Le 6 juin2013 : le pape se confie à la CLAR


Le pape et la Confédération latino-américaine
et des Caraïbes des reli­gieux et religieuses

Le 6 juin le pape s’est adres­sé aux res­pon­sables de la CLAR (Confédération latino-​américaine et des Caraïbes des reli­gieux et religieuses).

Selon la syn­thèse publiée par Reflexión y Liberación [1], « ils ont conver­sé, ins­tal­lés en rond, entre égaux, comme c’était à l’époque des pre­mières com­mu­nions fon­dées par Jésus ».

Le pape a com­men­cé par encou­ra­ger ses inter­lo­cu­teurs à « ouvrir les portes » sans trop se pré­oc­cu­per des blâmes qu’ils pour­raient rece­voir de la part de la congré­ga­tion pour la Doctrine de la foi :

Ouvrez les portes… ouvrez les portes ! Vous allez vous trom­per, vous aller faire des gaffes, ce sont des choses qui arrivent ! Peut-​être que­même va vous arri­ver une lettre de la congré­ga­tion pour la Doctrine (de la foi) disant que vous avez dit telle ou telle chose… Mais ne vous inquié­tez pas. Expliquez ce que vous devez expli­quer, mais conti­nuez à aller de l’a­vant… […] Je pré­fère une Église qui se trompe parce qu’elle fait quelque chose qu’une Église qui tombe malade parce qu’elle reste enfermée…

Puis il a fait part à ses inter­lo­cu­teurs de ses préoccupations :

L’une est le cou­rant péla­gien qu’il y a dans l’Église en ce moment. Il y a cer­tains groupes res­tau­ra­tion­nistes. J’en connais quelques-​uns, il m’est arri­vé de les rece­voir à Buenos Aires. Et l’on sent que c’est comme reve­nir 60 ans en arrière ! Avant le Concile… On se sent comme en 1940… Une anec­dote, seule­ment pour illus­trer, non pas pour rire, je l’ai prise avec res­pect, mais cela me pré­oc­cupe ; quand je fus élu (pape), j’ai reçu une carte de l’un de ces groupes, et ils me disaient ; « Votre Sainteté, nous vous offrons ce tré­sor spi­ri­tuel, 3525 rosaires. » Pourquoi ne disent-​ils pas : nous prions pour vous, nous deman­dons… mais cette façon de tenir des comptes… Et ces groupes reviennent à des pra­tiques et à des dis­ci­plines que j’ai vécues, vous non, car aucun n’est vieux, à des dis­ci­plines, à des choses qui à ce moment-​là se vivaient, mais main­te­nant non, main­te­nant elles sont passées.

Rappelons que le péla­gia­nisme est une héré­sie qui remonte au moine Pélage (350–420). Elle enseigne que la grâce n’est pas vrai­ment néces­saire au salut, elle ne sert qu’à le faci­li­ter. Il est bien évident que la Tradition ne se réduit pas à cer­taines « pra­tiques » ou « dis­ci­plines », et que celles-​ci ne pré­tendent pas assu­rer le salut sans la grâce, mais faci­li­ter l’ob­ten­tion de la grâce par nos prières et nos efforts. Il est dif­fi­cile de mieux caricaturer.

Extraits du Sel de la Terre n° 86 – Automne 2013

Notes de bas de page
  1. http://​www​.reflexio​ny​li​be​ra​cion​.cl. Voir aus­si DICI n° 277, p. 3 et 4[]