Le pape « victime » de Vatican II

Il y a un an, était élu le pape François, à la suite de la renon­cia­tion de Benoît XVI. Après ce laps de temps, il est pos­sible de faire une pre­mière éva­lua­tion de ce début de pon­ti­fi­cat, et c’est ce que pro­pose ce numéro. 

Nous publions ain­si un entre­tien avec Mgr Bernard Fellay, actuel Supérieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X (depuis 1994), et une ana­lyse de l’Exhortation apos­to­lique Evangelii gau­dium par l’ab­bé Franz Schmidberger, ancien Supérieur géné­ral (de 1982 à 1994).

Le pape François béné­fi­cie actuel­le­ment de la clé­mence des médias. Pourquoi cette sym­pa­thie, alors que son pré­dé­ces­seur était détes­té par les jour­na­listes ? Peut-​être à cause de son style direct et popu­laire qui plaît. Peut-​être, mal­heu­reu­se­ment aus­si, en rai­son d’un pro­gres­sisme capable d’al­ler loin dans les conces­sions. S’il touche les cœurs, c’est davan­tage par des mots et par des émo­tions que par la trans­mis­sion des réa­li­tés spi­ri­tuelles pro­fondes de la foi.

Certaines de ses inter­ven­tions ont ain­si sus­ci­té un grand trouble, en don­nant l’im­pres­sion qu’il envi­sa­geait de reve­nir sur des élé­ments par défi­ni­tion non-​négociables de la foi catho­lique et de la vie chré­tienne. C’est au point qu’à plu­sieurs reprises, les ser­vices de com­mu­ni­ca­tion du Vatican se sont appli­qués à « démi­ner » les décla­ra­tions du pape. Car, même s’il faut faire la part du pro­ver­bial esprit sub­til des jésuites, il est vrai que les paroles mul­ti­pliées et sou­vent « clai­re­ment ambi­guës » pro­ve­nant du Souverain Pontife créent plus la confu­sion et le malaise par­mi les fidèles catho­liques qu’ils ne for­ti­fient la foi. 

La cause pro­fonde en est claire : parce que le Pape veut por­ter la doc­trine de Vatican II, il hérite de toutes les équi­voques et erreurs qui par­sèment ce concile. 

Lorsqu’une per­sonne est enga­gée dans des sables mou­vants, tout geste qu’elle fait contri­bue inexo­ra­ble­ment à l’en­fon­cer. Vatican II repré­sente pour l’Église un tel sable mou­vant. Plusieurs essais ont été faits d’u­ti­li­ser le Concile pour réno­ver l’Église. Il y a eu la ten­ta­tive « vita­liste » de Jean-​Paul II, où une star jeune, entre­pre­nante, devait redon­ner du souffle. Il y a eu la ten­ta­tive « intel­lec­tua­liste » de Benoît XVI, où un pro­fes­seur d’un cer­tain âge ten­tait « l’her­mé­neu­tique de la continuité ». 

Ces ten­ta­tives, et toutes celles qu’on pro­po­se­ra pour rafis­to­ler l’après-​Concile, sont vouées à l’é­chec, car la crise de l’Église n’existe pas mal­gré Vatican II, mais bien à cause de lui (même si, et nous l’a­vons tou­jours recon­nu, le Concile n’est pas l’u­nique cause de cette crise).

Abbé Régis de Cacqueray

Source : Extrait de La Lettre à Nos Frères Prêtres n° 60–61 de mars-​avril 2014

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.