Peppone au Vatican

Le Figaro du 9 juin nous apprend que Jean-​Luc Mélenchon, le fon­da­teur du Parti de gauche – à gauche de la gauche –, aime­rait bien séjour­ner à la Maison Sainte-​Marthe où réside le pape François, car il a « des choses à lui dire ». Un peu comme si le maire com­mu­niste de Brescello sou­hai­tait loger au pres­by­tère de don Camillo…

Et que dirait Peppone Mélenchon au pape ? Ce qu’il a déjà écrit, à la mi-​avril, lorsque ce der­nier est reve­nu de Lesbos avec douze migrants musulmans :

« Vive le pape ! (…) Je me sen­tais si proche de l’idée qu’illustrait alors le pape en rame­nant à la mai­son douze refu­giés. La fra­ter­ni­té humaine est une valeur d’action et une ver­tu poli­tique. Décidément l’Eglise a vrai­ment élu un chré­tien cette fois-​ci ! (…) Le pape met tout le monde au pied du mur spec­ta­cu­lai­re­ment, direc­te­ment et magnifiquement. »

Pour sa part, don Camillo racon­tait à ses ouailles, en 1953 – avant le Concile –, l’histoire du loup devant la bergerie :

« Le loup se cou­cha devant la porte de l’enclos, avec un air plein de dou­ceur ; il res­tait là et pas­sait son temps à chan­ter de joyeuses petites chan­sons. De temps en temps, il se levait et allait brou­ter l’herbe qui pous­sait au pied du grillage.

– Oh ! regarde, regarde, s’étonnèrent les bre­bis ; il mange de l’herbe, lui aus­si, comme nous. On ne nous avait jamais dit que les loups man­geaient de l’herbe.

– Je ne suis pas un loup, répon­dit le loup. Je suis une bre­bis comme vous. Une bre­bis d’une autre race.

Puis il expli­qua que les bre­bis de toutes les races auraient dû s’unir et faire cause commune.

– Pourquoi, dit-​il, enfin, pour­quoi ne fondons-​nous pas un Front démo­cra­tique des brebis ? (…)

– Il parle bien ! remar­quèrent quelques bre­bis, il faut faire cause commune !

Et elles adhé­rèrent au Front démo­cra­tique des bre­bis ; et un beau jour, elles ouvrirent la porte au loup qui péné­tra dans l’enclos… » (Giovanni Guareschi, Don Camillo et ses ouailles)

Plutôt que de rece­voir au Vatican, comme ce fut le cas les 15 et 16 avril 2016, l’agnostique Bernie Sanders, les cham­pions de la gauche popu­liste Evo Morales et Rafael Correa, ou encore le néo-​malthusien Jeffrey Sachs, le pape ferait bien d’accueillir don Camillo à Sainte-Marthe.

Abbé Alain Lorans, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Source : DICI n° 337 du 17 juin 2016