Entretien de Mgr Fellay sur Summorum Pontificum à Présent du 21 juillet 2007 – Extraits

(…)

– Ce Motu pro­prio a‑t-​il été, pour vous, une surprise ?

– Certes ! c’est une sur­prise. Car, lorsque nous en avions enten­du par­ler, il était ques­tion d’étapes, de nom­breux pas à effec­tuer, et seule­ment un à la fois. Aussi ce texte nous paraît-​il très bon, parce qu’il per­met de vivre inté­gra­le­ment la litur­gie d’autrefois. Pas seule­ment la messe, mais un ensemble.

– Pensez-​vous que cela va continuer ?

– Je n’en sais rien ! L’opposition contre le Pape est telle qu’il estime ses jours en dan­ger ! Alors, jusqu’où pense-​t-​il pou­voir aller ? C’est pour cela que nous devons conti­nuer à prier pour lui, pour qu’il reçoive la force dont a besoin le suc­ces­seur de Pierre.

– Vous pen­sez donc qu’il peut aller plus loin…

– En ce qui concerne la dis­ci­pline, la litur­gie, cer­tai­ne­ment. Mais il n’en va pas de même pour ce qui est de la doc­trine, et de la philosophie…

– Envisagez-​vous désor­mais la pos­si­bi­li­té d’un rap­pro­che­ment avec les com­mu­nau­tés Ecclesia Dei ?

– Je n’exclus rien ! Je veux le bien de l’Eglise, et tout le bien pos­sible. Mais si l’on conti­nue à nous trai­ter de schis­ma­tiques, contrai­re­ment à l’esprit du Motu pro­prio… Car la Fraternité est dans l’esprit du Motu pro­prio : en demeu­rant fidèles à la messe de tou­jours qui n’a jamais été abro­gée, nous n’étions pas déso­béis­sants. Nous sommes dans l’Eglise.
Si donc cer­tains mani­festent des signes posi­tifs vis-​à-​vis de nous, pour­quoi pas ? Et cela ne sera pas nou­veau… Mais nous essayons d’éviter au maxi­mum toute ambiguïté.

– C’est le point sur lequel, selon vous, il convient d’insister ?

– Je vou­drais sur­tout sou­li­gner que le docu­ment de la Congrégation pour la doc­trine de la foi qui vient de sor­tir est impres­sion­nant par la néga­tion du prin­cipe de non-​contradiction qu’il contient. Malheureusement, c’est la ligne que veut suivre le Pape !
Il faut bien voir que Benoît XVI entend affir­mer la conti­nui­té entre Vatican II et le pas­sé. Jusqu’ici, il était habi­tuel de dire qu’il y avait un chan­ge­ment. Aujourd’hui, on nous dit qu’il y a conti­nui­té, tout en affir­mant un cer­tain chan­ge­ment quand même. Si bien que l’on ne sait plus trop quoi penser…

– Vous vous sen­ti­riez donc presque plus proche de cette posi­tion antérieure ?

– Nous savons que la ligne actuelle est issue de la phi­lo­so­phie alle­mande, elle vou­drait débou­cher sur une syn­thèse au sens hégé­lien du terme. C’est la conclu­sion à laquelle abou­tit le Pape actuel, une conclu­sion qui est fran­che­ment explo­sive pour l’intelligence.
Il est donc néces­saire de conti­nuer à prier, tout en recon­nais­sant que nous allons dans le sens du bien de l’Eglise.

Propos recueillis par Olivier Figueras

FSSPX Premier conseiller général

De natio­na­li­té Suisse, il est né le 12 avril 1958 et a été sacré évêque par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988. Mgr Bernard Fellay a exer­cé deux man­dats comme Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour un total de 24 ans de supé­rio­rat de 1994 à 2018. Il est actuel­le­ment Premier Conseiller Général de la FSSPX.