L’origine du sanctuaire Notre-Dame du Puy-en-Velay (Haute Loire) remonte à l’an 430, date de l’apparition de la Mère du Christ à « une noble matrone », percluse de fièvre et qui en sera guérie. Il s’agit de la première apparition de la Vierge Marie dans l’histoire de l’Église, confirmée par l’évêque local, un an avant le grand Concile d’Éphèse, qui proclamera Marie Theotokos, « Mère de Dieu ».
La fondation de l’Eglise du Velay
Les antiques traditions de l’Eglise du Puy nous enseignent que le premier évêque du Velay fut saint Georges, envoyé dans les Gaules par saint Pierre en vue d’évangéliser les hauts plateaux du Centre. Le Prince des Apôtres lui adjoignit comme compagnon de route saint Front, futur évêque de Périgueux.
Mais à peine eurent-ils atteint la petite ville de Bolsène – au nord de Rome – que Georges trépassa. Abattu, Front repartit pour Rome où Pierre lui remit son bâton de marche, lui demandant de le déposer sur la tombe du défunt, enseveli depuis six jours. Saint Front s’exécuta et Georges ressuscita. Tous deux reprirent leur route.
Le bâton miraculeux fut ensuite partagé en deux moitiés et saint Georges déposa sa partie dans l’église de Saint-Paulien, siège primitif de l’évêché du Velay. On porte au crédit du premier évêque du Velay la très spéciale dévotion qu’il avait à la Sainte Vierge. Jamais il ne manquait de la citer dans ses homélies et de chanter sa louange.
Les apparitions de la Sainte Vierge Marie et la Dédicace de la cathédrale
Avant de mourir « pour la seconde fois » de façon très paisible parmi ses ouailles (en l’an 84 selon les anciennes traditions ; vers le milieu du IIIème siècle, selon d’autres), saint Georges eut le temps de se rendre sur le Mont-Anis où une veuve venait d’être miraculeusement guérie par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie. Cette pieuse femme malade, baptisée par saint Front, s’était sans succès soumise à la médecine des hommes. Elle s’était alors adressée à la Sainte Vierge qui lui fit entendre ces paroles :
« Levez-vous, ma fille, du lit où vous ne sauriez trouver la santé, et allez la chercher sur le Mont-Anis où elle vous sera rendue. »
Elle se fit porter au lieu indiqué, y vit une grande pierre noire et carrée en forme d’autel sur laquelle elle se reposa et s’endormit. Cette pierre était un autel sacré sur lequel les druides accomplissaient les cérémonies du culte. Dans son sommeil lui apparut une Dame rayonnante de clarté entourée d’anges. Elle s’enhardit à demander quelle était cette reine :
« C’est, répondit un des anges, l’auguste Mère du Sauveur qui, entre tous les lieux du monde, s’est choisi spécialement cet endroit, pour y être servie et honorée jusqu’à la fin des siècles ; et afin que vous ne preniez pas ce que vous voyez pour un vain songe, sachez que la guérison que vous désirez vous est accordée. »
A la nouvelle de ce miracle, saint Georges était accouru sur le Mont Anis et fut doublement étonné, en ce jour du 11 juillet, de voir le lieu couvert de neige et un cerf gambadant qui traçait l’enceinte du sanctuaire que Notre-Dame voulait voir ériger en ce lieu. Saint Georges ne planta qu’une haie d’aubépines. Le lendemain 12 juillet, la neige avait disparu et l’aubépine s’épanouissait comme une couronne virginale. Malgré la venue de saint Martial de Limoges, premier pèlerin du Mont-Anis, qui désigna dans l’enclos la place que devait occuper l’autel de la basilique future et qui remit à l’Eglise du Puy une relique de très grand prix – un soulier de la Sainte Vierge – le projet traîna et n’aboutit que plus tard. Il fallut attendre l’épiscopat de saint Evode ou Vosy, septième évêque du Velay vers 220 selon les uns, vers 375 de façon plus vraisemblable selon les autres – et une nouvelle guérison miraculeuse au même endroit, sur la pierre qu’on appellera Pierre des fièvres, pour que fût enfin entrepris le sanctuaire réclamé à nouveau par la Vierge Marie :
« Ma fille, dit-elle à la malade, c’en est fait, vous êtes guérie. Allez trouver mon serviteur Vosy ; dites-lui, de ma part, qu’il ne manque pas de jeter ici au plus tôt les fondements du sanctuaire que n’ont pu m’y élever ses prédécesseurs C’est ici que j’accorderai aux supplications de la piété le soulagement des malades et la consolation des affligés. J’ai choisi cette montagne entre mille pour donner une audience favorable à ceux qui viendront m’y présenter leurs demandes et leurs requêtes. »
En confirmation de cela, la neige tomba à nouveau en abondance. Saint Vosy jugea bon de transférer le siège épiscopal de Saint-Paulien à Anicium ou Mont-Anis, devenant le premier évêque du Puy, nom qui sera donné au Mont-Anis au début du XIe siècle. Aidé de saint Scutaire, patricien romain, architecte et l’un de ses successeurs, il construisit le sanctuaire qui ne comprenait alors que ce que l’on appelle la « chambre angélique », c’est-à-dire l’abside et la première travée de l’actuelle cathédrale du Puy. Il enfermait la Pierre des fièvres.
L’église fut consacrée du vivant de saint Vosy, non par la main des hommes mais par le ministère des anges, à la lueur de milliers de torches célestes dont plus de trois cents furent recueillies à la suite de la cérémonie par la piété des fidèles. Elle fut achevée par saint Scutaire dans la première moitié du Ve siècle. En raison des apparitions de la Sainte Vierge et de la consécration angélique, la cathédrale du Puy, tout comme la ville et le diocèse, est placée sous le patronage de Notre-Dame de l’Annonciation, vocable qui unit le 25 mars et la dévotion à Notre-Dame et la dévotion aux saints anges. De plus, la fête de la Dédicace de la cathédrale est fixée au 11 juillet, jour de la première chute de neige. Ce sanctuaire angélique allait devenir le plus vénéré des lieux de pèlerinage de la chrétienté en l’honneur de Notre-Dame, avec Sainte-Marie-Majeure à Rome. Accomplissant de nombreux miracles de guérison sur cette antique pierre druidique du Mont- Anis, la Bienheureuse Vierge Marie apparut comme l’instrument de la victoire du catholicisme sur le paganisme antique.