les ave­nants et abou­tis­sants de ce concile, que celui-​ci, tour­nant le dos à la tra­di­tion et rom­pant avec l’Eglise du pas­sé, est un concile schismatique (…)
Tous ceux qui coopèrent à l’application de ce bou­le­ver­se­ment, acceptent et adhèrent à cette nou­velle Eglise conci­liaire comme la désigne S.E. Mgr Benelli dans la lettre qu’il m’adresse au nom du Saint-​Père, le 25 juin der­nier, entrent dans le schisme » (Déclaration de Mgr Lefebvre, 4 août 1976. Le Figaro, mer­cre­di 4 août 1976. « La Condamnation Sauvage de Mgr Lefebvre ». Le Sel de la terre, N° 18, page 217).

« Qu’est-ce qu’ont vou­lu en effet les catho­liques libé­raux pen­dant un siècle et demi ? Marier l’Eglise et la Révolution, marier l’Eglise et la sub­ver­sion, marier l’Eglise et les forces des­truc­trices de la socié­té et de toutes socié­tés, la socié­té fami­liale, civile, reli­gieuse. Ce mariage de l’Eglise, il est ins­crit dans le Concile. Prenez le sché­ma « Gaudium et Spes », et vous y trou­ve­rez : « Il faut marier les prin­cipes de l’Eglise avec les concep­tions de l’homme moderne ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’il faut marier l’Eglise, l’Eglise catho­lique, l’Eglise de Notre Seigneur Jésus-​Christ, avec des prin­cipes qui sont contraires à cette Eglise, qui la minent, qui ont tou­jours été contre l’Eglise (…) Nous la voyons détruite tous les jours sous nos yeux : les sémi­naires vides, ce beau sémi­naire de Lille qui était rem­pli de sémi­na­ristes, où sont-​ils ces sémi­na­ristes ? Qui sont-​ils encore ces sémi­na­ristes ? Savent-​ils qu’ils vont être prêtres ? Savent-​ils ce qu’ils vont faire quand ils vont être prêtres ? Ah ! Et cela pré­ci­sé­ment parce que cette union vou­lue par les catho­liques libé­raux entre l’Eglise et la Révolution est une union adul­tère, adul­tère. De cette union adul­tère ne peuvent venir que des bâtards. Et qui sont ces bâtards ? Ce sont nos rites. Le rite de la Messe est un rite bâtard. Les sacre­ments sont des sacre­ments bâtards (…) Les prêtres qui sortent des sémi­naires ne savent plus eux-​mêmes ce qu’ils sont. Les prêtres qui sortent des sémi­naires sont des prêtres bâtards. Ils ne savent pas ce qu’ils sont. Ils ne savent pas qu’ils sont faits pour mon­ter à l’Autel, pour offrir le Sacrifice de Notre Seigneur Jésus-​Christ, et pour don­ner Jésus-​Christ aux âmes, et appe­ler les âmes à Jésus-​Christ » (Sermon de Mgr Lefebvre, Lille, 29 août 1976. Homélies « Eté Chaud 1976 »).

« Rome nous a fait deman­der si nous avions l’intention de pro­cla­mer notre rup­ture avec le Vatican à l’occasion du Congrès d’Assise. La ques­tion nous sem­ble­rait plu­tôt devoir être la sui­vante : Croyez-​vous et avez- vous l’intention de pro­cla­mer que le Congrès d’Assise consomme la rup­ture des Autorités romaines avec l’Eglise Catholique ? Car c’est bien cela qui pré­oc­cupe ceux qui demeurent encore catholiques.
Il est bien évident en effet que depuis le concile Vatican II, le pape et les épis­co­pats s’éloignent tou­jours plus net­te­ment de leurs prédécesseurs.
Le comble de cette rup­ture avec le magis­tère anté­rieur de l’Eglise s’est accom­pli à Assise, après la visite à la Synagogue. Le péché public contre l’unicité de Dieu, contre le Verbe Incarné et Son Eglise fait fré­mir d’horreur : Jean-​Paul II encou­ra­geant les fausses reli­gions à prier leurs faux dieux : scan­dale sans mesure et sans pré­cé­dent (…) Nous pour­rions reprendre ici notre Déclaration du 21 novembre 1974, qui demeure plus actuelle que jamais. Pour nous, demeu­rant indé­fec­ti­ble­ment atta­chés à l’Eglise catho­lique et romaine de tou­jours, nous sommes obli­gés de consta­ter que cette Religion moder­niste et libé­rale de la Rome moderne et conci­liaire s’éloigne tou­jours davan­tage de nous, qui pro­fes­sons la foi catho­lique des onze papes qui ont condam­né cette fausse reli­gion. La rup­ture ne vient donc pas de nous, mais de Paul VI et de Jean-​Paul II, qui rompent avec leurs pré­dé­ces­seurs. Ce renie­ment de tout le pas­sé de l’Eglise par ces deux papes et les évêques qui les imitent est une impié­té incon­ce­vable et une humi­lia­tion insou­te­nable pour ceux qui demeurent catho­liques dans la fidé­li­té à vingt siècles de pro­fes­sion de la même foi. Nous consi­dé­rons donc comme nul tout ce qui a été ins­pi­ré par cet esprit de renie­ment : toutes les réformes post conci­liaires, et tous les actes de Rome qui sont accom­plis dans cette impié­té » (Déclaration de Buenos Aires, 2 décembre 1986. Itinéraires, Numéro 309, jan­vier 1987. Le Sel de la terre, N° 30).

« La chaire de Pierre et les postes d’autorité de Rome étant occu­pés par des anti­christs, la des­truc­tion du Règne de Notre Seigneur se pour­suit rapi­de­ment à l’intérieur même de son Corps mys­tique ici-​bas, spé­cia­le­ment par la cor­rup­tion de la sainte Messe, expres­sion splen­dide du triomphe de Notre Seigneur par la Croix : « Regnavit a ligno Deus », et source d’extension de son Règne dans les âmes et dans les sociétés (…)
C’est pour­quoi, convain­cu de n’accomplir que la sainte Volonté de Notre Seigneur, je viens par cette lettre vous deman­der d’accepter de rece­voir la grâce de l’épiscopat catho­lique, comme je l’ai déjà confé­rée à d’autres prêtres en d’autres circonstances (…)
Je vous conjure de demeu­rer atta­chés au Siège de Pierre, à l’Eglise Romaine, Mère et Maîtresse de toutes les Eglises, dans la foi catho­lique inté­grale, expri­mée dans les sym­boles de la foi, dans le caté­chisme du Concile de Trente, confor­mé­ment à ce qui vous a été ensei­gné dans votre sémi­naire. Demeurez fidèles dans la trans­mis­sion de cette foi pour que le Règne de Notre Seigneur arrive » (Lettre aux futurs évêques, 29 août 1987. Fideliter Hors série, 29–30 juin 1988 ; Numéro 81, mai-​juin 1991. Le Sel de la terre, N° 25).

« Il nous faut tenir, abso­lu­ment tenir, tenir envers et contre tout. Et alors, main­te­nant, j’en arrive à ce qui vous inté­resse sans doute davan­tage ; mais moi, je dis : Rome a per­du la foi, mes chers amis. Rome est dans l’apostasie. Ce ne sont pas des paroles, ce ne sont pas des mots en l’air que je vous dis. C’est la véri­té. Rome est dans l’apostasie. On ne pet plus avoir confiance dans ce monde-​là, il a quit­té l’Eglise, ils ont quit­té l’Eglise, ils quittent l’Eglise. C’est sûr, sûr, sûr » (Conférence de Mgr Lefebvre, don­née à la retraite sacer­do­tale, le 4 sep­tembre 1987 à Ecône. Le Sel de la terre, N° 31, page 194).

« – Avez-​vous un man­dat apostolique ?
– Nous l’avons
– Qu’on le lise
– Nous l’avons par l’Eglise Romaine qui, dans sa fidé­li­té aux saintes tra­di­tions reçues des Apôtres, nous com­mande de trans­mettre fidè­le­ment ces saintes tra­di­tions – c’est-à-dire le dépôt de la foi– à tous les hommes en rai­son de leur devoir de sau­ver leur âme.
Selon ce man­dat de la Sainte Eglise Romaine tou­jours fidèle, nous choi­sis­sons ces quatre prêtres ici pré­sents comme évêques de la Sainte Eglise Romaine, pour être auxi­liaires de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X : Monsieur l’abbé Bernard Tissier de Mallerais, Monsieur l’abbé Richard Williamson, Monsieur l’abbé Alfonso de Galarreta, Monsieur l’abbé Bernard Fellay.
Etant don­né que depuis le Concile Vatican II jusqu’aujourd’hui, les auto­ri­tés de l’Eglise Romaine sont ani­mées d’un esprit de moder­nisme, agis­sant contre la Sainte Tradition –« ils ne sup­portent plus la sainte doc­trine, détour­nant l’ouïe de la Vérité, pour se tour­ner vers des fables », comme dit saint Paul à Timothée dans sa seconde épître (IV, 3–5)–, nous esti­mons que toutes les peines et cen­sures por­tées par ces auto­ri­tés n’ont aucun poids » (Texte du Mandat, 30 juin 1988. Fideliter Hors série, 29–30 juin 1988).

« L’Eglise de Dieu est affli­gée… Par les sacres du 30 juin ? Ou par l’occupation de Rome et du Saint-​Siège lui-​même par l’idéologie moderniste ? (…)
Pour l’instant et depuis 25 ans, le Saint Père est occu­pé par une idéo­lo­gie étran­gère à la foi catholique
(…) Comment voulez-​vous que le Pontife Romain puisse, dans ces condi­tions inté­rieures de son esprit, gou­ver­ner nor­ma­le­ment l’Eglise catho­lique ? Il en est mora­le­ment empê­ché (…) Par exemple, il lui est impos­sible de don­ner de bons évêques à l’Eglise, sans exi­ger d’eux, à brève échéance, l’allégeance à tout le concile et la recon­nais­sance de la légi­ti­mi­té de la nou­velle messe !
Dans une telle situa­tion, Mgr Lefebvre a inter­pré­té l’intention habi­tuelle et impli­cite du Pape, à l’encontre, fata­le­ment, de l’intention actuelle et expli­cite de ce der­nier (…)
Nous pen­sons avoir mon­tré que le sacre est légi­time et non schis­ma­tique étant don­né la Rome occu­pée et le Pontife Romain empê­ché de gou­ver­ner droi­te­ment l’Eglise (…)
Concluons : La rup­ture essen­tielle est bien de nature doc­tri­nale. Mais ce n’est pas un schisme de Mgr Lefebvre avec l’Eglise. C’est la rup­ture (pour ne pas dire schisme, car nous n’avons pas l’autorité pour le pro­non­cer), la rup­ture de l’Eglise de Vatican II et de la Rome occu­pée, avec la vraie tra­di­tion vivante !
La décla­ra­tion d’excommunication de l’Archevêque fidèle, de son col­lègue dans l’épiscopat et de leurs quatre fils est la décla­ra­tion offi­cielle par Rome de cette der­nière rup­ture : c’est la Rome occu­pée qui déclare sa propre rup­ture avec la tra­di­tion (pour ne pas dire son propre schisme et sa propre excommunication).
Pour nous, nous ne décla­rons rien, sinon que nous res­tons en com­mu­nion avec tous les papes de l’Eglise catho­lique qui ont pré­cé­dé cette « Eglise conci­liaire » qui afflige et souille le visage de l’Epouse imma­cu­lée de Jésus-​Christ » (L’Eglise de Dieu affli­gée, Mgr. Bernard Tissier de Mallerais. Bulletin Saint-​Joseph de Colmar ; Fideliter, Numéro 72, novembre- décembre 1989).

« Eminence. Réunis autour de leur Supérieur géné­ral, les Supérieurs des dis­tricts, sémi­naires et mai­sons auto­nomes de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, pensent bon de vous expri­mer res­pec­tueu­se­ment les réflexions suivantes.
Vous avez cru devoir, par votre lettre du 1e juillet pas­sé, faire savoir à Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre, à Son Excellence Monseigneur Antonio de Castro Mayer et aux quatre évêques qu’ils ont consa­crés le 30 juin der­nier à Ecône, leur excom­mu­ni­ca­tion latae sen­ten­tiae. Veuillez vous-​mêmes juger de la valeur d’une telle décla­ra­tion venant d’une auto­ri­té qui, dans son exer­cice, rompt avec celle de tous ses pré­dé­ces­seurs jusqu’au pape Pie XII, dans le culte, l’enseignement et le gou­ver­ne­ment de l’Eglise.
Pour nous, nous sommes en pleine com­mu­nion avec tous les papes et tous les évêques qui ont pré­cé­dé le Concile Vatican II, célé­brant exac­te­ment la messe qu’ils ont codi­fiée et célé­brée, ensei­gnant le caté­chisme qu’ils ont com­po­sé, nous dres­sant contre les erreurs qu’ils ont maintes fois condam­nées dans leurs ency­cliques et leurs lettres pas­to­rales. Veuillez donc juger de quel côté se trouve la rup­ture. Nous sommes extrê­me­ment pei­nés de l’aveuglement d’esprit et de l’endurcissement de cœur des auto­ri­tés romaines.
En revanche, nous n’avons jamais vou­lu appar­te­nir à ce sys­tème qui se qua­li­fie lui-​même d’Eglise conci­liaire, et se défi­nit par le Novus Ordo Missae, l’oecuménisme indif­fé­ren­tiste et la laï­ci­sa­tion de toute la Société. Oui, nous n’avons aucune part, nul­lam par­tem habe­mus, avec le pan­théon des reli­gions d’Assise ; notre propre excom­mu­ni­ca­tion par un décret de votre Eminence ou d’un autre dicas­tère n’en serait que la preuve irré­fu­table. Nous ne deman­dons pas mieux que d’être décla­rés ex com­mu­nione de l’esprit adul­tère qui souffle dans l’Eglise depuis vingt-​cinq ans, exclus de la com­mu­nion impie avec les infi­dèles. Nous croyons au seul Dieu, Notre Seigneur Jésus-​Christ, avec le Père et le Saint-​Esprit, et nous serons tou­jours fidèles à son unique Epouse, l’Eglise Une, Sainte, Catholique, Apostolique et Romaine.
Etre donc asso­ciés publi­que­ment à la sanc­tion qui frappe les six évêques catho­liques, défen­seurs de la foi dans son inté­gri­té et son inté­gra­li­té, serait pour nous une marque d’honneur et un signe d’orthodoxie devant les fidèles. Ceux-​ci ont en effet, un droit strict à savoir que les prêtres aux­quels ils s’adressent ne sont pas de la com­mu­nion d’une contre­fa­çon d’Eglise, évo­lu­tive, pen­te­cô­tiste, et syn­cré­tiste… » (Lettre ouverte au car­di­nal Gantin des supé­rieurs de la FSSPX. Fideliter, Numéro 64, juillet-​août 1988. Le Sel de la terre, N° 25).

En conclu­sion :

a) Même en concé­dant les points posi­tifs qu’il com­porte, de par sa cause maté­rielle ce Motu pro­prio mani­feste que la Rome de ten­dance néo-​moderniste et néo-​protestante conti­nue de s’éloigner de la théo­lo­gie catho­lique de la Sainte Messe, telle qu’elle a été for­mu­lée à la XXème ses­sion du Concile de Trente.

b) De par son inten­tion ce Motu pro­prio est simple comme la colombe et pru­dent comme le ser­pent ; mais, il faut le dire, sa sim­pli­ci­té benoîte est une astuce de plus du ser­pent, capable d’induire en erreur les élus mêmes.

Cependant, rassurez-​vous, chers fidèles, sa tête sera écra­sée par l’Immaculée…

Abbé Juan Carlos Ceriani