Vous serez comme des Dieux…

Le clo­nage des mam­mi­fères a été réus­si pour la pre­mière fois en 1996, avec la bre­bis Dolly. Le clo­nage humain, pour sa part, est encore assez loin d’être réa­li­sé sur le plan tech­nique, mais il ne fait pas de doute que, dans cer­tains labo­ra­toires, on y tra­vaille activement.

Toutefois, ce n’est pas parce que l’homme peut réa­li­ser quelque chose qu’il lui est per­mis de le faire. Notre dos­sier s’ef­force de le faire com­prendre, et je vou­drais par­ta­ger avec vous quelques réflexions simples à ce sujet.

L’homme peut uti­li­ser les ani­maux à son pro­fit, et opé­rer en eux des « mani­pu­la­tions » telles que les croi­se­ments, l’in­sé­mi­na­tion arti­fi­cielle ou le clo­nage, même s’il doit le faire sans cruau­té et en rédui­sant la souf­france au maximum.

Cette pos­si­bi­li­té pos­sède deux fon­de­ments coor­don­nés. D’une part, l’a­ni­mal, n’ayant pas d’es­prit, de part spi­ri­tuelle en lui, n’est pas une « per­sonne », n’est pas « sujet de droit ». Les actions qu’il fait, ou qu’on lui fait faire, n’ont pas de valeur morale, d’exi­gence morale.

De ce fait, l’a­ni­mal a été remis en pos­ses­sion de l’homme, pour le bien et l’a­van­tage de l’homme. C’est pour cela que l’homme peut domes­ti­quer l’a­ni­mal, l’u­ti­li­ser à son pro­fit (son lait, sa laine, sa force de tra­vail), l’ex­po­ser dans un zoo, le faire mou­rir, le man­ger, l’empailler, etc.

Mais l’homme, pour sa part, pos­sède une âme spi­ri­tuelle, qui fait de lui une « per­sonne » auto­nome, sujet de droits et de devoirs. Toute action volon­taire et libre qu’il pose a for­cé­ment une valeur morale et doit être jugée en fonc­tion de la nature propre de l’homme et des fins que le Créateur a ins­crites en lui.

De ce fait, dans l’u­sage de son propre être, il n’ap­par­tient pas aux autres hommes, ni même exclu­si­ve­ment à lui-​même, mais il dépend direc­te­ment de Dieu, son Créateur. Certes, il peut alié­ner une part de son être (sa force de tra­vail, par exemple), mais il ne peut le faire que dans le res­pect de sa nature spirituelle.

Un être humain ne peut donc être remis en pos­ses­sion d’un autre être humain, pour que celui-​ci en use à son gré, comme on le fait légi­ti­me­ment pour un ani­mal. Cet être humain ne peut non plus se remettre volon­tai­re­ment en pos­ses­sion abso­lue d’un autre homme, car si l’homme se pos­sède lui-​même (par sa liber­té), c’est seule­ment dans les limites de sa nature. C’est pour­quoi on ne peut expo­ser un homme dans un zoo, on ne peut le man­ger, l’empailler, etc.

C’est à la lumière de ce prin­cipe fon­da­men­tal qu’il faut juger du clo­nage et, en géné­ral, de toutes les tech­niques arti­fi­cielles de repro­duc­tion humaine.

Le Créateur a ins­crit dans la nature humaine la capa­ci­té de pro­créer un enfant, c’est-​à-​dire un nou­vel être humain. L’homme uti­lise libre­ment cette capa­ci­té, en ce sens que le mariage n’est pas obli­ga­toire, et qu’à l’in­té­rieur du mariage les actes aptes à la pro­créa­tion ne sont pas non plus obli­ga­toires en soi.

En revanche, ces actes doivent être posés dans le res­pect du Créateur (il s’a­git de pro-​création, pas de créa­tion), dans le res­pect de l’acte lui-​même, enfin dans le res­pect de l’en­fant à naître, qui n’est pas une chose mais une per­sonne libre.

Tout acte fai­sant venir à la vie un nou­vel être humain qui ne res­pec­te­rait pas ces trois élé­ments, qui pré­ten­drait donc s’af­fran­chir de la volon­té du Créateur ins­crite dans la nature humaine, ou qui vou­drait user des actes géné­ra­tifs en dehors de leurs fins, ou qui exi­ge­rait un « droit à l’en­fant » comme s’il s’a­gis­sait d’un objet que l’on peut com­man­der sur cata­logue, au lieu d’être un don que les parents reçoivent, tout acte pro­créa­teur réa­li­sé dans de telles condi­tions est un péché contre Dieu, une alté­ra­tion de la nature humaine, un atten­tat contre la socié­té et contre l’en­fant à naître.

Le pré­texte du confort ou de la science, et même le désir (res­pec­table) d’en­fant ne peuvent dis­si­mu­ler qu’en agis­sant ain­si, les hommes se laissent trom­per une nou­velle fois par l’in­si­dieuse sol­li­ci­ta­tion de Satan à Adam et Ève :

« Vous serez comme des Dieux. »

Abbé Régis de Cacqueray †, Supérieur du District de France

Source : Fideliter n° 186

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.

Fideliter

Revue bimestrielle du District de France de la Fraternité Saint-Pie X.