En Argentine, les lefebvristes reçoivent une reconnaissance de l’Église catholique

Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

L’archevêque de Buenos Aires demande aux auto­ri­tés argen­tines que la Fraternité sacer­do­tale Saint-​Pie‑X soit consi­dé­rée comme une asso­cia­tion dio­cé­saine de fidèles. 

À la demande du car­di­nal Mario Poli, arche­vêque de Buenos Aires, le minis­tère argen­tin des cultes a, le 17 mars der­nier, ins­crit la Fraternité sacer­do­tale Saint-​Pie X (FSSPX) sur le registre des ins­ti­tuts de vie consa­crée catho­liques. En Argentine, le catho­li­cisme béné­fi­cie en effet d’un sta­tut pro­té­gé par la Constitution et toute enti­té se disant catho­lique doit obte­nir une recon­nais­sance de l’Église, les congré­ga­tions reli­gieuses devant se faire ins­crire sur un registre spé­cial pour pou­voir agir. C’est ce qu’a per­mis le car­di­nal Poli, selon le Bulletin offi­ciel de la République argen­tine du jeu­di 9 avril, en deman­dant de consi­dé­rer la FSSPX comme une asso­cia­tion de fidèles de droit dio­cé­sain, alors que, pour l’Église, elle est offi­ciel­le­ment dis­soute depuis 1975…

« C’est un geste unique qui dépasse toutes les avancées faites par Benoît XVI »

« C’est un geste unique qui dépasse toutes les avan­cées faites par Benoît XVI », com­mente un juriste argen­tin sur le blog tra­di­tio­na­liste Adelante la Fe qui estime qu’un tel geste n’a pu être posé sans l’aval de Rome. D’autant plus que le car­di­nal Poli est le propre suc­ces­seur du pape à la tête du dio­cèse de Buenos Aires, le car­di­nal Bergoglio ayant déjà, dans le pas­sé, aidé la FSSPX à obte­nir des visas pour son séminaire.

À Rome, Mgr Guido Pozzo, secré­taire de la com­mis­sion pon­ti­fi­cale Ecclesia Dei, char­gée du dia­logue avec les lefeb­vristes, s’est dit hier « heu­reux que cette solu­tion en Argentine a pu être trou­vée », tout en pré­ci­sant qu’elle « n’implique pas le Saint-​Siège ». « Il ne s’agit pas d’une recon­nais­sance juri­dique de la FSSPX comme socié­té clé­ri­cale, a‑t-​il ajou­té sur le site Vatican Insider. La ques­tion de la légi­ti­mi­té de l’exercice du minis­tère sacer­do­tal de leurs prêtres reste ouverte. L’archevêque de Buenos Aires a recon­nu que ses membres sont catho­liques, même si pas encore en pleine com­mu­nion avec Rome. »

« On ne négocie pas la foi »

« Le pape désire la récon­ci­lia­tion, mais il appar­tient à ceux qui sont sépa­rés de l’Église de retrou­ver la pleine com­mu­nion avec le suc­ces­seur de Pierre », confiait récem­ment à La Croix le car­di­nal Gerhard Ludwig Müller, pré­fet de la Congrégation pour la doc­trine de la foi et pré­sident de la com­mis­sion Ecclesia Dei. « Nous fai­sons tout ce qui est pos­sible, ajoutait-​il. Mais les condi­tions pour une pleine com­mu­nion avec Rome sont les mêmes pour tous les bap­ti­sés : la foi, les sacre­ments, la recon­nais­sance de l’autorité du pape. » En clair : le Préambule doc­tri­nal pro­po­sé en 2011 à la FSSPX est tou­jours sur la table, mais n’est pas négo­ciable. « On ne négo­cie pas la foi », met en garde le car­di­nal Müller.

De son côté, la FSSPX sou­li­gnait hier que la déci­sion argen­tine n’avait rien de « cano­nique », voyant dans le sou­tien appor­té par le car­di­nal Poli aux démarches qu’elle a entre­prises en 2011 pour sa recon­nais­sance un acte « local » qui ne pré­juge pas d’un éven­tuel sta­tut que seul Rome pour­ra lui accorder. 

Récemment, elle rap­pe­lait d’ailleurs que, si les dis­cus­sions ne sont pas rom­pues avec Rome, les récentes ren­contres infor­melles entre ses membres et des évêques man­da­tés par la com­mis­sion Ecclesia Dei, – dont Mgr Athanasius Schneider, évêque auxi­liaire d’Astana, en février aux États-​Unis – « mani­festent tou­jours plus clai­re­ment les diver­gences doc­tri­nales ».

Source : La Croix du 13 avril 2015