Compte-​rendu du voyage à Rome du Dr Siebenbürger , président d’Una Voce, du 3 avril 2004

Le 13 mars, j’étais à Rome où j’ai eu l’occasion de faire le tour des dicas­tères au Vatican. Vous serez cer­tai­ne­ment inté­res­sés de savoir ce que j’y ai enten­du. Voici mon compte rendu. 

Tout d’abord, j’ai ren­du visite à Mgr Perl à la Commission Ecclesia Dei. Il m’a dit – et le car­di­nal Castrillón Hoyos l’a répé­té ensuite – que les auto­ri­tés du Saint-​Siège avaient aban­don­né tout pro­jet de créer une juri­dic­tion pour les fidèles qui pré­fèrent l’ancien rite (i.e. une admi­nis­tra­tion apos­to­lique ou quelque chose de sem­blable). Selon Mgr Perl, ces per­son­na­li­tés offi­cielles craignent les pro­tes­ta­tions des évêques locaux et des confé­rences épis­co­pales. Il a aus­si dit que le Saint-​Siège était très ennuyé par la confé­rence de presse de Mgr Fellay du 2 février et le docu­ment sur l’œcuménisme publié à cette occa­sion par la Fraternité Saint Pie X. (…)

Ensuite j’ai ren­con­tré S.E. le car­di­nal pré­sident de la Commission Ecclesia Dei à la Congrégation pour le Clergé. (…) Le car­di­nal nous a reçus très ami­ca­le­ment et nous a consa­cré une heure entière. Il a sou­li­gné qu’il aimait l’ancien rite qu’il avait lui-​même célé­bré de 1952, date de son ordi­na­tion, à 1965. 

Le car­di­nal répé­ta qu’ils avaient aban­don­né toute idée de nous don­ner une juri­dic­tion propre. Il men­tion­na qu’une telle juri­dic­tion propre avait été accor­dée à la Fraternité Saint-​Jean-​Marie-​Vianney à Campos, car le fon­da­teur de cette Fraternité, Mgr de Castro Mayer, était allé beau­coup plus loin que Mgr Lefebvre. 

Le car­di­nal sou­li­gna que Mgr Lefebvre n’avait jamais fon­dé une struc­ture par­ti­cu­lière pour sa Fraternité qui puisse être consi­dé­rée comme un acte concret de schisme. Au contraire, Mgr de Castro Mayer avait fon­dé un contre-​diocèse qui avait été clai­re­ment un schisme. Pour résoudre ce schisme, une juri­dic­tion propre avait été accor­dée à la Fraternité et aux fidèles de Campos. 

Le car­di­nal a reje­té l’opinion qui consi­dère l’ancien rite comme un rite à part, comme par exemple le rite byzan­tin ou le rite armé­nien. « Il n’y a qu’un seul rite romain, a‑t-​il insis­té, et ce rite romain a dif­fé­rentes formes ». Ainsi, selon lui, l’ancien rite n’est pas un rite propre, mais l’ancien et le nou­veau sont deux formes d’un seul et même rite. En même temps, le car­di­nal a dit que le Saint-​Siège est encore en train de cher­cher une solu­tion pour une appli­ca­tion plus facile de l’indult sans tou­te­fois accor­der une juri­dic­tion propre, gar­dant à l’esprit l’opinion men­tion­née ci-dessus. 

En ce qui concerne nos amis irlan­dais, j’ai men­tion­né ce qui était arri­vé à la basi­lique Saint-​Pierre à l’abbé Nevin et j’ai annon­cé au car­di­nal qu’il rece­vrait une lettre de l’abbé Nevin sur cette question.

Le car­di­nal a sai­si là l’occasion de me dire la rai­son pour laquelle il y avait de si grandes res­tric­tions pour la célé­bra­tion de l’ancien rite à la basi­lique Saint-​Pierre : la basi­lique est le cœur même de l’Église, nous expliqua-​t-​il, et à cause de cela, il ne sera célé­bré qu’un seul rite dans cette basi­lique, c’est le rite célé­bré par­tout dans l’Église uni­ver­selle. Et c’est le Nouvel Ordo. (Ces paroles sem­blaient contre­dire les propres paroles du car­di­nal selon les­quelles à la fois le Nouvel Ordo et l’ancien rite n’étaient pas deux rites dif­fé­rents, mais un seul et même rite. En outre, on peut rap­pe­ler qu’en 1992 le Saint-​Père lui-​même a célé­bré à Saint-​Pierre, en la fête de l’Ascension de Notre Seigneur, selon le rite moza­rabe).

Quand j’ai deman­dé au car­di­nal que tout prêtre célé­brant en latin ait la liber­té de choix entre le mis­sel de 1962 et le mis­sel de 1970, le car­di­nal a seule­ment dit quelque chose au sujet de l’autorité de l’ordinaire du lieu.

Dr Ralf Siebenbürger, pré­sident de l’Association « Una Voce » internationale