Editoriaux Chartres 2006 : abbé Radier et P. de Blois Retour au dossier Pèlerinage de Pentecôte 2006

Lorsque nous enten­dons les mots « mis­sions », « mis­sion­naires », nous pen­sons faci­le­ment à l’é­van­gé­li­sa­tion de l’Amérique, de la Chine, de l’Inde, de l’Afrique. par les prêtres, reli­gieux, reli­gieuses, envoyés dans ces pays loin­tains de l’Europe, au temps où celles-​ci était encore fière d’être civi­li­sa­trice. C’est en effet l’i­mage la plus proche que nous avons et qu’illustre dans nos esprits la conti­nua­tion par l’Eglise de « la plus grande et la plus sainte des mis­sions qu’au moment de retour­ner à son Père Notre Seigneur Jésus-​Christ confia à ses dis­ciples, lors­qu’il leur dit :

« Allez par le monde entier prê­cher l’Evangile à toute créa­ture » (Benoît XV) (1).

Nous pour­rions pen­ser que l’Eglise, ayant ain­si ache­vé son expan­sion géo­gra­phique dans le monde, elle s’ap­prê­tait aus­si à ache­ver sa mis­sion divine. Mais ce serait igno­rer qu’en même temps que se ter­mi­nait cette expan­sion, la révo­lu­tion ren­ver­sait les fon­de­ments de la civi­li­sa­tion chré­tienne dans les pays mis­sion­naires et y ins­tau­rait non pas un simple retour au paga­nisme, mais un véri­table néga­tion­nisme de la foi et de l’ordre moral chrétien

Non seule­ment « il reste encore des foules innom­brables à vivre dans les ténèbres et à l’ombre de la mort » (2), mais ces foules sont désor­mais tout autour de nous dans nos pays d’Europe et par­mi eux notre France autre­fois fière d’être née de l’Eglise et qui vient main­te­nant de fêter publi­que­ment le cen­te­naire de son apostasie.

La foi chré­tienne, si fami­lière autre­fois dans les mours publiques et, il n’y a pas si long­temps, dans les mours pri­vées, est désor­mais l’ob­jet d’une néga­tion soi­gneu­se­ment cal­cu­lée dans les lois, la culture, les sciences, le com­merce. et même main­te­nant dans l’a­gri­cul­ture et l’é­le­vage où l’on cherche, même dans les rap­ports avec la nature, à don­ner à l’homme des com­por­te­ments qui pos­tulent qu’il est le seul maître sou­ve­rain du monde et qu’il doit s’a­char­ner à domi­ner par sa tech­nique des forces aveugles et hostiles.

Pour tenir le flam­beau de la foi et conti­nuer l’ouvre de l’Eglise, dans ce monde où même le tem­po­rel veut bafouer l’ordre vou­lu par Dieu, il est encore plus néces­saire aux prêtres de voir les laïcs par­ti­ci­per à l’ouvre missionnaire :

« Il est cer­tain qu’à côté des prêtres il faut des Priscille et des Aquila, voyant ceux que le prêtre ne voit pas, péné­trant où il ne peut péné­trer, allant à ceux qui le fuient, évan­gé­li­sant par un contact bien­fai­sant, une bon­té débor­dante sur tous, une affec­tion tou­jours prête à se don­ner, un bon exemple atti­rant ceux qui tournent le dos aux prêtres et lui sont hos­tiles de par­ti pris » (Bx Charles de Foucauld) (3).

Il ne s’a­git plus seule­ment d’ap­prendre la foi à ceux qui l’i­gnorent, ou d’é­du­quer des peuples qui ne connaissent pas la socié­té chré­tienne ; il s’a­git de res­tau­rer la Vérité de la Foi Catholique, non pas seule­ment dans la parole reçue du caté­chisme et de la pré­di­ca­tion, mais dans tous les élé­ments de la vie humaine, indi­vi­duelle et sociale où la néga­tion de Dieu s’est installée.

La tâche est dif­fi­cile mais elle est pro­met­teuse de grâces en pro­por­tion de la dif­fi­cul­té pour ceux qui vou­dront bien prendre leur part au com­bat. Ces grâces nous attendent, sans aucun doute, au pied de Notre-​Dame de Chartres, le 3 juin pro­chain et nous serons tous « MISSIONNAIRES ! »

Abbé Jean-​Luc Radier †

(1) : texte 19 du dos­sier spirituel
(2) : idem
(3) : texte 40 du dos­sier spirituel

Le mot de Philippe de Blois, Directeur de la coordination

Le Sacré-​Cœur et Saint Jacques

ette année n’est pas une année jubi­laire pour le pèle­ri­nage de Saint Jacques et la Fraternité a pour­tant déci­dé de recon­duire le pèle­ri­nage de Saint Jacques en 2006. Mais pour­quoi ? Ce pèle­ri­nage ne fait-​il pas de l’ombre à celui du Sacré-​Cœur. J’ai déjà enten­du ces réflexions et c’est pour­quoi je veux y répondre.

Nous repar­tons à Saint Jacques parce que le pre­mier pèle­ri­nage, en 2004, a obte­nu un grand suc­cès et que tous les pèle­rins en sont reve­nus enthou­siastes. Bien sûr, cha­cun pour­rait faire ce pèle­ri­nage indi­vi­duel­le­ment, mais où aurait-​il une messe de temps en temps, ne serait-​ce que le dimanche ? Et puis mar­cher pen­dant plu­sieurs semaines sans la pré­sence de prêtres, est-​ce aus­si pro­fi­table ? N’est-​ce pas cette pré­sence qui a fait le suc­cès du pèle­ri­nage ? Faire de l’ombre au pèle­ri­nage de Pentecôte ? Je ne crois pas que ce soit le cas parce que cette marche de Chartres au Sacré-​Cœur, et puis l’ar­ri­vée triom­phale dans Paris, c’est une grande mani­fes­ta­tion de la Tradition.

Tous les iso­lés des petites cha­pelles de pro­vince per­çoivent cer­tai­ne­ment la force de ce regrou­pe­ment et cha­cun y sent la force de la Tradition, la force de la prière en groupe, en foule. Chacun y refait ses forces et repar­ti­ra plus fort dans la lutte qui est notre lot quo­ti­dien. Alors que Saint Jacques, c’est un pèle­ri­nage indi­vi­duel, presque une récollection.

On marche bien ensemble sur le même che­min, mais on ne se retrouve vrai­ment en groupe que pour la messe, après une jour­née pas­sée à prier et à médi­ter dans des pay­sages magni­fiques qui incitent au recueille­ment. On y refait aus­si ses forces, mais pas de la même façon.

Et puis beau­coup y vont avec une inten­tion par­ti­cu­lière : un parent malade phy­si­que­ment ou mora­le­ment, une voca­tion qui hésite encore, des sou­cis de famille et d’autres … Et puis, pour redes­cendre sur terre, est-​ce que les cent ou deux cent pèle­rins qui vont venir à Saint Jacques vont vrai­ment dépeu­pler la foule du Sacré-Coeur ?

D’ailleurs, ils feront peut-​être l’un et l’autre et j’en connais déjà quelques uns qui seront avec nous à Chartres, au Sacré-​Cœur et à Saint Jacques.

Alors pour­quoi ne marcheriez-​vous pas, pour les deux pèlerinages ?

Philippe de Blois,
Directeur Coordination