Comment se positionner dans l’Eglise ?

Les der­niers évè­ne­ments sur­ve­nus à l’initiative du pape Benoît XVI ne font que confir­mer encore aujourd’hui le bien fon­dé de l’attitude adop­tée par Mgr Lefebvre en son temps vis-​à-​vis des auto­ri­tés offi­cielles en place. Puisque sou­vent le magis­tère ne s’exerce plus aujourd’hui d’une manière nor­male et cohé­rente il est impos­sible de se sou­mettre abso­lu­ment à ses direc­tives comme si de rien n’était. Nous sommes donc dans l’obligation de suivre le conseil de Saint Paul : « Ne mépri­sez pas les pro­phé­ties ; éprou­vez tout, et rete­nez ce qui est bon ; abstenez-​vous de toute appa­rence de mal. » (1 Thess 5–21).

Rappelons-​nous que l’obéissance aveugle – celle où l’on ne voit pas les motifs de se sou­mettre – n’existe que très rare­ment dans l’Eglise. De fait, lorsque l’autorité papale engage son infailli­bi­li­té comme dans une défi­ni­tion dog­ma­tique ex cathe­dra on doit se sou­mettre sans condi­tion. La der­nière défi­ni­tion de ce type date de 1950 où le pape Pie XII a expri­mé ce qu’il fal­lait croire de l’Assomption de la très Sainte Vierge Marie. Depuis rien de tel ne s’est pro­duit. Bien évi­dem­ment cela ne veut pas dire pour autant que l’on doive pas­ser sys­té­ma­ti­que­ment au crible de la pen­sée per­son­nelle tous les actes du pape. Le libre exa­men n’est pas un cri­tère catho­lique pour atteindre la véri­té, il ne s’agit donc pas de trier le bon du mau­vais à sa guise en se réfé­rent à ses intui­tions ou ses idées per­son­nelles, ce serait alors adop­ter la men­ta­li­té pro­tes­tante. Ce n’est pas ce qu’il faut faire et ce n’est pas ce que nous faisons.

1 – La plus haute autorité peut-​elle défaillir ?

Si le pape est infaillible sous cer­taines condi­tions, il n’est assu­ré­ment pas impec­cable dans tous ses actes. Il peut donc y avoir des ini­tia­tives mau­vaises et très per­ni­cieuses des papes, c’est sûr, et c’est facile à démon­trer. Aussi résis­ter à l’autorité n’est pas, en soi, une chose nor­male mais cepen­dant ce n’est pas non plus une chose inédite. Nous lisons dans l’épître au Galates ch 2–11 que l’apôtre Paul a résis­té en face à Pierre pour trois rai­sons : « 1- parce qu’il se trou­vait avoir tort …2- les autres juifs firent les hypo­crites avec Pierre…. 3- Pierre ne mar­chait pas selon la véri­té de l’Evangile. »

Pierre était pour­tant le chef incon­tes­té par­mi les apôtres mais grâce à la remon­trance publique du jeune conver­ti, il a recon­nu hum­ble­ment son erreur et a rec­ti­fié son atti­tude en ces­sant de « judaï­ser » ( Gal 2–14). Si Saint Paul n’avait rien dit, toute l’Eglise nais­sante aurait été pro­fon­dé­ment per­tur­bée par les ambigüi­tés de Pierre. N’insistons pas. Retenons que la plus haute auto­ri­té peut avoir des déci­sions très nocives : cela se véri­fie quelque fois dans le pas­sé loin­tain de l’Eglise mais beau­coup plus fré­quem­ment, il est vrai, depuis 1960. Les aver­tis­se­ments pro­phé­tiques de Fatima nous ont pré­ve­nu qu’une grande crise de la foi sur­vien­drait à ce moment là : à nous de com­prendre et de savoir juger l’arbre à ses fruits.

2 – Qu’en est-​il du Pape actuel ?

Pour ce qui est du pape Benoît XVI, il vient de com­mettre coup sur coup au moins trois actes qui ont déjà un reten­tis­se­ment impor­tant et néfaste.

- Le pre­mier c’est son livre inti­tu­lé « Lumière du monde ». Il s’agit d’un inter­view avec un jour­na­liste Peter Seewald. Les pro­pos de Benoît XVI qui se déroulent sur le ton de la conver­sa­tion contiennent, de fait, beau­coup d’approximations et de faus­se­tés non seule­ment sur la doc­trine, l’histoire, mais aus­si la morale ain­si que d’autres sujets. Je ne m’attarderai pas là-​dessus, mais cet écrit est très déce­vant tant du point de vue de la forme et du fonds. Les erreurs et les à‑peu-​près qui s’y trouvent ne sont pas dignes d’un savant et du chef de la catho­li­ci­té. Si saint Paul a uti­li­sé pour Pierre le terme d’hypo­crite, le livre qui porte le nom de « Lumière du monde » se situe par­fai­te­ment dans ce registre car il est plein de ténèbres et trop conforme à l’esprit du monde : « Ne vous confor­mez pas à ce siècle » dit Saint Paul(Rom 12–2). Adopter un style média­ti­que­ment cor­rect n’engage certes pas l’infaillibilité du magis­tère mais uni­que­ment la per­sonne de Ratzinger. Il n’empêche que la majo­ri­té des lec­teurs ne fera pas la dif­fé­rence et pren­dra le tout comme l’enseignement offi­ciel de la Sainte Eglise.

Le second c’est son désir de réa­li­ser en octobre un Assise III ou une réunion de toutes les reli­gions pour prier pour la paix afin de célé­brer le 25ième anni­ver­saire de cette pre­mière ren­contre inter­re­li­gieuse vou­lue par Jean-​Paul II. Les deux pre­mières réunions d’Assise sont, de toutes façons, des péchés très graves contre le 1er com­man­de­ment « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Exode 20–3) et très scan­da­leuses en elles-​mêmes c’est-à-dire quelles que soient les inten­tions géné­reuses qui animent les auteurs. Faisons à ce pro­pos juste deux petits rap­pels. Assise I (1986) : des églises ont été mises à la dis­po­si­tion des fausses reli­gions pour leur culte et un Bouddha a été posé sur l’autel de l’une d’entre elles. Assise II (2002) : Pour évi­ter les écarts cho­quants de 1986 des salles ont été prê­tées aux par­ti­sans des fausses reli­gions mais, au préa­lable, on a pris soin de reti­rer les cru­ci­fix pour ne pas gêner les non-chrétiens.

C’est deux actes (pro­fa­na­tions d’église par les faux culte + reti­rer les croix) aux­quels ont peut rajou­ter beau­coup d’autres ne sont pas ano­dins. Dieu peut-​il bénir telles choses ? Jésus qui a chas­sé les ven­deurs du Temple, peut-​il agréer que les faux dieux soient hono­rés dans ses églises et que leurs ado­ra­teurs s’installent là comme des bri­gands dans une caverne ? Evacuer les croix est-​ce vrai­ment le moyen de s’attirer l’estime de Celui qui a vou­lu nous sau­ver par Sa Croix ? C’est insen­sé de le pen­ser alors que l’Eglise nous fait chan­ter « O Crux ave spes uni­ca » « Salut O Croix espé­rance unique ». De plus ces ini­tia­tives entraînent des consé­quences insi­dieuses et per­verses dans l’esprit des bap­ti­sés qui finissent par adop­ter les prin­cipes mêmes des francs-​maçons : l’union des hommes par delà les religions.

- Le troi­sième c’est sa volon­té de béa­ti­fier Jean-​Paul II, le pape qui a lais­sé excom­mu­nier la Tradition alors que dans le même temps étaient dif­fu­sées par­tout les pires aber­ra­tions doc­tri­nales et litur­giques. C’est aus­si Jean-​Paul II qui a bai­sé le Coran, per­pé­tré d’innombrables scan­dales dont Assise est sans doute le plus pitoyable et désas­treux pour les âmes (cf. le livre « Pierre m’aimes-tu ? » )

3 – Comment y voir clair lorsque les ténèbres envahissent les guides religieux et qu’ils deviennent selon l’expression de l’Evangile : « Aveugles conducteurs d’aveugles. » (Matth 15–14)

Deux prin­cipes notam­ment doivent être repris et nous ser­vir de phare dans ces moments : « Ce qui était vrai hier ne peut pas être faux aujourd’hui. » et « Ce qui est nou­veau main­te­nant, pour être légi­time et rece­vable, ne doit sur­tout pas s’opposer au pas­sé mais l’assumer tota­le­ment en le perfectionnant. »

C’est, entre autres, en rai­son de ces deux prin­cipes que nous refu­sons Assise, la nou­velle messe et beau­coup de réformes du der­nier concile.

Assise. L’Eglise s’est tou­jours oppo­sée aux autres reli­gions (chré­tiennes ou non-​chrétiennes) parce qu’elles sont fausses. Elle les a tou­jours com­bat­tues par la parole, par l’écrit, par toute sorte de coer­ci­tion (excom­mu­ni­ca­tion des héré­tiques) et par l’exemple des saints ( ex : les mar­tyrs d’Angleterre au 16ième siècle, tués pour le seul motif de leur fidé­li­té à Rome). Parfois même, quand il n’ y avait pas d’autres moyens de se pro­té­ger, elle les a com­bat­tues par les armes des sol­dats chré­tiens. Voilà la véri­té d’hier.

Une réunion inter­re­li­gieuse contre­dit l’agir constant de l’Eglise. Elle ne peut qu’apporter que la confu­sion dans les esprits en fai­sant croire qu’il peut y avoir une union bonne et construc­tive par et par-​delà les confes­sions reli­gieuses. C’est, nous vous le disions, typi­que­ment les prin­cipes maçon­niques qui se sont intro­duits dans l’Eglise : liber­té reli­gieuse, éga­li­té des cultes et fra­ter­ni­té non pas dans le bap­tême et la foi mais uni­que­ment dans notre com­mune humanité.

Quant à nous nous savons que construire la paix sans le Christ et son Eglise c’est vou­loir édi­fier une tour jusqu’au ciel sans l’intervention de Dieu. Les consé­quences sont connues : ce sera l’inverse qui se pro­dui­ra : la dis­per­sion au lieu de l’union, la confu­sion et la guerre au lieu de l’entente et la paix.

La nou­velle messe. Qu’importe que la nou­velle messe soit valide à par­tir du moment où l’on sait « qu’elle s’éloigne dans l’ensemble comme dans le détail de la théo­lo­gie catho­lique concer­nant le Saint Sacrifice tel que l’a défi­ni le concile de Trente dans sa XXième ses­sion. » ( Bref exa­men cri­tique adres­sé au Pape Paul VI signé par le Préfet du Saint office, le car­di­nal Ottaviani.) Pour celui qui a com­pris cela il devient alors impos­sible d’y assis­ter car per­sonne ne peut nous contraindre à chan­ger notre foi ou même à dimi­nuer notre foi. Or la nou­velle messe quand elle ne change pas la foi ( cer­taines « messes » fes­tives et far­fe­lues le font : ex : les messes clowns ou les messes dan­santes ) en dimi­nue du moins l’expression dans la pré­sence réelle, le Saint Sacrifice et sur­tout la pro­pi­tia­tion, même lorsqu’elle est bien dite par un prêtre pieux et sérieux. Les chan­ge­ments de la nou­velle messe n’assument pas le pas­sé de l’Eglise, il n’ y a pas per­fec­tion du rite ancien mais régres­sion dans l’expression de la foi : donc il est devient par­fai­te­ment légi­time de résister.

4 ‑Tout changement n’est pas mauvais

Mais les exemples abondent de nou­veau­tés intro­duites dans l’Eglise qui sont légi­times parce qu’elles per­fec­tionnent la doc­trine ou affinent la litur­gie ou pré­cisent la morale. Ainsi les termes uti­li­sés par l’Eglise comme Consubstantiel , Transsubstantiation, Immaculée Conception sont certes des chan­ge­ments très impor­tants par rap­port à ce qui a pré­cé­dé, mais ces termes rendent la doc­trine de tou­jours plus intel­li­gible : ain­si les chré­tiens sont pro­té­gés contre les erreurs tor­tueuses et le génie néfaste de l’hérésie. Voilà pour­quoi on ne peut pas refu­ser ce type de chan­ge­ment. Ces mots nou­veaux sont de purs pro­duits qui viennent de la Tradition, on ne peut plus les exclure sans dimi­nuer l’expression de la foi : ils font donc désor­mais par­ti du voca­bu­laire catho­lique. Supprimer ou dimi­nuer l’expression de la foi par des expres­sions nou­velles c’est cela qui n’est pas per­mis dans l’Eglise et aucune auto­ri­té ne peut contraindre qui que ce soit à adop­ter de tels chan­ge­ments. La force juri­dique a été don­née aux chefs non pas pour détruire mais pour édifier.

Le cri­tère de la Tradition est donc déter­mi­nant lorsqu’il y a des nou­veau­tés intro­duites dans l’Eglise. Lorsque le « magis­tère » actuel énonce des choses qui offensent les oreilles catho­liques comme l’a fait Benoît XVI en per­met­tant l’usage du pré­ser­va­tif en cer­tains cas. (Cf : le livre « Lumière du monde » p.160) on ne peut pas pen­ser faci­le­ment alors que Dieu nous parle par la bouche du suc­ces­seur de Pierre. Surtout lorsque d’autres papes ont par­lé sur ce sujet dans le sens de la Tradition et de manière fort claire et défi­ni­tive.« Rien ne peut trans­for­mer une action intrin­sè­que­ment immo­rale en un acte licite » Pie XII. (cf : sur ce sujet voir le n°199 de Fidéliter l’article « les paroles de Benoît XVI sur une ques­tion de morale » par M. l’abbé Régis de Cacqueray)

5 ‑Attitude pratique à adopter en face des erreurs et ambiguïtés des chefs religieux

Devant les orien­ta­tions aber­rantes de plus en plus répé­tées de la hié­rar­chie qui s’inspire tou­jours pour cela du der­nier concile Monseigneur Lefebvre a don­né en son temps quelques règles de conduite pour les fidèles afin de ne pas se lais­ser entraî­ner par une obéis­sance mal comprise.

Première règle : Là où il devient évident qu’il y a rup­ture avec la Tradition il ne faut pas suivre même si l’autorité la plus haute dans l’Eglise semble vou­loir nous obliger.

Le temps finit tou­jours par don­ner rai­son à ceux qui adoptent cette règle. C’est le cas pour la messe. Le pape Paul VI a insis­té fer­me­ment et à plu­sieurs reprises pour que sa nou­velle messe rem­place l’ancienne. Cette der­nière devait dis­pa­raître abso­lu­ment. Des prêtres ont été chas­sés de leur paroisse parce que, en conscience, ils ne pou­vaient célé­brer le nou­veau rite impo­sé sans pécher. Egalement des reli­gieux (ses) ont du quit­ter leur couvent pour ne pas assis­ter à cette messe qui leur fai­sait perdre l’esprit de leurs sta­tuts. En fait, la volon­té de Paul VI était bien réelle et forte, sans ména­ge­ment pour les récal­ci­trants, mais c’était aus­si une volon­té capri­cieuse essen­tiel­le­ment basée sur l’œcuménisme et l’union avec les pro­tes­tants. Il eût fal­lu un fon­de­ment doc­tri­nal et juri­dique solide, en cohé­sion avec le pas­sé, pour que l’ordre fût rece­vable et que l’on pût dire « Rome a par­lé la cause est enten­due ». Ce n’était pas le cas. Voilà pour­quoi Benoît XVI en 2007 a pu dire qua­si­ment le contraire de Paul VI : la messe saint Pie V n’a jamais été abo­lie (en toute légi­ti­mi­té) : tout prêtre peut conti­nuer à la célé­brer sans per­mis­sion spé­ciale de son évêque (Motu Proprio du 07–07-07).

Deuxième règle. Là où il y a ambigüi­té il faut inter­pré­ter dans le sens de la Tradition et com­battre le sens contraire c’est-à-dire le sens qui favo­rise la nou­veau­té moderniste.

Troisième règle : Là où il y a conti­nui­té avec la Tradition il faut se sou­mettre simplement.

Cet expres­sion « Rome a par­lé la cause est enten­due » n’est valable que si Rome parle clai­re­ment, avec auto­ri­té, en confor­mi­té avec la Tradition et l’esprit de sain­te­té de l’Eglise et non pas pour impo­ser des orien­ta­tions tota­le­ment nou­velles comme des réunions inter­re­li­gieuses ou une litur­gie œcuménique.

6 – Le signe de la fidélité à l’Eglise

Saint Pie X a dit « les vrais amis du peuple ne sont ni révo­lu­tion­naires ni nova­teurs, mais tra­di­tio­na­listes » : Cette petite phrase qui conclue la condam­na­tion du Sillon (mou­ve­ment du catho­lique libé­ral Marc Sangnier) dit aus­si tout l’esprit qui doit nous ani­mer dans la lutte contre le moder­nisme et l’esprit issu du concile.

Dans l’Eglise conci­liaire le vrai et le faux, le bien et le mal, l’utile et le dan­ge­reux sont tel­le­ment mélan­gés qu’il ne faut pas hési­ter à en détour­ner tous les catho­liques encore dotés de quelque bon sens. Sans doute il faut le faire avec intel­li­gence en pre­nant le temps de mon­trer les prin­cipes dan­ge­reux qui se cachent sous des appa­rences trom­peuses ; il faut le faire avec bon­té, déli­ca­tesse, et non pas pour affi­cher une supé­rio­ri­té ou pour le malin plai­sir d’avoir rai­son contre les autres. Mais l’objectif est clair pour celui qui connaît bien l’Eglise et son esprit : il est néces­saire éloi­gner les âmes de toutes les influences néfastes qui affai­blissent insen­si­ble­ment la foi et font poser des actes contraires à l’esprit de foi.

Si saint Pie X oppose tra­di­tio­na­listes à révo­lu­tion­naires et nova­teurs c’est que par­mi les enne­mis de la reli­gion il y en a de plus ultras que d’autres. Les révo­lu­tion­naires sont, en soi, pires que les nova­teurs mais les nova­teurs s’accordent avec les révo­lu­tion­naires pour s’opposer au tra­di­tio­na­listes. C’est une chose visible. Disons qu’il y a entre eux une dif­fé­rence de vitesse mais ils vont vers la réa­li­sa­tion d’un même but. Les révo­lu­tion­naires veulent tout bou­le­ver­ser immé­dia­te­ment et radi­ca­le­ment : ren­ver­ser la consti­tu­tion divine de l’Eglise pour en faire une sorte de démo­cra­tie où le pou­voir suprême n’est plus celui du pape seul mais d’un groupe (la col­lé­gia­li­té) ; abo­lir le céli­bat des prêtres ; don­ner la com­mu­nion aux divor­cés rema­riés ; per­mettre l’avortement, la contra­cep­tion, légi­ti­mer l’homosexualité, affir­mer l’égalité des reli­gions et le salut par toutes les confes­sions ; prô­ner la néces­si­té abso­lue de la laï­ci­té de l’Etat etc…

Les nova­teurs ne seront pas si outrés dans leur reven­di­ca­tions, ils gar­de­ront une tein­ture et une pié­té plus conformes à l’esprit de l’Eglise. Aussi sans être de farouches par­ti­sans du bou­le­ver­se­ment ils se mon­tre­ront très ouverts à tout ce qui nou­veau. Ils pré­fè­re­ront le céli­bat sacer­do­tal disons comme une voie idéale réser­vée à un petit nombre mais ne ver­ront qua­si­ment pas d’obstacle au mariage des prêtres si ceux-​ci le sou­haitent. Ils diront que les femmes ne peuvent pas (encore) accé­der au sacer­doce, mais elles peuvent faire les lec­tures, dis­tri­buer la com­mu­nion et les jeunes filles peuvent être enfants de chœur. Ils seront contre la contra­cep­tion, bien sûr, mais, en cer­tains cas extrêmes, cela peut-​être une voie vers plus de mora­li­sa­tion. La com­mu­nion des divor­cés rema­riés n’est nor­ma­le­ment pas pos­sible mais il faut juger par­fois au cas par cas et l’autoriser sans tapage, dis­crè­te­ment. Quant à l’Etat il n’est pas rai­son­nable qu’il favo­rise une reli­gion plu­tôt qu’une autre il faut donc une laï­ci­té posi­tive qui équi­libre tout en don­nant la liber­té à tous. A pas feu­trés ces nova­teurs cham­boulent toute la Tradition autant que les révo­lu­tion­naires mais c’est plus long et mieux enro­bé par un embal­lage qui conserve un exté­rieur tra­di­tion­nel présentable .

« Si je cherche à plaire au monde, je ne suis plus un ser­vi­teur du Christ » dit saint Paul. Cet aver­tis­se­ment est sévère et valable pour tous ceux qui ont une mis­sion d’édification dans l’Eglise.

7- Aura-​t-​on, en dehors de la Fraternité Saint Pie X, des imitateurs de Saint Paul pour résister en face à Pierre au sujet d’Assise III ?

C’est peu probable.

Aujourd’hui, les évêques, ne cherchent plus comme l’a fait Saint Paul à dis­cer­ner si un acte du pape est conforme ou non à l’Evangile. Ils sont deve­nus pour beau­coup des exé­cu­tants sou­cieux uni­que­ment de res­pec­ter des règles de gou­ver­ne­ment qui sont fon­dés sur les faux prin­cipes de la liber­té reli­gieuse, de l’œcuménisme ou de la col­lé­gia­li­té et ils ne regardent pas au-delà.

Si telle caté­go­rie de catho­liques (les tra­di­tio­na­listes) ne rentrent pas dans les sché­mas actuels de la léga­li­té point besoin d’examiner ce qu’ils disent et, comme des fonc­tion­naires sans âme, ils se mon­tre­ront intrai­tables avec eux. Ces bons admi­nis­tra­teurs qui ont en per­ma­nence le mot dia­logue à la bouche sont alors tota­le­ment sourds aux argu­ments de ceux qui sont atta­chés à la foi. Ils n’ont qu’un seul prin­cipe à avan­cer : vous n’êtes pas dans la struc­ture légale de l’Eglise conci­liaire. Dès lors leur conscience est par­fai­te­ment tran­quille et leurs actes les plus inhu­mains ne les émeuvent plus. Ils font actuel­le­ment ce que la dis­ci­pline en vigueur com­mande et ne se sentent pas res­pon­sables devant Dieu des injus­tices les plus criantes. Demain ils chan­ge­ront peut-​être. Ne ressemblent-​ils pas, à quelque chose près, à ces méde­cins qui pra­tiquent des avor­te­ments à tour de bras dans une par­faite quié­tude de conscience ? Si ces der­niers tuent sans scru­pule c’est parce que la loi du moment le per­met et même l’encourage : cela ne peut donc pas être un mal. Mais quand la loi dira : « Arrêtez, c’est mal ! » ils arrê­te­ront et, éven­tuel­le­ment, ils se pose­ront des questions.

Soyons aver­tis : s’il y a dans la socié­té civile un léga­lisme qui s’oppose à la loi natu­relle et qui cherche à la détruire il y a aus­si dans la socié­té reli­gieuse issue du concile un léga­lisme qui s’oppose à la loi de l’Evangile et qui détruit insi­dieu­se­ment la foi sur­na­tu­relle des fidèles par ses nou­veaux prin­cipes. Pour ceux qui ont com­pris cela une seule atti­tude est plei­ne­ment cohé­rente : ne pas se fier à cette léga­li­té illé­gi­time et défendre cou­ra­geu­se­ment la foi.

Aussi gar­der une posi­tion « cano­ni­que­ment cor­recte » qui res­treint la confes­sion de la foi c’est faire plus ou moins le jeu du modernisme.

On ne peut occul­ter ou nier qu’il y a par­fois un devoir grave d’opposition contre les scan­dales per­pé­trés par la hiérarchie.

Abbé Pierre Barrère

Extrait du Sainte Anne n° 226 de février 2011