La Fraternité doit dès lors orienter le prêtre vers le saint Sacrifice de la Messe et lui permettre de concrétiser dans sa vie quotidienne ce qui est essentiellement sa raison d’être, avec tout ce que le saint Sacrifice signifie, tout ce qui en découle et tout ce qui le complète. « L’Apôtre des Gentils résume en traits sculpturaux tout ce qu’on peut dire au sujet de la grandeur, de la dignité et des devoirs du sacerdoce chrétien, par ces paroles : Sic nos existimet homo ut ministros Christi et dispensatores mysteriorum Dei – ‘Que l’homme nous regarde comme des ministres du Christ et des dispensateurs des mystères divins.’ Le prêtre est ministre de Jésus-Christ ; donc instrument entre les mains du divin Rédempteur pour la continuation de son œuvre rédemptrice dans toute son universalité mondiale et sa divine efficacité, pour la construction de cette œuvre admirable qui transforma le monde ; bien plus, le prêtre, comme avec raison on a coutume de le dire, est vraiment ‘un autre Christ’, parce qu’il continue en quelque manière Jésus-Christ lui-même : ‘Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie’, continuant lui aussi, comme Jésus, à rendre gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. » (Pie XI, Ad Catholici Sacerdotii)
« Tout a été créé afin qu’un jour Notre Seigneur Jésus-Christ vienne en ce monde y chanter la gloire de Dieu au nom de tout l’univers. Si Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu instituer le sacrement de l’Ordre, c’est pour continuer son Incarnation et sa Rédemption parmi nous.
L’œuvre principale que la très Sainte Trinité a eue en vue de toute éternité a consisté à nous faire participer à l’Incarnation et à la Rédemption de Notre Seigneur Jésus-Christ par l’union à son Sang, son Âme et sa Divinité. Si le sacrement de l’Ordre est si important dans la sainte Église, c’est parce qu’il permet à Notre-Seigneur de prolonger son Incarnation. (…) Il la prolonge par sa présence réelle. Il veut donc s’incarner en quelque sorte en nous pour nous transformer, nous, pauvres créatures pécheresses, pour nous racheter, pour nous purifier par son Sang, pour nous unir à lui, pour nous préparer à la vie éternelle. C’est pourquoi le sacrement de l’Ordre est si beau, si grand. Rien ne fait approcher de Dieu, rien ne fait comprendre Dieu, comme le saint Sacrifice de la Messe, d’où l’importance du sacerdoce. »
Monseigneur Marcel Lefebvre, La Sainteté Sacerdotale (Partie II, chapitre 1)
« Le prêtre est avant tout fait pour le sacrifice et c’est pourquoi, dès le jour de leur ordination, les jeunes prêtres offrent le saint sacrifice de la messe avec l’évêque, qui leur apprend à balbutier en quelque sorte, pour la première fois, ces paroles mystérieuses et sublimes du saint sacrifice de la messe, dont le peuple fidèle a le plus besoin. « Quelle grâce ! Êtes-vous dignes, sommes-nous dignes d’être prêtres ? Sommes-nous dignes de monter à l’autel ? Oh certes ! Si nous nous considérons nous-mêmes, si le prêtre se considère lui-même, il ne peut pas prétendre à une pareille sublimité, à une pareille gloire, à une pareille participation à celui qui est le Prêtre pour l’éternité, le grand Prêtre ; mais, par la grâce de Dieu, par la grâce reçue le jour de l’ordination sacerdotale, oui, le prêtre est digne devant Dieu et devant les anges d’offrir le saint sacrifice de la messe ; de faire descendre par son absolution le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ sur les âmes pour réparer leurs péchés ; de faire couler sur le front des enfants l’eau du baptême, afin qu’ils soient baptisés et ressuscités dans le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ. Voilà les pouvoirs que l’évêque donne au prêtre le jour de l’ordination sacerdotale. Voilà la mission de Notre-Seigneur continuée dans le temps. »
Monseigneur Marcel Lefebvre, La Sainteté Sacerdotale (Partie II, chapitre 1)
« Le prêtre doit dès lors prendre garde qu’un souci inconsidéré de sa perfection intime ne l’entraîne à omettre quelque devoir de sa charge se rapportant au bien du prochain, comme la prédication de la parole de Dieu, les confessions à entendre, l’assistance des malades, principalement des moribonds, l’instruction religieuse des ignorants, la consolation des affligés, le retour des égarés, enfin l’imitation parfaite du Christ, qui passa en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tourmentés par le démon (Act.10, 38).
« Quiconque, en effet, exerce le sacerdoce, ne l’exerce pas seulement pour lui, mais aussi pour les autres. Car tout Pontife pris d’entre les hommes est établi pour les hommes en ce qui regarde Dieu (Heb.5, 1). Le Christ a exprimé la même pensée lorsque, pour montrer en quoi doit consister l’action sacerdotale, il comparait les prêtres au sel et à la lumière.
« Avec une grande justesse, saint Charles Borromée insistait sur ce point dans ses discours à son clergé : “Si nous nous rappelions, nos très chers frères, quelles grandes et saintes choses le Seigneur Dieu a déposées en nos mains, quelle force aurait cette considération pour nous porter à mener une vie digne d’hommes d’Église ! Qu’y a‑t-il que le Seigneur n’ait mis dans ma main quand il y a déposé son Fils unique, coéternel et égal à lui ? Il a mis en ma main tous ses trésors, ses sacrements et ses grâces ; il y a placé les âmes, qui sont ce qu’il a de plus cher, qu’il a préférées à lui-même dans son amour, qu’il a rachetées de son sang ; il a mis en ma main le ciel pour que je puisse l’ouvrir et le fermer aux autres… Comment donc pourrais-je être assez ingrat, après tant de faveurs et d’amour, pour pécher contre lui ? pour lui manquer de respect ? pour souiller un corps qui est le sien ? pour déshonorer cette dignité, cette vie consacrée à son service ?” (Hom. Milan 1748, tom. V, p. 77. Orat. II in syn. Dioec. XI, a. 1584) »
Saint Pie X, Hærent Animo
« Nous pouvons aller et semer dans les larmes ; nous pouvons entretenir nos semences au prix d’un labeur considérable ; mais qu’elles germent et produisent les fruits qu’on en attend, cela ne dépend que de Dieu et de son secours tout-puissant. Il importe extrêmement de considérer, en outre, que les hommes ne sont que des instruments dont Dieu se sert pour le salut des âmes. (…)
« Mais par-dessus tout, en tant que ses ministres dans l’offrande du Sacrifice par excellence, perpétuellement renouvelé pour le salut du monde, nous devons nous mettre dans le même état d’esprit que celui dans lequel, Hostie immaculée, il s’est offert à Dieu sur l’autel de la Croix. (…)
« Mais un homme profondément saint, fût-il le dernier de tous, combien d’œuvres merveilleuses ne peut-il pas entreprendre et mener à bonne fin pour le salut du peuple de Dieu ! (…)
« La sainteté seule nous rend tels que l’exige notre vocation divine, c’est-à-dire des hommes crucifiés au monde et auxquels le monde soit crucifié. »
Saint Pie X, Hærent Animo
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Une vocation, de manière générale, est simplement un appel de Dieu à un état de vie particulier. Dans ce sens, le mariage est une vocation de même que toutes les différentes professions, comme celles de médecin, professeur ou charpentier. Dieu appelle donc chacun de nous à une certaine vocation, qui sied le mieux à nos talents, nous dispose au mieux à atteindre le ciel et l’honore de la meilleure manière. Chacun a un devoir de discerner sa vocation et à y répondre.
Le sacerdoce est aussi une vocation, mais infiniment supérieure à toutes les autres, parce qu’elle est surnaturelle. Dieu veut couvrir l’humanité de bénédictions et de grâces, et il a choisi le prêtre comme son instrument particulier pour cette tâche. Sans le prêtre et les sacrements, beaucoup d’âmes dépérissent spirituellement et le chemin du ciel leur est très difficile. Discerner les vraies vocations sacerdotales est donc de la plus haute importance.
En outre, le devoir de discerner si oui ou non cet homme a la vocation incombe en premier lieu au directeur du séminaire, ainsi qu’au directeur spirituel du futur prêtre, car Dieu, par l’intermédiaire de l’ordinaire du lieu, leur a confié cette tâche importante et difficile. Si l’aspirant au sacerdoce est honnête et sincère dans ses paroles et dans ses actes, la vraie nature de sa vocation deviendra progressivement claire, sans laisser place au doute.
Le futur prêtre, en plus de l’intention pieuse d’honorer Dieu et de servir les âmes, doit aussi montrer des capacités intellectuelles, une discipline morale, une bonne santé physique et psychologique, du bon sens et de la maturité intellectuelle. Toutes ces qualités sont essentielles pour un ministère sacerdotal fructueux. Il ne peut pas non plus être guidé par ses émotions, attaché aux plaisirs sensibles, ou désireux des louanges et de la renommée qu’offre le monde. De telles déficiences nuiraient gravement à ses devoirs pastoraux et terniraient sa relation avec Dieu.
« À celui qui gouverne le Séminaire, avec prudence et vigilance, qui suit avec une sollicitude attentive chacun des jeunes gens confiés à ses soins, qui sonde leurs qualités et dispositions d’esprit, il ne sera pas malaisé de discerner et découvrir ceux qui sont appelés d’en haut au sacerdoce. Vous le savez bien, Vénérables Frères, pour accéder à cet office, plutôt qu’un attrait intérieur et un penchant sensible, qui peuvent parfois faire défaut, c’est l’inclination droite et l’intention de l’esprit vers le sacerdoce, ainsi qu’un ensemble de qualités du corps et de l’âme qui le rendent propre à embrasser cet état. Quiconque aspire au sacerdoce uniquement pour le noble motif de se consacrer au service de Dieu et au salut des âmes, et en même temps possède une solide piété, une pureté de vie à toute épreuve, et a atteint ou du moins s’efforce d’acquérir une science suffisante au sens où Nous l’avons exposé plus haut, montre qu’il est appelé par Dieu à l’état sacerdotal.
« Celui-là, au contraire, qui, poussé peut-être par des parents mal inspirés, voudrait embrasser cet état avec la perspective d’avantages temporels et des gains terrestres qu’il entrevoit ou qu’il espère à travers le sacerdoce, ainsi qu’il pouvait arriver plus fréquemment jadis ; celui qui est habituellement réfractaire à la dépendance et à la discipline, peu enclin à la piété, peu studieux et peu zélé pour les âmes ; celui surtout qui est porté à la sensualité et qu’une expérience prolongée montre incapable de la vaincre, celui qui a si peu de dispositions pour les études que l’on prévoit qu’il n’en pourra suivre, de manière à donner satisfaction, le cours normal : tous ceux-là ne sont pas faits pour le sacerdoce. »
Pie XI, Ad Catholici Sacerdotii
La préparation à une vie sacerdotale authentique est donc rigoureuse et exigeante, mais non sans récompense. Le Christ lui-même, lorsque ses apôtres, les premiers prêtres, lui demandèrent quelle serait leur récompense, répondit :
« Quiconque aura quitté sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses champs, à cause de mon nom, recevra le centuple et possédera la vie éternelle. » (Mat. 19, 29)
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