Le Pape François réaffirme que la réforme liturgique est « irréversible » – 24 août 2017


Le Pape François, qui a repris ce matin le rythme nor­mal de ses acti­vi­tés publiques après la pause esti­vale, a déli­vré ce matin une longue inter­ven­tion sur le sens de la litur­gie, en rece­vant les membres du centre d’Action litur­gique, qui par­ti­cipent actuel­le­ment à la Semaine litur­gique natio­nale en Italie. L’occasion pour le Saint Père de rap­pe­ler son atta­che­ment à la réforme de la litur­gie issue du Concile Vatican II, et d’en expli­quer la cohé­rence à la fois biblique et his­to­rique. (Radio Vatican – 27/​08/​2017)

Le Pape François a com­men­cé son inter­ven­tion en rap­pe­lant que ce mou­ve­ment de réforme avait été ouvert dès le pon­ti­fi­cat de saint Pie X, Pape du début du XXe siècle qui avait éta­bli de nou­velles règles pour la musique sacrée et avait créé une com­mis­sion pour que « l’édifice litur­gique puisse deve­nir de nou­veau res­plen­dis­sant dans sa digni­té et son har­mo­nie ». Quelques décen­nies plus tard, Pie XII, avec l’encyclique Mediator Dei, avait ouvert de nou­veaux champs de réforme, avec notam­ment de nou­veaux rites pour la Semaine Sainte, et le réta­blis­se­ment de la Veillée pascale.

Le Concile Vatican II n’arrivait donc pas sur un ter­rain vierge : votée à la quasi-​unanimité par les pères conci­liaires, la Constitution sur la litur­gie Sacrosanctum Concilium répon­dait « aux besoins réels et à l’espérance concrète d’un renou­veau ». Son appli­ca­tion est « tou­jours en cours » car « il ne suf­fit pas de chan­ger les livres litur­giques pour chan­ger la men­ta­li­té ».

Reprenant les pro­pos de Paul VI sur le dan­ger des « fer­ments de désa­gré­ga­tion, éga­le­ment per­ni­cieux dans un sens et dans un autre », François a pré­ci­sé qu’il ne faut pas faire de la litur­gie « des lec­tures infon­dées et super­fi­cielles, des récep­tions par­tielles et des pra­tiques qui la défi­gurent ». « Après ce long che­min, nous pou­vons affir­mer avec sécu­ri­té et avec auto­ri­té magis­té­rielle que la réforme litur­gique est irré­ver­sible », a mar­te­lé le Pape, vive­ment applau­di par l’assistance.

François a insis­té sur la « pré­sence réelle du mys­tère du Christ » dans la litur­gie, car « tout comme il n’y a pas de vie humaine sans bat­te­ment car­diaque, de même, sans le cœur bat­tant du Christ, il n’existe pas d’action litur­gique ». La litur­gie est vie pour le peuple de l’Église, sa nature est donc«popu­laire » et non pas « clé­ri­cale ». Elle est « l’action que Dieu lui-​même accom­plit en faveur de son peuple, mais aus­si l’action du peuple qui écoute Dieu qui parle, et réagit en le louant, en l’invoquant, en accueillant l’inépuisable source de vie et de misé­ri­corde » qui jaillit des signes et des rites de la litur­gie. « L’Église en prière ras­semble tous ceux qui ont le cœur à l’écoute de l’Évangile, sans écar­ter per­sonne : sont convo­qués petits et grands, riches et pauvres, jeunes et anciens, per­sonnes en bonne san­té et malades, justes et pécheurs. » À l’image de la mul­ti­tude immense qui célèbre la litur­gie dans le sanc­tuaire du Ciel dans le Livre de l’Apocalypse, « l’assemblée litur­gique dépasse, dans le Christ, toute fron­tière d’âge, de race, de langue et de nation ».

La litur­gie n’est donc pas la pro­jec­tion intel­lec­tuelle ou idéo­lo­gique d’une cer­taine idée de l’existence de Dieu, mais une occa­sion de « sen­tir que Dieu nous aime, comme nous sommes, ici et main­te­nant », avec les yeux et les oreilles ouverts pour com­prendre notre mis­sion de dis­ciples de Jésus.

Le Pape François a enfin rap­pe­lé que la richesse de l’Église en prière en tant que « catho­lique » va au-​delà du rite romain, qui « tout en étant le plus éten­du, n’est pas le seul. L’harmonie des tra­di­tions rituelles, d’Orient et d’Occident, par le souffle du même Esprit, donne voix à l’unique Église orante par le Christ, avec le Christ et dans le Christ, dans la gloire du Père et pour le salut du monde ».

Sources : Radio Vatican/​La Porte Latine du 25 août 2017