Benoît XVI

265e pape ; de 2005 à 2013

24 avril 2005

Discours lors de la messe inaugurale du nouveau pontife

Messieurs les Cardinaux,
Chers Frères dans l’Épiscopat et dans le Sacerdoce,
Mesdames et Messieurs les Membres des Autorités et du Corps diplo­ma­tique,
Chers Frères et Sœurs
,

Par trois fois, au cours de ces jours si intenses, le chant des lita­nies des saints nous a accom­pa­gné : durant les funé­railles de notre Saint-​Père Jean-​Paul II ; à l’occasion de l’entrée des Cardinaux en Conclave, et aujourd’hui encore, nous les avons chan­tées à nou­veau, accom­pa­gnées de l’invocation : Tu illum adju­va – sou­tiens le nou­veau Successeur de saint Pierre. Chaque fois, de manière toute par­ti­cu­lière, j’ai res­sen­ti, pen­dant cette prière chan­tée, une grande conso­la­tion. Combien nous nous sommes-​nous sen­tis aban­don­nés après le départ de Jean-​Paul II ! Pendant plus de 26 ans, ce Pape a été notre pas­teur et notre guide sur le che­min à tra­vers ce temps. Il a fran­chi le seuil vers l’autre vie – entrant dans le mys­tère de Dieu. Mais il n’accomplissait pas ce pas­sage tout seul. Celui qui croit n’est jamais seul – il ne l’est pas dans la vie, et pas même dans la mort. À ce moment-​là, nous avons pu invo­quer les saints de tous les siècles – ses amis, ses frères dans la foi, sachant qu’ils ont été le cor­tège vivant qui l’a accom­pa­gné dans l’au-delà, jusqu’à la gloire de Dieu. Nous savons que son arri­vée était atten­due. Nous savons désor­mais qu’il est par­mi les siens et qu’il est vrai­ment chez lui. De nou­veau, nous avons été conso­lés alors que nous accom­plis­sions l’entrée solen­nelle en conclave pour élire celui que le Seigneur avait choi­si. Comment pouvions-​nous recon­naître son nom ? Comment 115 Évêques, pro­ve­nant de toutes les cultures et de nom­breux pays, pouvaient-​ils trou­ver celui auquel le Seigneur dési­rait confé­rer la mis­sion de lier et de délier ? Encore une fois, nous le savions : nous savions que nous n’étions pas seuls, nous nous savions entou­rés, conduits et gui­dés par les amis de Dieu. Et main­te­nant, en ce moment, moi-​même, fra­gile ser­vi­teur de Dieu, je dois assu­mer cette charge inouïe, qui dépasse réel­le­ment toute capa­ci­té humaine. Comment puis-​je faire cela ? Comment serai-​je en mesure de le faire ? Vous tous, chers amis, vous venez d’invoquer la troupe innom­brable des saints, repré­sen­tés par cer­tains des grands noms de l’histoire de Dieu avec les hommes. De cette manière, se ravive aus­si en moi cette conscience : je ne suis pas seul. Je ne dois pas por­ter seul ce que, en réa­li­té, je ne pour­rais jamais por­ter seul. La troupe des saints de Dieu me pro­tège, me sou­tient et me porte. Et votre prière, chers amis, votre indul­gence, votre amour, votre foi et votre espé­rance m’accompagnent. En effet, à la com­mu­nau­té des saints n’appartiennent pas seule­ment les grandes figures qui nous ont pré­cé­dés et dont nous connais­sons les noms. Nous sommes tous la com­mu­nau­té des saints, nous, les bap­ti­sés au nom du Père, du Fils et du Saint-​Esprit, nous qui vivons du don de la chair et du sang du Christ, par les­quels il a vou­lu nous trans­for­mer et nous rendre sem­blables à lui. Oui, l’Église est vivante – telle est la mer­veilleuse expé­rience de ces jours-​ci. Au cours des jour­nées tristes de la mala­die et de la mort du Pape, pré­ci­sé­ment, s’est mani­fes­té de manière mer­veilleuse à nos yeux le fait que l’Église est vivante. Et l’Église est jeune. Elle porte en elle l’avenir du monde et c’est pour­quoi elle montre aus­si à cha­cun de nous le che­min vers l’avenir. L’Église est vivante et nous le voyons : nous fai­sons l’expérience de la joie que le Ressuscité a pro­mise aux siens. L’Église est vivante – elle est vivante parce que le Christ est vivant, parce qu’il est vrai­ment res­sus­ci­té. Dans la souf­france, pré­sente sur le visage du Saint-​Père, au cours des jours de Pâques, nous avons contem­plé le mys­tère de la pas­sion du Christ et nous avons en même temps tou­ché ses plaies. Mais en ces jours, nous avons aus­si pu, de manière pro­fonde, tou­cher le Ressuscité. Il nous a été don­né de faire l’expérience de la joie qu’il a pro­mise, après un court temps de ténèbres, comme un fruit de sa résurrection.

L’Église est vivante – ain­si, je vous salue avec une grande joie et une pro­fonde gra­ti­tude, vous tous qui êtes ici ras­sem­blés, chers Frères Cardinaux et Évêques, chers Frères prêtres, chers diacres, chers agents pas­to­raux et caté­chistes. Je vous salue, vous les reli­gieux et les reli­gieuses, témoins de la pré­sence trans­fi­gu­rante de Dieu. Je vous salue, vous, les fidèles laïcs, enga­gés dans le vaste espace de la construc­tion du Règne de Dieu qui se répand dans le monde, dans tous les lieux de vie. Mes paroles se font aus­si affec­tueuses dans le salut que j’adresse à tous ceux qui, renés par le sacre­ment du Baptême, ne sont pas encore dans la pleine com­mu­nion avec nous ; et à vous, chers Frères du peuple juif, aux­quels nous sommes liés par un grand patri­moine spi­ri­tuel com­mun qui plonge ses racines dans les pro­messes irré­vo­cables de Dieu. Enfin, ma pen­sée – presque comme une onde qui se répand – va à tous les hommes de notre temps, croyants et non croyants.

Chers amis ! En ce moment, je n’ai pas besoin de pré­sen­ter un pro­gramme de gou­ver­ne­ment. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer, dans mon mes­sage du mer­cre­di 20 avril, cer­tains aspects de ce que je consi­dère comme de ma charge ; je ne man­que­rai pas de le faire en d’autres cir­cons­tances. Mon véri­table pro­gramme de gou­ver­ne­ment est de ne pas faire ma volon­té, de ne pas pour­suivre mes idées, mais, avec toute l’Église, de me mettre à l’écoute de la parole et de la volon­té du Seigneur, et de me lais­ser gui­der par lui, de manière que ce soit lui-​même qui guide l’Église en cette heure de notre his­toire. Au lieu d’exposer un pro­gramme, je vou­drais sim­ple­ment com­men­ter les deux signes qui, sur le plan litur­gique, repré­sentent le début du minis­tère pétri­nien. En fait, tous les deux sont le reflet exact de ce qui a été pro­cla­mé dans les lec­tures de ce jour.

Le pre­mier signe est le pal­lium, tis­su en pure laine, qui est pla­cé sur mes épaules. Ce signe très ancien, que les Évêques de Rome portent depuis la fin du IVe siècle, peut être consi­dé­ré comme une image du joug du Christ, que l’Évêque de cette ville, le Serviteur des Serviteurs de Dieu, prend sur ses épaules. Le joug de Dieu est la volon­té de Dieu, que nous accueillons. Et cette volon­té n’est pas pour moi un poids exté­rieur, qui nous opprime et qui nous enlève notre liber­té. Connaître ce que Dieu veut, connaître quel est le che­min de la vie – telle était la joie d’Israël, tel était son grand pri­vi­lège. Telle est aus­si notre joie : la volon­té de Dieu ne nous aliène pas, elle nous puri­fie – par­fois même de manière dou­lou­reuse – et nous conduit ain­si à nous-​mêmes. De cette manière, nous ne le ser­vons pas seule­ment lui-​même, mais nous ser­vons aus­si le salut de tout le monde, de toute l’histoire. En réa­li­té, le sym­bo­lisme du pal­lium est encore plus concret : la laine d’agneau entend repré­sen­ter la bre­bis per­due ou celle qui est malade et celle qui est faible, que le pas­teur met sur ses épaules et qu’il conduit aux sources de la vie. La para­bole de la bre­bis per­due que le ber­ger cherche dans le désert était pour les Pères de l’Église une image du mys­tère du Christ et de l’Église. L’humanité – nous tous – est la bre­bis per­due qui, dans le désert, ne trouve plus son che­min. Le Fils de Dieu ne peut pas admettre cela ; il ne peut pas aban­don­ner l’humanité à une telle condi­tion misé­rable. Il se met debout, il aban­donne la gloire du ciel, pour retrou­ver la bre­bis et pour la suivre, jusque sur la croix. Il la charge sur ses épaules, il porte notre huma­ni­té, il nous porte nous-​mêmes. Il est le bon pas­teur, qui donne sa vie pour ses bre­bis. Le Pallium exprime avant tout que nous sommes por­tés par le Christ. Mais, en même temps, le Christ nous invite à nous por­ter les uns les autres. Ainsi, le Pallium devient le sym­bole de la mis­sion du pas­teur, dont parle la deuxième lec­ture et l’Évangile. La sainte inquié­tude du Christ doit ani­mer tout pas­teur : il n’est pas indif­fé­rent pour lui que tant de per­sonnes vivent dans le désert. Et il y a de nom­breuses formes de désert. Il y a le désert de la pau­vre­té, le désert de la faim et de la soif ; il y a le désert de l’abandon, de la soli­tude, de l’amour détruit. Il y a le désert de l’obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur digni­té ni du che­min de l’homme. Les déserts exté­rieurs se mul­ti­plient dans notre monde, parce que les déserts inté­rieurs sont deve­nus très grands. C’est pour­quoi, les tré­sors de la terre ne sont plus au ser­vice de l’édification du jar­din de Dieu, dans lequel tous peuvent vivre, mais sont asser­vis par les puis­sances de l’exploitation et de la des­truc­tion. L’Église dans son ensemble, et les Pasteurs en son sein, doivent, comme le Christ, se mettre en route, pour conduire les hommes hors du désert, vers le lieu de la vie, vers l’amitié avec le Fils de Dieu, vers Celui qui nous donne la vie, la vie en plé­ni­tude. Le sym­bole de l’agneau a encore un autre aspect. Dans l’Orient ancien, il était d’usage que les rois se dési­gnent eux-​mêmes comme les pas­teurs de leur peuple. C’était une image de leur pou­voir, une image cynique : les peuples étaient pour eux comme des bre­bis, dont le pas­teur pou­vait dis­po­ser selon son bon vou­loir. Tandis que le pas­teur de tous les hommes, le Dieu vivant, est deve­nu lui-​même un agneau, il s’est mis du côté des agneaux, de ceux qui sont mépri­sés et tués. C’est pré­ci­sé­ment ain­si qu’il se révèle comme le vrai pas­teur : « Je suis le bon pas­teur… et je donne ma vie pour mes bre­bis » (Jn 10, 14 ss.). Ce n’est pas le pou­voir qui rachète, mais l’amour ! C’est là le signe de Dieu : Il est lui-​même amour. Combien de fois désirerions-​nous que Dieu se montre plus fort ! Qu’il frappe dure­ment, qu’il ter­rasse le mal et qu’il crée un monde meilleur ! Toutes les idéo­lo­gies du pou­voir se jus­ti­fient ain­si, jus­ti­fient la des­truc­tion de ce qui s’oppose au pro­grès et à la libé­ra­tion de l’humanité. Nous souf­frons pour la patience de Dieu. Et nous avons néan­moins tous besoin de sa patience. Le Dieu qui est deve­nu agneau nous dit que le monde est sau­vé par le Crucifié et non par ceux qui ont cru­ci­fié. Le monde est rache­té par la patience de Dieu et détruit par l’impatience des hommes.

Une des carac­té­ris­tiques fon­da­men­tales du pas­teur doit être d’aimer les hommes qui lui ont été confiés, comme les aime le Christ, au ser­vice duquel il se trouve. « Sois le pas­teur de mes bre­bis », dit le Christ à Pierre, et à moi, en ce moment. Être le pas­teur veut dire aimer, et aimer veut dire aus­si être prêt à souf­frir. Aimer signi­fie : don­ner aux bre­bis le vrai bien, la nour­ri­ture de la véri­té de Dieu, de la parole de Dieu, la nour­ri­ture de sa pré­sence, qu’il nous donne dans le Saint-​Sacrement. Chers amis – en ce moment je peux seule­ment dire : priez pour moi, pour que j’apprenne tou­jours plus à aimer le Seigneur. Priez pour moi, pour que j’apprenne à aimer tou­jours plus son trou­peau – vous tous, la Sainte Église, cha­cun de vous per­son­nel­le­ment et vous tous ensemble. Priez pour moi, afin que je ne me dérobe pas, par peur, devant les loups. Priez les uns pour les autres, pour que le Seigneur nous porte et que nous appre­nions à nous por­ter les uns les autres.

Le deuxième signe par lequel la litur­gie d’aujourd’hui nous pré­sente le com­men­ce­ment du minis­tère pétri­nien est la remise de l’anneau du pêcheur. L’appel de Pierre à deve­nir pas­teur, que nous avons enten­du dans l’Évangile, fait suite au récit d’une pêche abon­dante : après une nuit au cours de laquelle ils avaient jeté les filets sans suc­cès, les dis­ciples voient sur le rivage le Seigneur res­sus­ci­té. Il leur enjoint de retour­ner pêcher une nou­velle fois et voi­ci que le filet devient si plein qu’ils ne réus­sirent plus à le rame­ner. 153 gros pois­sons : « Et, mal­gré cette quan­ti­té, le filet ne s’était pas déchi­ré » (Jn 21,11). Cet évé­ne­ment, qui a lieu au terme du par­cours ter­restre de Jésus avec ses dis­ciples, cor­res­pond à un récit des com­men­ce­ments : les dis­ciples n’avaient alors rien pêché durant toute la nuit ; Jésus avait alors invi­té Simon à avan­cer une nou­velle fois au large. Et Simon, qui ne s’appelait pas encore Pierre, don­na cette réponse admi­rable : Maître, sur ton ordre, je vais jeter les filets ! Et voi­ci la confir­ma­tion de la mis­sion : « Sois sans crainte, désor­mais ce sont des hommes que tu pren­dras » (Lc 5,1–11). Aujourd’hui encore, l’Église et les suc­ces­seurs des Apôtres sont invi­tés à prendre le large sur l’océan de l’histoire et à jeter les filets, pour conqué­rir les hommes au Christ – à Dieu, au Christ, à la vraie vie. Les Pères ont aus­si dédié un com­men­taire très par­ti­cu­lier à cette tâche sin­gu­lière. Ils disent ceci : pour le pois­son, créé pour l’eau, être sor­ti de l’eau entraîne la mort. Il est sous­trait à son élé­ment vital pour ser­vir de nour­ri­ture à l’homme. Mais dans la mis­sion du pêcheur d’hommes, c’est le contraire qui sur­vient. Nous, les hommes, nous vivons alié­nés, dans les eaux salées de la souf­france et de la mort ; dans un océan d’obscurité, sans lumière. Le filet de l’Évangile nous tire hors des eaux de la mort et nous intro­duit dans la splen­deur de la lumière de Dieu, dans la vraie vie. Il en va ain­si – dans la mis­sion de pêcheur d’hommes, à la suite du Christ, il faut tirer les hommes hors de l’océan salé de toutes les alié­na­tions vers la terre de la vie, vers la lumière de Dieu. Il en va ain­si : nous exis­tons pour mon­trer Dieu aux hommes. Seulement là où on voit Dieu com­mence véri­ta­ble­ment la vie. Seulement lorsque nous ren­con­trons dans le Christ le Dieu vivant, nous connais­sons ce qu’est la vie. Nous ne sommes pas le pro­duit acci­den­tel et dépour­vu de sens de l’évolution. Chacun de nous est le fruit d’une pen­sée de Dieu. Chacun de nous est vou­lu, cha­cun est aimé, cha­cun est néces­saire. Il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, sur­pris par l’Évangile, par le Christ. Il n’y a rien de plus beau que de le connaître et de com­mu­ni­quer aux autres l’amitié avec lui. La tâche du pas­teur, du pêcheur d’hommes, peut sou­vent appa­raître pénible. Mais elle est belle et grande, parce qu’en défi­ni­tive elle est un ser­vice ren­du à la joie, à la joie de Dieu qui veut faire son entrée dans le monde.

Je vou­drais encore sou­li­gner une chose : de l’image du pas­teur et de celle du pêcheur émerge de manière très expli­cite l’appel à l’unité.«J’ai encore d’autres bre­bis qui ne sont pas de cette ber­ge­rie ; celles-​là aus­si, il faut que je les conduise. Elles écou­te­ront ma voix : il y aura un seul trou­peau et un seul pas­teur » (Jn 10,16), dit Jésus à la fin du dis­cours du bon pas­teur. Le récit des 153 gros pois­sons se conclut avec la consta­ta­tion joyeuse : « Et, mal­gré cette quan­ti­té, le filet ne s’était pas déchi­ré » (Jn 21,11). Hélas, Seigneur bien-​aimé, aujourd’hui le filet s’est déchi­ré, aurions-​nous envie de dire avec tris­tesse ! Mais non – nous ne devons pas être tristes ! Réjouissons-​nous de ta pro­messe, qui ne déçoit pas, et fai­sons tout ce qui est pos­sible pour par­cou­rir la route vers l’unité que tu as pro­mise. Faisons mémoire d’elle comme des men­diants dans notre prière au Seigneur : oui Seigneur, souviens-​toi de ce que tu as pro­mis. Fais que nous ne soyons qu’un seul Pasteur et qu’un seul trou­peau ! Ne per­mets pas que ton filet se déchire et aide-​nous à être des ser­vi­teurs de l’unité !

En ce moment, je me sou­viens du 22 octobre 1978, quand le Pape Jean-​Paul II com­men­ça son minis­tère ici, sur la Place Saint-​Pierre. Les paroles qu’il pro­non­ça alors résonnent encore et conti­nuel­le­ment à mes oreilles : « N’ayez pas peur, au contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ ». Le Pape par­lait aux forts, aux puis­sants du monde, qui avaient peur que le Christ les dépos­sède d’une part de leur pou­voir, s’ils l’avaient lais­sé entrer et s’ils avaient concé­dé la liber­té à la foi. Oui, il les aurait cer­tai­ne­ment dépos­sé­dés de quelque chose : de la domi­na­tion de la cor­rup­tion, du détour­ne­ment du droit, de l’arbitraire. Mais il ne les aurait nul­le­ment dépos­sé­dés de ce qui appar­tient à la liber­té de l’homme, à sa digni­té, à l’édification d’une socié­té juste. Le Pape par­lait en outre à tous les hommes, sur­tout aux jeunes. En quelque sorte, n’avons-nous pas tous peur – si nous lais­sons entrer le Christ tota­le­ment en nous, si nous nous ouvrons tota­le­ment à lui – peur qu’il puisse nous dépos­sé­der d’une part de notre vie ? N’avons-nous pas peur de renon­cer à quelque chose de grand, d’unique, qui rend la vie si belle ? Ne risquons-​nous pas de nous trou­ver ensuite dans l’angoisse et pri­vés de liber­té ? Et encore une fois le Pape vou­lait dire : Non ! Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien – abso­lu­ment rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non ! Dans cette ami­tié seule­ment s’ouvrent tout grand les portes de la vie. Dans cette ami­tié seule­ment se dévoilent réel­le­ment les grandes poten­tia­li­tés de la condi­tion humaine. Dans cette ami­tié seule­ment nous fai­sons l’expérience de ce qui est beau et de ce qui libère.

Ainsi, aujourd’hui, je vou­drais, avec une grande force et une grande convic­tion, à par­tir d’une longue expé­rience de vie per­son­nelle, vous dire, à vous les jeunes : n’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le cen­tuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trou­ve­rez la vraie vie. Amen.

Benedictus PP. XVI

7 juillet 2007
Lettre apostolique, Motu Proprio, du Souverain Pontife Benoît XVI sur l’usage de la Liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970
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