Introduction du cardinal Seper au colloque avec Mgr Lefebvre à la Congrégation pour la Doctrine de la foi du 11 janvier 1979

Je vous remer­cie, Excellence, d’a­voir bien vou­lu venir à la pré­sente ren­contre, dont je crois indis­pen­sable de bien pré­ci­ser l’ob­jet et l’esprit.

Nos entre­tiens découlent de la mis­sion qui fut confiée à notre Congrégation par le Pape Paul VI le 19 octobre 1976, et qui lui a été confir­mée par ses deux suc­ces­seurs, le Pape Jean-​Paul Ier et Sa Sainteté Jean-​Paul II, c’est-​à-​dire l’exa­men de votre cas, non seule­ment sous l’as­pect doc­tri­nal, mais éga­le­ment sous les aspects dis­ci­pli­naires et pas­to­raux qu’il peut comporter.

Nous avons rem­pli ce man­dat selon les pres­crip­tions de notre Agendi ratio in doc­tri­na­rum exa­mine du 15 jan­vier 1971. C’est dans ce cadre que je vous ai adres­sé les et deux lettres de « contes­ta­tion », aux­quelles vous avez bien vou­lu don­ner des réponses écrites les et de cette même année. C’est aus­si dans ce cadre que se situe le pré­sent entretien.

Il s’a­git en effet du « col­loque » pré­vu par les articles 13–15 de cette Ratio agen­di, que je crois utile de citer expli­ci­te­ment. (lec­ture de ces trois articles)

De ces articles découlent pour notre réunion les consé­quences suivantes

1 – Nous nous pla­çons bien enten­du au plan du for externe, sans entrer dans celui de vos inten­tions sub­jec­tives et de votre conscience.

2 – Nous ne sommes pas ici pour pro­cé­der à un juge­ment, ni même pour prendre des déci­sions, mais pour com­plé­ter l’in­for­ma­tion de ceux à qui il appar­tient de le faire, c’est-​à-​dire les Cardinaux membres de ce Dicastère, et en der­nier res­sort, le Souverain Pontife.

3 – Nos demandes seront donc limi­tées, tenant compte des deux réponses écrites que vous avez déjà faites ; elles sont for­mu­lées dans un but de cla­ri­fi­ca­tion, et sans aucune inten­tion polémique.

4 – Vos réponses à ces diverses ques­tions seront notées par écrit ; leur rédac­tion sera sou­mise à votre appro­ba­tion et à vos éven­tuelles demandes de rec­ti­fi­ca­tion. Signé par vous-​même et par moi, leur ensemble consti­tue­ra le seul docu­ment fai­sant foi de l’en­tre­tien. C’est lui qui sera sou­mis à l’exa­men des Cardinaux de ce Dicastère et remis au Saint-Père.

Permettez-​moi d’a­jou­ter com­bien nous sou­hai­tons que le silence et la dis­cré­tion totale entourent le conte­nu de cette réunion. Tous ceux qui y par­ti­cipent au nom de la Congrégation sont du reste tenus à obser­ver rigou­reu­se­ment le secret pon­ti­fi­cal (cf. Instruction du 4 février 1974, art. I, par. 3).

Je vou­drais conclure en obser­vant qu’il ne faut pas s’ar­rê­ter uni­que­ment à l’as­pect for­cé­ment tech­nique de ce col­loque. Il est vou­lu comme une étape dans le pro­ces­sus d’une récon­ci­lia­tion ardem­ment sou­hai­tée ; mais je pense que c’est une étape indis­pen­sable, car cette récon­ci­lia­tion doit être sans équi­voques, et ne peut avoir lieu que dans la clar­té. C’est sur la base de ces réflexions que je vou­drais main­te­nant ouvrir le col­loque pro­pre­ment dit.

Franc. Card. Seper, Préf.