Pour Rome, un accord est en vue avec la Fraternité Saint-​Pie‑X, par Nicolas Senèze


Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

« Nous tra­vaillons à per­fec­tion­ner cer­tains aspects de la forme cano­nique qui sera celle d’une pré­la­ture per­son­nelle », explique le res­pon­sable des dis­cus­sions avec les lefeb­vristes. Mgr Guido Pozzo, secré­taire de la Commission pon­ti­fi­cale « Ecclesia Dei », char­gée à Rome des rela­tions avec les lefeb­vristes, a assu­ré lun­di 30 jan­vier au site Internet Vatican Insider que les dis­cus­sions avec la Fraternité sacer­do­tale Saint-​Pie‑X étaient sur le point d’a­bou­tir à un accord. « En ce moment, nous tra­vaillons à per­fec­tion­ner cer­tains aspects de la forme cano­nique qui sera celle d’une pré­la­ture per­son­nelle », assure l’ar­che­vêque ita­lien, en charge depuis 2009 des rela­tions avec la FSSPX. 

Selon lui l’accord est en vue, même si cela devrait prendre encore un peu de temps.

La veille, dans un entre­tien à la Web-​télévision d’extrême droite TV Libertés, le supé­rieur géné­ral de la FSSPX, Mgr Bernard Fellay, confir­mait qu’un accord était proche et que, pour par­ve­nir à un accord cano­nique, il ne lui sem­blait pas néces­saire que la situa­tion dans l’Église catho­lique soit « tota­le­ment satisfaisante ».

Selon lui, l’attitude du pape François vis-​à-​vis des inté­gristes catho­liques doit être com­prise dans sa volon­té plus glo­bale d’être proche des « périphéries ».

« Il est néces­saire d’arriver à une solu­tion cano­nique qui recon­naisse la Fraternité »

C’est de cette manière qu’il explique, par exemple, le fait pour le pape d’avoir pro­lon­gé, au-​delà de l’année jubi­laire la facul­té pour les prêtres de la FSSPX de confes­ser vali­de­ment et lici­te­ment mais aus­si d’ordonner lici­te­ment des prêtres avec l’accord de l’évêque du lieu.

La situa­tion est tou­te­fois un peu plus com­plexe, tem­père Mgr Pozzo : « Le Saint-​Siège per­met et tolère les ordi­na­tions de la FSSPX, tout en conti­nuant à les consi­dé­rer valides mais non licites, après com­mu­ni­ca­tion des noms des ordi­nands à l’évêque du lieu », explique-​t-​il, se réfé­rant à une déci­sion de Benoît XVI.

« Le pape François a concé­dé seule­ment la légi­ti­mi­té de l’administration du sacre­ment de péni­tence et de l’onction des malades, continue-​t-​il. C’est jus­te­ment pour que tous les autres sacre­ments, quoique déjà valides, deviennent licites, qu’il est néces­saire d’arriver à une solu­tion cano­nique qui recon­naisse la Fraternité. »

Approfondissements et désaccords

Selon Vatican Insider, l’essentiel des pro­blèmes doc­tri­naux avec Écône a été réso­lu, Rome deman­dant aux membres de la FSSPX ce qui est néces­saire pour être catho­lique : dire la pro­fes­sion de foi, croire en la vali­di­té des sacre­ments célé­brés selon le Novus Ordo (la litur­gie post-​conciliaire) et l’obéissance au pape.

« Il y a eu un dia­logue et une expli­ca­tion sur les rap­ports entre magis­tère et tra­di­tion, sou­ligne Vatican Insider. Restent objets d’approfondissement – et aus­si de désac­cords qui peuvent conti­nuer : les ques­tions liées à l’œcuménisme, à la liber­té reli­gieuse et aux rap­ports entre l’Église et le monde. »

Ce rap­pro­che­ment inter­vient alors que le site Internet du dis­trict de France de la FSSPX vient de publier un article de l’abbé Jean-​Michel Gleize, pro­fes­seur d’ecclésiologie au Séminaire Saint-​Pie‑X d’Écône, qui juge « impro­bable » la théo­rie selon laquelle un pape ne peut deve­nir héré­tique. Il déclare que, « depuis Vatican II, les papes Paul VI, Jean-​Paul II, Benoît XVI ont ensei­gné et le pape François enseigne encore une théo­lo­gie qu’il serait dif­fi­cile d’accommoder avec la sub­stance du dogme catho­lique ».

Nicolas Senèze, à Rome 

Sources : La Croix /​La Porte Latine du 1er février 2017