Le « subsistit in » et la nouvelle conception de l’Église

La ques­tion de l’Église et de sa consti­tu­tion, les nou­velles approches et pers­pec­tives qu’ap­porte le Concile Vatican II au sujet de l’Église sont au cœur d’un débat théo­lo­gique qui fait nous inter­ro­ger sur l’or­tho­doxie de plu­sieurs de ses textes. On ne peut faire l’é­co­no­mie de les étu­dier si l’on veut com­prendre les enjeux d’un débat cin­quan­te­naire qui ne doit pas s’é­ga­rer dans les fausses pistes d’une bonne ou mau­vaise récep­tion de textes, qui seraient en fait conformes à la doc­trine de l’Église catho­lique, d’une bonne ou mau­vaise inter­pré­ta­tion ou her­mé­neu­tique de ces mêmes textes, façon­nées au gré d’in­ten­tions de rup­ture qui dépas­se­raient celle du magis­tère conci­liaire. Le pré­sup­po­sé que les textes sont néces­sai­re­ment exempts d’er­reurs sté­ri­li­se­rait tout exa­men théo­lo­gique sérieux.

Ainsi, la nou­veau­té que consti­tue pour tous l’ex­pres­sion « sub­sis­tit in », laquelle met en lien l’Église du Christ sub­sis­tant dans l’Église catho­lique, peut être qua­li­fiée de stra­té­gique. Elle est stra­té­gique du point de vue du nou­vel œcu­mé­nisme mis en œuvre et pro­pa­gé par les papes du Concile et de l’après-concile.

Rappelons que l’œcuménisme moderne cherche dans toutes les reli­gions chré­tiennes le plus petit déno­mi­na­teur com­mun en vue de retrou­ver une uni­té per­due. Il a tou­jours été condam­né, jus­qu’en 1949 par Pie XII [1]. L’œcuménisme, au sens catho­lique, cherche quant à lui à faire quit­ter les com­mu­nau­tés chré­tiennes dis­si­dentes pour inté­grer l’u­nique Église du Christ qui est l’Église catho­lique, unique arche et source de salut. Quant au dia­logue inter-​religieux, né dans la mou­vance et le pro­lon­ge­ment de l’œcuménisme moderne, il cherche par une dis­cus­sion ouverte entre repré­sen­tants des reli­gions non chré­tiennes à pro­mou­voir la paix et échan­ger sur les valeurs éthiques, en excluant tout pro­sé­ly­tisme [2].

C’est le car­di­nal Ratzinger lui-​même qui l’a­vouait dans une confé­rence don­née en février 2000, sur la consti­tu­tion Lumen Gentium, où il cla­ri­fiait jus­te­ment le sens de l’expression « sub­sis­tit in » : « Dans la dif­fé­rence entre sub­sis­tit et est se cache tout le pro­blème œcu­mé­nique » [3].Quatre ans plus tard, le car­di­nal Kasper, Président du Conseil pon­ti­fi­cal pour la pro­mo­tion de l’u­ni­té des chré­tiens, insis­tait lui aus­si, lors d’une confé­rence don­née à l’oc­ca­sion des 40 ans du décret Unitatis redin­te­gra­tio, sur l’ap­port essen­tiel de l’ex­pres­sion : « Au cours du Concile, le « sub­sis­tit in » a rem­pla­cé le pré­cé­dent « est ». Il contient in nuce le pro­blème œcu­mé­nique tout entier » [4].

En effet, pour jus­ti­fier le nou­vel œcu­mé­nisme qui, à la suite de la dyna­mique pro­tes­tante née au 19e siècle, envi­sage de retrou­ver l’unité de l’Église du Christ pré­ten­du­ment per­due par les divi­sions suc­ces­sives qui ont ponc­tué son his­toire, sans pour autant appe­ler à un retour à l’Église catho­lique (comme le pré­co­ni­sait la doc­trine catho­lique bimil­lé­naire), il n’y avait guère d’autre solu­tion que cette dis­tinc­tion sub­tile qui offre une légi­ti­mi­té dans le domaine du salut aux dif­fé­rentes com­mu­nau­tés chré­tiennes, pour­tant sépa­rées de l’Église catho­lique. L’apparition d’une dis­tinc­tion entre Église du Christ et Église catho­lique, à laquelle s’ajoute l’emploi récur­rent d’ « élé­ments de salut » qui se trou­ve­raient dis­sé­mi­nés dans ces diverses confes­sions chré­tiennes, tout en étant inté­gra­le­ment pré­sents dans l’Église catho­lique, ont per­mis de rendre com­plé­men­taires et res­pec­tables l’ensemble des com­mu­nau­tés reli­gieuses se disant chré­tiennes et d’envisager entre elles une recon­nais­sance réci­proque, une conver­gence d’unité, qu’ils appel­le­ront « com­mu­nion » et qui peuvent dis­pen­ser tant de la conver­sion par abju­ra­tion des erreurs que de toute forme de prosélytisme.

Nous allons donc exa­mi­ner le sens de cette expres­sion choi­sie à des­sein et voir quelles ouver­tures ecclé­sio­lo­giques elle auto­rise. Dans le même temps, nous serons néces­sai­re­ment ame­nés à com­pa­rer cette théo­rie à la doc­trine catho­lique anté­rieure et à juger de la conti­nui­té ou non de l’ex­pres­sion nou­velle par rap­port à la théo­lo­gie tra­di­tion­nelle de l’Église.

Par ailleurs, si l’ex­pres­sion se com­prend à la lumière de l’œcuménisme, nous nous deman­de­rons aus­si, en scru­tant les textes du concile, si elle n’é­lar­git pas éga­le­ment les pers­pec­tives du salut quant aux reli­gions non chré­tiennes. En effet, la pré­oc­cu­pa­tion des rédac­teurs des textes du concile s’est por­tée aus­si sur les autres reli­gions (Déclaration Nostra Ætate) et les décen­nies qui ont sui­vi le concile ont mon­tré une forte mobi­li­sa­tion pour un dia­logue et des ren­contres inter-​religieuses qui s’ins­pi­raient du concile. On se sou­vient que le Pape Jean-​Paul II a pris soin de jus­ti­fier la pre­mière ren­contre inter-​religieuse d’Assise d’oc­tobre 1986, lors d’un dis­cours à la Curie, en date du 22 décembre 1986, en s’ap­puyant pré­ci­sé­ment sur l’ec­clé­sio­lo­gie et les textes du Concile [5].

Si la quête d’une uni­té du genre humain motive le renou­vel­le­ment ecclé­sio­lo­gique de Vatican II, il fau­dra aus­si se deman­der pour­quoi l’é­chec de cette théo­rie s’af­firme de jour en jour, mal­gré une sur­en­chère de renon­ce­ments, de la part de l’Église catho­lique, dans l’af­fir­ma­tion du carac­tère exclu­sif de la Révélation et de l’en­sei­gne­ment du Christ, de la reli­gion catho­lique, de l’Église et de ses moyens de salut.

La nouveauté du subsistit in

L’emploi de ce verbe « sub­sis­ter » dont le sens n’a rien d’é­vident dans son contexte peut sur­prendre dans un texte d’un concile qui se vou­lait pas­to­ral, c’est-​à-​dire ren­dant la théo­lo­gie plus acces­sible dans son expression.

Le texte

La fameuse expres­sion est tirée de la consti­tu­tion dog­ma­tique Lumen gen­tium trai­tant de la consti­tu­tion de l’Église. Au para­graphe 8 on lit ceci :

Cette Église comme socié­té consti­tuée et orga­ni­sée en ce monde, c’est dans l’Église catho­lique qu’elle sub­siste [sub­sis­tit in], gou­ver­née par le suc­ces­seur de Pierre et les évêques qui sont en com­mu­nion avec lui, bien que des élé­ments nom­breux de sanc­ti­fi­ca­tion et de véri­té se trouvent hors de ses struc­tures, élé­ments qui, appar­te­nant pro­pre­ment par don de Dieu à l’Église du Christ, appellent par eux-​mêmes l’u­ni­té catholique.

Lumen gen­tium, n° 8.

Son origine

Avant d’ex­pli­quer le sens de ce para­graphe, pré­ci­sons l’o­ri­gine de cette expres­sion. Si le Pape Benoît XVI, à plu­sieurs reprises [6], a défen­du l’or­tho­doxie du pas­sage, c’est qu’il était bien pla­cé pour en connaître l’o­ri­gine. Le pas­teur Wilhelm Schmidt, obser­va­teur au concile, a recon­nu avoir trans­mis l’i­dée du « sub­sis­tit in » à celui qui était alors le conseiller théo­lo­gique du car­di­nal Frings : Joseph Ratzinger, qui l’a alors trans­mise au car­di­nal [7]. Il est mani­feste que le rédac­teur prin­ci­pal du texte, Gérard Philips, auteur ulté­rieu­re­ment d’un ouvrage de théo­lo­gie qui expli­cite les apports du Concile Vatican II en matière d’ec­clé­sio­lo­gie [8], a uti­li­sé le concept.

On peut légi­ti­me­ment s’é­ton­ner qu’une for­mule aus­si lourde de consé­quences ait été emprun­tée à des pen­seurs pro­tes­tants qui ne sont pas répu­tés pour défendre la théo­lo­gie de l’Église. Qu’elle soit l’œuvre du pas­teur Schmidt ou qu’il n’ait été qu’un mes­sa­ger, on com­prend mieux qu’un concile œcu­mé­nique obnu­bi­lé par l’œcuménisme intro­duise dans la doc­trine de l’Église des nou­veau­tés pour le moins douteuses.

Le contexte

Après avoir don­né une défi­ni­tion nou­velle de l’Église (l’Église est un sacre­ment, Lumen gen­tium §1), le texte de la consti­tu­tion sur l’Église décrit les ori­gines de l’Église vou­lue par Dieu, en par­lant de la Rédemption opé­rée par le Christ et l’ac­tion du Saint-​Esprit à l’œuvre dans la vie de l’Église, sans que la fon­da­tion de celle-​ci soit défi­nie clai­re­ment comme posée sur l’a­pôtre Pierre et comme socié­té dépo­si­taire de tous les moyens de salut à des­ti­na­tion des fidèles unis par le lien hié­rar­chique, la foi et les sacrements.

La hié­rar­chie men­tion­née inci­dem­ment et mise au même rang que les cha­rismes est le fruit d’un don du Saint-​Esprit et ne semble pas l’œuvre du Christ dans son huma­ni­té, confiant son auto­ri­té de gou­ver­ne­ment au pre­mier Pape : « Cette Église que [le Saint-​Esprit] intro­duit dans la véri­té tout entière, il l’u­nit dans la com­mu­nion et le ser­vice, il la munit de dons divers, hié­rar­chiques et cha­ris­ma­tiques, par les­quels il la dirige et l’orne de ses fruits » (Lumen gen­tium §4). Cette idée se retrou­ve­ra dans la suite (Lumen gen­tium cha­pitre 2) lors­qu’il sera ques­tion de défi­nir l’Église comme Peuple de Dieu duquel naî­tra la hié­rar­chie de l’Église (Lumen gen­tium cha­pitre 3). L’Église n’est pas vue d’a­bord comme socié­té fon­dée sur l’ordre hié­rar­chique consti­tué pour faire atteindre le bien com­mun surnaturel.

Les para­graphes 2, 3 et 4 de Lumen Gentium peuvent se résu­mer ainsi :

L’Église est l’œuvre com­mune des trois Personnes divines. Le Père a pré­des­ti­né tous les hommes dans et par l’Église. Par l’exemple de son obéis­sance et la révé­la­tion de son mys­tère, le Christ a sus­ci­té un royaume, c’est-​à-​dire une com­mu­nion mys­tique. Le Saint-​Esprit conti­nue de la sus­ci­ter et lui ajoute le don de la hié­rar­chie visible, qui est là pour signi­fier le mys­tère de cette communion.

Abbé Jean-​Michel Gleize, Session d’ec­clé­sio­lo­gie, docu­ment dac­ty­lo­gra­phié, 2010, p. 18.

Après avoir évo­qué les images de l’Église que l’on trouve dans la Sainte Écriture et l’ap­pel­la­tion de Corps mys­tique du Christ, avec une nou­velle insis­tance pour faire fusion­ner la réa­li­té sur­na­tu­relle et la dimen­sion sociale et visible de l’Église, le texte aborde au para­graphe 8 la dis­tinc­tion entre Église socié­té visible et corps mys­tique tout en insis­tant sur le tout com­plexe que les deux consti­tuent. En s’ap­puyant sur l’a­na­lo­gie du mys­tère du Verbe incar­né dont la nature humaine est au ser­vice du Verbe, comme la struc­ture sociale de l’Église est au ser­vice de l’Esprit du Christ, on trouve l’af­fir­ma­tion, par cette dis­tinc­tion entre l’ins­tru­ment et celui qui en use, que la struc­ture hié­rar­chique est l’ins­tru­ment de la com­mu­nau­té. On com­prend donc que la com­mu­nau­té mys­tique pré­cède la struc­ture hiérarchique.

Le sens de l’expression

C’est alors que l’on trouve le pas­sage conte­nant l’ex­pres­sion du « sub­sis­tit in » :

Cette Église comme socié­té consti­tuée et orga­ni­sée en ce monde, c’est dans l’Église catho­lique qu’elle sub­siste (sub­sis­tit in), gou­ver­née par le suc­ces­seur de Pierre et les évêques qui sont en com­mu­nion avec lui, bien que des élé­ments nom­breux de sanc­ti­fi­ca­tion et de véri­té se trouvent hors de ses struc­tures, élé­ments qui, appar­te­nant pro­pre­ment par don de Dieu à l’Église du Christ, appellent par eux-​mêmes l’u­ni­té catholique.

Le sens de ce pas­sage est éclai­ré par tout ce qui pré­cède. L’expression affirme la dis­tinc­tion entre d’une part la com­mu­nau­té mys­tique à laquelle appar­tiennent tous ceux qui vivent sous l’in­fluence de la grâce et d’autre part la struc­ture sociale et visible de l’Église catho­lique dont les membres sont unis sous le triple lien d’u­ni­té de foi, de culte et de gou­ver­ne­ment. Et même si on nous dit que les deux ne sont jamais sépa­rées dans la réa­li­té, que l’Église catho­lique demeure bien l’Église du Christ, l’une n’est pas tota­le­ment iden­tique à l’autre. Il y a un ordre entre les deux. La com­mu­nau­té d’ordre mys­tique pré­cède la struc­ture sociale. Par ailleurs, il est bien dit que la com­mu­nau­té mys­tique vit aus­si en dehors de la struc­ture sociale par « de nom­breux élé­ments de sanc­ti­fi­ca­tion et de véri­té ». On observe une dif­fé­rence d’ordre quan­ti­ta­tif, dans la mesure où l’Église du Christ se trouve, sub­siste, à l’é­tat par­fait et maxi­mal dans l’Église catho­lique, tan­dis qu’elle se trouve à l’é­tat d’élé­ments dans les autres communautés.

Les défen­seurs auto­ri­sés du texte ont don­né une inter­pré­ta­tion pré­cise de l’ex­pres­sion. Le car­di­nal Ratzinger, repre­nant cet extrait de Lumen gen­tium, affir­mait dans la décla­ra­tion Dominus Jesus (2000) :

« Il existe donc une unique Église du Christ, qui sub­siste dans l’Église catho­lique, gou­ver­née par le suc­ces­seur de Pierre et les Évêques en com­mu­nion avec lui [9]. Les Églises qui, quoique sans com­mu­nion par­faite avec l’Église catho­lique, lui res­tent cepen­dant unies par des liens très étroits comme la suc­ces­sion apos­to­lique et l’Eucharistie valide, sont de véri­tables Églises par­ti­cu­lières [10]. Par consé­quent, l’Église du Christ est pré­sente et agis­sante dans ces Églises, mal­gré l’ab­sence de la pleine com­mu­nion avec l’Église catho­lique, pro­vo­quée par leur non-​acceptation de la doc­trine catho­lique du Primat, que l’Évêque de Rome, d’une façon objec­tive, pos­sède et exerce sur toute l’Église confor­mé­ment à la volon­té divine » [11].

Il y a donc pré­sence et action de l’Église du Christ là où il n’y a pas néces­sai­re­ment la struc­ture hié­rar­chique visible fon­dée par Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Plus récem­ment, la Réponse de la sacrée congré­ga­tion pour la doc­trine de la foi du 29 juin 2007 appor­tait des pré­ci­sions et éclair­cis­se­ments sur le sens de l’ex­pres­sion, dans sa deuxième réponse :

« Dans le numé­ro 8 de la Constitution Dogmatique Lumen gen­tium, ‘sub­sis­ter’ signi­fie la per­pé­tuelle conti­nui­té his­to­rique et la per­ma­nence de tous les élé­ments ins­ti­tués par le Christ dans l’Église catho­lique [12], dans laquelle on trouve concrè­te­ment l’Église du Christ sur cette terre. Selon la doc­trine catho­lique, s’il est cor­rect d’affirmer que l’Église du Christ est pré­sente et agis­sante dans les Églises et les Communautés ecclé­siales qui ne sont pas encore en pleine com­mu­nion avec l’Église catho­lique, grâce aux élé­ments de sanc­ti­fi­ca­tion et de véri­té qu’on y trouve [13], le verbe ‘sub­sis­ter’ ne peut être exclu­si­ve­ment attri­bué qu’à la seule Église catho­lique, étant don­né qu’il se réfère à la note d’unité pro­fes­sée dans les sym­boles de la foi (‘Je crois en l’Église, une’) ; et cette Église une ‘sub­siste’ dans l’Église catho­lique [14]».

Subsister insiste, selon l’ex­pli­ca­tion qui en est faite par le car­di­nal Ratzinger ou par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 2007, sur le carac­tère durable de l’exis­tence de l’Église, mal­gré les vicis­si­tudes des siècles, et affirme la plé­ni­tude des moyens de salut que l’on trouve dans l’Église catholique.

Le Cardinal Kasper, dans la confé­rence déjà citée, explique :

Le Concile a pu accom­plir un pas impor­tant en avant grâce au « sub­sis­tit in ». On a vou­lu rendre jus­tice au fait que, en dehors de l’Eglise catho­lique, il n’y a pas seule­ment des indi­vi­dus chré­tiens, mais éga­le­ment des « élé­ments d’Eglise » (10), et éga­le­ment des Eglises et des Communautés ecclé­siales qui, bien que n’é­tant pas en pleine com­mu­nion, appar­tiennent de plein droit à l’u­nique Eglise et consti­tuent pour leurs membres des moyens de salut.

Sa note de bas de page n°10 dit ceci :

Ce concept remonte au fond à Jean Calvin ; mais, alors que pour Calvin, le terme se réfé­rait à de tristes restes de la véri­table Eglise, dans le débat œcu­mé­nique il est enten­du dans un sens posi­tif, dyna­mique et orien­té vers l’a­ve­nir. Il appa­raît pour la pre­mière fois avec Yves Congar, comme affir­ma­tion de la posi­tion anti­do­na­tiste de saint Augustin (cf. A. Nichols, Yves Congar, Londres 1986, p. 101–106). Avec la décla­ra­tion de Toronto, il est éga­le­ment entré dans le lan­gage du Conseil œcu­mé­nique des Eglises.

Autrement dit, il existe bien entre l’Église du Christ et l’Église catho­lique une dis­tinc­tion réelle, telle qu’on peut en trou­ver entre une réa­li­té et sa manière concrète et sin­gu­lière d’exis­ter dans le temps. De fait, nous dit-​on, l’Église du Christ se mani­feste en plé­ni­tude dans l’Église catho­lique (c’est cela qui s’ap­pelle « sub­sis­ter ») et sous des modes d’être moins riches, dans les autres com­mu­nau­tés reli­gieuses chré­tiennes (c’est alors un mode d’être par pré­sence et par action). Ce qui consti­tue une nouveauté.

Et le pas­sage en force de la nou­velle expres­sion « sub­sis­tit in » vise expres­sé­ment la recon­nais­sance d’une com­mu­nion œcu­mé­nique entre toutes les com­mu­nau­tés chré­tiennes. Le car­di­nal Kasper le recon­naît, mani­fes­tant le chan­ge­ment opé­ré par l’ex­pres­sion des « élé­ments d’Église » qui reprennent ana­lo­gi­que­ment les « élé­ments de sanc­ti­fi­ca­tion et de véri­té » déjà men­tion­nés dans Lumen gen­tium §8, avec la même confu­sion opé­rée par le pas­sage à une for­ma­li­té d’ordre quan­ti­ta­tif et donc à une vision maté­rielle de l’u­ni­té de l’Église, et non plus morale :

L’idée fon­da­men­tale du Concile Vatican II, et en par­ti­cu­lier du Décret sur l’œcuménisme, se résume en un mot : com­mu­nio. Le terme est impor­tant pour com­prendre cor­rec­te­ment la ques­tion des « ele­men­ta eccle­siæ ». Cette expres­sion sug­gère une dimen­sion quan­ti­ta­tive, presque maté­ria­liste, comme si l’on pou­vait quan­ti­fier, comp­ter ces élé­ments, en véri­fiant si leur nombre est complet.

Cardinal Kasper, ibidem.

Cette expli­ca­tion qui découle du texte et de ses com­men­ta­teurs auto­ri­sés rend dif­fi­cile la ten­ta­tive de jus­ti­fi­ca­tion qu’o­père ailleurs la Réponse de la sacrée congré­ga­tion pour la doc­trine de la foi du 29 juin 2007 et qui consiste à prou­ver que « subis­tit in » signi­fie la même chose que « est ». La logique du texte est de fait dif­fi­cile à suivre puis­qu’elle conduit à affir­mer sur­tout que l’ex­pres­sion a pour rai­son d’être d’in­tro­duire l’i­dée qu’on trouve des élé­ments de sanc­ti­fi­ca­tion en dehors des struc­tures de l’Église catholique :

« Troisième ques­tion. Pourquoi utilise-​t-​on l’expression ‘sub­siste dans’, et non pas tout sim­ple­ment le verbe ‘est’ ?

Réponse. L’usage de cette expres­sion, qui indique la pleine iden­ti­té de l’Église du Christ avec l’Église catho­lique, ne change en rien la doc­trine sur l’Église, mais a pour rai­son d’être de signi­fier plus clai­re­ment qu’en dehors de ses struc­tures, on trouve « de nom­breux élé­ments de sanc­ti­fi­ca­tion et de véri­té », « qui, appar­te­nant pro­pre­ment par don de Dieu à l’Église du Christ, appellent par eux-​mêmes l’unité catho­lique [15] ».

« En consé­quence, ces Églises et Communautés sépa­rées, bien que nous les croyions vic­times de défi­ciences, ne sont nul­le­ment dépour­vues de signi­fi­ca­tion et de valeur dans le mys­tère du salut. L’Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se ser­vir d’elles comme de moyens de salut dont la force dérive de la plé­ni­tude de grâce et de véri­té qui a été confiée à l’Église catho­lique [16] » ».

Enfin, que l’on se ras­sure, nous retrou­vons un aveu de la dif­fi­cul­té que l’on a à com­prendre cette dis­tinc­tion chez Benoît XVI lui-​même, lors d’un col­loque sur Lumen gen­tium, en février 2000 :

La dif­fé­rence entre sub­sis­tit in et est ren­ferme le drame de la divi­sion ecclé­siale. Bien que l’Eglise soit une et sub­siste en un unique sujet, des réa­li­tés ecclé­siales existent en dehors de ce sujet : des véri­tables églises locales et com­mu­nau­tés ecclé­siales. Puisque le péché est une contra­dic­tion, on ne peut pas, en der­nière ana­lyse, plei­ne­ment résoudre d’un point de vue logique cette dif­fé­rence entre sub­sis­tit et est.

Benoît XVI, col­loque romain (25–27 février 2000).

Conséquences doctrinales

Malgré les affir­ma­tions répé­tées que la nou­velle for­mule n’a ni vou­lu chan­ger ni, de fait, chan­gé la doc­trine sur l’Église, on assiste au pas­sage en force, quelle que soit l’exé­gèse savante du sens de « sub­sis­tit », de la recon­nais­sance d’élé­ments objec­tifs et actifs de salut dans les com­mu­nau­tés dis­si­dentes de l’Église catholique.

Et cette nou­veau­té sert effec­ti­ve­ment de point de départ à l’œcuménisme. C’est pour­quoi le para­graphe 8 de Lumen gen­tium se trouve éclai­ré et confir­mé dans le texte conci­liaire consa­cré à l’œ­cu­mé­nisme, Unitatis redin­te­gra­tio, en son para­graphe 3, déjà cité :

En consé­quence, ces Églises et Communautés sépa­rées, bien que nous les croyions vic­times de défi­ciences, ne sont nul­le­ment dépour­vues de signi­fi­ca­tion et de valeur dans le mys­tère du salut. L’Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se ser­vir d’elles comme de moyens de salut dont la force dérive de la plé­ni­tude de grâce et de véri­té qui a été confiée à l’Église catholique.

Ce lieu paral­lèle de l’ex­pres­sion de la même doc­trine ajoute en plus que ce sont les com­mu­nau­tés reli­gieuses sépa­rées de l’Église catho­lique en tant que struc­tures sociales qui servent au Saint-​Esprit de moyens de salut. Le car­di­nal Kasper est explicite :

En consé­quence, la ques­tion du salut des non-​catholiques n’est plus réso­lue au niveau indi­vi­duel, à par­tir du désir sub­jec­tif d’un indi­vi­du, comme cela est indi­qué par Mystici cor­po­ris, mais au niveau ins­ti­tu­tion­nel et de façon ecclé­sio­lo­gique objective.

Cardinal Kasper, ibidem.

Même si cela n’est jamais avoué expli­ci­te­ment, la logique pro­fonde de ces textes veut qu’il ne soit plus néces­saire d’ap­par­te­nir à l’Église catho­lique pour être sau­vé, mais sim­ple­ment à l’Église du Christ, com­mu­nion et corps mys­tique, qui pré­cède l’ins­ti­tu­tion sociale et hié­rar­chique qu’est l’Église catho­lique. On main­tient l’af­fir­ma­tion que l’Église du Christ se mani­feste de façon par­faite et unique dans l’Église catho­lique mais on a intro­duit l’i­dée que l’Église du Christ en tant que com­mu­nion et source de salut agit dans un péri­mètre plus vaste que l’Église catho­lique et que les com­mu­nau­tés dis­si­dentes sont de véri­tables ins­tru­ments de salut dont se sert le Saint-​Esprit. Ainsi, l’Église du Christ sub­siste dans l’Église catho­lique mais est dite aus­si pré­sente et agis­sante dans les com­mu­nau­tés séparées.

Pris indé­pen­dam­ment de son contexte, le pas­sage de Lumen gen­tium pou­vait paraître sim­ple­ment ambi­gu. Mais le flou s’é­clair­cit dans le sens d’une erreur grave lors­qu’on lit les inter­pré­ta­tions offi­cielles et les lieux paral­lèles. Il en découle que de soi la non-​appartenance à l’Église catho­lique visible ne consti­tue pas un obs­tacle ni à la récep­tion de la grâce sacra­men­telle ni à la pré­di­ca­tion de la véri­té, mais qu’au contraire le Saint-​Esprit agit et opère le salut du Christ éga­le­ment dans ce cas.

Nous avons donc là l’ex­pres­sion d’une nou­veau­té et d’une rup­ture. Celle qui existe en la nature du rap­port qu’en­tre­tiennent les confes­sions non catho­liques et l’Église catho­lique. Comme l’é­crit l’ab­bé Gleize qui refor­mule l’i­dée expri­mée par cette nou­velle théo­rie, « ce n’est pas le rap­port entre le rien et le tout, mais c’est le rap­port entre par­tia­li­té (avec des manques et des défi­ciences de dif­fé­rents niveaux) et plé­ni­tude (ou inté­gra­li­té) » [17].

Or, il s’a­git là d’une nou­velle défi­ni­tion de l’Église qui n’est pas conforme à la doc­trine tra­di­tion­nelle catholique.

La doctrine catholique

Au sujet du mys­tère de l’Église, la doc­trine catho­lique a tou­jours affir­mé la dis­tinc­tion que l’on retrouve expri­mée dans le même article de foi du Credo, entre l’Église et la com­mu­nion des saints qui sont les deux aspects dif­fé­rents d’un même mys­tère. C’est par l’Église catho­lique – qui, en tant que socié­té est pro­vi­soire, jus­qu’à la fin du monde – que ses membres accé­de­ront à la com­mu­nion des saints – qui elle est la fina­li­té où se réa­lise défi­ni­ti­ve­ment et éter­nel­le­ment le salut.

Or, les membres de l’Église sont en tant que tels ceux qui pro­fessent exté­rieu­re­ment la foi et le culte dans la dépen­dance de l’au­to­ri­té divi­ne­ment ins­ti­tuée, et le prin­cipe for­mel de l’u­ni­té de l’Église est pré­ci­sé­ment l’ordre social qui découle de ce triple lien. Sans ce triple lien, l’Église ne sub­siste plus, elle n’est plus.

Abbé Jean-​Michel Gleize, La nou­velle ecclé­sio­lo­gie au fon­de­ment de l’œcuménisme, Courrier de Rome, n°339 (529), décembre 2010, p. 2.

Avec l’ex­pres­sion tra­di­tion­nelle du « est », l’Église était défi­nie comme un ordre, c’est-​à-​dire comme une rela­tion réelle entre ce qui dépend d’un prin­cipe et ce prin­cipe même. Avec l’ex­pres­sion nou­velle du « sub­sis­tit in », l’Église se défi­nit comme une plé­ni­tude, c’est-​à-​dire comme une somme com­plète d’élé­ments, comme un puzzle qui est com­po­sé de la somme de toutes ses pièces. La plé­ni­tude est une notion quan­ti­ta­tive : elle est une tota­li­té maté­rielle d’élé­ments dis­tincts. Alors que l’ordre est qua­li­ta­tif : il est une tota­li­té for­melle, qui défi­nit comme telle la socié­té, laquelle est une mul­ti­tude ordon­née dans la recherche com­mune d’un même bien (le prin­cipe a rai­son de cause finale, de but recher­ché), sous la direc­tion d’une même auto­ri­té (le prin­cipe a rai­son de cause motrice) [18]. Si l’on n’est pas membre de la socié­té, on n’est pas ordon­né, on ne peut pas tendre vers le bien com­mun, car on n’est pas sous la motion finale et motrice de l’au­to­ri­té qui, seule, la consti­tue. Appliqué à l’Église, ce prin­cipe implique bien que c’est l’ap­par­te­nance à l’Église catho­lique en tant que socié­té qui assure l’u­ni­té de foi et du vrai culte ren­du à Dieu par le gou­ver­ne­ment unique du chef choi­si par Jésus-​Christ pour assu­rer visi­ble­ment son auto­ri­té qui est un prin­cipe d’ordre, par lequel tout membre se trouve ren­du capable d’at­teindre le bien com­mun recher­ché, à savoir le bon­heur éternel.

Et la foi de l’Église a tou­jours por­té sur cette der­nière défi­ni­tion de l’Église parce que l’ins­ti­tu­tion de l’Église par Jésus-​Christ est de foi révélée.

Autrement dit, affir­mer, comme notam­ment Pie IX, le Concile Vatican I, Léon XIII, saint Pie X, Pie XI ou Pie XII que l’Église du Christ est l’Église catho­lique et affir­mer que l’Église est ici-​bas une socié­té, c’est-​à-​dire l’u­nique ordre hié­rar­chique vou­lu par le Christ comme moyen d’at­teindre le salut, c’est rap­pe­ler que Jésus-​Christ n’a fon­dé qu’une seule Église à laquelle il a confié tous ses pou­voirs (auto­ri­té, ensei­gne­ment, moyens de salut) et qu’en dehors de cette Église on ne peut trou­ver le salut.

Mais dire, comme Lumen gen­tium, que l’Église du Christ se dis­tingue de l’Église catho­lique et qu’en dehors de la struc­ture sociale de l’Église catho­lique existent des com­mu­nau­tés qui pos­sèdent, en tant que com­mu­nau­tés, des élé­ments de véri­té et de salut dont se sert l’Esprit du Christ, c’est affir­mer une concep­tion lati­tu­di­na­riste de l’Église, telle qu’on la trouve condam­née notam­ment par Pie IX (Syllabus), Léon XIII (où ?), Pie XI dans Mortalium ani­mos, Pie XII dans Mystici Corporis (sur l’Église) ou Humani gene­ris (sur les erreurs modernistes).

Jésus-​Christ a vou­lu que les fruits de son salut soient don­nés aux fidèles sou­mis à l’au­to­ri­té hié­rar­chique fon­dée par lui. Lumen gen­tium ouvre, dans l’in­ten­tion œcu­mé­nique qui est la sienne, une Église à plu­sieurs étages ou plu­tôt consti­tuée de cercles concen­triques, où l’on pos­sède une plus ou moins grande quan­ti­té d’élé­ments de salut, selon la com­mu­nau­té reli­gieuse à laquelle on appartient.

Nature profonde des erreurs énoncées

Erreur sur l’unité

C’est oublier que l’u­ni­té de l’Église que l’on pré­tend viser ne peut résul­ter d’une plé­ni­tude quan­ti­ta­tive des élé­ments qui la consti­tue­raient. L’Eglise est une socié­té et donc un tout moral dont la forme est un ordre. Et cet ordre implique un prin­cipe. Or ce prin­cipe est sur­na­tu­rel et divi­ne­ment ins­ti­tué. Principe au sens d’une cause finale qui per­met d’at­teindre le bien de la pro­fes­sion exté­rieure de la vraie foi et du vrai culte, et prin­cipe au sens d’une cause motrice, par le gou­ver­ne­ment hié­rar­chique du pape, chef suprême et des évêques qui sont les chefs subor­don­nés. Mais les com­mu­nau­tés chré­tiennes dis­si­dentes sont jus­te­ment pri­vées de cet ordre, et donc de cette fina­li­té et de cette motion de la hié­rar­chie et sont donc exclues radi­ca­le­ment de l’unité, même si, maté­riel­le­ment, elles peuvent emprun­ter et conser­ver des élé­ments qui appar­tiennent de soi à l’Église catho­lique. Refusant le pri­mat de l’é­vêque de Rome, elles sont sans vie, sans forme, sans orien­ta­tion bonne et ces élé­ments maté­riels ne peuvent don­ner à eux seuls la vie sur­na­tu­relle ni le salut, de même qu’un corps sans âme n’est qu’un cadavre et ne peut pré­tendre garan­tir la vie d’un homme et encore moins lui faire atteindre sa perfection.

Erreur sur les moyens de salut et les éléments de vérité

Ainsi, les sacre­ments, même célé­brés vali­de­ment, sont pré­su­més infruc­tueux dans les com­mu­nau­tés sépa­rées [19] du fait de l’empêchement ou pri­va­tion que consti­tue l’ab­sence de lien à l’ordre social vou­lu par Dieu. Cet empê­che­ment entraîne un péché contre la foi pour les héré­tiques, un péché contre l’u­ni­té et la cha­ri­té chez les schismatiques.

De même pour les véri­tés de foi, on ne peut pas dire que la conser­va­tion de véri­tés par­tielles appar­te­nant à l’ob­jet de foi catho­lique puisse appor­ter des fruits de salut. L’objet de la foi et la pro­fes­sion de la foi ne sont pas à géo­mé­trie variable. Saint Thomas d’Aquin, mani­fes­tant l’enseignement constant de l’Eglise catho­lique, pré­cise admi­ra­ble­ment cette véri­té en sou­li­gnant l’absence de l’habitus de foi sur­na­tu­relle chez ceux qui nient même une seule véri­té de foi ensei­gnée par l’Eglise [20]:

« Objection n°2 : Il y a dans la foi de mul­tiples articles comme il y a dans une science, la géo­mé­trie par exemple, de mul­tiples conclu­sions. Mais quelqu’un peut avoir la science de la géo­mé­trie en ce qui concerne cer­taines conclu­sions géo­mé­triques tout en igno­rant les autres. Donc quelqu’un peut avoir la foi par rap­port à quelques articles de foi, tout en ne croyant pas aux autres.

Conclusion : L’hérétique qui refuse de croire à un seul article de foi ne garde pas l’habitus de foi, ni de foi for­mée, ni de foi informe. Cela vient de ce que, dans un habi­tus quel qu’il soit, l’espèce dépend de ce qu’il y a de for­mel dans l’objet ; cela enle­vé, l’habitus ne peut demeu­rer dans son espèce. Or, ce qu’il y a de for­mel en l’objet de foi, c’est la véri­té pre­mière telle qu’elle est révé­lée dans les Saintes Écritures et dans l’enseignement de l’Église, qui pro­cède de la Vérité pre­mière. Par suite, celui qui n’adhère pas, comme à une règle infaillible et divine, à l’enseignement de l’Église qui pro­cède de la Vérité pre­mière révé­lée dans les Saintes Écritures, celui-​là n’a pas l’habitus de la foi. S’il admet des véri­tés de foi, c’est autre­ment que par la foi. Comme si quelqu’un garde en son esprit une conclu­sion sans connaître le moyen qui sert à la démon­trer, il est clair qu’il n’en a pas la science, mais seule­ment une opinion.

En revanche, il est clair aus­si que celui qui adhère à l’enseignement de l’Église comme à une règle infaillible, donne son assen­ti­ment à tout ce que l’Église enseigne. Autrement, s’il admet ce qu’il veut de ce que l’Église enseigne, et n’admet pas ce qu’il ne veut pas admettre, à par­tir de ce moment-​là il n’adhère plus à l’enseignement de l’Église comme à une règle infaillible, mais à sa propre volon­té. Ainsi est-​il évident que l’hérétique qui refuse opi­niâ­tre­ment de croire à un seul article n’est pas prêt à suivre en tout l’enseignement de l’Église ; car s’il n’a pas cette opi­niâ­tre­té, il n’est pas déjà héré­tique, il est seule­ment dans l’erreur.

Par là il est clair que celui qui est un héré­tique opi­niâtre à pro­pos d’un seul article, n’a pas la foi à pro­pos des autres articles, mais une cer­taine opi­nion dépen­dant de sa volon­té propre.

Réponse à l’objection n°2.

Dans les diverses conclu­sions d’une même science, il y a divers moyens pour éta­blir les preuves, et l’un peut être connu sans l’autre. C’est pour­quoi on peut savoir cer­taines conclu­sions d’une science tout en igno­rant les autres. Mais la foi adhère à tous les articles de foi en rai­son d’un seul moyen, c’est-à-dire de la Vérité pre­mière telle qu’elle nous est pro­po­sée dans les Écritures sai­ne­ment com­prises selon l’enseignement de l’Église. C’est pour­quoi celui qui se détache de ce moyen est tota­le­ment pri­vé de la foi. »

On trouve cette doc­trine clai­re­ment expo­sée par Léon XIII dans Satis cogni­tum mais aus­si par Pie XI, dans son ency­clique Mortalium ani­mos, lors­qu’il condamne ceux qui parlent d’une dis­tinc­tion entre dogmes fon­da­men­taux et dogmes secondaires :

De plus, quant aux véri­tés à croire, il est abso­lu­ment illi­cite d’u­ser de la dis­tinc­tion qu’il leur plaît d’in­tro­duire dans les dogmes de foi, entre ceux qui seraient fon­da­men­taux et ceux qui seraient non fon­da­men­taux, comme si les pre­miers devaient être reçus par tous tan­dis que les seconds pour­raient être lais­sés comme matières libres à l’as­sen­ti­ment des fidèles : la ver­tu sur­na­tu­relle de foi a en effet, pour objet for­mel l’au­to­ri­té de Dieu révé­lant, auto­ri­té qui ne souffre aucune dis­tinc­tion de ce genre. C’est pour­quoi tous les vrais dis­ciples du Christ accordent au dogme de l’Immaculée Conception de la Mère de Dieu la même foi que, par exemple, au mys­tère de l’Auguste Trinité, et de même ils ne croient pas à l’Incarnation de Notre Seigneur autre­ment qu’au magis­tère infaillible du Pontife Romain dans le sens, bien enten­du, qu’il a été défi­ni par le Concile œcu­mé­nique du Vatican. Car, de la diver­si­té et même du carac­tère récent des époques où, par un décret solen­nel, l’Église a sanc­tion­né et défi­ni ces véri­tés, il ne s’en­suit pas qu’elles n’ont pas la même cer­ti­tude, qu’elles ne sont pas avec la même force impo­sées à notre foi : n’est-​ce pas Dieu qui les a toutes révélées ?

Pie XI, Mortalium ani­mos, 6 jan­vier 1928.

Ni des véri­tés par­tielles, ni des sacre­ments conser­vés ne peuvent assu­rer le lien à la média­tion sociale de l’Église qui per­met l’ob­ten­tion du salut, par le simple fait qu’ils ne sont pas dans l’ordre social et hié­rar­chique de l’u­ni­té de foi et de culte sous l’au­to­ri­té du gou­ver­ne­ment divi­ne­ment ins­ti­tué. Des sar­ments cou­pés du cep ne sont en rien source de vie pour les feuilles qui y sont attachées.

Enfin, que le salut puisse s’ac­com­plir en dehors des limites visibles de l’Église catho­lique, celle-​ci l’a tou­jours affir­mé mais cela peut avoir lieu de manière stric­te­ment indi­vi­duelle lorsque Dieu fait don de sa grâce à un indi­vi­du dont l’ap­par­te­nance à une secte ou une fausse reli­gion l’empêche de soi d’ac­cé­der faci­le­ment à la connais­sance de la vraie foi.

Dans son ency­clique Mystici Corporis, Pie XII men­tionne le désir qui peut ani­mer ceux qui n’appartiennent pas à l’Eglise catho­lique. Après les avoir invi­tés expli­ci­te­ment à « céder libre­ment et de bon cœur aux impul­sions intimes de la grâce divine et à s’efforcer de sor­tir d’un état où nul ne peut être sûr de son salut éter­nel », le Pape admet la pos­si­bi­li­té d’un cer­tain désir d’appartenance à l’Eglise qui ordonne les non-​catholiques au Corps mys­tique mais qui est insuf­fi­sant pour les faire béné­fi­cier de tous les biens sur­na­tu­rels que seule l’Eglise catho­lique peut accor­der : « Car, même si par un cer­tain désir et sou­hait incons­cient ils se trouvent ordon­nés au Corps mys­tique du Rédempteur, ils sont pri­vés de tant et de si grands secours et faveurs célestes, dont on ne peut jouir que dans l’Eglise catho­lique. [21] » Or, on trouve une expres­sion plus pré­cise de la pen­sée du Pape à ce sujet, dans la lettre de la Sacrée congré­ga­tion du Saint-​Office, du 8 août 1949, adres­sée à l’ar­che­vêque de Boston, où il détaille l’in­ter­pré­ta­tion du dogme « Hors de l’Eglise, point de salut » et pré­cise le sens du désir d’ap­par­te­nance qui peut ani­mer des hommes n’ap­par­te­nant pas encore à l’Eglise.

Cependant il ne fau­drait pas croire que n’im­porte quelle sorte de désir d’en­trer dans l’Eglise suf­fise pour le salut. Le désir par lequel quel­qu’un adhère à l’Eglise doit être ani­mé de cha­ri­té par­faite. Un désir impli­cite ne peut pas non plus pro­duire son effet si l’on ne pos­sède pas la foi surnaturelle.

Lettre de la Sacrée congré­ga­tion du Saint-​Office, du 8 août 1949, adres­sée à l’ar­che­vêque de Boston, dans L’Eglise, volume II, col­lec­tion « Les ensei­gne­ments pon­ti­fi­caux » par les moines de Solesmes, Desclée, n°1261. Voir aus­si Pie XII, Heinrich DENZINGER, Symboles et défi­ni­tions de la foi catho­lique, Cerf, Paris, 2001, n° 3821.

Et ce n’est pas par la média­tion des com­mu­nau­tés chré­tiennes non catho­liques que se réa­lise cette ordi­na­tion par désir impli­cite sur­na­tu­rel à l’Eglise. Or, c’est ce qu’af­firment les textes de Vatican II (Lumen gen­tium §8 ; Unitatis redin­te­gra­tio §3) et les com­men­taires offi­ciels qui les expliquent, comme la décla­ra­tion Dominus Jesus ou les réponses de la Congrégation pour la doc­trine de la foi de juin 2007.

On peut donc conclure, en sou­li­gnant le para­doxe issu de l’en­semble des erreurs conte­nues dans la nou­veau­té de la théo­rie du « sub­sis­tit in »,que pour avoir envi­sa­gé de consti­tuer une uni­té en dehors du pri­mat romain, la théo­rie ne peut évi­ter l’é­cueil du lati­tu­di­na­risme condam­né par les Papes, ce qui la condamne à un échec radi­cal dans la réa­li­sa­tion de cette unité.

Ainsi Pie IX dans le Syllabus condamne-​t-​il les pro­po­si­tions suivantes :

« § III. Indifférentisme, Latitudinarisme.

  • XV. Il est libre à chaque homme d’embrasser et de pro­fes­ser la reli­gion qu’il aura répu­tée vraie d’a­près la lumière de la raison.
  • XVI. Les hommes peuvent trou­ver le che­min du salut éter­nel et obte­nir ce salut éter­nel dans le culte de n’im­porte quelle religion.
  • XVII. Tout au moins doit-​on avoir bonne confiance dans le salut éter­nel de tous ceux qui ne vivent pas dans le sein de la véri­table Église du Christ.
  • XVIII. Le pro­tes­tan­tisme n’est pas autre chose qu’une forme diverse de la même vraie reli­gion chré­tienne, forme dans laquelle on peut être agréable à Dieu aus­si bien que dans l’Église catholique ».

Mais aus­si Pie XI, dans son ency­clique Mortalium ani­mos, qui condamne l’œ­cu­mé­nisme moderne (1928) :

Comment, dès lors, conce­voir la légi­ti­mi­té d’une sorte de pacte chré­tien, dont les adhé­rents, même dans les ques­tions de foi, gar­de­raient cha­cun leur manière par­ti­cu­lière de pen­ser et de juger, alors même qu’elle serait en contra­dic­tion avec celles des autres ? Et par quelle for­mule, Nous le deman­dons, pourraient-​ils consti­tuer une seule et même socié­té de fidèles, des hommes qui divergent en opi­nions contradictoires ? (…)

En véri­té, nous ne savons pas com­ment, à tra­vers une si grande diver­gence d’o­pi­nions, la voie vers l’u­ni­té de l’Église pour­rait être ouverte, quand cette uni­té ne peut naître que d’un magis­tère unique, d’une règle unique de foi et d’une même croyance des chré­tiens. En revanche, nous savons très bien que, par là, une étape est faci­le­ment fran­chie vers la négli­gence de la reli­gion ou indif­fé­ren­tisme et vers ce qu’on nomme le moder­nisme, dont les mal­heu­reuses vic­times sou­tiennent que la véri­té des dogmes n’est pas abso­lue, mais rela­tive, c’est-​à-​dire qu’elle s’a­dapte aux besoins chan­geants des époques et des lieux et aux diverses ten­dances des esprits, puis­qu’elle n’est pas conte­nue dans une révé­la­tion immuable, mais qu’elle est de nature à s’ac­com­mo­der à la vie des hommes.

Comme on le voit, la recherche de l’u­ni­té sur des bases qui sont fausses nour­rit le nou­vel œcu­mé­nisme et le voue à l’é­chec. Mais la dis­tinc­tion intro­duite par l’ex­pres­sion du « sub­sis­tit in » va plus loin. Elle ouvre la voie à une recon­nais­sance d’un droit à la liber­té reli­gieuse qui sera expri­mée dans la décla­ra­tion Dignitatis humanæ.

Source : Vu de Haut n°20, « Vatican II, les points de rup­ture : actes du col­loque des 10 et 11 novembre 2012 ». Vu de haut est la revue de l’Institut Universitaire Saint-​Pie X.

N‑B : L’ensemble de cette étude doit beau­coup aux tra­vaux de l’abbé Jean-​Michel Gleize, pro­fes­seur d’ecclésiologie au Séminaire d’Écône et membre des dis­cus­sions doc­tri­nales qui ont eu lieu entre le Saint-​Siège et la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X.

Tout spé­cia­le­ment :

Abbé Jean-​Michel Gleize, Vatican II en débat, Courrier de Rome, 2012.

Abbé Jean-​Michel Gleize, La nou­velle ecclé­sio­lo­gie au fon­de­ment de l’œcuménisme, Courrier de Rome, n°339 (529), décembre 2010.

Cardinal Kasper, Conférence don­née à l’oc­ca­sion du 40e anni­ver­saire de la pro­mul­ga­tion du décret conci­liaire Unitatis redin­te­gra­tio, 11 novembre 2004.

[29] On retrouve cette idée expri­mée plus loin dans Lumen gen­tium § 9, dans le cha­pitre 2 sur l’Église Peuple de Dieu : « Aussi ce peuple mes­sia­nique, bien qu’il ne com­prenne pas en fait tous les hommes, et que plus d’une fois il appa­raisse comme un petit trou­peau, est cepen­dant pour tout le genre humain un germe très puis­sant d’u­ni­té, d’es­pé­rance et de salut ».

[30] Cf. le dis­cours du Pape Jean-​Paul II aux Cardinaux et à la Curie romaine du 22 décembre 1986.

[31] « Réponse de la Sacrée congré­ga­tion pour la doc­trine de la foi » du 29 juin 2007, dans Documentation catho­lique n° 2385 (5–19 août 2007), p. 719.

[32] Abbé Jean-​Michel Gleize, Vatican II en débat, Courrier de Rome, 2012, p. 119.

Notes de bas de page

  1. Instruction « De Motione Oecumenica » de la S. Congrégation du S. Office sur le « Mouvement œcu­mé­nique » (20.12.1949).[]
  2. Les récentes ren­contres inter­re­li­gieuses d’Astana, au Kazakhstan, en juillet 2009 et sep­tembre 2013, qui ont eu lieu au Congrès mon­dial des reli­gions de la ville et aux­quelles par­ti­ci­pait le Cardinal Tauran, celles orga­ni­sées à Assise à quatre reprises de 1986 à 2011, ou dans d’autres villes du monde en sont quelques exemples.[]
  3. Cardinal Joseph Ratzinger, « Conférence lors du congrès du 25 au 27 février 2000 sur l’ec­clé­sio­lo­gie de la consti­tu­tion conci­liaire Lumen gen­tium », dans Documentation Catholique n°2223 du 2 avril 2000, p. 310.[]
  4. Cardinal Kasper, confé­rence à l’oc­ca­sion du 40e anni­ver­saire de la pro­mul­ga­tion du décret conci­liaire Unitatis redin­te­gra­tio (Rocca di Papa, 11–13 novembre 2004).[]
  5. « L’événement d’Assise peut ain­si être consi­dé­ré comme une illus­tra­tion visible, une leçon de choses, une caté­chèse intel­li­gible à tous de ce que pré­sup­pose et signi­fie l’engagement œcu­mé­nique et pour le dia­logue inter­re­li­gieux recom­man­dé et pro­mu par le Concile Vatican II. » Jean Paul II, Discours aux Cardinaux et à la Curie romaine, du 22 décembre 1986, §7.[]
  6. « Notification de la Congrégation pour la doc­trine de la foi du 11 mars 1985 à pro­pos du livre Église : cha­risme et pou­voir du Père Leonardo Boff » dans Documentation Catholique n°1895 du 5 mai 1985, pp. 484–486 ; « Conférence lors du congrès du 25 au 27 février 2000 sur l’ec­clé­sio­lo­gie de la consti­tu­tion conci­liaire Lumen gen­tium », in Documentation Catholique n°2223 du 2 avril 2000, p. 310 ; décla­ra­tion Dominus Jesus, sur l’u­ni­ci­té et l’u­ni­ver­sa­li­té sal­vi­fique de Jésus-​Christ et de l’Église, 6 août 2000. A ces textes on peut ajou­ter sous le pon­ti­fi­cat de Benoît XVI la « Réponse de la Sacrée congré­ga­tion pour la doc­trine de la foi, du 11 juillet 2007 », in Documentation Catholique, n°2385, du 5–19 août 2007, p. 717.[]
  7. Pasteur Wilhelm Schmidt, lettre écrite en alle­mand du 3 août 2000, adres­sée à l’ab­bé Matthias Gaudron, citée en extrait dans le numé­ro 49 de la revue Le Sel de la terre, été 2004, p. 40.[]
  8. Mgr Gérard Philips, L’Église et son mys­tère au deuxième Concile du Vatican, Desclée, 1967.[]
  9. Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration Mysterium Ecclesiæ, n. 1, dans AAS 65 (1973) 396–408.[]
  10. Cf. Concile œcu­mé­nique Vatican II, décret Unitatis redin­te­gra­tio, nn. 14 et 15 ; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, lettre Communionis notio, n. 17, dans AAS 85 (1993) 838–850.[]
  11. Cf. Concile œcu­mé­nique Vatican I, Constitution dog­ma­tique Pastor aeter­nus, dans Heinrich Denzinger, Symboles et défi­ni­tions de la foi catho­lique, Cerf, Paris, 2001, n° 3053–3064 ; Concile œcu­mé­nique Vatican II, Constitution dog­ma­tique Lumen gen­tium, n. 22.[]
  12. Cf. Congrégation pour la doc­trine de la foi, Déclaration Mysterium Ecclesiae, n. 1.1, dans AAS 65 [1973] 397 ; Déclaration Dominus Iesus, n. 16.3 dans AAS 92 [2000-​II] 757–758 ; À pro­pos du livre ‘Église : cha­risme et pou­voir’ du P. Leonardo Boff, dans AAS 77 [1985] 758–759.[]
  13. Cf. Jean-​Paul II, Encyclique Ut unum sint, n. 11.3, dans AAS 87 [1995-​II] 928.[]
  14. Cf. Concile œcu­mé­nique Vatican II, Constitution dog­ma­tique Lumen gen­tium, n. 8.2.[]
  15. Concile œcu­mé­nique Vatican II, Constitution dog­ma­tique Lumen Gentium, n. 8.2.[]
  16. Concile œcu­mé­nique Vatican II, Décret Unitatis redin­te­gra­tio, n. 3.4.[]
  17. Abbé Jean-​Michel Gleize, Vatican II en débat, Courrier de Rome, 2012, p. 145.[]
  18. D’après l’ab­bé Gleize, ibi­dem.[]
  19. « Elle croit fer­me­ment, pro­fesse et prêche qu” « aucun de ceux qui se trouvent en dehors de l’Eglise catho­lique, non seule­ment païens mais encore juifs ou héré­tiques et schis­ma­tiques ne peuvent deve­nir par­ti­ci­pants à la vie éter­nelle, mais iront “dans le feu éter­nel qui est pré­pa­ré par le diable et ses anges” Mt 25,41 à moins qu’a­vant la fin de leur vie ils ne lui aient été agré­gés ; elle pro­fesse aus­si que l’u­ni­té du corps de l’Eglise a un tel pou­voir que les sacre­ments de l’Eglise n’ont d’u­ti­li­té en vue du salut que pour ceux qui demeurent en elle, pour eux seuls jeûnes, aumônes et tous les autres devoirs de la pié­té et exer­cices de la milice chré­tienne enfantent les récom­penses éter­nelles, et que “per­sonne ne peut être sau­vé, si grandes que soient ses aumônes, même s’il verse son sang pour le nom du Christ, s’il n’est pas demeu­ré dans le sein et dans l’u­ni­té de l’Eglise catho­lique.” » Bulle sur l’u­nion avec les coptes et les Ethiopiens, Cantate Domino, 4 février 1442 (1441 selon le com­put de Florence) Décret pour les jaco­bites. DS 1351. Voir aus­si la Réponse du Saint-​Office à divers Ordinaires des lieux, 17 mai 1916 sur les der­niers sacre­ments pour les schis­ma­tiques, DS 3635 et 3636 .[]
  20. St Thomas d’Aquin, Somme théo­lo­gique, IIa IIae, q.5, art. 3, Des héré­tiques dans l’erreur sur un seul article de foi ont-​ils la foi sur les autres articles ?[]
  21. Pie XII, Mystici Corporis, 29 juin 1943, dans L’Eglise, volume II, col­lec­tion « Les ensei­gne­ments pon­ti­fi­caux » par les moines de Solesmes, Desclée, n°1104.[]