21 décembre 2017

Violente critique du Pape François contre ses « adversaires » de la Curie

Dans la pré­sen­ta­tion de la recen­sion qu’il fait des vœux du pape François dans Le Figaro Jean-​Marie Guénois écrit sans prendre de pré­cau­tions ora­toires inutiles : « Dans un dis­cours de mise au point, le Saint-​Père a vio­lem­ment cri­ti­qué l’at­ti­tude de cer­tains de ses collaborateurs ».

Et de conti­nuer : « Le pape François aime mettre les points sur les « i ». Et par­ti­cu­liè­re­ment avec la Curie romaine, son admi­nis­tra­tion cen­trale. Il lui donne rendez-​vous chaque fin décembre pour un échange de vœux. Qui n’est pas for­cé­ment cor­dial. Les édi­tions pré­cé­dentes l’ont démon­tré. Ainsi du fameux dis­cours sur les quinze mala­dies de la Curie romaine en décembre 2014, où étaient poin­tés « l’Alzheimer spi­ri­tuel » et la « schi­zo­phré­nie existentielle ». »

Cette année, dans son intro­duc­tion, le Pape fait preuve d’une rare vio­lence contre cer­tains de ses col­la­bo­ra­teurs, actuels ou anciens. Les voi­là qua­li­fiés de « traîtres », de « pro­fi­teurs », à la mer­ci de « la vaine gloire » et de « petits cercles » qui agissent selon « les logiques dés­équi­li­brées et dégé­né­rées des complots»…

Cette attaque fron­tale vise aus­si bien le car­di­nal Raymond Leo Burke ancien pré­fet du Tribunal suprême de la signa­ture apos­to­lique, la juri­dic­tion suprême de l’Église catho­lique que le car­di­nal Gerhard Ludwig Mülle, ancien pré­fet de la congré­ga­tion pour la Doctrine de la foi, le plus impor­tant des minis­tères du Vatican. Tous deux ont la carac­té­ris­tique d’a­voir cri­ti­qué publi­que­ment l’o­rien­ta­tion du pon­ti­fi­cat et de ne pas avoir été renou­ve­lés dans leur man­dat. Tous deux, dixit François, ont eu le tort de « s’au­to­dé­cla­rer, de façon erro­née, mar­tyrs du sys­tème, du « Pape non infor­mé », de la « vieille garde »… au lieu de réci­ter leur »Mea culpa »» [1].

À l’issue du dis­cours [2], les membres de l’assistance ont tous fait la file pour saluer François en per­sonne. Ce der­nier a eu un bon mot, une acco­lade et des sou­rires pour cha­cun sauf le car­di­nal Gerhard Müller, qu’il a licen­cié il y a quelques mois – à vrai dire de façon assez peu « déli­cate » – de sa charge de pré­fet de la Congrégation pour la doc­trine de la foi et qu’il s’est conten­té de saluer d’une poi­gnée de main sombre et empressée.

À l’é­vi­dence, la misé­ri­corde ber­go­glienne est à géo­mé­trie variable et le silence dans les rangs est désor­mais de mise dans l’Eglise conci­liaire du pape jésuite argentin.

Sources : Figaro Premium – Jean-​Marie Guenois /​Settimo Cielo

Notes de bas de page
  1. Note de LPL : Textuellement : « Permettez-​moi de dire ici deux mots sur un autre dan­ger, celui de ceux qui tra­hissent la confiance ou de ceux qui pro­fitent de la mater­ni­té de l’Eglise, c’est-à-dire les per­sonnes qui sont choi­sies soi­gneu­se­ment pour don­ner une plus grande vigueur au corps et à la réforme, mais – ne com­pre­nant pas la hau­teur de leur res­pon­sa­bi­li­té – se laissent cor­rompre par l’ambition ou par la vaine gloire ; et lorsqu’elles sont déli­ca­te­ment ren­voyées s’auto-déclarent faus­se­ment mar­tyres du sys­tème, du « Pape qui n’est pas infor­mé », de la « vieille garde »… au lieu de dire le « mea culpa ». A côté de ces per­sonnes, il y en a ensuite d’autres qui tra­vaillent encore à la Curie, à qui l’on donne tout le temps pour reprendre le juste che­min, dans l’espérance qu’elles trouvent dans la patience de l’Eglise une chance pour se conver­tir et non pour en pro­fi­ter. »[]
  2. Note de LPL : Dans ce dis­cours à la Curie romaine, donc, François pointe sur la néces­saire « com­mu­nion » de ses col­la­bo­ra­teurs – dont « l’é­cra­sante majo­ri­té est fidèle » – ajou­tant : « Ceci est très impor­tant pour dépas­ser les logiques dés­équi­li­brées et dégé­né­rées des com­plots et des petits cercles qui repré­sentent, en réa­li­té – mal­gré toutes leurs jus­ti­fi­ca­tions et bonnes inten­tions – un can­cer qui porte à l’au­to­ré­fé­ren­tia­li­té, qui s’in­filtre aus­si dans les orga­nismes ecclé­sias­tiques en tant que tels, et en par­ti­cu­lier dans les per­sonnes qui y tra­vaillent. Mais quand ceci arrive, on perd la joie de l’Évangile, la joie de com­mu­ni­quer le Christ et d’être en com­mu­nion avec Lui. On perd la géné­ro­si­té de notre consé­cra­tion. »[]