Instruction sur l’application progressive de la Constitution apostolique Missale Romanum

La Constitution apos­to­lique Missale Romanum du Souverain Pontife Paul VI (3 avril 1969) a approu­vé le nou­veau Missel romain réfor­mé selon les pres­crip­tions du IIe Concile du Vatican (2). Trois par­ties de ce Missel sont actuel­le­ment parues, à savoir : l’Institutio gene­ra­lis Missalis Romani et l’Ordo Missae, publiés par le décret de la S. congré­ga­tion des Rites le 6 avril 1969, et l’Ordo lec­tio­num Missae, publié par le décret de cette S. congré­ga­tion, le 25 mai 1969. Les autres par­ties du Missel romain seront publiées prochainement.

Les docu­ments pré­ci­tés ont éta­bli, au 30 novembre de cette année, pre­mier dimanche de l’Avent, la mise en vigueur des rites et des textes nou­veaux. Mais l’ins­tau­ra­tion de cette par­tie de la réforme de la messe pré­sente de nom­breuses et grandes dif­fi­cul­tés : énorme tra­vail pour pré­pa­rer les tra­duc­tions et les édi­tions des nou­veaux livres, néces­si­té de faire une caté­chèse soi­gneuse et appro­priée, chan­ge­ment des habi­tudes pour le cler­gé et les fidèles.

C’est pour­quoi, pour répondre aux nom­breuses demandes d’é­vêques et de Conférences épis­co­pales, cette S. congré­ga­tion pour le Culte divin, avec l’ap­pro­ba­tion du Souverain Pontife, a éta­bli les normes sui­vantes qui régissent l’ap­pli­ca­tion pro­gres­sive de la Constitution apos­to­lique Missale Romanum. Ces normes com­plètent celles qui ont été publiées par cette même S. congré­ga­tion, le 25 juillet 1969, « de edi­tio­ni­bus appa­ran­dis et de usu novi « Ordinis lec­tio­num Missae ». (AAS, LXI (1969), p. 548–549.)

I. L” « Ordo Missae »

1. A par­tir du 30 novembre 1969, on peut uti­li­ser le texte latin de l’Ordo Missae.

2. Les Conférences épis­co­pales fixe­ront la date à par­tir de laquelle on pour­ra uti­li­ser ce même Ordo Missae avec les textes tra­duits en langue vivante. Il y a avan­tage cepen­dant que les tra­duc­tions des textes du nou­vel Ordo Missae soient faites au plus tôt et, qu’une fois dûment approu­vées, elles soient mises en usage, même avant que les autres textes du Missel romain soient tra­duits en langue vivante.

3. Les tra­duc­tions des textes du nou­vel Ordo Missae seront approu­vées, au moins ad inter­im, par la Conférence épis­co­pale (ou par la Commission litur­gique natio­nale et au moins par le Conseil de pré­si­dence de la Conférence); elles seront aus­si pro­po­sées à cette S. congré­ga­tion pour confir­ma­tion (cf. Declaratio cir­ca inter­pre­ta­tiones tex­tuum litur­gi­co­rum ad inter­im para­tas : « Notitiae », (1969), p. 68).

4. La tra­duc­tion des textes de l’Ordo Missae doit être iden­tique pour tous les pays qui se servent de la même langue (cf. Lettre aux pré­si­dents des Conférences épis­co­pales, 16 octobre 1964 : Notitiae, 1 (1965), p. 195 ; Instructio De popu­la­ri­bus inter­pre­ta­tio­ni­bus confi­cien­dis, 25 jan­vier 1969, n. 41–42 : Notitiae (1969), p. 11–12). Cela vaut éga­le­ment pour les autres par­ties qui demandent la par­ti­ci­pa­tion directe du peuple.

5. Il revient aux Conférences épis­co­pales d’ap­prou­ver les nou­velles mélo­dies pour les textes tra­duits en langue vivante chan­tés par le célé­brant et les ministres (cf. Instructio « Inter oecu­me­ni­ci », 25 sep­tembre 1964, n. 42 ; Instructio « Musicam sacram », 5 mars 1967, n. 57).

6. Avant d’in­tro­duire les rites et les textes du nou­vel Ordo Missae, qu’on éta­blisse, avec l’aide du Centre litur­gique natio­nal et des Commissions litur­giques dio­cé­saines, un pro­gramme et des ins­tru­ments de caté­chèse, qui per­met­tront au cler­gé et aux fidèles de com­prendre et d’ap­pro­fon­dir la por­tée spi­ri­tuelle des nou­velles dis­po­si­tions (par exemple, ses­sions d’é­tudes, confé­rences, articles de presse et autres publi­ca­tions, émis­sions de radio et de télévision).

7. Chaque Conférence épis­co­pale fixe­ra la date à par­tir de laquelle on devra obli­ga­toi­re­ment uti­li­ser le nou­vel Ordo Missae, sauf pour les cas par­ti­cu­liers pré­vus aux n. 19–20. Cette date ne devra pas dépas­ser le 28 novembre 1971.

8. Il revient aus­si aux Conférences épis­co­pales de déter­mi­ner, avec l’aide des Commissions épis­co­pales com­pé­tentes et des Centres litur­giques les divers élé­ments lais­sés à leur juge­ment par l’lns­ti­tu­tio gene­ra­lis Missalis Romani, à savoir :

a) Les gestes et les atti­tudes des fidèles pen­dant la messe (cf. IG, n. 21);
b) Le geste de véné­ra­tion de l’au­tel et du livre des évan­giles (cf. IG, n. 232);
c) Le geste de paix (cf. IG, n. 56 b);
d) La pos­si­bi­li­té de n’a­voir que deux lec­tures aux messes des dimanches et des fêtes de pré­cepte (cf. IG, n. 318);
e) La pos­si­bi­li­té de faire pro­cla­mer par des femmes des lec­tures bibliques qui pré­cèdent l’é­van­gile (cf. IG, n. 66).

II. Les autres textes du Missel romain

9. Dès que sera publié le texte latin du mis­sel romain, on pour­ra en faire usage.
10. Chaque Conférence épis­co­pale fixe­ra la date à par­tir de laquelle on pour­ra uti­li­ser les textes du nou­veau Missel romain tra­duits en langue vivante. On pour­ra pro­cé­der par étapes et intro­duire au fur et à mesure les tra­duc­tions dès qu’elles seront approu­vées, sans attendre que tous les textes soient tra­duits. Par exemple, on pour­ra intro­duire les textes du tem­po­ral, même si les textes du sanc­to­ral, des com­muns ou des messes ad diver­sa ne sont pas encore prêts. Il convient cepen­dant d’in­tro­duire les nou­veaux textes au com­men­ce­ment d’un temps litur­gique (Avent, Carême, temps pascal).

11. Les tra­duc­tions des nou­veaux textes du Missel romain seront approu­vées, au moins ad inter­im par la Conférence épis­co­pale (ou par la Commission litur­gique natio­nale et au moins par le Conseil de pré­si­dence de la Conférence); elles seront sou­mises à cette S. congré­ga­tion pour confir­ma­tion (cf. supra, n. 3).

12. Il revient aux Conférences épis­co­pales de pré­pa­rer un réper­toire des textes en langue vivante, pour le chant de l’in­troït, de l’of­fer­toire et de la com­mu­nion (cf. Institutio gene­ra­lis, n. 26, 50, 56 i). L’approbation du réper­toire actuel sera accom­pa­gnée d’une pres­sante invi­ta­tion de la Conférence épis­co­pale aux per­sonnes com­pé­tentes pour accroître et per­fec­tion­ner ce réper­toire, en tenant compte des textes pro­po­sés dans le nou­veau Missel, de la men­ta­li­té et du génie de la langue.

13. Si l’on se sert du nou­vel Ordo Missae avant que le nou­veau Missel romain soit publié, on pren­dra les textes dans l’ac­tuel Missel, en tenant compte de ce qui suit :

a) Si l’an­tienne d’in­troït n’est pas chan­tée, on ne la lit qu’une fois, sans ver­set de psaume, ni Gloria Patri (cf. IG, n. 26);
b) Si l’an­tienne d’of­fer­toire n’est pas chan­tée, elle est omise (cf. idem, n. 50);
c) L’oraison sur les offrandes et l’o­rai­son après la com­mu­nion ont la conclu­sion brève (cf. idem, n. 32).

14. Chaque Conférence épis­co­pale fixe­ra la date à par­tir de laquelle on devra obli­ga­toi­re­ment uti­li­ser les textes du nou­veau Missel romain, sauf pour les cas par­ti­cu­liers pré­vus aux nn. 19–20. Cette date ne devra pas dépas­ser le 28 novembre 1971.

III. L” « Ordo lectionum Missae »

15. Chaque Conférence épis­co­pale fixe­ra la date à par­tir de laquelle on pour­ra, ou l’on devra, uti­li­ser le nou­vel Ordo lec­tio­num Missae.

16. En atten­dant les tra­duc­tions des nou­velles lec­tures, confir­mées par cette S. congré­ga­tion, les Conférences épis­co­pales peuvent auto­ri­ser l’u­sage, ad inter­im, d’une ou de plu­sieurs tra­duc­tions dans les Bibles approu­vées. Dans ce cas, elles veille­ront à four­nir aux prêtres les indi­ca­tions bibliques pré­cises (réfé­rences, inci­pits, cou­pures des péri­copes) four­nies par l’Ordo lec­tio­num Missae. Cela vaut sur­tout pour les lec­tures du cycle B des dimanches, qui doit être uti­li­sé à par­tir du 30 novembre 1969.

17. Jusqu’à ce qu’on ait les textes du nou­veau Lectionnaire, on conser­ve­ra les lec­tures du Missel romain actuel pour chaque par­tie. De même, on peut uti­li­ser ad inter­im les lec­tion­naires approu­vés ad expe­ri­men­tum et actuel­le­ment en usage pour les féries, les messes accom­pa­gnant la célé­bra­tion de divers sacre­ments, les messes des défunts, cer­taines messes votives, etc. (cf. lns­truc­tio De edi­tio­ni­bus appa­ran­dis et de usu novi Ordinis lec­tio­num Missae, 25 juillet 1969, nn. 4–5).

18. Pour sau­ve­gar­der l’im­por­tance litur­gique et pas­to­rale du psaume res­pon­so­rial, que les Commissions natio­nales com­pé­tentes éta­blissent une liste pro­vi­soire de psaumes et de refrains, en choi­sis­sant dans le réper­toire actuel ce qui cor­res­pond le mieux aux textes de l’Ordo lec­tio­num Missae (voir aus­si les textes com­muns pour le chant du psaume res­pon­so­rial, nn. 174–175). Cependant, que ces mêmes Commissions n’o­mettent pas d’in­vi­ter for­te­ment les per­sonnes com­pé­tentes à accroître et per­fec­tion­ner le réper­toire de ces textes et de ces mélo­dies, en tenant compte des textes pro­po­sés dans l’Ordo lec­tio­num Missae, de la men­ta­li­té et du génie de la langue. Qu’un réper­toire sem­blable soit éta­bli aus­si pour les ver­sets avant l’évangile.

IV. Cas particuliers

19. Les prêtres âgés qui célèbrent la messe sine popu­lo, et qui auraient trop de dif­fi­cul­tés à s’ha­bi­tuer au nou­vel Ordo Missae et aux nou­veaux textes du Missel romain et de l’Ordo lec­tio­num Missae, peuvent, du consen­te­ment de leur Ordinaire, suivre les rites et les textes actuels.

20. Les cas par­ti­cu­liers concer­nant par exemple les prêtres malades, infirmes ou ayant d’autres dif­fi­cul­tés, seront sou­mis à cette S. congrégation.

Le Souverain Pontife Paul VI a approu­vé, le 18 octobre 1969, la pré­sente Instruction et a ordon­né de la publier pour qu’elle soit sui­vie soi­gneu­se­ment par tous ceux qu’elle concerne.

Nonobstant toutes choses contraires.

Cité du Vatican, le 20 octobre 1969.

Benno card. GUT., pré­fet.

A. BUGNINI., secré­taire.