Année 636

Apparition de Notre Dame à Boulogne-​sur-​mer en 636

En 636, au temps de Dagobert, vers la tom­bée du jour, saint Omer étant évêque, le peuple de Boulogne était ras­sem­blé dans une cha­pelle cou­verte de joncs et de genêts, située dans la par­tie haute de la ville lorsque la Mère de Dieu appa­rut et dit aux fidèles de se rendre au rivage où les atten­dait une visite merveilleuse.

Là les habi­tants furent témoins de l’ac­cos­tage d’une barque, pous­sée par des anges, en laquelle se tenait debout une sta­tue en bois de la Vierge Marie. Cette der­nière tenait l’Enfant-​Jésus sur son bras gauche. Autour d’elle, éma­nait un halo de paix et de lumière. Devant l’é­ton­ne­ment de l’at­trou­pe­ment, la voix de la sainte réson­na et dit, avant que la mani­fes­ta­tion ne cesse :

« Je suis l’a­vo­cate des pécheurs, la source de grâce, la fon­taine de pié­té qui sou­haite qu’une lumière divine des­cende sur vous et sur votre ville. Mes amis, faites, en mon nom, édi­fier une église. »

Vers 1100, la Comtesse Ide de Boulogne, qui devien­dra sainte Ide, fait construire une église romane. Les tra­vaux durent 200 ans et un chœur gothique ter­mine l’ensemble au début du XVIe siècle.

A par­tir des XIIe et XIIIe siècles, les pèle­rins affluent à Boulogne qui devient une étape sur le che­min de Saint-​Jacques-​de-​Compostelle. On s’arrête à Boulogne, en venant d’Angleterre ou des Pays-​Bas, ou en remon­tant d’Espagne ou d’Italie. Il y a de nom­breuses attes­ta­tions de venues de pèle­rins célèbres : Lanfranc, arche­vêque de Canterbury, saint Bernard, et venant du Moyen Orient, vers 1050, l’évêque d’Antioche et celui du Mont Sinaï. Puis au XIIIe siècle, Le roi Philippe Auguste, saint Louis, Henri III d’Angleterre, François 1er.

De très nom­breuses gué­ri­sons sont sur­ve­nues par l’intermédiaire de Notre Dame de Boulogne à tel point qu’au XIIIe siècle, on dit que Boulogne était alors comme Lourdes maintenant.

En 1553, l’empereur Charles Quint fait raser Thérouanne, à 20 km de Boulogne, où était l’évêché de la région. L’évêque vient rési­der à Boulogne et l’église devient cathédrale.

Mais le XVIe siècle est celui des guerres de reli­gion. A Boulogne, les Huguenots s’acharnent contre la cathé­drale, brisent les vitraux, brûlent les boi­se­ries et sur­tout essaient de bri­ser la sta­tue puis de la faire brû­ler, en vain. Elle est fina­le­ment jetée sur un tas de fumier puis dans un puits. La femme d’unhuguenot, très pieuse, la retire secrè­te­ment du puits et la cache dans son gre­nier, où elle res­te­ra plus de 30 ans avant de rega­gner la cathé­drale. Elle est en très mau­vais état, mais la reprise des miracles prouve son authenticité.

En 1630, Mgr Le Bouthiller rebâ­tit la cathédrale.

En 1789, avec la révo­lu­tion, églises et cou­vents sont décla­rés pro­prié­tés de l’État. Le mobi­lier est ven­du ou détruit. La sta­tue est brû­lée en 1793. La main droite, qui s’était déta­chée peu avant, est le seul ves­tige de la sta­tue ori­gi­nale. Deux doigts de la main droite ont été sau­vés et sont enchâs­sés dans un reli­quaire qui est, encore de nos jours, por­té aux malades et aux mou­rants. La cathé­drale sert d’arsenal, d’entrepôt, puis, ven­due à des tra­fi­quants étran­gers à la ville, elle est démo­lie et ven­due pierre par pierre.

A par­tir de 1820, l’abbé Haffreingue pas­se­ra sa vie à recons­truire la cathé­drale, dont il en sera lui-​même l’architecte en s’inspirant de Saint-​Paul de Londres et des grandes basi­liques romaines. Son chan­tier occu­pa 160 ouvriers aux­quels il se mêlait volon­tiers. Il vou­lait qu’on puisse la voir d’Angleterre et qu’elle soit comme une prière per­ma­nente éle­vée vers le ciel pour la réunion des com­mu­nau­tés pro­tes­tantes et catho­liques, en une seule église. L’Abbé Haffreingue était très modeste. A l’extérieur, devant le par­vis, on peut lire au des­sus du por­tail cen­tral » A Domino fac­tum est » : ceci est l’œuvre du Seigneur.

« Le grand retour ». Lors du Congrès Marial de 1938 qui vit se ras­sem­bler des foules consi­dé­rables, sont construites quatre vierges en stuc de gran­deur nature et por­tant une cou­ronne. De 1943 à 1948, ces quatre repro­duc­tions de la Vierge de Boulogne, appe­lée aus­si « Notre-​Dame du Grand Retour », cha­cune mon­tée sur un char, par­cou­rurent 120 000 km à tra­vers la France, visi­tant 16 000 paroisses, en pro­vo­quant un élan de foi, de prières et de conver­sions sur son pas­sage. La sta­tue de la Vierge por­tée sur un bateau s’accompagnait d’une demande de déli­vrance de la France qui prend tout son sens dans le contexte de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Les vents mau­vais du Concile Vatican II ayant balayé la plu­part des mani­fes­ta­tions publiques ren­dues à la Mère de Dieu, chaque année depuis 2006, la Fraternité sacer­do­tale Saint-​Pie X, fon­dée par Mgr Marcel Lefebvre, a repris le flam­beau et orga­nise début sep­tembre une très belle pro­ces­sion en l’hon­neur de Notre Dame de Boulogne.